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just as long as you stand by me (mac)

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just as long as you stand by me (mac) - Mer 17 Oct - 22:39

stand by me


When the night has come, and the land is dark, and the moon is the only light we'll see. no, i won't be afraid, just as long as you stand, stand by me.

Des premières lueurs de l'aube, à griffonner de son écriture merdique ce dont elle se souvient, ça la ronge. Quand au milieu de l'après-midi, elle bourre toutes ses affaires au fond d'un sac, s'rend compte que non, y'aura pas assez de place pour toutes les armes qu'elle voudrait prendre, ça la ronge. Et ça ne s'arrête pas. Jamais. Ni quand c'est lui qu'elle va trouver, tambourinant à sa porte, desserrant les mâchoires le temps de lui expliquer le topo. Ni même quand c'est elle qui s'installe au volant, une petite heure plus tard, moteur encrassé protestant à leur en faire faire deux bonds dans la caisse. En boucle, ça se répète. Cette fois, elle n'veut pas oublier. Court après les images qui ont lacéré les méninges, ressasse le lieu, les visages, à s'en filer la nausée. De ces faciès redessinés sans relâche à l'envers de ses paupières depuis treize mois désormais. L'myocarde écrasé dès que ça lui revient, que ça brutalise les pensées. Pourquoi c'est venu maintenant, s'engouffrant dans une nuit déjà hantée, elle sait pas, elle s'en fout. Elle s'explique rien de ce qui se passe, quand ça se met à la déglinguer en flashs rapprochés. Et p'tetre bien que c'est son inconscient qui s'en mêle. S'éclate en visions assassines pour lui certifier qu'non, elle n'a rien oublié de cette soirée de l'été dernier. De son expression quand ils l'ont crevé. Celle qui revient à la surface, là, inévitablement, dans le bordel ambiant de ses pensées. Les nerfs écorchés, sûrement qu'elle gueule un peu trop fort quand Maciej la force à se ranger sur le côté, au bord de l'autoroute. Que ça n'arrange rien, de fracasser le volant en s'égosillant sur lui. Qu'non, elle va pas les tuer, qu'elle sait c'qu'elle fait, un as du volant, un vrai. Que c'est un vieux con. Qui a peur. Peur de la vitesse, mais qu'elle gère. Elle finit par la fermer, sa gueule, quand elle se retrouve le cul vissé sur le siège passager, l'oeil noir rivé sur le paysage merdique qui défile. Et là encore, elle se l'imagine. Comment elle va procéder. Efficace et rapide. Comme ça qu'celui qui conduit comme un vieillard le lui a enseigné. N'empêche qu'elle en a de sacrées, des idées, dans l'genre imagination morbide. Et elle cogite, en silence. C'est sûrement quand elle la ferme, qu'elle deviendrait la plus inquiétante. La brûlure qui s'éteint dans les veines, le venin glacé qui cristallise l'impulsivité. Le sang-froid qui ne se regagne qu'aléatoirement, c'est du padre qu'elle l'a hérité. Lui pour lequel le palpitant vocifère sa vengeance.

On n'a jamais su de qui il s'agissait. Tout ce qu'on a su, c'est que Vicente, il n'est jamais revenu en entier. L'corps a jamais été retrouvé. Elle l'a jamais dit, Selda, ce qu'elle a vu cette nuit-là, ce qui l'a percutée un peu trop fort, probablement pour avoir déjà imprégné ses paupières de son sang, quinze piges plus tôt. Elle l'a gardé, dans un coin, assorti des gueules de ceux qui se trouvaient là quand on l'a achevé. Guet-apens sous couvert d'association, de partenariat. Elle a tendu l'oreille sur les rumeurs, à l'époque, Selda, à qui l'on ne devait pas d'explications personnelles. Vicente était un sargento. Elle, une sicaria. Point. Et ça la bouffe. Même un an après. C'est ce qui cherche à se frayer un chemin dans le champ de mine de son poitrail. Qu'ouais, ça l'a touchée à l'époque, de le voir claquer, comme si elle regardait un film, à n'rien pouvoir y faire. Et elle n'est pas tout à fait logique. Pas vraiment raisonnée. Tout c'qu'elle voit, quand ils arrivent à New Haven, c'est le sang à faire couler. Et l'fait que ça ne suffira pas. Parce qu'ils n'étaient que deux, dans sa vision, dans cette voiture, dans ces rues, devant cette baraque. Ils n'étaient que deux, mais ceux qui ont piégé son père, dont elle a vu les visages à l'époque, ils étaient bien plus nombreux. Et ça prend des teintes démesurées. La pulsion revancharde née au fond de ses tripes dans la nuit, qui ne tarira qu'à demi une fois les traîtres exécutés. « C'est bientôt. » Les lèvres sèches, les pupilles qui n'ont pas quitté le trajet emprunté par la bagnole qu'ils filent depuis de longues minutes. « 'Vont pas tarder à s'arrêter. » Et elle en a le coeur qui s'remet à s'exciter, en reconnaissant le quartier résidentiel, comme elle l'a rêvé. Elle en dit sûrement trop, depuis ce matin. A contourner les questions du sicario en se murant dans le silence ou derrière des jurons. A s'réfugier derrière l'idée qu'il le sait, qu'elle n'est pas tout à fait humaine, n'ayant toujours pas démenti cette idée selon laquelle elle aurait hérité d'une divinité, comme lui. Et à cette heure-ci, elle s'fout bien de savoir si ce qu'elle dit lui paraît louche ou non. Tout ce qui compte, c'est qu'ils s'arrêtent au bon endroit, au bon moment. Qu'elle les voit claquer les portes sur la carrosserie, entrer dans la bâtisse, pris au piège sans le savoir. « Au bout de la rue. » Et elle retient son souffle, les omoplates placardées au siège, les doigts qui la démangent, à se languir du jericho et des lames coincées entre un sweat et un jean dans le sac à ses pieds. Doigts qui s'occupent, machinalement, à regrouper les mèches folles, coincées par un élastique derrière son crâne. Sweat qu'elle enfile, déjà, remontant la fermeture sans un mot de plus, prête à s'armer. Trahissant l'empressement couvé depuis ces quatre heures de trajet. Si elle sait tuer, Selda, y'a pourtant la hargne qui s'remet à pulser quand c'en devient personnel. Sûrement pour ça, que sans même le dire, c'est de son garde-fou qu'elle s'est accompagnée. Celui qu'elle semble presque oublier, à ne pas lâcher du regard ceux qui au loin disparaissent déjà derrière la porte de la maison.
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just as long as you stand by me (mac) - Mar 23 Oct - 19:51


Tornade en plein après-midi. Changement de plan de dernière minute soufflé par la tempête Selda. Ancien mentor qui n’a pas dit un mot, a écouté en silence les explications pour finalement accepter d’un hochement de tête. Des bouts de vie qu’il connait sans vraiment le faire, à se foutre de sa gueule tout en étant persuadé d’être dans le vrai. Vicente en paternel ignoré, juste là pour lui servir de point d’appui pour emmerder la gosse. Rien dit cette fois pourtant, vu l’état dans lequel elle est venue le chercher, Maciej qui se la ferme et se contente de faire office d’accompagnateur pour la petite vadrouille de la gamine en pleine crise. Avec lames et munitions dans le sac, quand d’autres prendraient des cookies et de quoi piqueniquer au bord d’un petit cours d’eau ronronnant. C’est le moteur qui ronronne, trop fort à ses oreilles, à lui faire serrer les dents et se défoncer les doigts contre la poignée de la portière. Comble pour un type qui flirte avec la mort, esprit sale et tordu, l’assassin qui a horreur de la vitesse et des chauffards. Ce qu’elle est clairement. Il n’a rien dit non plus quand la môme lui a craché toute sa tension à la gueule, le couvrir de ses insultes à lui donner envie de lui faire bouffer ses jolies quenottes pour lui faire passer l’envie d’oublier qui il est. La place qu’elle occupe. Faute aux nerfs en pelote, il encaisse et reprend la route, côté conducteur sans broncher. Rumine un peu, garde les mots dans un coin de sa tête pour les lui ressortir le jour où elle les lui cassera de nouveau un peu trop.

Instinctivement, Serevo lève le pied lorsque s’affiche le panneau annonçant l’entrée à New Haven. L’instinct du prédateur qui sent l’agitation à ses côtés. Celle qui se rue dans les veines de Selda, l’appel du carnage qu’il connait si bien. Ce besoin déroutant de tout massacrer pour obtenir réparation, un semblant de paix dans le fond du cœur, juste quelques heures de paix avant que tout ne reparte. Il ne lui dit pas, à la gamine que ça ne servira à rien. Que tuer ces types l’apaisera pour un temps mais que ça reviendra. Ca revient toujours, la culpabilité, la rage, la haine. Tous ces éléments qui font ce qu’elle est, forgeant son talent sur le terrain. Toute cette merde qu’elle emmagasine dans sa poitrine et qui la bouffe, comme ses propres démons peuvent le bouffer, lui. Toujours là, posés sur son épaule à lui taper dans la chair dès qu’il se croit libre. Jamais. Et ça tourne en boucle dans sa tête alors qu’ils se mettent à filer la bagnole qu’elle a indiquée. A bonne distance, en silence, comme si parler risquait de les trahir. Ses doigts sur le volant se crispent un peu plus, la pupille acérée fixant le point devant eux. Quartier résidentiel dans lequel ils s’engouffrent, ça sent pas bon. Trop de maisons, trop de monde, trop de témoins. Trop de risque. En solitaire, Maciej en aurait eu rien à faire. Avec Selda, les menaces sont multipliées. Obligent l’assassin à réfléchir à une nouvelle tactique, évaluer au mieux une situation qui lui échappe. C’est lui qui dirige d’habitude, lui qui connait le terrain pour l’utiliser à son avantage. Et là ? Il ne sait rien, ou juste les brides qu’elle a bien voulu lui balancer. C’est courir le cul badigeonné de miel autour d’un ours en espérant qu’il ne mordra pas.  

Le moteur se coupe enfin lorsque la bagnole devant s’arrête. Pognes toujours sur le volant, suit du regard les types s’extrayant de la caisse pour s’engouffrer dans l’allée d’une petite baraque coincée entre d’autres petites baraques. Regard qui vrille une fraction de seconde pour se poser sur Selda qui enfile son sweat. Selda qui pue l’impatience, la rétine pétillant la mort. Il le connait ce regard, pour l’avoir vu tant de fois dans un miroir, son propre reflet qui suinte des relents d’outre-tombe. Machinalement, le tueur vérifie les chargeurs de ses revolvers. En renfort, la lame glissée contre ses reins, plus discrète. « - Selda… » Voix éraillée d’avoir été silencieuse pendant tout le trajet. Grondement sourd annonciateur de malheur, à l’image du clac du chargeur remis brusquement en place dans son M88.
« - Pas d’effusion. On les bute, et on se tire, ok ? » Marche à suivre qui lui semble logique mais il préfère l’expliquer, la pupille braquée sur la passagère qui semble ne pas l’écouter. Prête à sortir de l’habitacle, Maciej grogne, et avant que la portière ne puisse s’ouvrir, sa main s’accroche au bras de Selda. L’empoigne de toute sa force quitte à lui bousiller la chair et les os afin de bien imprimer le message dans la petite tête dure de son ancienne élève.

« - Je déconne pas, t’as pas intérêt à disjoncter là-dedans. » Ce n’est plus l’allié qui lui parle, encore moins l’amant, mais le sicario. Habitué au travail bien fait et sans vague. La pression sur le pauvre bras se maintient, échange silencieux dans les abysses ténébreux des regards qui se fracassent l’un l’autre et enfin il la lâche. S’extirpe hors de la bagnole, capuche du sweat sur le museau pour ressembler à une ombre au milieu d’un quartier. Maciej qui attend que Selda ouvre la marche avant de lui emboiter le pas. Cœur battant étonnement plus fort que d’ordinaire, un mauvais pressentiment accroché aux tripes qui refuse de foutre le camp.

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just as long as you stand by me (mac) - Jeu 8 Nov - 20:46

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When the night has come, and the land is dark, and the moon is the only light we'll see. no, i won't be afraid, just as long as you stand, stand by me.

C'est devenu presque mécanique, parfois. Si habituel qu'elle ne réfléchit qu'aux étapes, ne laissant que peu de place à l'imprévu quand tout se calcule en amont. Y'a pas d'affect, parce qu'en réalité, y'en a sûrement que trop rarement quand c'est elle qui joue avec l'existence des autres. Froide, Selda. Bien comme ça qu'ça fonctionne si bien, formatée à exécuter, sans sourciller, depuis des années et des années. Faut pas avoir la corde sensible, dans l'métier. Et là, c'est ce qu'elle se dit. Que ça va être facile. Bien trop, l'information servie sur un plateau, dans un détail qu'elle juge infaillible. Elle a tort, Selda. De s'imaginer, Mac dans son dos, s'immiscer à l'arrière de la baraque. Gravir les deux petites marches de ce pas silencieux qui ne l'annonce jamais. Se glisser par la porte découpée entre les vitres, s'introduire dans le couloir, sans faire grincer le parquet, et les trouver tous les trois, dans la pièce principale. Cette image gravée dans sa rétine qui ne la lâche pas. Deux assis, sur le canapé, verres à la main pour tolérer leur journée et leurs retrouvailles imposées. Le troisième adossé au mur de sa propre baraque, que la femme et les gosses ont dû quitter y'a une paire de semaines déjà. Comme ça qu'elle les a dessiné sous ses paupières, la scène ressassée dans le moindre détail, comme si tout comptait. New Haven, merde, qui a des airs de trou paumé, à côté d'Arcadia et de son chaos. Presque surréaliste, de s'retrouver là, à ruminer sa hargne, guidée par une putain d'illumination nocturne. Un peu plus encore accompagnée de son vieux qui s'met à lui parler, l'interpelle, sans qu'elle ne percute. Elle a assez de la colère qui bourdonne et lui lacère les tympans, des images qui défilent devant ses prunelles sombres, mêlant passé et présent. A faire le compte des armes, à s'apprêter à sortir, à foncer tout droit sans se retourner, à faire sauter trois cartouches et s'tirer. P'tetre ce qu'elle songe faire gober à Mac. L'inconscient qui se gausse, parce que dans le fond, c'est ce qui serait raisonnable, ce qu'elle songe faire, dans toute sa mauvaise foi. Jamais raisonnée, Selda. Faut que le mentor gueule ou la désarçonne de ses gestes et ses regards pour qu'elle relâche un soupçon de pression.

Ce qu'il fait, d'ailleurs. Elle en grogne, entre ses canines qui grincent de trop se rayer les unes contre les autres. Douleur qui harponne l'avant-bras et la contraint à l'immobilisme, l'oeil noir se darde sur celui de son comparse. « Quoi. » Difficilement sorti entre les dents serrées, à le dévisager, à s'demander ce qu'il a, à leur faire perdre leur temps. « Pourquoi j'disjoncterais. » Grinçante, la sicaria, l'égo bousculé par la consigne. Pas adepte des ordres, ni même des conseils. Y'a bien que les siens qu'elle daigne entendre, à l'occasion, depuis dix piges qu'il la connaît. Même si elle le toise, ne peut se détacher de son regard comme si cela signifierait d'abdiquer à jamais, elle enregistre le message. Sans le réaliser, ça s'incruste dans son plan d'attaque. Ne pas merder. Ce serait con, vraiment trop con, de s'retrouver à partir en vrille et d'crever là, un an après le padre. Elle ferme sa gueule, ravale les remarques à lui jeter. Il a raison, elle devrait le savoir, si y'avait pas le coeur qui s'animait si fort des tambours d'une vengeance qui la bouleverse, plus qu'elle ne le pense. Les portes se referment à l'unisson, doucement, sans que personne ne risque de s'attarder sur la caisse qu'on ne connaît pas, garée dans l'allée. Le décor ne lui plaît pas, y'a pas à dire, à s'imaginer les voisins tirer le rideau et glisser un oeil sur la rue au moindre bruit. Comme ça qu'ça marche, dans ce genre de quartier aseptisé, qu'elle se dit. Pas le genre dans lequel elle a l'habitude d'oeuvrer, mais y'a un début à tout. Alors, elle marche.

