Il s’appuie sur la rambarde, les yeux rivés vers ceux qui ce soir encore avaient succombés à Eros. Du haut de son perchoir, le sourire est carnassier, l’amusant spectacle se déroulant sous ses yeux suffisant pour le divertir. De là-haut, le dieu du feu s’imagine supérieur à eux, intouchable voyeur qui se délecte des faiblesses des autres. Cela fait fonctionner les affaires comme on dit, même si il ne se joint pas à eux ce soir. Le travail l’appelle, plus que le plaisir...Même si ce travail il l’admet au final, n’est pas très demandeur. Soutenir Sybille dans ses choix et discuter de ce qu’ils pouvaient faire pour améliorer l’établissement, c’était tout ce qui était demandé de lui, le travail facile, le temps libre pour fouiné, se mêler à cette clientèle riche avec laquelle il s’amuse. parce que c’est comme ça qu’on banque un max de billets, parce qu’ici, il suffit de faire consommer et c’est simple, si facile avec ses gens riches prêt à tout pour plaire... Même à payer une somme exorbitante et ça fait toujours plaisir à voir, à admirer. Les ravages que peuvent faire le désir sur les autres quand lui est hors de porté.
Finalement, quand le spectacle se veut répétitif, il sort de son péristyle pour rejoindre le bureau qui lui était assigné. Récemment refait, autrefois, il appartenait à la déesse ailée, souvenirs de réunions imaginaires et de temps affalé sur les chaises supposés recevoir les visiteurs. Ce n’était pourtant plus son cas, maintenant. Sous-gérant, il prenait maintenant la place du trône derrière le bureau - bien souvent les pieds sur celui-ci - confortablement installé avec un verre d’alcool dans la main et un dossier dans l’autre qu’il lisait avec plus ou moins d’attention. Tout dépendait de l’heure et de la compagnie, après tout.

Une compagnie qui frappe à la porte après quelques heures, la frimousse bien connue dans le pas de la porte aprè l’avoir entendu lui dire d’entrer, sourire qu’il renvoie à sa patronne, alors qu’elle s’installe sur l’un des fauteuils. « Toi ? fatiguée ? C’est qu’il t’épuise le gosse. » Et il savait bien, finalement, ce que c’était. Le peu de permission qu’il avait obtenu, à la naissance d’Elio c’était soldés par des nuits sans dormir, des biberons à trois heures du matin et l’impression d’être couvert de vomi du matin au soir, à chaque fois que le petit monstre avait faim…. Et ils avaient cette chance d’être deux. Seul, c’est encore pire, ça aussi il le savait bien et le babyphone...était indispensable, sur la table basse.

Pace pris son verre, un second puis sa bouteille, se dirigeant vers le canapé à côté du fauteuil qu’elle occupe, victuailles posées sur la table basse en l’échange du dossier qu’elle y a déposé.  Cian Scully, l’irish dont elle avait déjà parlé oui. « Si Gigi le recommande alors qui sommes nous pour la contredire. »  dans un nouveau sourire il se moque gentiment de la propriétaire du Ciao Roma, mais elle devait avoir raison. Après tout, il n’était plus à ce poste, l’équipe avait fini par changer et avec les derniers évènements.. Ils allaient avoir besoin de beaucoup plus de monde que cela pour assurer la sécurité des clients et surtout, pour les rassurer. A l’intérieur du dossier des devis, mais aussi des profils des gardes dont ils disposaient, comme lui l’était, avant. Une équipe qui saurait défendre l’établissement rien qu’à leurs têtes et leurs cvs. « T’as négocié quoi finalement, pour le prix ? » Question formulée alors qu’il repose le dossier ouvert sur la table, préférant remplir le verre de Sybille et le sien, avant de le faire glisser jusqu’à elle. Parler c’est bien mais finalement boire en même temps c’était mieux. La somme demandée n’était pas hors budget peu importe ce qu’elle était, les affaires après tout son florissante et Eros a toujours un peu plus d’argent à donner pour que l’amour continue de se trouver ici. Non le plus gros problème finalement, c’était de ne pas trop enrichir un camp déjà débordant d’argent, ils en ont pas forcément besoin du côté des docks. Est-ce qu’ils ne trouveraient pas moins cher ailleurs et tout aussi bon marché.. Au final peut-être pas, au moins leur réputation les précède… Et on sait où les trouver, si ça merde. Depuis l’attaque de leur quartier pourtant il n’est pas serein, voilà tout. Toujours un peu peur qu’il y est du grabuge dehors… Et qu’il ne vienne pas des russes, mais encore d’autres camps. « En tout cas je suis pour si tu l’es. Surtout si on peut boucler l’affaire et célébrer avec un verre. » dit-il en levant le sien, avalant une gorgée du liquide. histoire de pré-célébrer voyons.

