Le marteau frappe le métal rougeoyant contre l’enclume, l’écho de la violence humaine résonne dans les tympans habitués à la chanson du fer, des soufflets et du crépitement du feu affamé qui s’en nourrissait.  Dans la forge les machines s’affairent à leur travail, tandis que lui, frappe toujours d’une mains d’expert le métal se pliant sous ses coups. Un travail solitaire et répétitif, qui pourtant n’a jamais été simple. Il fallait savoir écouter la chanson du fer pour connaître où frapper. Il fallait que le sculpteur imagine, pour donner vie aux formes. Une expertise connue des maîtres, comme lui. Le forgeron des Dieux dont la force égale la délicatesse, la précision qu’il entretient sans s’arrêter.

Sous l’Olympe alors, dans le coeur de la terre, il travaille à fait gronder les volcans du monde, se coupe des siens pour se concentrer sur son art, sur sa prochaine réussite. Une prochaine machine qui prendra vie grâce à lui, nouvelle aide apportée à l’atelier. Automate de fer qui rejoindra les aux, serviteurs répondant aux besoins de l’infirme. Dans la gueule du brasier il plonge de nouveau la plaque avant de la ressortir, et ainsi de suite, grinçant des dents à chaque fois qu’un pas était à faire, que la force était demandée malgré les rouages qui l’aident à se déplacer d’un endroit à l’autre, l’ingéniosité pour parer au handicap causé par le dieu des Dieux, ce père méprisé et pourtant servis, comme il sert les autres dieux.

Sans doute n’est-il pas surpris de voir Némésis aux ailes imposantes apparaître chez lui, après tout cela n’aurait pas tardé. Le châtiment décidant de châtier, rien de bien étonnant à cela, après l'affront commis par le titan. «  Némesis. » qu’il répond simplement, observant un instant la figure et ses accompagnants. Que voulait-elle ?
Comme tous les autres.

Des faveurs, des créations. Du travail en plus pour lui qui s’y pliait toujours. Zeus lui-même venait de quémander quelque chose, destiné à ces hommes pour qui Prométhée à voler le feu. Une femme, la plus grande perte pour eux. Création de boue qu’il façonnait quelque part dans l’atelier, l’ébauche de trait à peine visible dans l’argile. Zeus la voulait aussi belle que les déesses, lui la voulait encore plus belle qu’Aphrodite elle-même, comme pour punir la femme infidèle. Il jete un coup d’oeil vers l’établis où elle repose, le travail encore inachevé, la perfection en tête et le temps, comme ennemis. Pourtant il écoute sa requête, un fouet, pour punir. Un projet simple qu’il pourrait réaliser facilement. «  Punir par le feu celui qui l’a volé. » Il commente, déposant le marteau sur l’enclume, le travail du métal abandonné pour le moment. «  Ingénieux. Et réalisable. » Qu’il commente, tout en se déplaçant, la jambe gauche traînant toujours derrière la droite, le bruit des roues tournant au rythme de ses pas ne rendant pas le Dieu très discret, mais, l’ait-il un jour été. A la carrure imposante et à l’aspect si hideux que sa mère l’a jeté hors du foyer, ce n’est pas la curiosité de ses rouages qui allait repousser autrui en premier.   «  Pourquoi devrait-il y résister ? Pour qu’il puisse recommencer ? » Comme si il n’avait pas assez fait ainsi, voleur de feu, enseignant de son art aux hommes. C’est lui, qui devrait demander vengeance et non Zeus. «  Ou bien est-ce la douleur qui est recherchée. » La cruauté après tout, n’était pas étrangère au père et la colère de Némésis, s’abattant sur le titan ne saurait être sans douleur, il en était certain. Le pas lourd se stoppe devant les étagères où les peaux collectées qui servait aux cuirasses et aux boucliers. Il lui fallait le plus résistant d’entre eux, le cuir le plus tranchant quand il atteindra la peau. La dureté d’une peau, bien loin de la délicatesse d’un visage d’argile.

Rien d’étonnant dans ses mots. La violente colère de Zeus il la connaissait assez, victime de son courroux à plusieurs reprises, des blessures infligées par un père décidant de jeter son fils à peine plus âgé qu’un enfant du haut de l’olympe pour avoir osé intervenir. Alors, rien ne l’étonnait. Quand un affront est commis envers le Dieu des dieux, quand le patriarche est défié les conséquences sont dramatiques pour ceux qui ne sont pas issus de sa chair ou de son esprit. « Je n’en attendais rien de moins venant de Père. » que l’impotent commente, la voix se perdant dans la barbe brune. Même si il était d’accord avec Zeus pour une fois, en quelque sorte, mais qu’il ne songeait à l’avouer. Être en accord avec le dieu de la foudre restait exceptionnel, une tragédie pour le fils déchu, caché sous la lave refroidie dans le confins de la terre, insensible à la chaleur brûlant ses entrailles. Il fouille parmis ses trésors, cadeaux offert au dieux, offrandes des hommes et cadeaux des dieux provenant de monstres combattus, de créatures plus dangereuses les une que les autres ou de simples bêtes tuées par l’Homme. Malgré la rudesse des mains, le raffinement lui manquant il savait pourtant être délicat dans son art, dans ses choix. Méticuleux, il écoute à peine Némésis quand elle lui demande un temps alloué pour finir sa création. « Deux jour et deux nuits, je suppose. » Le temps de choisir la matière, la découper, la tresser. la rendre encore plus tranchante que le métal, promettant douleur peu importe la force donnée au coup.

La curieuse s’envole vers le fond de l’atelier où repose la créature d’argile. Preuve, de la délicatesse de l’infirme qui s'appliquait sur l’enivrante sculpture sur laquelle il travaille tant. La créature idéal, radiante d’une beauté parfaite, concurrence de l’épouse infidèle. Il en serait presque jaloux des hommes si il ne connaissait pas le but de sa création, un fardeau, une tourmente qu’il façonnait, à laquelle Athéna donnerait vie, parent des Athéniens responsable de la naissance la femme et du coffret qu’il a sculpté pour elle, boîte portant la misère du monde en son coeur si agréable à la vue, si facile à ouvrir. Lorsqu’il se dirige vers la déesse son regard perçant le scrute. Vengeresse elle entend bien cette envie de faire payer qui gronde en lui, le poussant à pareille création qu’elle juge inutile, impossible à réaliser. « Mais elle saura l’être. Car chacun de nous posera ce qu’il a de meilleur en elle. Si elle dispose de la bonté, de l'intelligence, de la beauté de la grâce.. Alors elle sera plus rayonnante que mon infidèle épouse qui ne sait être juste, ou bonne. » Il observe le visage inanimé, persuadé de ses maux. Que son visage sera beau mais son âme aussi sera pure, plus pure que la sienne. Tendre et douce humaine qui ne saurait être comme sa rivale. « Je ne sais comment me venger d’Aphrodite. A chaque fois que j’essaie je suis celui tourné en ridicule. » C’était sa faute d’avoir aimé telle créature, incapable de la contempter lui qui n’a même pas choisi de l’avoir comme épouse, offerte en mariage par Zeus, moquerie. Parce que personne ne voudrait jalouser quelqu’un comme lui, même si il était l’épouse de la belle.