Elle marche au rythme de la rage qui lui martèle les tempes à grand renfort d'images. A s'en étouffer les poumons de vociférations muettes. Abritée par sa capuche et sa démarche toujours plus décidée, le regard sombre dans les abysses et c'est probablement mieux que Mac soit légèrement plus loin, pour pas y assister. C'est qu'elle en a conscience, de ne pas lui avoir craché tout l'morceau. Presque certaine qu'il l'a deviné, qu'ouais, malgré ses silences et ses grondements, celui qu'ils ont tué, celui pour lequel elle n'aspire qu'à les saigner, c'était son père. L'inconnu mystère jamais officiellement rattaché à la Miralles, ni à sa mère. Et p'tetre qu'elle devrait se sentir un peu conne, de prendre ça tant à coeur, de se tirer sans réfléchir pour réclamer justice à celui qui n'a eu de cesse de la repousser. D'ignorer leur parenté. Y'a pas de limite à la honte, faut croire, celle qu'elle rejette toujours un peu plus pour ne se rappeler que de ces instants où Vicente l'a regardée. Loin de ses grands airs, la sicaria, quand ça touche au père. Loin de ses foudres et de son coeur de pierre. Et ça s'enchaîne, au départ. Plutôt bien, même. Mieux que ce que les probabilités ne le voudraient, vu la concentration qui s'effrite insidieusement. La bâtisse qui se contourne. Rôder en évitant de balayer la lumière que dispersent les fenêtres. Trouver la porte, comme dans son rêve, l'ouvrir en la devinant déverrouillée depuis que le premier des trois est arrivé, sans la refermer. D'un point de vue externe, elle doit avoir l'air super intuitive, à prendre ce genre d'initiative comme si ça venait seulement de la frapper. Elle triche, Selda, mais elle a pas besoin de le dire, pas quand ça se déroule de manière si fluide et que ça saute probablement aux yeux. Et avant d'entrer, c'est le seul moment où elle daigne jeter un oeil dans la direction de Maciej. Elle sait ce qu'elle fait, faut juste qu'il lui fasse confiance. Et elle se faufile, se repère aux lueurs qui se dessinent à l'autre bout du couloir. Contourne les meubles, se concentre sur les voix qui leur parviennent de plus en plus distinctement. Chemine, laisse ses yeux se faire à l'obscurité, pour se hisser vers la lumière.

Elle en retient son souffle, clairement pas sereine, pas de louve à appréhender les lames plus ou moins grinçantes. Les sens en alarme qui s'égosillent, mais Selda, elle trace. Elle se retourne pas. Pas quand l'ombre se projette sur le mur, et que c'est le troisième qui sort du salon pour leur apparaître dans le couloir.

Dans la nuit, ça explose. La balle qui se loge dans le mur à côté de sa tête au moment où la sienne s'éclate dans l'oeil du type. Pour la discrétion, ils repasseront. Et ça tambourine fort. Trop fort. Tympans qui vrillent et Selda qui s'retourne pas. Qui fonce. Saute au-dessus de la carcasse et des substances rouges et visqueuses comme si ce n'était rien, plus rien, du tout. Et elle n'a rien capté de ce qui se trame derrière. La surprise qui la déglingue en déboulant dans la pièce principale. Il y'en a qu'un. Qu'un seul. Le deuxième est pas là, pas là à boire son verre. Y'a que l'premier qui est bien debout, à braquer son arme comme elle braque la sienne sur lui. « L'troisième. » Tout ce qu'elle grogne envers Maciej. Ils sont p'tetre pas trois. Ils sont pas trois. L'instinct qui la titille, à entendre le plancher grincer au-dessus de leur crâne. Quand tu vois quelque chose en rêve, ne regarde pas. La voix de la mère qui revient, toujours au sale moment.
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just as long as you stand by me (mac) - Ven 16 Nov - 19:51


Pas certain que le message est bien passé comme il le devrait, il a néanmoins l’impression qu’il s’est imprimé quelque part dans la caboche de la gamine revancharde. Parce qu’il s’en fout de savoir pourquoi ils sont là, des explications floues ou à la con qu’elle peut lui sortir pour justifier l’excursion, on le paie pour assassiner des inconnus, il ne pose jamais de question et n’a pas l’intention de le faire maintenant. Morceau de confiance qu’il a en elle qui le pousse à suivre sans chercher à en savoir plus. Juste besoin des certitudes qu’ils sortiront tous les deux entiers du merdier dans lequel ils vont se fourrer. Et ça, il le sent, Maciej, que ce sera un beau merdier. Pas habitué à se jeter dans la gueule du loup sans savoir où il va, qui il va croiser, combien, trop flou, trop vague. Visions ou pas, ça reste trop peu pour un type comme lui. Old school peut-être mais le sicario n’a plus rien à prouver à personne et sa technique fonctionne, bien rodée. Pourquoi ? Il a des tonnes de raisons à lui donner mais ne dit rien, garde le silence, se contente seulement de bousiller la pupille contre celle de la gamine qui fulmine déjà. Presser plus fort encore son bras, t’as compris ?, pour lui faire mal, imprimer la brève discussion dans sa chair pour qu’elle ne l’oublie. La toucher encore un peu, juste pour lui, s’accrocher au souvenir, au cas où ça finirait mal. Et sortir de la bagnole sans un mot, dans un silence de mort à lui faire courir des frissons le long de l’échine. Ceux qui accompagnent chaque début de mission, le mélange étrange entre panique et plaisir. Dans les premiers remous de l’adrénaline qui bousillent le cœur et plongent le corps dans un cocon aux arômes de furie prompte à exploser à la moindre flammèche. Petits soldats que l’on envoie au front sans broncher, lui qui traîne dans les pas rageurs de sa comparse. A la sentir, sa haine et sa colère qui fulminent sous la peau, celles qui le poussent à rester à distance. Suffisamment proche pourtant pour ne pas la laisser seule une fois la cible en vue. C’est son affaire il le sait, la laissera agir comme l’entend, en ombre planquée dans son coin, prête à sortir pour la protéger.

Quartier comme il en a déjà des centaines, tous pareils, avec cet air de tranquillité factice, ces fenêtres borgnes où une tronche trop curieuse ne tardera pas à s’y coller au moindre bruit suspect. Maison comme tant d’autres, toutes pareilles pour lui. Porte laissée ouverte qui le fait tiquer, à froncer les sourcils et renfrogner sa gueule de pro. Masque imperceptible, il opine à peine du chef lorsque Selda se tourne vers lui, dans ce petit moment de latente fragile juste avant de pousser la porte et se jeter dans la gueule du loup. M88 entre les doigts, index sur la gâchette, pouce sur la sécurité comme si le positionnement était naturel pour ses pognes. L’ombre qui danse sur le mur et le crachat des balles. A faire s’emballer les sens du cabot, serrer les crocs et tendre le bras en direction du type qui s’effondre sur le plancher. Gerbe de sang et gelée mollasse sur les murs, il se retrouve presque seul avec le cadavre, Selda déjà disparue. Ca gueule dans sa tête, des injures à n’en plus finir, l’index qui le démange avec l’envie folle de tirer dans le tas, repérés à peine entrés, il n’y a plus grand-chose à faire pour se la jouer discret. Grognement qu’il perçoit à peine, l’assassin a déjà un pied dans l’escalier, s’y rue pour se fracasser l’épaule contre le troisième en plein rush pour rejoindre ses potes à l’étage en dessous. Déséquilibre temporaire, suffisant pour que les doigts libres agrippent la première chose qui passe à portée de main, s’enfoncent dans la trogne du type qui couine, râle et se cabre comme un foutu poney. Cogne dans les côtes, à lui arracher un soupir de douleur, Maciej qui resserre sa prise à sentir l’œil rouler sous la paupière qu’il malmène. Mauvais de duo de danseurs incapables de s’accorder sur celui qui doit mener la danse, à l’image d’ivrognes titubant sur le chemin menant au bar suivant, c’est un meuble qui s’écroule sous leur poids.

Main d’arme qui se fait alpaguer par les griffes de la proie, forçant pour retourner le canon vers le propriétaire à lui faire craquer dangereusement le poignet. Cocktail Molotov de furie et de rage folle, le clébard grogne, grondement sourd venu du fond de la trachée. Le coup part tout seul lorsque le crâne du pauvre type vient lui démolir la gueule, s’écrase violemment contre le museau. Vision trouble, souffle court et sang en gouttes sur le plancher, la violence du heurt lui a fait lâcher son arme, Maciej vacille, recule et se retient de justesse au mur contre lequel il s’appuie. On les bute et on se tire, tu parles… Blessé en train d’agoniser là où il est allé se traîner, laissant dans son sillage une traîne écarlate. A suivre des yeux pour relever la tête et croiser le froid glacial d’un canon pointé sur lui. Prédateur virant proie, Serevo qui ricane, souffle et lève doucement une main. Rémission factice, le tueur calcule déjà ses options, le temps qu’il lui faudra pour récupérer son arme et tirer.

Un quatrième, putain Selda, ils étaient pas trois. Il la déteste presque pour ça, pour cette erreur de parcours qui change tout. Un quatrième, c’est le risque d’en voir d’autres débarquer, qu’il ait donné l’alarme. Un quatrième c’est la porte ouverte sur les emmerdes. Combien encore ? Erreur de débutant, se faire repérer aussi vite et ne pas avoir le temps d’inspecter les pièces laissées dans l’ombre de la foutue baraque.
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just as long as you stand by me (mac) - Ven 23 Nov - 21:39

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When the night has come, and the land is dark, and the moon is the only light we'll see. no, i won't be afraid, just as long as you stand, stand by me.

Y'a les pas de Maciej au loin qu'elle entend faire craquer les marches de l'escalier qui se tenait à leur droite en arrivant. Un fracas qui s'assourdit déjà à ses oreilles, devinant ce qui se passe en tâchant pourtant d'éluder les images qui grattent aux portes de son crâne. Elle n'veut pas se l'imaginer, ce qui se passe à l'étage, pas quand la concentration doit se rassembler ici et maintenant. Immobile, y'a pas un tremblement qui vrille ses bras aux muscles bandés, tiraillement familier de l'arme fermement braquée sur sa cible. Les réflexes sont vifs, ne lui ont jamais fait défaut. S'il faut tirer, elle ne doute pas un instant de le devancer. Confiance qui ne ternit pas, pas même dans cette situation délicate. Pas la première fois qu'elle se retrouve dans cette position, même si elle évite, en temps normal. Y'a juste rien d'habituel, cette nuit. Pas quand l'affect lui bouffe les côtes et ronge son esprit depuis ce matin. Elle vrille, Selda, dès que ça touche à l'organe qui ne s'anime que si peu souvent. Pas habitué à battre plus fort, à perturber la réflexion. Et si elle s'agace, si elle s'énerve, y'en a un qui lui a enseigné à ne pas le faire sur le terrain. Celui là même qui s'affaire à l'étage à en juger par le brouhaha qui s'en dégage, percutant les planches au-dessus de leur crâne. C'est elle qui l'a foutu dans cette merde purement personnelle, elle le sait. Elle l'entend déjà s'époumoner sur sa gueule effrontée, après. Parce qu'elle ne doute pas un instant, la Miralles. Persuadée que tout se passera comme prévu. Tout s'passe toujours comme prévu, avec eux ensemble. Alors, y'a rien qui la perturbe, quand s'engage une danse lente d'un ennemi à un autre. Un pas sur le côté, un second en miroir. Elle n'est pas venue pour laisser le temps lui filer entre les doigts, pourtant. Elle pourrait tirer, là, maintenant. L'type ne va pas jouer à ça longtemps, elle le pressent. Pourtant, elle ne peut s'empêcher de darder ses yeux noirs sur lui, lui qu'elle a vu cette nuit, et un an plus tôt. Lui qui a été celui à l'achever, lui vers qui elle n'a pu s'empêcher de se précipiter. Pas en position de faiblesse, le type pourtant, Selda. Et p'tetre que ç'aurait dû s'incruster dans sa tête, à la longue. Que non, elle ne voit rien, rien qui la concerne. Que prévoir leur position au moment où elle arriverait était forcément biaisé. Que s'imaginer leur nombre précisément, pour ne les avoir vu qu'à trois, ne pouvait être assuré. Putain d'visions qui n'ont rien de précises quand elle est sur le point de s'y immiscer. Malédiction qui lui colle à la peau, sans que la leçon ne s'enseigne.

Y'a un moment où dans le décompte qui s'opère, elle le sait. Et ça explose. La main de l'autre qui se déchire et l'arme qui tombe, non sans qu'un coup ne parte. Balle qui se loge dans le plafond quand le poignet part en vrille. Pas le temps de réfléchir. T'aurais pu tirer ailleurs. T'aurais pu tirer ailleurs et en finir immédiatement. Pensées qui s'effacent. Furie qui pousse le corps à s'approcher, à s'élancer sur lui, lui qui n'a pas le temps de récupérer son arme de sa main valide. L'ombre le fauche et l'emporte avec elle. Et y'a plus qu'elle et lui. Le jericho qui se coince contre sa trachée qu'elle comprime avec la violence qui lui est propre, fait craquer les cartilages sans merci. Le poing qui s'abat. Qui s'éclate au milieu de son visage, à s'en péter les phalanges dans la haine qui se répand. Main qui s'accroche à son minois en retour, lui arrache un grondement douloureux à sentir la poigne lui comprimer les traits. Les crocs qui sortent, déchiquettent la paume du type à grands coups d'incisive. Faire ça proprement, elle sait faire, pourtant. A croire qu'elle en oublierait tout, dans le moment d'égarement, où tout n'est que plaintes hargneuses et échange de procédés douloureux. L'instant où tout se calcule s'évapore. C'est qu'elle décompose, d'ordinaire. Que les étapes se dessinent à mesure qu'elle les reproduit. Que chaque acte imprévu s'incruste doucement, s'analyse. Rapide à la détente, la sicaria, habile pour s'adapter, contrer les difficultés. Sauf quand elle se met à cogner pour faire mal. Quand l'envie de blesser, de détruire, se fait plus pressant que le seul acte de tuer. Pas de logique dans le chaos qui bat ses veines, celui qui ne s'est plus manifesté depuis des années. Pas de tactique quand ce sont les coups qui pleuvent à ne faire du faciès du mec qu'une masse tuméfiée.

