Pablo, c'est un idiot. Ça, c'est un fait établi. Mais à ce point ? Non parce qu'il faudrait lui dire que le type qu'il reluque q cet instant ne ressemble en rien à ses critères de bases. Me dites pas que... Ah, si. Visiblement si. Voyez-vous, cher spectateur attentif, que Pablo oublie littéralement tout. De l'éducation basique (parce que rentrer dans la tête des gens sans cesse, c'est pas très poli quand on demande pas la permission auparavant) en passant par le relationnel (dur pour l'instinct et l'affection de lui rappeler qui est quoi, à se demander comment il faut pour ne pas oublier la Calavera...) jusqu'à ses bas instincts. En gros, Pablo, c'est parfois une feuille vierge dont les critères de beauté varient selon l'utilisation de son pouvoir. Trop prononcé, ça donne ce genre de situations là.

Lui, face à un inconnu bien plus loin. Le regard qui se perd dessus. Le côté asiatique peut-être qui lui rappelle par un racisme ordinaire quelconque de la bouffe du genre nouilles avec du porc au caramel. Et forcément, il apparaît vachement appétissant le jeune homme. Une première hésitation, à se dire qu'il pourrait y aller à la loyale. Après tout, ils échangent quelques regards parfois ! (Sans doute qu'Archer se demande pourquoi ce type au loin le fixe autant.) Mais finalement, le regard de Pablo se fait lointain, alors qu'il semble sombrer dans un léger sommeil. Parasite Eve - ou presque - en place, qui vient sauter de cervelle en cervelle, jusqu'à atteindre la bonne et s'incruster dedans. Des souvenirs, partout. Un véritable garde-manger sur patte pour Kairos. Pablo n'est heureusement pas là pour ça.

Des corps qui se confrontent l'un à l'autre, des bouches qui se cherchent avec appétit, des membres qui s'enlacent avec avidité. Une main dans les cheveux, pour les tirer en arrière, des lèvres qui explorent la gorge ainsi offerte. Sillon humide sur la peau, bien assez vite rejoint par la sueur qui s'invite sans grande délicatesse sous l'effort physique. Souvenir d'un moment terriblement intime, ancré dans les synapses offertes à Kairos. Scène sombre mais sensuelle, qui ne s'embarrasse pas des détails. Comme si on avait du mal à se souvenir avec précision du tout, comme si la cervelle avait été embrumée par tout cela. Mais le plaisir 'revient' comme une bombe dans l'esprit. Le parasite s'est solidement accroché, au travers d'une soirée factice, qui s'est terminée dans les draps de l'un...

Pablo reprend conscience, cligne des paupières jusqu'à reprendre complètement pied dans la réalité. Il a eu juste l'air absent pendant quelques secondes, n'a pas assez usé du pouvoir pour sembler s'endormir sur place. Il se redresse ceci dit, ramène ses mèches en arrière et retrouve du regard la cible du soir. Archer. Il sait désormais qu'il s'appelle Archer. Il est fou comme les mémoires peuvent donner toutes les réponses. Alors il se lève, dans un sourire, sa bière à la main dont il prend une gorgée, pour approcher. Tout le terrible de la scène et qu'il ne sait pas les dégâts qu'il crée parfois sans se douter un seul instant d'à quel point ça peut-être catastrophique. Comme un enfant.

Les rues d’Arcadia sont plutôt remplies le vendredi après-midi et Archie évite en général de sortir aux heures de pointes, toujours peur de croiser certaines personnes du type bratviesque et de se faire tuer. Ses craintes ne sont peut-être pas réellement fondées mais il vaut mieux être prudent. Cependant, ce jour en particulier, Archer avait dû sortir de son repère pour faire des courses pour la moitié de la population féminine de plus de 60 ans du quartier. Cela avait commencé par une grand-mère, le regard triste, la menace d’un coup de balais dans une main et le réconfort d’un plat fait maison dans l’autre, alors il avait dit oui, comme il se doit. Sauf qu’à l’entente de cette nouvelle, les autres étaient venues, liste et balais en main et Archie s’était retrouvé avec une liste longue comme le bras.

C’est pourquoi Archie s’était retrouvé ici, se demandant ce qu’elles pouvaient bien faire avec un marteau et trois rouleaux de scotch, lorsqu’il remarquant un inconnu qui le fixait au loin. Est-ce qu’il le connaissait ? Archie n’en avait pas l’impression, du moins jusqu’à ce que des images fassent leur chemin dans son esprit.

Des images de deux hommes, lui et ce type ? Deux hommes qui semblent se connaitre en tout cas, et plutôt bien. Les images révèlent une intimité qui fait ressentir au jeune homme une multitude d’émotions ? Premièrement la gêne, l’impression d’être un voyeur et de ne pas avoir le droit de voir ces images, deuxièmement l’incompréhension, si c’est réellement lui, pourquoi ne s’en souvenait-il pas jusqu’à présent ? Et comment est-ce arrivé ? Il ne boit pas souvent et pas au point de tout oublié, il ne consomme pas non plus ce qu’il vend mais c’est forcément une de ces deux options ? Où alors les grand-mères lui ont encore joué un tour avec les champignons magiques ?

Sans s’en rendre compte, Archie s’est stoppé dans ses pas, fixant l’homme à la terrasse dont la vision mêlée aux souvenirs qui embrument toujours son esprit et lui arrachent un frisson alors que l’homme se lève et s’approche. Il semble le connaître, sinon pour quelle raison se dirigeait-il vers lui ?

La réaction instinctive d’Archie était la fuite, il avait des choses à faire et il n’était pas sûr de vouloir parler à cette personne. Mais d’un autre côté, d’un autre côté il était curieux et voulait savoir s’il avait réellement connu cet homme auparavant, et quand ?
Il prit donc la décision d’aller à la rencontre de l’inconnu.

Euh je crois qu’on se connait, mais je me souviens pas bien, mais t’as l’air de me connaitre donc euh … voilà
Smooth as fuck, Archie.