Il avait un minimum de connaissance à ce sujet, du prix à mettre dans une sécurité pour l’établissement puisqu’il en a un jour été l’un des pions, gorille à l’entrée de l’établissement triant les invités et vérifiant que tout était en règle. Pas d’arme ici, jamais, même si ça le démangeait de déroger à cette règle et que, peut-être, dans son bureau se cachait un flingue. Mais c’était en cas de besoin, en cas de danger. Pas pour attaquer. Il étudie l’offre, les prix, les hommes mit à disposition..Tout, à vrai dire. Le travail c’est le travail et autant le faire bien, pour le peu qu’on lui demande, il y mettait du sien. «  Je pense. » qu’il souffle en tournant les pages. pourtant le nom du mec, il est pas assez italien à son goût.. Scully, comme le mec dans X-files, on a vu plus rital ou plus grec. Mais elle explique ce qu’il est. Qui il est. Cassandre. Celle qu’Apollo avait punie pour s’être refusée à lui. une figure de leur mythologie, même si elle n’est déesse, c’est une mortelle douée de pouvoir à l’importance primordiale dans leur histoire et les guerres qui se sont succédées.

Peut-être alors qu’elle avait raison Sybille et que le risque était présent, surtout si déjà, l’homme ne faisait pas partie de leur clan. Encore plus si l’héroïne l’habitant étant remontée contre eux. «  Je pense que nous avons tout intérêt à faire attention. Non seulement c’est une réincarnation qui a une dent contre les dieux mais ce nom.. Il est pas de chez nous. Il est pas de la Camorra… Et ça ne présage rien de bon, si il y a le moindre soucis. C’est faire entre des loups dans la bergerie. » Qu’il conclut en refermant le dossier, posé de nouveau sur la table. «  A contrario, on dit soit proche de tes amis et encore plus de tes ennemis. je ne pense pas que l’on peut le qualifier d’ennemis, loin de là mais au moins.. On a un oeil sur l’extérieur. Et si quelque chose arrive.. C’est pas nos hommes à nous qui vont tomber en premier.  Ce seront eux à la porte. » Une attaque était toujours à envisager. Après tout il avaient écumés els accidents à little italy et seulement par miracle leur affaire avait été épargnée pour le moment, d’où ces renforcement de sécurité pour garder ce havre de paix qu’ils ont ici, temple de l’amour et de la débauche qu’elle dirige de façon exemplaire. «  Si Cassandre se venge elle sera punie quoi qu’il arrive. Je ne m’y risquerais pas à sa place, c’est pas demain la veille qu’elle se réincarnera, il semblerait. » Beaucoup plus aléatoire que les réincarnations divines, elle risquait gros en commettant un outrage aux dieux, celui de finir dans les limbes pour un temps indéfini quand eux, continuent à vivre au travers de leurs successeurs. Si elle n’était pas sotte alors elle éviterait, mais de quoi l’avenir était fait il n’en savait rien. La suite leur dirait. «  Allons-y. » qu’il conclut. «  On saura gérer cela au pire. » Comme ils savent toujours le faire.