Et ça dure. Elle a beau se croire invincible, le mec ne se laisse pas crever. C'est vraiment l'but, de le crever ? Rugissement quand elle perd la main. Que l'arrière de son crâne percute le plancher à en percer la chair d'une plaie pourpre. Que les étoiles se tracent sur ses yeux au moment où sa pommette manque de se fracturer. Tracé violacé qui s'étend sur les muscles de son cou quand il serre. Il serre, et y'a le jericho qui a volé rejoindre son flingue à lui bien plus loin dans la pièce. Tu fais d'la merde. Elle perd pied, à suffoquer sa rage comme une bête sauvage à qui l'on n'aurait jamais appris à obéir, à se contrôler. Elle a tout oublié à cet instant précis, si ce n'est l'objectif avec lequel elle est entré dans la baraque. Celui qu'elle tait. Celui pour lequel elle ne l'a pas encore achevé. Et ça finit par percer l'abdomen, perforer le foie. Lame interposée entre leurs deux corps qu'elle enfonce jusqu'à la garde. Elle ne perçoit plus rien du chaos ambiant. Y'a que ses propres battements de coeur qui lui cognent contre les tympans. Souffle qui s'engouffre dans les bronches. Seconde lame qui perce la cuisse. Loque sanguinolente au poids étouffant, elle le repousse sur le côté.

Tout ce qu'elle voulait. Tout ce qu'elle attendait, depuis le cauchemar qui l'a tenue éveillée. Crachat vermeil jeté dans la gueule du tueur à l'agonie. Muscles endoloris qui la hissent à genoux. « Respires. » A travers la masse informe de ses traits déglingués, qu'il respire. L'espagnol qui intime l'ordre. Et la main qui arrache la lame, libère la fémorale qui pulse vaillamment. L'oracle y plonge les doigts, avant de se hisser au-dessus de la carcasse défaillante. Cuisse qui vient comprimer la sienne, tait l'hémorragie. Paume qui écrase l'abdomen, empêche le foie de s'éteindre trop rapidement. Et les doigts qui amènent le carmin précieux contre ses paupières closes, y tartinent leur peinture de guerre qui barrent son regard. Pour que ça la saisisse. Plus fort. Plus précisément. Tant que le coeur pulse faiblement. Elle en perd son souffle, Selda, l'esprit qui s'évade, court après les souvenirs à ramener, ceux qui lui indiqueront où se trouvent les autres. Obnubilée par cette justice à lui rendre. Elle s'en effondre à ses côtés, pour quelques secondes qui ressemblent à des heures, les yeux révulsés par les images qui s'emparent de son crâne, jusqu'à ce qu'il ne lâche son ultime soupir.
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just as long as you stand by me (mac) - Jeu 6 Déc - 20:14


Vibratos en fond de gorge, le clébard grogne en silence. Crache avec une fausse discrétion sa colère et la frustration qui lui bouffe les entrailles. Pogne en l’air, levée entre lui et le type qui le tient en joue. Tirer serait si facile et pourtant il ne fait rien, se dandine sur ses petons ancrés au sol, barbote presque joyeusement dans le sang de son collègue effondré sur le plancher. Pas assez dégueulasse aux yeux du cabot qui en voudrait plus, de ce rouge sur les lattes fatiguées. En repeindre tout le couloir et faire pisser le dernier debout de trouille. Le voir pleurnicher et supplier pour sa pauvre vie qui ne mérite même pas d’être épargné. Il ne prend pas partie Maciej, se contente de suivre. Tueur aveugle dont la condition semble lui convenir, sa rage pourtant, elle est différente des autres fois. Vient du fond du cœur, là où les fibres sont les plus étriquées, enroulées sur elles-mêmes pour que rien ne puisse les défaire. Fureur à fleur de peau, juste parce qu’ils ont eu le malheur de s’en prendre à la gamine qui galère l’étage en dessous. Mauvaise pioche, même des années plus tard, le chien ne lâche pas l’os qu’on lui a promis. Juste pour être certain qu’elle arrêtera sa petite vendetta une fois l’honneur du géniteur sauf. C’est de ça dont il est question, de ce père inconnu au bataillon, supposé. Zéro logique dans ce genre de cas, il le sait.

Un pas, puis un second. Le canon qui se rapproche, l’homme à l’autre bout aussi. Il n’aura pas le temps de récupérer son arme, tout juste le coincer entre ses doigts mais certainement pas de quoi tirer comme il le voudrait. Ils ont déjà laissé trop de traces de leur passage dans ce bouge qui risque fort de signer leur arrêt de mort, à tous les deux. Encore faut-il que la flicaille débarque dans le coin pour y fourrer le museau, et ça, il en doute fortement. Pas le genre de quartier à attirer la justice, on s’en fout de ce qu’il se passe derrière les rideaux miteux. Petites racailles dont la mort fera plus de bien que de torts. Ils remercieront les assassins, classeront le dossier et l’oublieront autour d’une bonne tasse de café. Comme à chaque fois. Geste rapide, les griffes du fauve s’accrochent au flingue échoué à terre. Provoquent dans l’instant un élan de témérité de la part du nouvel arrivant. Crosse en explosion de douleur contre la tempe, l’assassin serre les dents, râle et dans un retour de flamme, chatouille du crâne le bide ennemi. A couper le souffle et se démolir la tête au passage, ses bras enlaçant la taille, étreinte doucereuse bousculant les corps, l’envoyant se fracasser contre le mur le plus proche. Accroché à l’arme, l’autre poing lui laboure le dos, martèle sans relâche entre les omoplates à lui couper l’air dans les poumons. Nouveau choc, un cadre se décroche et s’écrase en myriades de verre sur le sol. Clébard teigneux, il a mordu et ne lâche plus. Entraîne son os dans un semblant de chute, juste de quoi offrir à ses doigts le loisir de récupérer un bris de verre et l’enfoncer sans aucune autre forme de procès dans le flanc du type. Couine et frappe plus fort, des deux mains, à lui péter les vertèbres, Maciej lâche sous la puissance du heurt. S’écroule et embrasse la poussière. Tambourine entre les côtes, chaque battement fou de cœur fait pulser le mal dans le reste du corps. Engourdi, démolit.

Chaos dans la tête le bordel en-dessous se rappelle à eux dans la lourdeur d’un silence. De quoi se faire enjamber comme une chaussette sale et miteuse, hors d’usage, on s’en fout. C’est l’autre en bas qui fait trop de bruit, fout la merde. Le cran d’arrêt saute, résonne comme un putain d’écho contre les montagnes au milieu du bordel qui gueule entre ses oreilles. Il se relève, souffle l’inconfort, les genoux qui lancent, les côtes qui craquent, à se demander si certaines sont pas pétées. L’instinct parle, dicte la conduite, se contrefout des bleus et autres petits bobos sans importance. Animal à la rage en bordure de cœur, agrippe le dos de la proie de toutes ses griffes, enfoncent ses ongles dans la chair meuble jusqu’à faire pleurer le sang. Etrangle le pauvre type, s’y cramponne comme un foutu cowboy sur sa vache folle. Danse ratée de deux poivrots, une première balle se crache et percute le mur d’en face. Lâche-le ton flingue putain. Grogne le fauve, serre plus fort. Nouvelle balle perdue, il la sent celle-là. A en lâcher un hoquet de surprise, juste le temps d’en ressentir la piqure, la tension douloureuse qui lui lacère le ventre. Celle qu’il oublie lorsqu’il balance son agresseur dans les escaliers, et lui avec. Dégringolade de cascadeurs amateurs, la rambarde finit par céder sous leur poids pour les envoyer s’écraser dans l’entrée.

Sonné, en manque affreux d’oxygène tant sa cage thoracique ressemble à un immeuble effondré, Maciej est pourtant le premier à réagir. Repose sa pogne, fébrile, contre la guibole du quatrième con. Se traîne et se hisse le long du corps affalé par terre. Sale trogne des mauvais jours, du sang plein la gueule, le poing écarlate se serre et il cogne. Laboure la face de toute sa fureur, en traître qui profite de l’instant de faiblesse pour faire pleuvoir ses coups sans la moindre retenue. Démolit l’homme, le rend hideux, brise les os, encore et encore. Jusqu’à en faire de la bouillie dans laquelle pataugent ses phalanges. C’est dégueulasse mais affolé par la vision de carnage, l’animal ne parvient pas à s’arrêter. Eclabousse le vestibule, ses fringues et ses babines de sa bouillie humaine. Jusqu’à stopper, enfin, hors d’haleine, vidé, le tueur reste un instant planté là,  à cheval sur sa proie. Tente de reprendre son souffle mais les élancements sont toujours là, lui transpercent la poitrine à chaque inspiration. Manque de se casser la gueule lorsqu’il tente de se remettre sur ses pattes. Seconde tentative laborieuse mais victorieuse, récupère son arme abandonnée devant la porte d’entrée, et s’avance avec toute la prudence que peut lui permettre son état vers l’autre pièce. Cœur labourant la poitrine, respiration sifflante, il pousse du dos de la main la porte, canon en avant. « - Selda ? » Comme s’il s’attendait à ce que quelqu’un d’autre lui réponde. Sa voix est un ramassis de graves en fin de vie. Pupilles noires tombant sur le tableau du massacre, la gamine à terre, du sang sur ses paupières.

Vision folle qui lui fout la gerbe, soulève la panique dans la carcasse, le sicario qui se rapproche, méfiant. Pousse doucement du pied l’épaule de la gosse en pleine crise. Divine, il n’en est plus très sûr. Absence de réaction, et le revoilà qui s’agenouille en grimaçant, agrippe des deux pognes les épaules de Selda pour la redresser. Et la secouer, avec la délicatesse d’une brute pour la faire sortir de son merdier chimérique. Rien à foutre que ce soit pas la bonne chose à faire. Pas le temps de la laisser délirer dans son coin.
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just as long as you stand by me (mac) - Dim 23 Déc - 20:59

stand by me


When the night has come, and the land is dark, and the moon is the only light we'll see. no, i won't be afraid, just as long as you stand, stand by me.

Y'a le temps qui se suspend et la douleur qui s'estompe. Le sang qui pulse toujours le long des ecchymoses mais le silence qui s'impose. Et ça cherche, ça creuse, défie les limites de l'espace-temps pour aller loin, plus loin que les lois de la nature ne le permettent sans doute. Y'a rien de sain dans l'agitation des neurones et l'irréel qui s'y greffe. Les souffles qui se dispersent, âme brûlant d'en voir plus, toujours plus, et souvent trop. Pour pas grand chose. Pas en état, Selda, de capter l'essentiel. Pas facile, de guider les visions après des mois à les réprimer, des années à ne les accepter qu'à moitié. C'est peut-être ce qu'il faudrait, pour que ça fonctionne. Qu'une bonne fois pour toute, elle se laisse submerger, sans les rejeter. Et elle n'peut pas tout obtenir, paupières crispées à ne jamais oser s'abaisser la nuit, qui n'dévorent les pupilles que lorsqu'elle l'exige. C'est pas comme ça qu'ça marche, et peut-être qu'elle ne l'acceptera jamais. Un peu moins encore lorsqu'elle prend le risque de regarder, puiser la vérité du sang qui s'assèche déjà, aux pulsations erratiques, pour ne rien voir. Rien que des conneries arrachées au passé sans indications concernant le paternel. Rien. Et sûrement que le grondement sourd des protestations s'échauffe dans sa gorge serrée, condamnée au mutisme tout le temps qu'elle sera aveuglée. Qu'elle aimerait gueuler, retourner abreuver ses prunelles absentes à la source même de ces images qui ne viennent pas. Mais le type se meurt, et ça grésille à ses tempes, le son qui s'coupe, le film qui tressaute. Elle aimerait rembobiner, encore et encore, à ne pas être foutue de mettre le doigt sur le seul détail qui l'intéresse. Où sont les autres, parce qu'elle se fout bien du reste. Incapable de se focaliser sur l'instant, c'est sans doute son dessein, à l'oracle, d'pas réussir à s'ancrer dans le présent. Toujours plus apte à jeter des regards en arrière, à ruminer pour la suite. Y'a quoi au juste qui la retient, là, tout de suite, si ce n'est le désir de vengeance qui tarde à s'assouvir ? Rien. Rien qu'elle ne soit foutue de voir. Parce qu'il y'a bien Maciej qui se débat, un étage plus haut, qu'elle oublie de manière si égoïste qu'elle pourrait s'trouver exécrable, si elle était en mesure de s'remettre en question.

La pellicule s'essouffle et tout se déchire au ralenti. Elle les ressent pourtant, les pulsations qui battent ses yeux clos et persistent de manière faiblarde dans le poitrail de l'inconnu. C'est autre chose qui la détache, une voix, un mouvement. Concentration qui s'envole et muscles qui protestent, c'est tout le corps qui raidit quand les secousses la ramènent. Première fois qu'on l'extrait de force. Et c'est brutal. Au point où elle ne comprend rien, rien du tout à ce qui se passe, quand son regard se stabilise sur Maciej, interdite pour quelques secondes encore. Et elle ne percute pas immédiatement, en oublie presque les circonstances. « Qu'est-ce-que tu fous, putain. » Qu'elle grogne, à se débattre pour qu'il la lâche, attraper ses avants bras pour décrocher ses mains de force, gamine féroce qui ne comprend pas. « T'es con, ou quoi ? » Sonnée, elle l'est, à tanguer en se redressant, à se tourner vers l'être qui s'éteint. « Pourquoi t'as fait ça putain, j'ai pas pu.. » Pas pu voir, et c'est les doigts qui s'enfoncent dans le cou du type, cherchent le pouls qui persiste, faiblard. « J'y étais, putain de merde, et toi... » Déboussolée, rien n'a de sens quand sa main revient écraser la cuisse pour tâcher de récupérer le carmin qui ne pulse plus que par intermittence, qu'à nouveau les paupières se teintent d'un geste appuyé. Mais y'a rien qui vient, forcément, parce que le gars est mort. Mort. Et ça la prend comme une colère insoutenable, coup qui s'abat dans le faciès déjà défiguré, un second suivant de près. Sicaria enragée de ces réponses qui n'viendront pas, l'état second qui se dissipe non sans fracas à s'acharner sur le macchabée. Tu l'as crevé, y'a plus rien à en tirer. Pourtant, y'a rien qui parvient à la raisonner. « T'avais rien de mieux à foutre que d'me réveiller ?! » Parce qu'il faut bien que ça se retourne contre quelqu'un. Quelqu'un de bien vivant, là où le silence mortel est retombé sur la maison. Prunelles qui vrillent sur le sicario et le dévisagent, de ces gouttelettes ensanglantant les joues en sillons vermeils. « T'es obligé d'tout contrôler, à chaque fois ?! » Et ça sort dans le désordre, y'a rien de cohérent, rien qui semble sensé à cet instant. Juste la rage et l'adrénaline qui ne retombent pas, défouloir tout trouvé dans ce face à face. « Si t'étais si pressé de t'casser, que t'avais les boules ou quoi, fallait pas t'priver. T'aurais mieux fait d'me laisser. » Venin qui se disperse, à le toiser, à se faire injuste là où elle l'a sûrement toujours été envers lui. Et y'a que ça qui la satisfait, qui fait passer deux secondes le goût amer de l'inabouti. Et p'têtre bien qu'elle n'aurait rien vu, de toute manière, mais c'est plus facile à ce moment-là de se dire que le problème vient de lui. Et plus elle le regarde, plus le palpitant se recroqueville à sa vision plus précise, à noter les traits abîmés, cet état de merde dans lequel il s'est traîné jusqu'à elle. Y'a sûrement l'envie lancinante de toucher les traits cabossés, doigts qui s'élèvent et dessinent les courbes mal alignées du visage, contraste mordant des mots aux gestes qui n'collent pas. « T'es pas beau à voir. » Conclusion logique à l'éclat des nerfs, fausse tendresse qui s'éloigne déjà, esprit qui reconnecte lentement mais hargne qui ne faiblit pas.
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just as long as you stand by me (mac) - Mer 2 Jan - 20:00


Réveil brutal, pas qu’il soit capable d’autre chose, encore moins quand une tempête de panique lui hurle à la gueule. Corps transis de douleur, morceau de bidoche dans la poitrine qui se contracte de manière précipitée, tordue, affolée par ce qu’elle vient d’endurer. Prête à lâcher pour un autre genre de type, pour lui, c’est juste normal. Les doigts s’enfoncent plus fort dans la chair sous le tissu, faire mal à la gosse en pleine crise d’il ne sait pas quoi, pour qu’elle émerge. On ne lui a jamais dit qu’il ne fallait pas réveiller les somnambules, pas plus que secouer un prophète en pleine vision peut-être dangereux. On ne lui a pas dit non plus que la sicaria de mauvais poil au réveil n’est pas divine. Il doute, le clébard, commence à se dire qu’elle s’est foutue de sa gueule la dernière fois. Pas très divin comme pouvoir, il n’en sait rien en fait Maciej, se contente juste de se satisfaire du retour certes abrupte de la gamine dans leur petit monde chaotique. A l’incendier comme elle si bien le faire, lui qui se colle un sourire sur les babines, air vainqueur d’un bonhomme faussement con. « - L’heure de la sieste était terminée, fallait que tu te réveilles, j’avais pas de seau d’eau sous la main pour te le balancer à la gueule. » Lui ricane quand l’autre grogne, à se moqueur ouvertement de sa petite protégée. C’est plus simple comme ça, ça lui enlève l’envie de la remettre à sa place. Violence à fleur de nerfs, celle qui fuse au rythme du sang qui se dégueule de ses plaies. Trou béant dans le bide qu’il oublie, à se vider bêtement sur le plancher déjà tapissé de carmin. Une rénovation dans les règles, celles de la Calavera. Il y a pourtant trop de traces qui restent dans le coin, de leur présence, à eux deux, les intrus. Son sang à lui, en évidence, des preuves à récolter pour ceux qui viendront fouiner si jamais la flicaille se donne encore la peine de traîner dans le coin. Il en doute, mais ça le travail, sourcils qui se froncent et pli de contrariété sur le front.

« - Oh si j’aurais pu me faire un petit café, prendre une douche aussi peut-être. Faire un peu de ménage, tu vois ? Plein de trucs, j’ai préféré m’occuper de toi, chanceuse. » Le ton est moins enjoué, s’enrobe des graves caverneux venus du fin fond de sa gorge. L’humeur du sicario se fait la malle à mesure que la merdeuse lui crache ses boules de poils à la figure. Interdit le temps d’un battement de cils, petites mains qui tâtonnent le crevé avec la frénésie du désespoir. Qu’est-ce que tu fous ? Pour un peu, il la penserait folle. C’est Selda, ça suffit pour expliquer la bizarrerie du geste.  « - T’es obligée de tout faire foirer à chaque fois ? Je te l’avais dit Selda, pas d’effusion. » Geste faussement théâtral pour désigner la scène de leur petite comédie improvisée, massacre amateur qui lui fait serrer les mâchoires tant ça l’agace. Pas dans son mode de fonctionnement, encore moins dans ses habitudes de semer dans son charnier des miettes de sa présence. Va falloir les faire disparaître. Engloutir la baraque peut-être, séisme localisé. Idée de merde. Marrée de gadoue entre les murs, dégueulée du jardin miteux. Pourquoi pas. Ca s’emballe dans sa caboche et plus il tente de trouver une solution pour s’éviter de nouvelles emmerdes, plus elle en rajoute. « - Si t’avais besoin d’une nouvelle palette de maquillage, fallait aller au supermarché, pas la peine de venir aussi loin pour ça. » Et pointer d’un index rageur les paupières rougies de la tueuse. Il le sait pourtant, Serevo, qu’elle fonctionne comme ça la gosse. A lui balancer tout sur le dos parce que c’est mieux comme ça. De le prendre pour le con de service au lieu d’assumer ses propres conneries. Loin le temps où elle le respectait un tant soit peu. Perdu, foutu, le mentor devenu l’égal. Pas que ça le dérange, et s’il ne l’avouera certainement jamais, il la préfère comme ça. Chieuse et teigneuse, à grogner et montrer les crocs, mordre parfois plutôt que de se rouler en boule devant lui et se la fermer. Elles font pas long feu celles qui font ça avec lui. Les ronrons ne fonctionnent pas avec les clébards, c’est connu pourtant.

Echange de regard en tord-boyaux. A poil devant les biles sombres de la môme qui le dévisage comme si elle ne l’avait jamais vu. Sale gueule qu’il doit avoir, dans le genre pire que d’habitude. Petits doigts qui viennent se poser sur le visage bousillé sans qu’il ne bronche. Tressaille juste sur un élancement dérisoire de douleur, picotement de rien sous les phalanges qui s’improvisent sculptrices de ces lignes acérées. Un ricanement lui échappe, mélange tordu entre nerveux et sincèrement amusé, sourire tordu à la franchise incongrue sur les babines. Marques d’humanité bien trop absentes chez le bonhomme, à trop l’humaniser quand elles viennent se coller sur ses traits fermés. « - Ca change pas trop. » En réponse prévisible à la conclusion,  celle qui sort dans une expiration fébrile, enrobée du miel d’une douceur au naturel bien plus forcé que la porte d’entrée crochetée. Les pognes de l’assassin viennent chercher celle de sa compagne de carnage, s’y agrippent sans trop savoir quoi en faire. Les contraindre à rester là, s’y accrocher parce que malgré tout, le contact est agréable. Ou les faire dégager. Dernière solution choisie et validée, il déloge les curieuses, sans brusquerie et les posent sur les guiboles de Selda.

« - Tes prévisions sont pires que celles de la météo, faut se tirer de là. »
Trop de temps passé sur les lieux d’un crime et les chances de se faire pincer ne font qu’augmenter. Il assassin depuis tellement longtemps pour le bon vouloir de la Calavera qu’il n’a pas spécialement envie de se faire coffrer maintenant. Aussi bêtement. Alors il tente, de lever son cul du plancher. Main contre le sol ensanglanté, en appui pour propulser le reste de la carcasse qui couine et grince sous l’effort. Ca tire, dans le bide, la blessure qui gueule presque autant que lui souffle sous l’effort. Deuxième fois qu’il tente de se lever avec toute l’élégance d’un type sûr de lui et qu’il merde comme un seigneur. Ils s’en souviendront de cette excursion à la con. Et sa conscience qui hurle plus jamais, les balades foireuses avec Miralles, c’est terminé.
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just as long as you stand by me (mac) - Lun 14 Jan - 20:56

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When the night has come, and the land is dark, and the moon is the only light we'll see. no, i won't be afraid, just as long as you stand, stand by me.

Il sourit, et bientôt les gestes à l'égard du cadavre qui s'vide entre eux se ponctuent de « cierra la puta boca » et de « cabrón », dans cet ordre ou dans l'autre. Marmonnements inaudibles entre les babines serrées, à s'en blanchir les lippes de ces mâchoires trop crispées qui s'mettent à craquer. Rien d'autre à se mettre sous les crocs, si ce n'est le sicario qui a l'air d'humeur à faire de l'humour. Elle devrait sûrement pas, mais elle saute à pieds joints dans le piège, dans une complaisance frôlant la déraison. « T'occuper d'moi, à ça qu'se résume ta vie, ouais. » Prunelles étincelantes qui vrillent quand elle tourne la tête un peu trop vite dans sa direction, élancement douloureux dans le cou sur lequel l'autre a tatoué ses paumes en nuances d'indigo. « J'te l'avais dit Selda. » Qu'elle répète après lui en roulant des yeux, comme une gamine, à se reconcentrer sur le type qu'elle vient de crever, tournant délibérément le dos au seul homme qui respire. Encore. Qui respire encore. Vu l'état de nerfs de la sicaria, faudrait pas trop s'avancer sur le sujet. Surtout quand il se met à refaire des blagues et qu'elle vrille. A s'tourner entièrement vers lui, môme enragée jamais foutue de retenir la leçon. « Tu m'déconcentres, putain. » Comme si c'était d'sa faute à lui, si elle ne voit rien. Et rien, rien du tout. Nada. Pas un frémissement dans le nerf optique. A trop oublier où ils se trouvent, préoccupations égoïstes harnachées aux tripes, c'est la gueule du sicario qui lui rappelle brutalement la réalité des choses. A en oublier ses propres traits tuméfiés, frères Bogdanov paumés à New Haven. L'hôpital qui s'fout de la charité, alors qu'elle laisse les doigts s'imprégner de ses traits, de ces reliefs qui s'y dessinent et qu'elle s'met à mémoriser. Fâcheux réflexe dès qu'elle s'met à le toucher, à l'inscrire dans l'épiderme depuis des années. Elle en a l'ombre d'un sourire aux lèvres, celui qui tire sur la pommette déglinguée mais elle s'en fout. « T'es même mieux qu'd'habitude. » Souffle plus bas, cordes vocales rauques d'avoir trop gueulé. Temps qui se suspend entre deux battements de coeur bousculés. Là qu'elle prend pleinement conscience des choses. Esprit méticuleux qui s'remet à tourner rond, dégageant l'emprise surnaturelle de ces visions toujours plus insistantes quand désirées.

Pas de protestation quand les mains finissent par l'arracher à sa contemplation. Elle se laisse faire, instant de latence avant que les muscles ne se raniment, au rythme des pensées. « Tu m'brises le coeur. » Sourcil arqué, air morne, elle n'en a rien à foutre de son avis en ce qui concerne ses visions. Opter pour le sarcasme, ça signe le retour au calme, au moins quelques secondes. Et elle se relève, vivement, à grogner parce que les vertèbres lui pètent le dos en deux et que le vertige la prend. Un pas, deux, mains qui s'accrochent à la nuque et mouvements brusques visant à la faire craquer une bonne fois pour toute. Coup de pied symbolique dans la masse immobile, c'est les côtes qui hurlent alors que les ecchymoses s'y dessinent. Séquelles anodines, elle en a vu d'autre, elle a connu bien pire. Le vieux, en revanche, c'est une autre histoire. « Tu t'fous d'moi. » Il tangue et à trop se focaliser sur sa tronche, elle en a pas vu l'état du reste de la carcasse. Pupilles qui s'accrochent à ses vêtements, analyse rapide de la situation. Mouvement qu'elle réprime, à ne pas le rejoindre pour l'épauler, quoique ça la tiraille dans l'bide de le laisser tituber. « J'vois que tu t'es bien amusé. » Y'a qu'une remarque à la con qui peut s'échapper, dans le désarroi de l'voir comme ça. Regard circulaire, main qui ramène les cheveux en bataille vers l'arrière et manche du sweat qui frotte vigoureusement le visage, émiettant le carmin ci et là. « Faut qu'on foute le feu. » Evidence qu'elle énonce, à contempler le parquet imbibé des effusions écarlates mélangées. Coup d'oeil vers Maciej dont elle finit par s'approcher, main qui s'ose à attraper l'épaule pour le forcer à se tourner. « La p'tite nature, tu m'attends dans la caisse. » Maline qu'elle est, faussement fanfaronne alors qu'elle file déjà sans demander son reste, se frayant un chemin jusqu'à déboucher dans la cuisine. « Essaie de pas t'casser la gueule sur le ch'min. » Dernière chose qu'elle lui hurle, avant de s'intéresser d'plus près au four.

Une minute. Plein gaz. Allumette craquant sur un torchon. Deux minutes. Demi-tour qui s'opère, à se faufiler entre les cadavres, gagner la sortie, capuche vissée sur le crâne. Course jusqu'à la caisse, à sauter sur le siège conducteur. « File les clés vite. » Ordre balancé à l'acolyte, à tâcher de pas se préoccuper de l'état pour ne pas perdre pied. Se tirer avant que ça n'explose, et trouver un point de chute où s'planquer.
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just as long as you stand by me (mac) - Dim 20 Jan - 17:15


Ca s’achève sur la merdeuse qui fait la maligne. Dicte les règles sans laisser à son acolyte le loisir de donner son avis. Il grogne, bute du pied dans le corps le plus proche. A s’en vriller le bide, ces effluves de cadavres qui lui retournent les tripes. Font cogner le divin sous la peau, l’hybris qui se réveille et lui hurle d’obéir. Se foutre des ordres de la sicaria, l’empêcher d’agir même et la foutre dehors en refermant la porte derrière elle. S’offrir le luxe d’une intimité passagère pour s’abaisser à croquer du crevé. Debout dans l’entrée, Maciej surplombe celui avec qui il s’est pété la gueule dans les escaliers. Le charnier fait par ses poings, la sale gueule aux allures carmines. Les traits tressaillent, babines folles qui s’agitent à lui faire serrer les chicots et les poings pour ne pas craquer. C’est qu’il en meurt d’envie, à retenir son souffle au passage pour ne pas respirer la mort. Celle qui se traîne dans son sillage comme le nouveau parfum à la mode. Celle qui dicte ses pulsions et sa vie depuis l’aube de son univers sanglant. Râle plus fort, jure en franchissant la porte, piétine dans le jardin aux allures de champ de bataille, la pogne agrippée à son flanc. Pauvre sweat en air d’éponge sanguinolente, il le relève à la hâte pour y jeter un coup d’œil. Le petit trou béant d’où pulse l’hémoglobine au rythme régulier de son cœur qui martèle les côtes. Appuient les doigts contre la blessure, ça lui tirent une grimace de gêne mais il persiste. Plus fort jusqu’à sentir sous la peau et la viande en dessous, le contact dur de la balle perdue. Saloperie. Sa langue claque contre son palais, et rageusement il remet son sweat en place. Quitte le jardinet pour se traîner le plus rapidement possible jusqu’à la caisse, et le siège passager dans lequel il se pose en soupirant.

A peine le temps de remettre de l’ordre dans son crâne qui le fait souffrir que l’autre portière claque. Trop fort, ça résonne dans la caboche. Réflexe gauche, farfouille dans le jean et balance les clés sur sa gauche. Sans ouvrir les yeux, parce que ça tourne et ça flanche doucement. Le ronron du moteur, les pneus qui crissent sur l’asphalte, ils se tirent avec la discrétion ratée de voleurs de bas quartiers. On repassera quand dans le rétroviseur la baraque s’embrase comme un foutu feu de camp de scouts. « - T’as appelé les pompiers au moins ? » Qu’il lâche dans un grondement rauque, un éclat de rire rocailleux, la blague qui l’amuse autant qu’elle le chagrine. Vendetta à la con, c’est la dernière fois qu’il la suit dans ses délires. En silence sur la route, même pas l’envie d’allumer le poste de radio, juste pour l’emmerder. Main au flanc et regard rivé sur la route, Maciej dans sa douleur, comme tous les fauves blessés, pue la menace. Le carnage. « - Tourne à gauche au prochain croisement. Y a un sentier sur la droite. » Et une vieille caravane qu’il a aperçu à l’allée, planquée en bord de route. « - Fais pas chier Selda, tourne. » Il ne joue plus, prêt à jouer des mains sur le volant pour la faire obéir. Elle s’y plie, étrangement, s’engouffre dans le sentier abrupt. Roule quelques mètres pour s’immobiliser lorsqu’il tape sur le tableau de bord, penché en avant à scruter la nuit. De la lumière droit devant, ça l’emmerde mais tant pis, pas le choix.

« - Tu restes là, je m’en occupe. » C’est le sicario qui parle, l’ordre qui n’offre aucune option de réplique. Tranchant, glacial. Carcasse fracassée qui s’extirpe péniblement de la bagnole, ferme la portière en silence et il s’avance vers la caravane déglinguée. Scrute par la fenêtre lardée de persiennes l’intérieur bordélique. Petit poste de télé vintage qui crache ses images brouillées. Match de base-ball, foutrement américain. Il frappe alors à la porte, main sous le sweat, empoigne la crosse de son M88 revenu se couler contre ses reins. Il y a ce moment de latence lorsque la porte s’ouvre, la nana aux allures de sdf, perdue dans un tshirt pour obèse trop grand pour elle, qui le scrute comme s’il était le père noël en avance. Ou en retard. Pas le temps de réagir non plus quand l’homme en noir plaque sa main libre contre sa bouche et l’entraîne à l’intérieur dans le grincement de la porte qui se remet en place. Elle gueule, lutte comme une perdue et achève le tableau du ridicule en lui collant une gifle qui résonne si fort dans le petit habitacle qu’il est presque certain que Selda l’a entendu.

Explose alors dans la tête de l’assassin, la patience qui se fait la malle et le M88 qui entre en scène. Morte au premier tir, il ne s’arrête pas Maciej. le chargeur complet du flingue qui se vide dans la caboche de la pauvre fille, affalée comme une poupée de chiffon jetée sans ménagement sur la banquette à fleurs. Souffle court, pupille brûlante rivé sur le corps sans vie, l’assassin esquisse un pas et ferme le verrou de la porte fragile. Cœur battant à tout rompre dans la poitrine, l’hybris crevant dans le corps, Maciej démonte la cuisine. Couteau en main pour s’improviser boucher sur de la chair fraîchement canée. Un doux carnage au goût de sang et de boyaux mis à l’air, frénésie sanglante à le rendre dingue. Le repas du fauve qui se sent revivre lorsqu’enfin le premier morceau de bidoche lui caresse la langue. Dégueulasse que ça couine entre ses oreilles, comme à chaque fois, malgré le temps passé. Inapte à s’arrêter pourtant, c’est ça ou devenir totalement taré.
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just as long as you stand by me (mac) - Dim 20 Jan - 18:56

stand by me


When the night has come, and the land is dark, and the moon is the only light we'll see. no, i won't be afraid, just as long as you stand, stand by me.

Adrénaline presque douloureuse à ses carotides qui donne le tempo, ça pulse jusque dans les tréfonds de son crâne. Pupilles en tête d'épingle, focalisées sur la route qui s'anime sous les phares, le moteur gronde sans merci quand elle démarre. A toute blinde dans les rues et les ruelles, le paysage défile de manière saccadée, à en filer la nausée. Omoplates ancrées dans la mousse un peu défoncé de son siège, plante du pied meurtrie à trop démonter la pédale. Pour une fois, elle parle pas, sauf pour rebondir sur la remarque du vieux. « Putain j'te jure, plus tu t'vides et moins t'es drôle. » Agacement accroché aux crocs serrés, oreille vaguement tendue vers la remarque des pompiers. C'est vrai, merde, à s'demander s'il ambitionne de monter un one man show en rentrant au pays. A croire que perdre son sang lui déclenche une vocation. C'est c'qu'elle lui lâche sûrement, d'ailleurs, après un énième virage trop serré. Et après, elle ferme sa gueule. Sûrement pas pour lui faire plaisir, au sicario qui doit songer à des vacances dans son silence. Plutôt parce qu'elle cogite à ce qui s'est passé, maintenant qu'il y a plus que ça à faire, ça et rouler, plus vite, plus loin, sans s'arrêter. Sauf que la carcasse tiendra pas l'coup, y'a qu'à le voir tanguer sur le siège passager à la moindre aspérité du bitume. Ralentir la cadence et y'aller mollo, elle sait pas faire, encore moins précautionneuse qu'à l'aller. Mais là au moins, il s'échine pas à l'engueuler. C'est presque inquiétant d'ailleurs. Y'a des moments où il parle pas, du tout, où il bouge pas, et où elle ose même pas lui jeter un coup d'oeil. Imagine, il est mort. No, elle préfère pas imaginer, et encore moins regarder, autruche qui relève la nuque que pour contempler le ciel noir qui s'écrase sur leur route. Souffle alourdi, respiration qui se suspend des fois, comme si elle allait capter un bruissement sur sa droite. Faut dire qu'avec le bruit que fait la ferraille déglinguée de la caisse, elle risque pas d'entendre grand chose. D'jà bien qu'à trop pousser le moteur, celui-ci n'ait pas encore troué le capot.

Mode automatique qui déraille quand la voix grave titille ses tympans. Ordre qui s'exécute au moment où il s'met à râler, phalanges qui blanchissent sur le volant. « J'fais pas chier putain je suis en train d'le faire bordel. » Mots qui s'agglutinent à ses lèvres brodées de sang séchés, écailles qui tiraillent la lippe fendue et achèvent de l'ouvrir à nouveau. « Casse les couilles. » Qu'elle marmonne en s'engageant dans la direction désignée. Le dos se raidit, se crispe même, nerfs en acier qui la tétanisent. Encore sonnée d'savoir le vieux en vie, qu'elle s'arrête sans réfléchir, un peu secouée après des minutes à se laisser porter par la voiture. Elle peut pas s'empêcher de le regarder, finalement, quand il balance qu'il gère, ou une connerie du même style. « C'est une blague, j'dois rire là ? » Mesquine, à le toiser du faciès au torse, à l'abdomen, sourcil qui s'arque en revenant caler son regard dans le sien. Sauf qu'il l'écoute pas. Et là, elle capte qu'il déconne pas. A sa manière de la regarder, les mots se cassent entre ses dents et s'éparpillent sans qu'elle ne donne suite. Pour de bon qu'il aura réussi à la forcer à la boucler, à force d'acharnement. Interdite, elle s'avance, se penche en avant jusqu'à en avoir le palpitant qui frappe contre le volant qu'elle agrippe toujours. Vue acérée qui reste fixée sur la silhouette qui s'éloigne. « Quel con. » A voix haute, ça lui échappe, scène surréaliste à laquelle elle fait face, spectatrice immobile, sagement à sa place qui n'est pas la sienne, qu'il lui a filé quand même. Et il scrute, avant de frapper à la porte, et elle a l'impression de regarder un mauvais thriller, soupir coincé dans la gorge et venin qu'elle exsuffle. « Putain c'pas parce que t'as foiré là-bas qu'tu vas te rattraper en butant le péquenaud du coin. » Parce qu'ouais, il a foiré, là-bas, sinon il serait pas blessé comme ça. Elle, elle n'est pas blessée comme ça. Lui qui a merdé, si on lui pose la question, pas elle, en prenant la situation du début à la fin. Elle, elle s'en sort très bien. Ruminations à ne pas comprendre son manège, c'est quand quelqu'un finit par ouvrir et que Mac s'engouffre à l'intérieur que sa respiration s'intercepte. Parce qu'elle ne rêve pas, y'a eu un bruit, un bruit sec, et elle se demande une seconde si le sicario viendrait pas de s'en prendre une dans la gueule. Et elle s'met à ouvrir la fenêtre avec tant de véhémence que la poignée lui reste dans la main. Juron murmuré en la balançant à l'arrière, elle tend l'oreille, guette l'instant où ça partira en vrille. Sourire sur les lèvres, la garce qui n'peut pas s'empêcher de ricaner silencieusement en s'imaginant le mentor se prendre une claque dans la gueule par la première chica de passage. Puis, elle reste attentive, même quand elle n'entend plus grand chose. Pas qu'elle ait pas confiance en lui, preuve en est, elle a toujours le cul vissé dans la caisse à ne pas daigner bouger. Juste au cas où, au cas où elle devrait participer. « Tu t'démerdes. » Qu'elle finit par marmonner, revenant caler son dos dans le siège et croiser ses bras sur sa poitrine. Elle s'fait chier, ça y'est. Trop d'action pour une retombée si merdique.

Une fois, ça résonne jusque dans l'habitacle, à vibrer le long de ses os du grondement familier du M88. Deux, trois. Sourcils froncés, regard qui se reporte sur la caravane. Et le silence. Total. Clé qui saute du contact, porte ouverte en silence, autant que le grincement latent de la tôle le permet. Comme un instinct bloqué dans la trachée, un regard aux alentours et la marche qui s'amorce. A n'pas avoir très envie d'avancer, étrangement, à mesure que la porte se dessine. Une main accrochée à une lame encore immaculée, elle finit bien par les gravir, ces trois putains de marche. Sur son échine à lui que tombent ses pupilles, à l'voir penché au-dessus du canapé. Qu'est-ce-que tu fous, c'qu'elle manque de grogner d'un ton à la patience sur le déclin. Mais ça se coince dans la gorge. Y'a un truc pas net dans la scène, un truc qui dégomme sa raison. Elle reste là p'tetre dix secondes, immobile, à contempler toute la pièce pour mieux le regarder à nouveau, toujours dans le même délire. Un délire ouais, ça peut être qu'ça, et ça se connecte vaguement, enfin, c'est ce qu'elle croit. « Elle est bien morte là, j'crois. » Premier truc qui sort, bras ballants, lame étincelante au bout des doigts qui ne savent pas vraiment quoi en faire. Comme ça qu'elle s'annonce, le ton qui vacille un peu. Elle comprend pas. Elle comprend pas ce qu'elle voit. « Fin j'dis ça comme ça, t'as l'air très appliqué à la tâche. » Y'a un truc qui la pousse à avancer, curiosité mal placée, elle sait pas, elle saura jamais. Elle sait jamais rien, quand ça concerne Maciej et qu'rien ne tourne de toute façon rond quand elle pense à lui d'une manière ou d'une autre. Alors, ce tableau-là, c'est complètement déconnant, mais elle s'en éloigne pas. Et peu importe ce qu'il dit, ce qu'il fait, elle arrête de regarder le cadavre et s'attache qu'à lui, comme si elle allait déloger une réponse au fond de ses pupilles. « C'est bizarre quand même. J'me rappelle pas qu'tu m'ais appris ça, pourtant tu m'as entraînée longtemps, hein ? » Déplaisante Selda qui finit bien par se poster près de la banquette elle aussi, pour observer de plus près ce qu'il a foutu, au juste. P'tetre qu'elle est trop sonnée pour assimiler. Que ça lui semble si irréel qu'elle mesure pas l'ampleur du désastre. « J'croyais qu'tu m'avais tout appris, hm ? Ce coup-là, c'est ta botte secrète ? Le j'te-bouffe-le-bide-tu-l'as-pas-vue-venir-celle-là ? » Le calme commence à vriller, un peu, rire qui émerge du fond du poitrail et éclate à ses lèvres, tensions des heures passées, de cette putain de journée qui lui secoue la carcasse comme une damnée. A ne plus réussir à respirer, main qui se plaque sur la banquette et elle qui s'assied à côté du crâne explosée de la demoiselle. Lame qu'elle range, geste mécanique et mains qui passent dans son carré en vrac, avant de reporter un oeil sur Maciej-le-boucher. « Putain. » Entre ses lèvres, un murmure. Sa remarque lancée à cette soirée de merde, qui lui revient. P'tits fours au macchabée, ou une connerie comme ça. Et elle reste là à le regarder, lèvres entrouvertes, à peine perturbée par son repas pas terminé sur sa droite. Des secondes à le dévisager, à s'dire que non, c'est pas qu'un coup comme ça. Que non, il devient pas fou, pas du tout, qu'c'est pas le sang qu'il perd qui le fait vriller. Parce qu'elle comprend à ce moment-là, et qu'elle se casse. Elle se lève, le regarde encore une seconde, et se casse. Pas qui s'emmêlent jusqu'à la porte, à trébucher dans l'escalier, air glacé qui lui dégomme les bronches et course qui s'enchaîne jusqu'à la caisse. Mains écrasées sur la portière, l'incompréhension brutalise les côtes et ça s'étale sur une bonne minute. Et elle finit bien par la contourner, leur voiture de fortune. Ouvrir le coffre. Fouiller. Mains qui tremblent, elle qui ne frémit presque jamais.

« Vire ton steak, fous-la n'importe où mais j'veux pas la voir putain. » Ce qu'elle gueule, au bord de la crise de nerfs, quand elle finit par revenir, balancer un sac jusqu'aux pieds du sicario. Elle partirait presque dans les aigus, contraste avec sa voix trop rauque, cordes vocales tuméfiées par l'autre qui lui donnent des airs de gosse en train de muer. « Enlève ton sweat, grouille, bouge ton cul. » Ordres qu'elle assène à son tour, à rompre la distance pour finir par sortir tout ce qu'il lui faut pour jouer les prétendues infirmières. S'concentrer sur quelque chose pour pas repenser à ce qu'elle vient de voir. L'aider tant qu'elle le peut, avant que la patience ne se disloque entièrement.
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just as long as you stand by me (mac) - Lun 21 Jan - 19:57


Les freins ont lâchés dans la pente, impossible de s’arrêter sans se manger le mur dans lequel il fonce, tête baissée. Tout s’est écroulé lorsque la balle lui a percé le bide. La raison, sa patience en peau de chagrin. Lorsque la pauvre fille a ouvert la porte de sa boite de conserve pour se faire bousculer par un type en noir à la gueule fracassée. Boxeur sûrement, si seulement. Perte totale de contrôle comme il n’en avait plus connu depuis longtemps, l’homme n’a plus rien d’humain. Un animal aux abois, gouvernés par des instincts plus bas que terre et dépassant l’entendement. A se croire en sécurité sous prétexte qu’il a poussé le verrou, petit machin d’acier qui ne tient à rien, revenu à sa place dès l’instant où il a été déplacé. Tant pis, c’est pas grave. Ca n’a rien à voir avec le cocon glacé de la morgue, ce décor aseptisé et blanc à pleurer. Celui qu’il ne voit plus depuis le temps parce qu’il n’y a jamais prêté attention, ne s’y attarde pas non plus. C’est une nécessité, un besoin à combler comme un autre gars irait se vider les couilles entre les cuisses d’une pute récoltée au coin d’une rue, entre deux poubelles et un réverbère. Comme le type qui a besoin de se torcher la gueule avec tous les alcools du monde pour oublier la misère de sa vie minable. C’est ce qu’il se dit, qu’il est comme tous les autres, chacun sa déviance, la sienne s’ancre pourtant dans les tabous, les machins qui font gueuler dans les chaumières, révulsent et condamnent. Une sombre nécessité, celle qu’il a cachée, depuis le jour où il a compris ce qui était en train de prendre racine dans son bide. Le Serevo et sa sale gueule, le clébard des latinos et ses sombres secrets. Il les a entendus les rumeurs qui courent dans son dos, celles qu’il enterre d’une œillade noire. Celles dont il se fout, du moment qu’elles font courir la trouille le long des dos, à en chier dans les frocs, ça lui convient. Qu’on le dise monstrueux, inhumain, ça lui va aussi. Sur la surface, dans les profondeurs les choses sont bien différentes mais personne ne creuse si loin. Personne n’y prête attention.

Tout comme personne n’ira la pleurer, cette pauvre femme qui se vide de son sang comme une pauvre passoire au milieu du bordel qui lui servait de maison. Au fond du cœur, il en ressent de la pitié, pour cette âme perdue qui s’est trouvée là au mauvais moment. Il aurait pu ne pas la voir, cette boite de conserve, ne pas l’enregistrer dans un coin de sa tête et se dire, qu’au cas où, elle serait là, s’il se trouvait dans l’incapacité de retenir ses pulsions. Sans Selda et ses lubies de pyromane, c’est sur l’un des cadavres de la baraque qu’il se serait fait les crocs. Pas de bol. Encore là pour tout foutre en l’air. Et il est presque sûr, Maciej, qu’elle sera pas foutue de garder son petit cul dans la bagnole. Qu’une fois le silence retombé, elle va s’impatienter. Après le raffut du flingue qui crache sa petite morte au compte-goutte de sphères métalliques, elle va sortir la tête, d’abord. Gueuler, jurer très certainement. Retourner à l’intérieur peut-être sur un acquis de conscience pour tenter d’obéir, pour une fois. Et se dire merde, sortir de la caisse et débarquer à grand renfort de bruit. Elle dans toute sa splendeur. Lui qui aime le silence, le rien, c’est une tempête de bruit dans sa vie. En plus de la faim, de cette folie qui lui bouffe le ventre, il y a l’angoisse qui vient lui couler dans le gosier. Se magner pour limiter la casse, faire vite et se tirer avant que la gamine n’en fasse qu’à sa tête et le prenne le museau dans le bide ouvert de la pauvre fille.

Son monde qui se teinte d’écarlate, là où le sang lui gangrène la peau, les pognes carmines celles qui plongent dans la chair morte. Sans hésitation, presque chirurgicale dans le geste tant il est imprimé à sa mémoire. Automatisme proche de l’instinct de survie. S’agite dans le fond des entrailles, le plaisir tordu lorsque se croque le premier morceau de bidoche. Encore chaude, ça change des crevés de la morgue. Change les saveurs et les textures, mais il s’en fout. Y revient avec la frénésie d’un charogne, un chrono dans la tête, il sursaute comme un con lorsque la voix de la sicaria lui défonce les oreilles. Merde, non. Pris en faute Maciej, il se fige au-dessus du corps, immobile dans son geste. Lame dans une main, petit bout d’organe dans l’autre. Ferme les yeux, lentement, inspire comme le ferait le type au bord de la crise de nerfs qui tente de se calmer. Ca se calme pas, sous sa peau. Continue de battre fort, dans cette euphorie morbide qui lui ronge les sens à chaque fois qu’il tue, qu’il bouffe. A pousser les curseurs de ses désirs d’homme et de ses passions assassines. Il en râle, souffle et soupire, grogne son mécontentement. Reste où t’es. Il s’entend le dire, se voit se redresser et pourtant il n’a pas bougé, les lèvres scellées dans le silence. Il la sent dans son dos, Selda qui bouge, s’avance pour se rapprocher du massacre. Lâche la bidoche qui retombe dans un bruit mouillé dans la crevasse molle, ses autres doigts se crispent contre la lame. Dans un spasme nerveux, les mâchoires qui se serrent pour réfréner l’élan de violence qui vient de se cogner contre son crâne. Arrivée au mauvais moment, pile pour le faire chier, l’obliger à se contrôler dans un moment où il n’en est pas capable. Effort monstrueux qu’il doit faire pour redescendre,  rassembler les morceaux de lui qu’il a éparpillé un peu partout dans la petite caravane.

L’éclat de rire lui vrille tympans, l’oblige à poser les yeux sur la gamine. En train de péter un câble, virer folle face à ce qui se dresse devant ses yeux. Il n’en espérait pas mieux, n’est même pas surpris de la voir amorcer la crise d’hystérie. Une baffe peut-être, pour remettre les choses en place. Mais non, il reste là, figé et muré dans son silence. Parce qu’il ne sait pas quoi dire, lui qui n’a pas la parole facile, avare de mots. Nécrophage, rien que le mot sonne comme un outrage. Parce qu’une part de lui à honte, se sent affreusement con. Pas foutu de la protéger de ce qu’il est, ça l’emmerde de réaliser qu’il est bien là le problème. Qu’elle le prenne pour une abomination, le regarde d’une toute autre manière et décide de le rayer de son petit monde. Celui qu’il a forgé d’une certaine manière, entré dans sa vie sans le vouloir, il s’est appliqué à en défoncer toutes les portes pour en devenir un élément central. Connard égoïste qui l’a façonné à son image, la merdeuse, fait bien plus que ce que l’on attendait de lui. La caboche bouge, de droite à gauche comme pour répondre, dire non à tout ce qu’elle lui balance. Lui dire qu’il ne lui a pas tout appris, seulement l’essentiel. Pour qu’ils restent deux entités séparées et ne se confondent pas l’un l’autre. Raté que lui murmure la petite voix dans sa tête. Aussi foutue que lui, Selda. Et l’insulte pour sceller l’échange à sens unique, deux cons qui se dévisagent sans rien dire. Il a juste envie de lui attraper la tronche, l’attirer contre lui et fermer cette bouche de la sienne. Qu’elle arrête de le regarder comme elle est en train de le faire, à lui farfouiller les tripes de son regard comme elle pourrait le faire avec un foutu poignard. Se lève enfin, et elle se tire. Comme ça, sans rien de plus.

Ca bourdonne dans sa tête, passée la frénésie morbide il se sent fébrile. Pose la lame sur la petite table surchargée, réalise que la télé beugle encore, le match n’est pas terminé. Ca pue la bière, celle qui s’évente dans la bouteille et qu’il attrape entre ses doigts sanglants. S’en prend une lampée, difficile à passer, sans goût. Dégueulasse mais ça fait l’affaire. Souffle en reposant la bouteille. Qu’est-ce qu’il croyait, qu’elle allait rester là et faire comme si de rien n’était ? Qu’elle se tire, c’est encore le plus censé dans cette histoire. S’emmêle dans la tête, le corps qu’il regarde comme s’il le découvrait, ce truc sanglant en sujet d’anatomie pour étudiants en médecine de seconde zone. Là, les poumons. Le foie, ce petit bout qui pendouille tout seul là. Manque un bout de rein, semblerait, bizarre. Une toux aux airs d’éclat de rire lui échappe tellement c’est ridicule. Pauvre type aux allures de boucher fou, avec le bide troué qui va devoir rentrer à pieds jusqu’à Arcadia. Personne le prendra en stop, sauf un taré encore plus dingue que lui. Fait chier.

Et elle revient pourtant, son hystérique. Lui gueule des ordres qu’il n’entend que d’une oreille, se contente de pousser de la godasse le corps qui s’écroule par terre. Et le pousser, toujours de la pompe, dans un coin. Il grogne, revient vers la petite table et y pose son cul. Fixe la tueuse d’un œil sombre, puant de défit. Et abdique. Enlève son sweat non sans grimacer, tissu collé contre la chair mutilée, le sicario qui se soumet et s’offre aux petites mains de son infirmière de fortune. Priant en silence qu’elle ne lui transperce pas le bide, même s’il le mériterait. « - Il y a des trucs que je pouvais pas t’apprendre. T’en avais pas besoin. Fallait aussi que je me garde quelques trucs, tu vois, pour garder un avantage. » Embrouillé dans la tête, fronce les sourcils et baisse un moment le museau. Tapote des doigts contre la table sur laquelle il s’appuie plus fort, à faire couiner le pauvre pied fatigué. « - J’aurais préféré que ce soit une sorte de botte secrète. C’est plutôt une nécessité. Sans ça je deviendrais totalement fou. J’en crèverais. » Ca sonne tellement ridicule lorsqu’il l’énonce à voix haute, comme une mauvaise blague qui ne ferait rire que lui. Un peu comme à cette réception où il avait balancé la chose comme on parle de la météo. Sourire ironique sur les babines, le museau qui plonge vers le bide, et le trou qui perce le flanc. Moche, un peu comme toutes les blessures qu’il a pu avoir, celles qui marquent la peau de toutes ces cicatrices qu’il ne compte même plus. « - Un peu comme toi, à devoir te barbouiller les paupières de sang pour activer ton pouvoir. T’es une prophète c’est ça ? » Pas divine, c’est trop bizarre comme façon de faire. Et il la scrute, Maciej, d’un regard perçant où pétille folie et curiosité. Animal apaisé, mais certainement pas calmé, ça se devine à la tension qui raidit la ligne de sa mâchoire.
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just as long as you stand by me (mac) - Lun 21 Jan - 22:29

stand by me


When the night has come, and the land is dark, and the moon is the only light we'll see. no, i won't be afraid, just as long as you stand, stand by me.

Anesthésie des sens qui endolorissent les pensées. Moins réelle, l'image, moins nette. Rebrousser chemin, oublier le sang de l'autre encore trop présent sur les lèvres de Maciej, la lame dans sa main, le naturel d'une scène qui peine à s'faire réaliste dans son esprit perturbé. Y'en faut pour la secouer. La violence, elle s'la bouffe en pleine gueule depuis qu'elle a appris à marcher, haute comme trois pommes à s'égarer dans les rues de Delray. A dévaler les marches pour se faufiler entre les portes d'une rame de métro, lever les yeux pour regarder les visages d'en dessous, atmosphère étouffante comprimant les côtes. Dévisager la misère étalée sur les bancs, se confronter à la réalité de ces fugues dont personne n'essayait de la rattraper. Môme paumée dans les quartiers les plus dégueulasses d'Arcadia, capuche collée sur ses mèches sombres, trop longues, trop emmêlées, qu'sa mère refusait d'lui couper. P'tetre parce que ça lui donnait des airs de fille, sous sa tronche renfrognée. Des airs de poupée déjà trop cabossée, à tomber une fois sur un être à l'agonie, ramassis de décrépitude se vidant sur le pavé entre deux bennes à ordure. Normalité ébranlée depuis les premières heures, rien n'a jamais fonctionné normalement dans la caboche de la gamine. Pas d'peur face aux monstruosités, curiosité bâtie parce qu'il fallait bien s'les forger, ces côtes que la mère aurait rendu trop tendre, si la gosse n'avait pas protesté. Et quand c'était pas sous les yeux noirs, c'était directement propulsé dans le crâne, de ces visions dont on n'peut se détourner, contrainte à regarder, encore, et encore, jusqu'à ce que ça aussi, ça ne fasse plus rien. Rien d'autre que des nuits blanches à maudire l'abomination courant ses méninges, prête à injecter sa dose d'atrocités. Premier témoin de bien des choses qu'elle n'a jamais été foutue d'oublier. Elle en a vu avant l'heure, des horreurs, de celles qui ont perdu en intensité, à la blaser, à en faire une tueuse insensible aux agonies et aux chairs disloquées. Inébranlable qu'elle se croyait. Inébranlable, à jamais.

Elle s'caille le cul à New Haven, y'a pas à dire. Frisson qui se décroche entre deux omoplates, laboure la colonne quand elle s'décide à revenir sur ses pas. Un pas, deux. Elle en a la main gauche qui tremble et qui ne s'arrête pas. Fourrée dans la poche de son jean, ça s'calme toujours pas. Il fait sombre, autour de la caravane, ça a quelque chose de rassurant, ouais, d'vachement rassurant vu ce qu'il se trame à l'intérieur. Déconnant. Complètement. Et ça fuse à mille à l'heure dans le ciboulot, menace de la faire percuter. Elle se la prend en pleines tripes, l'appréhension de le surprendre qui a recommencé. Une fois, elle peut zapper. Elle demande que ça, de plus y penser, de tirer un trait sur le souvenir qui s'incruste déjà trop profondément dans sa mémoire. La gerbe collée à l'estomac, à sentir le poids menaçant de la nausée quand elle repose ses semelles à l'intérieur. Coeur qui s'met à palpiter à la vue de la victime du sicario, elle en perdrait ses moyens si l'instinct de gueuler se faisait pas sentir. Salvateur. A donner le change. Parce que beugler, elle sait faire, que ça lui ressemble bien. Y'a pas de problème, tant qu'elle s'égosille, et sûrement qu'il le sait, lui aussi. Qu'ouais, si elle s'époumone, c'est qu'elle va bien, la Miralles, faut pas s'inquiéter. Elle les sent pourtant, les fausses notes qui vibrent, plus fort en le voyant bouger la carcasse. C'est pire, en fait, ça la contraint à regarder à nouveau, elle aurait mieux fait de simplement lui tourner le dos. Parce qu'il y a la pupille qui voit qu'ça. Le trou béant aux viscères qui se dandinent, traînée de sang plus capable de coaguler qui s'répand. Et comme d'habitude, elle peut pas s'empêcher de regarder. Elle sait pas faire, se préserver. Faut que ça fasse mal, à déchirer la cervelle, s'immiscer profondément, là où ça meurtrit la raison, toujours un peu plus profondément vers l'aliénation. Sale manie frôlant l'auto-destruction. Alors, elle contemple, comme si ça n'allait plus rien lui foutre au final. Comme si ç'allait la rendre forte. La désensibiliser, ça a bien marché avec tout l'reste, qu'elle a toujours cru. Mais là, ça merde. Parce qu'elle a beau fixer les gestes de Maciej, le pied qui pousse et repousse jusqu'à ce que la carcasse soit planquée dans un coin, ça n'en rend pas la chose moins infernale à assimiler.

L'oeil qu'il darde sur elle, quand il finit par revenir trouver sa place sur la table, au milieu du bordel, blesse plus profondément encore. Plus intimidée depuis longtemps, elle fait mine de s'intéresser au sac qu'elle fouille, détache la prunelle de la sienne, parce qu'elle peut pas. Tout c'qu'elle voit, c'est sa gueule quand elle est entrée la première fois. Et ça cogne, brutalement, à ses tempes. Cette idée qu'elle ne peut accepter. Il déraille. Paupières qui se plissent et s'écrasent, à lui en faire voir des étoiles noires quand elle finit par ouvrir les yeux à nouveau. Il a un sérieux problème. Très sérieux, même. Bouteille d'alcool à 90 qui s'écrase avec brutalité sur la table, annonce la couleur. Pas de douceur, Selda, elle sait pas, encore moins là. Elle peut pas, pas quand chercher dans ce putain de sac lui hérisse déjà salement les nerfs, à sentir Maciej qui attend, juste à côté. Comment elle est supposée l'soigner, si elle arrive même pas à le regarder. Imagination qui fleurit dans l'crâne et la laisse revoir, encore et encore, la scène digne d'un cauchemar illogique. Certitudes qui volent en éclat. Point de repère qui se fracture, lui fait perdre l'équilibre. Résonance jusqu'au fond de la cage thoracique, elle a les mains qui se crispent sur les compresses, sachet qu'elle déchire rageusement d'un coup d'incisives quand il s'remet à parler. Faut qu'il arrête. Maintenant. Avant qu'elle pète un plomb. Avant qu'à trop raconter sa version, elle n'achève de vriller, la sicaria. Pince qui se coince entre deux doigts rendus agiles par l'habitude, la chirurgienne de fortune finit bien par se retourner vers lui, s'évertuant à accrocher son regard au flanc. Paquet de compresses entre les dents, tout ce qui l'empêche de s'mettre à aboyer, muselière éphémère là où la concentration se rassemble. Main accrochée à la bouteille d'alcool dont le bouchon saute sur la table, l'attention chancelle au mot interdit. Celui qui résonne plus fort, dans les paroles emmêlées de Maciej. Là qu'elle peut pas s'retenir de lui jeter un regard, bref, d'une fraction de seconde, yeux écarquillés par l'audace du vieux. Putain. Là pour de bon, qu'elle a pas un mot à sortir. Prophète, qu'il ose dire. Là qu'sans réfléchir, non sans l'étincelle d'un sadisme certain dans le regard, c'est la bouteille qui s'vide sur le flanc sans prévenir et les compresses qui viennent s'y enfoncer sans merci. Vengeance de gamine toujours aussi traumatisée de s'entendre nommée à haute voix, colère de la sicaria qui a pas que ça à foutre de l'entendre parler d'elle. Pas là. Pas maintenant. Seconde main qui agrippe le dos, forces rassemblées pour contrer tout mouvement de recul, imbiber toujours plus férocement la plaie de la brûlure antiseptique. « Bouge pas ou j'arrête tout et tu crèves là. » Qu'elle susurre, sans daigner le regarder. « J'en ai rien à foutre de ta vie, Serevo. » Malmènent l'être qui proteste, les dires venimeuses qui cheminent, veulent meurtrir autant que c'qu'elle ne comprend pas. Douloureuse révélation offerte par le tueur devenu animal, l'espace de quelques secondes, sous le regard interdit de l'élève. Admiration persistante qui n'sait où se loger, croyances décimées en un battement de cil. Elle n'aime pas ça, que son peu de stabilité soit bouleversé. « Pas la peine de m'la raconter, t'as qu'à écrire des monologues si t'as envie d'parler, mais j'en ai rien à carrer que ce soit une nécessité ou qu't'en crèves, ou j'sais pas quelle connerie. » Paume enfoncée dans l'abdomen, contraint les muscles à ployer, la carcasse à s'allonger. « T'es à deux doigts d'plus jamais les digérer, tes putains de macchabée, laisse. toi. faire. » Abus certain de cette position qui est la sienne, pas grand choix pour le sicario sans doute, et elle le sait. A se pencher au-dessus de la blessure, ramener derrière l'oreille une mèche qui glisse et manque de chatouiller les bords chaotiques d'une chair malmenée. Douleur accrochée au poitrail, à deux doigts de vaciller, alcool qu'elle verse sur ses propres doigts, à les frotter avec frénésie avant de s'mettre à farfouiller. Salement. Sans faire mine d'y mettre les formes. Pas de pitié, pas de compassion. Pas quand ça la bouffe autant, sur l'instant. Envie de souffrance en miroir de celle qui tiraille sous la poitrine. « T'as aucune idée de c'que je suis. » C'est plutôt toi, qui sait rien d'lui. Ongle qui bute sur le dur, perçoit la garce plongée des centimètres plus profondément sous la surface. « J'suis pas comme toi. » Dents qui se serrent, violence d'un sang qui peine à se contrôler, mouvements toujours plus salopards contre la carne qu'elle s'efforce de disséquer. Blesser. Blesser oui, pour réparer. Pince qui entre en jeu. Faux prétexte pour lacérer, briser l'épiderme, le derme, creuser la masse charnue de ces bourreaux métalliques qui s'glissent et élargissement la plaie. « T'es déjà fou, mon vieux. » Lèvres qui se pincent, cessent de se déchirer de ces paroles qui s'égarent. Actes qui parlent bien mieux encore, à lui communiquer toute sa hargne à mesure qu'elle profane son corps. Elle en chavire, ivre d'une douleur qui percute les nerfs et anime les mains fébriles, images qui se ravivent, entrailles dévorées, festin du sicario comme si de rien n'était. « Qu'est-ce-qui peut t'arriver d'pire que ça. » Le ton est froid, les poumons s'incendient. Elle étouffe dans son propre corps, Selda, à se répéter inlassablement ce nouveau portrait qui est le sien, cette nouvelle facette de lui. Celle qu'elle ne voulait pas connaître. Oreilles fermées aux rumeurs. A gueuler toujours plus fort, pour faire taire les langues trop pendues au sujet du mentor. A pas vouloir entendre. Parce que Mac, c'est pas ça. Pas cette chose-là. Pas sans que ça remette en question tout ce qu'elle sait. Qui elle est. Incompatible avec le truc incompréhensible qui s'est inscrit pour lui, malgré elle, à l'envers de ses côtes depuis des années. « T'es d'jà au plus bas. » Balle coincée dans la pince qui se retire, qui s'éclate sur la table, alors qu'elle revient enfoncer une compresse pour tarir l'hémorragie. Au moins l'temps qu'elle le recouse. Au moins l'temps qu'elle arrive à le regarder, parce qu'elle implose. « J'peux t'laisser claquer. Pour c'que ça changerait. » Noires, les prunelles qui se relèvent dans les siennes, étincelantes, à ne pas voir l'écran de la télé derrière lui, à ne rien entendre. Sourde aux plaintes, aux gueulantes. Acidité qui achève de s'déverser, parce qu'elle ne sait pas se contenir, jamais. « Quand t'as plus de dignité, t'es déjà mort. »
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just as long as you stand by me (mac) - Dim 27 Jan - 16:27


Les silences sont pires que les mots. Elle gueule, souvent, tout le temps Selda. Une habitude qui s’assimile à quelque chose de normal, rien d’étrange, de perturbant. Le silence, c’est autre chose. Lui, il ne l’ouvre que très peu, économe dans ses paroles, pas la peine de trop en dire, ça ne sert à rien. Depuis le début, quand il ne comprenait rien à l’espagnol qu’on lui crachait à la gueule comme autant de glaviots à pleuvoir sur ses épaules. Petit polonais à peine bon en anglais. Peut-être que c’est un reste, de ce temps où il pigeait pas tout, se contenait de hocher bêtement de la tête, dire oui à tout, sans savoir dans quoi il foutait son nez. Pas con non plus, il a su de suite dans quoi on l’embarquait de force. Orphelin paumé, sans papiers, fallait bien qu’il suive pour pas se retrouver dans la soute d’un avion quelconque en direction de l’Europe de l’est. Pour y faire quoi ? Crever, tout seul, vendre son cul peut-être, comme ces clichés qui font la réputation de ces pays froids où il fait bon de ne rien porter sous les manteaux en fourrure. Il a appris à regarder Maciej, en silence, toujours. Traquer du bout de la pupille tous les signes à comprendre et les analyser. Livres ouverts que sont la plupart des humains, ceux qui ne font pas attention, ignorent être observés. Analyse en cours avec la sicaria. L’œil sombre qui suit le moindre de ses gestes comme on regarde un match de tennis à suivre la balle d’un coin à l’autre de l’écran. Gauche, droite. Ses silences et son regard qui l’évite, ça lui suffit pour comprendre. Que tout se casse la gueule. Les fondations bancales et bizarres de leur relation sur laquelle on ne peut pas apposer de mots. A peine se dire qu’ils s’entendent, se supportent. Normal pour des êtres qui ont passés autant de temps ensemble. Le mentor qui lui a refilé des bouts de lui sans le savoir. Ils se supportent donc, c’est suffisant. C’est plus complexe que ça quand on prend le temps de regarder plus loin, creuser sous la surface, les grognements, les engueulades et les coups.

Ses tentatives pour se justifier n’apportent rien alors il arrête. Attend sagement son heure, le cul à moitié posé contre la table. Le flanc en feu, le bide en vrac. Pas fait pour les sentiments, le clébard, ça le dépasse depuis longtemps. Pourtant ça s’accroche dans le fond de sa poitrine, petits bras fragiles qui s’enroulent autour du cœur, menacent de se casser la gueule au moindre battement trop fort. Un peu comme là, le machin de bidoche qui tambourine fort contre les côtes, affole la respiration qui devient gênante. Comme s’il ne savait plus respirer, trébuche sur les cailloux de la douleur qui lui grignote le côté du corps. Petit trou de merde qui dérange, presque à sentir la balle qui roule dans les chairs, se fout de sa gueule à chaque fois qu’il inspire trop fort. Elle dit toujours rien, Selda, et pourtant il a l’impression de l’entendre gueuler. Dans la bouteille qui se pose trop fort contre la table, à lui faire froncer les sourcils et se dire que ça sent pas bon. Qu’il va morfler et se prendre dans la gueule plus que le forfait classique de retrait de balle mal placée. Bronche pas, il le mérite, c’est ce qu’il se dit, alors il anticipe. Tente de le faire du moins, lui qui en a vu tellement. Jamais à se plaindre, il prend et ne dit rien. Le côté pratique d’un chien qui a reçu trop souvent des coups, il jappe plus quand ça lui tombe sur le museau. Soupire à peine parce qu’il sait que si ça s’entend, ça va tomber plus fort.

Vengeance qui tombe, puérile, un peu. Et le corps qui se crispe, les muscles raides sous la douleur qui fuse, là où se déverse l’alcool. A lui imbiber les chairs, le bide et lui qui grimace. « - Putain de… » L’injure se fait bouffer par ses dents mordant la lèvre, le plat de la main qui fracasse la table, violemment pour évacuer ce qui est en train de lui monter au nez comme de la moutarde trop forte. Mal de chien, comme jamais. Souffle, fort, la carcasse qui s’agite inconsciemment, les rangers qui jouent sur le lino pour se remettre d’aplomb, trouver un bon point d’ancrage pour ne pas se casser la gueule. N’importe quel autre être vivant ne portant pas le nom de Selda se serait déjà pris une baigne, décoller et sortir de la caravane par la voie des airs. L’œillade qu’il lui lance lorsqu’elle crache ses ordres est assassine. Noire à crever, souffrance gravée à même la sale gueule, le Serevo dans tout ce qu’il a de terrible et d’angoissant. Mais l’homme abdique, s’allonge sur la table qui couine plus fort, confiance en demi-mesure, pas certain que ce soit la meilleure chose à faire. « - Je t’ai rien demandé. » Ce n'est pas la première balle qu’il se retrouve obligé à enlever, pas la dernière non plus. Acharnement d’une folle qui a les nerfs en pelote et qui aurait oublié ses cachetons pour se remettre d’aplomb. Elle le bousille, avec son alcool à la con sur la plaie qui lance à lui faire exploser la tête, ses petits doigts qui triturent la carne à lui retourner l'estomac. Contracte le moindre muscle, son souffle qui crève dans sa poitrine, en suspension tant le calvaire est difficilement supportable même pour un type comme lui. Habitué à la souffrance, la plus dure, la plus brutale, depuis tout môme, il vacille néanmoins lorsque l’ongle bute sur le métal. Expire tout en sachant pertinemment que ce n’est que la fin du premier round.

Les pupilles poignardent de nouveau la sicaria, les mâchoires se serrent sous l’insulte. Non, elle n’est pas comme lui. A peine une copie fragile, pâle parfois parce qu’elle n’est pas aussi fracassée qu’il peut l’être. Encore sauve de cet engrenage sale qui le bouffe de l’intérieur. Et ça fait presque plus mal encore que les petits doigts dans son bide, ce qu’elle lui balance à la gueule, comme ça, comme on raconterait une journée de merde en rentrant le soir. Trop froide comparée à la Selda qu’il connait, la volcanique qui le cogne, lui griffe la chair de sa furie fauve dans leurs moments d'ivresse suave. Et la balle qui se tire, enfin, s’arrache de son ventre dans un râle rauque à lui démolir la trachée. Le juron qui meurt entre ses lèvres et les paupières qui se ferment sous le coup. Sueur en perles sur le front, le corps en feu qui commence à geler et l’assassin qui se redresse. Brusquement, trop pour ne pas en sentir le contrecoup, trop de sang perdu pour que la tête reste en place, trop de rage amalgamée sous la chair pour y rester contenue.

« - T’as finis, ou t’en as d’autre à me raconter ? » Grondement d’outre-tombe, la voix est encore plus grave que d’ordinaire. Rendue nerveuse par la douleur qui lui grille le cerveau. Pogne qui se pose sur celle de la gamine, là où elle maintient la compresse, si fort qu’elle pourrait la lui coller directement dans les entrailles que ce serait pareil. « - Depuis combien de temps tu le gardes, ton putain de jugement gamine ? Hein, ça te démangeait de me balancer tout ça ? » Avance son cul jusqu’au bord de la table, oblige l’infirmière à reculer et il finit par se lever. Non sans s’appuyer au rebord de son autre main, resserre son emprise sur l’autre, à lui faire mal. A un certain degré, faiblard en fonction de ce qu’elle lui a fait endurer. « - Laisse-moi claquer, et personne sera là pour sauver ton cul la prochaine fois que tu te mets en tête d’aller venger ton vieux, ta petite copine ou quelqu’un d’assez con pour te supporter. Tu me parles de dignité alors que tu pataugeais dans le sang de ce pauvre type pour t’en barbouiller la gueule ? T’es pas comme moi non, parce que t’assumes pas. Rien, que dalle, même pas foutue d’assumer ce que tu es. » Œil noir dans les pupilles sombres, à chavirer tant elles lui bousillent le cœur. Timbre froid et implacable de l’assassin quand ça explose dans sa poitrine. Elle l’emmerde, à un point qu’il ne pensait pas humain. Le rend dingue, de toutes les manières possibles et imaginables. Il crève de l’étrangler, là, maintenant et de laisser son petit cadavre à côté de la pauvre fille éventrée. Se tirer et l’oublier, passer à autre chose. Il crève de lui faire fermer sa gueule de ses lèvres, l’étouffer sous des baisers qui n’ont de sens que sur l’instant, sonnent ensuite comme une erreur, une aberration. La connerie de deux cons pas foutus de savoir ce qu’ils veulent, ni comment se comporter l’un avec l’autre. Se blesser c’est encore là qu’ils s’accordent le mieux.

« - Je t’avais dit de rester dans la bagnole, si t’écoutais au lieu de me les casser constamment, on en serait pas là. » Vieux rabat-joie moralisateur qui crachent son agacement à la jolie bouille crispée de rage. Et ses doigts viennent s’agripper à la gorge de la gosse, corps de pierre qui l’oblige à reculer, brusque jusqu’à ce qu’elle s’écrase le dos contre la tôle. Rapport de force en miroir, les rôles redistribués pour se remettre dans le bon sens. Le mentor et son élève. Sauf qu’il chavire, le vieux, respire plus fort et le bras qu’il a tendu entre eux pour la maintenir dans un étau de fer commence à trembler. Il sent, à travers les doigts de Selda contre son ventre, le sang qui glisse. Tiède, suave. Dégueulasse. « - Ce que j’en sais, t’es qu’une petite emmerdeuse, une putain de gamine égoïste qui a besoin des autres pour nettoyer la merde qu’elle sème dans son sillage. » Et ça fait mal, de lui dire ça. Parce qu’il le pense, en surface. En profondeur, les choses sont bien différentes. Mais c’est plus facile d’insulter, de pourrir, de la voir se décomposer ou fulminer plus encore que d’apaiser les choses. Ce serait plus simple pourtant, de tout calmer d’un seul mot, d’un seul geste. Arrêter les hémorragies, celles qui les laissent fébriles tous les deux. Pas faits pour vivre simplement. « - Casse-toi, t’en as assez fait. » Qu’il gronde avant de la lâcher, reculer d’un pas et lui tourner le dos. Fin de discussion, ça grince contre ses dents pourtant. Serrées à en devenir douloureuse, l’œil qui se pose sur la compresse et ses doigts crispés dessus. L’autre qui cherche déjà dans le sac le kit de couture pour réparer au mieux le massacre qu’elle vient de faire. Cicatrice moche qu’il va garder, en souvenir de cette virée catastrophe. Tant qu’à faire, si elle avait voulu le marquer, autant lui graver ses initiales sur le cul, ça aurait été plus simple.
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just as long as you stand by me (mac) - Dim 27 Jan - 17:56

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When the night has come, and the land is dark, and the moon is the only light we'll see. no, i won't be afraid, just as long as you stand, stand by me.

C'est vrai qu'il lui a rien demandé. Qu'elle s'improvise sauveuse du dimanche là où elle seule en a pris l'initiative. P'tetre parce qu'il fallait une bonne raison pour revenir. Justifier que non, elle se soit pas encore barrée, même si elle a eu tout l'air de le faire, y'a deux minutes. Elle a hésité, à reprendre la caisse et faire demi-tour. Elle aurait peut-être dû, en fait, quand elle l'entend râler et qu'elle ne tire pas le soupçon de plaisir escompté à le malmener de la sorte. Pas capable de l'abandonner là, faut croire qu'elle est un tantinet moins dure avec lui que ce qu'elle en montre. Que quitte à être en colère, autant l'être à ses côtés, à passer ses nerfs sur sa panse trouée plutôt que d'ruminer seule dans la voiture. Paradoxe qui se dessine parce qu'elle ne bronche pas, à sa remarque assez pertinente. Il n'a jamais rien demandé, Mac. Pourtant, ils se retrouvent toujours au même stade. C'est ce qu'elle aimerait croire, que c'est juste comme d'habitude. Que ça va passer. Mais faut pas se leurrer, c'est pas le cas. Elle le ressent à mesure que ses mots qui devraient sonner faux s'acharnent à faire mal. Rien à voir avec ce qu'elle ressent en général, hargne aussi viscérale soit-elle. Pas d'éclaircie annoncée, pas de frétillement dans les reins, juste ce putain de poids dans l'estomac qui lui colle la nausée. Et pas d'pitié pour les muscles qui se tendent, l'homme qui souffre en silence et la pousse à continuer. Difficile de s'arrêter, à s'demander si le but n'est pas de causer plus de dégâts encore que ce que le type lui a fait. Chair qui ploie sous ses gestes, gravée de son passage, de cet instant, le condamnant à le porter sur lui à jamais. Donnant donnant, rancune sourde qui s'exprime, intention bien plus floue. A lui en vouloir de ce qu'il fait, de ce qu'il est. Y'a pas de raison pourtant, sans doute qu'un autre se serait simplement détourné. Mais elle s'y brûle, encore et encore, à se marquer elle aussi des réminiscences d'une nuit qu'elle n'oubliera jamais.

Nuque qui se redresse à mesure qu'il se relève, qu'elle le fixe sans ciller. Encore plus moche qu'avant qu'elle ne décide de contribuer à la blessure, frisson de complaisance qui se dessine le long de son échine. Fugace. Parce qu'elle n'est pas satisfaite. Menton arrogant qui se lève quand la paume vient écraser la sienne, que l'ombre d'un sourire nerveux se découpe à la commissure des lippes. Pas d'mot, Selda, à contempler ses réactions dans la curiosité de l'attente. Poser les bombes une à une et attendre qu'elles n'explosent. Prétendre ne pas avoir le pectoral en ruine, à cracher ses saloperies sans détour. Grimace de douleur qui se réprime en sentant les phalanges craquer, posture maintenue sans vraiment s'écarter. A sentir la pulsation brûlante sous ses doigts, carmin qui se contient sous la pression. Rester plantée face à lui, et le toiser, de tout ce mépris à peine feint qui perce les pupilles. Pas de demi-mesure quand les émotions se mettent à pulser et lui font perdre les pédales. Comme quand il ouvre à nouveau sa gueule, et qu'elle en perd son rictus. Plus l'énergie pour faire semblant de garder la face. Pas de mensonge sur le visage aux traits qui se crispent davantage. Point sensible qu'il ébranle, bourdonnement aux oreilles de la sicaria qui finit par s'éclater le dos contre le mur. Narine qui se plisse en sentant le crâne tuméfié se remettre à lancer, chaleur vermeille qui finit par se glisser lentement mais sûrement dans les cheveux emmêlés, caresser sa nuque. Poigne de Maciej en souvenir de celle du type, elle moufte pas, sur le coup, gorge déjà endolorie qui se tend sous les doigts. « T'écouter. » Qu'elle répète, cordes vocales cassées en deux. « T'as pas compris encore, que j'ai passé l'âge de t'écouter. » Sourcils qui s'arquent et poigne qui se renforce sur l'abdomen, à l'tuer du regard avec plus de véhémence encore qu'avec la menace d'une arme. « Tes ordres tu t'les gardes, j'ai plus que ça à foutre de t'obéir, d'puis un bail. » Comme si elle avait jamais réellement su le faire. P'tetre les premières années, tout de même, et dire le contraire serait mentir. Tirer des leçons des apprentissages mais se soumettre en protestant. Ruer de temps en temps sans pour autant l'envoyer chier comme elle a appris à le faire après. Loin des humeurs d'une fin d'adolescence houleuse, la femme est devenue bien plus intenable encore.

Sauf qu'il ne s'arrête pas, lui non plus. Creuse les blessures invisibles, plus douloureuses qu'une pommette écrasée ou qu'une trachée meurtrie. Prunelles qui changent, grondement sourd qui perce sous l'emprise de Maciej sur son cou. Envie d'mordre, de lui cracher à la gueule, douleur lancinante qui s'éveille dans les entrailles pour mieux irradier dans sa poitrine. Rien qui sort pendant quelques secondes, suffisantes pour qu'il la lâche, qu'elle reste plantée là, à reprendre son souffle, inspiration et expiration pesantes d'un animal qui enrage. Violence qui se canalise et se regroupe, éclat fou dans les iris qui ne décolèrent pas. Casse-toi, qu'il lui dit. Mais elle vient d'le dire. Qu'elle lui obéit pas. Elle obéit à personne, tout au mieux au commandante pour éviter de s'refoutre dans le même merdier que cet été. Voilà seulement qu'elle y pense, d'ailleurs, à s'dire que l'état dans lequel Maciej va revenir, leur fuite improvisée, ça risque de mal passer. Tout qui s'embrouille et pourtant, le courroux des gradés, c'est secondaire. Y'a que ce qui se trame dans cette putain de caravane qui la fout en l'air. « Et toi qu'un vieux connard aigri, joder. » Qu'il croit qu'elle le laissera tranquille, à panser ses plaies, et elle se fera plus pesante, plus présente. A envahir l'espace des suintements verbaux qui se répandent, bousculent les silences précédents. Elle l'observe fouiller en vain, tiraillement malsain dans le diaphragme. « Une gamine ouais, suffisamment conne pour croire que t'étais encore en état de m'aider. » Elle fulmine, rage étouffante, à venir ramasser le nécessaire de suture qu'elle a balancé près de la banquette un peu plus tôt. Doigts crispés dessus, à darder un oeil sur la compresse qui fait plus office de décoration écarlate que d'réelle pansement, à refuser de le céder non sans avoir fini de déverser sa bile.  « Qu'un vieux sicario qu'j'ai p'tetre respecté un jour, mais j'ai du mal à m'rappeler pourquoi. » Mots qui se hachent, pas l'approchant de la carcasse mise à mal par son traitement. « Assumer d'bouffer les tripes de tes cibles, tu devrais pas t'en vanter. » Parce qu'ouais, elle n'assume pas, camoufle sa nature depuis des plombes parce que c'est ce qui lui a toujours semblé le plus prudent. Que lui assume ce qu'il est, elle comprend pas. Doigts qui viennent accrocher la mâchoire du sicario, geste trop téméraire, à chercher le point de rupture, l'anticiper sans chercher à se protéger. P'tetre qu'elle le craint, à ce moment-là, pour la première fois depuis des lustres. Qu'elle a oublié ce que ça faisait, de chercher et de chercher encore, avec l'appréhension qui se glisse dans la chair. Elle capte pas pourtant, que c'est pas de l'avoir découvert dans cette posture qui tisse son angoisse. Qu'c'est la douleur thoracique qu'elle craint, celle qui déchire et écorche, lui retourne le crâne à l'en rendre folle.

Elle le sait, qu'il ne souffrira pas l'affront. Resserre pourtant ses doigts, d'ce geste qu'il a eu si souvent envers elle, qu'elle n'a pourtant jamais esquissé envers lui. Le contraindre à incliner son visage vers le sien, sceller l'instant au travers des regards. « J'aurais pas dû venir te chercher, ouais. » Dents serrées, tête qui tourne vaguement, traumatisme crânien qui s'éveille. « Dix piges, faut croire que c'est assez. » Feulement aux échos de mensonge. « Mais arrête de t'mentir. » Paupières qui se plissent, s'écrasent sur un regard trop noir. Vertige qu'elle conjure en s'accrochant de plus belle. Perfidie qui s'énonce quand les yeux s'ouvrent sur lui. « T'es fait pour nettoyer derrière moi, y'a que ça qui fait vibrer tes vieux os. » Assurance placardée sur son front borné, à lâcher ça comme une évidence. Langue qui s'délie, p'tetre parce qu'elle a l'hématome qui appuie de trop sur la cervelle, que ça lui fait raconter d'la merde. « T'aimes ça, sauver mon cul, t'as toujours aimé ça. » Qu'elle achève de susurrer, à s'écorcher les lèvres de ses conneries, le narguer pour mieux l'emmerder, lui rendre l'agacement en miroir, claquer le kit de suture sur son torse pour ponctuer ses remarques.
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just as long as you stand by me (mac) - Mer 30 Jan - 20:06


Elle a l’arrogance accrochée au museau, ce menton qui se relève pour lui faire comprendre qu’elle s’en fout. Et il la connait Selda, tellement bien que son attitude ne l’étonne pas. C’est l’inverse qu’il aurait dû lui dire, la supplier de rester là, avec lui, l’aider. Et là, il en est sûr, elle se serait tirée dans un claquement de porte et des crissements de pneus à balancer des caillasses sur la pauvre caravane. Une putain de gamine qui lui sort par les yeux bien souvent, comme là où les mâchoires se crispent de plus en fort, que la main le démange. Partir dans la jolie bouille, lui remettre les idées en place et qu’elle se taise. Il fait rien Maciej, incapable de seulement lever la main sur elle. Jamais fait, commencera pas maintenant. Ca le dépasse d’ailleurs, les types qui se permettent ce genre de merde, comme si c’était la meilleure solution pour se faire respecter. Il n’attend plus vraiment son respect, ne sait pas s’il l’a déjà eu un jour. S’en fout. Quand on passe son temps à se balancer les pires horreurs à la figure, on ne s’attend pas à grand-chose d’autre. Et pourtant ça lui fait mal ce qui peut sortir de cette bouche ingrate. Taillés sur le même moule que les siens, les mots sont des rasoirs qui torpillent la peau. A se demander pourquoi il est venu là, pourquoi il ne l’a pas envoyé chier quand elle est venue le chercher au lieu de la suivre dans ses délires. C’est évident. La trouille, ce petit ver dégueulasse qui le ronge comme les cadavres qu’il bouffe. Peur au ventre qu’il lui arrive un truc à sa merdeuse, qu’elle rentre pas. Non pas qu’il doute de ses capacités, rien à dire à ce niveau-là, efficace et dangereuse la sicaria. Mais il sait pas Maciej, il y a toujours ce petit machin là dans sa tête qui le pousse à s’inquiéter. Tout le temps, et se dire que ce sera toujours mieux qu’il l’accompagne dans ses délires.

« - T’en as jamais eu rien à foutre de m’obéir, merdeuse. C’est tout ce qui t’intéresse, n’en faire qu’à tête et te moquer des conséquences. Grandis un peu Selda, merde. » Mauvais joueur, il se rappelle encore de la gamine qu’il a récupéré. Celle qui l’ouvrait mais qui baissait les yeux  dès qu’il levait un peu le ton. Pas besoin de gueuler, juste de lui écraser la trogne d’une œillade sombre et d’une voix affreusement grave. Et sentir la trouille dans le petit corps. Ca s’est cassé la gueule après, rapidement. Trop vite pour qu’ils anticipent. Lorsqu’ils ont franchis la ligne, à s’abîmer les corps d’une toute autre manière que celle régissant leurs entrainements habituels. Se découvrir dans les confins d’un intime qui rend dingue. Caractère de merde d’une ado en pleine crise, il s’y est brûlé la peau et le cœur, sans même s’en rendre compte. Foutu dès le premier dérapage, à ne pas se l’avouer parce que c’est ridicule. Tellement pas son genre, le loup solitaire qui se fout de ceux qui l’approchent de trop près, pris et jetés, le reste n’a pas d’importance. Comptes à rendre à leur retour, pas besoin d’être devin pour le savoir. Justifier les sales gueules, l’absence et les munitions en moins. Il soupire, une expiration lourde de lassitude, fatigue engourdissant le corps à se faire souffler par les braises de sa colère qui est en train de perdre de la vitesse. Peine perdue avec Selda, il pourra gueuler qu’elle gueulera plus fort encore. Principe de cours de récré, ne rien dire et ignorer, c’est encore le plus simple. Laisser la brute faire son caprice toute seule dans son coin.

Trogne des mauvais jours, les traits se crispent à mesure que ça s’écrase sur ses épaules. Les reproches, les insultes, et tous les crachats qu’elle garde dans un coin de sa petite tête. C’est l’adrénaline qui parle, la frousse aussi peut-être. Le film sale révélant l’ultime horreur qui se répète contre les yeux sombres. « - Je m’en vante pas. Je l’assume parce que j’ai pas le choix, ça veut pas dire que je le cautionne. » Besoin de se défendre quand rien ne peut justifier ce qu’il fait. Rôdeur de morgue, le nécrophage qui a passé sa vie à planquer ce morceau de lui des autres. D’elle surtout. Pour ne pas la voir dans cet état, ne pas sentir le regard changer à chaque fois qu’il se posera sur lui. Tout foutu en l’air, dommage. Corps en douleur qui se raidit au contact des doigts contre sa mâchoire. A toiser l’insolente et le geste qu’elle ose faire, grondement en fond de gorge comme pour faire comprendre qu’elle va trop loin. Bouge pas pourtant, hésite encore sur la marche à suivre. A s’accrocher plus fort encore comme si elle était en train de se casser la gueule. L’instinct qui parle et une paume aux nuances carmine qui se pose contre les reins de la tueuse. Et il ricane, Serevo. Se marre devant l’audace, l’apogée de la gaminerie qui lui vrille les côtes. Peut-être qu’il aime ça, au fond c’est certainement le cas. A n’en rien dire pour ne pas se trahir encore plus même si elle doit le savoir. Aussi bizarre soit-il, le lien entre eux semble indestructible. Celui du mentor à son élève, ce besoin pressant de toujours protéger, nettoyer les merdes derrière elle pour lui en éviter de nouvelles.

« - Rêve pas, j’ai autre chose à faire que de jouer les baby-sitters. On t’a collé dans mes pattes, j’ai fait mon job, si tu venais pas me coller à chaque fois que t’as la trouille, on se verrait plus toi et moi. » Qu’il grince entre ses dents, rictus de prédateur ourlant les lèvres, les doigts qui se resserrent contre les reins. Et ce foutu kit qui lui a tamponné le torse qu’il prend entre ses doigts, le balance sèchement sur la table pour qu’elle arrête de l’utiliser comme ponctuation. « - Mais t’as raison, je suis trop vieux pour supporter tout ça, ma patience s’est tiré au fil des années passées avec toi. Le prochain coup, tu trouveras porte close quand ça te prendre l’envie de jouer les super nanas. » Ronronne sur la langue, l’arracheur de dents qui n’en pense pas un mot. Ca vibre dans sa poitrine, comme un moteur qui a dû mal à démarrer mais qui insiste. La douleur dans le flanc qui fuse plus fort encore, en rappel de sa présence. Plaie béante, charnier à ciel ouvert qu’il faudrait reboucher. Foutu pour foutu, la cicatrice va rester, moche et trop visible mais il s’en fout. Carcasse trop marquée pour se sentir offusquée d’une nouvelle traînée grossière. Elle le nargue et le regard se crève dans les billes sombres. A ricaner encore, l’amuse presque la gamine maintenant. Les pognes qui la lâchent et se posent de part et d’autre de son visage de capricieuse entêtée. A l’approcher de lui pour laisser sa bouche se poser doucement contre le front brûlant. Drôle de conclusion à cette joute puérile des deux côtés. Il a encore ce sourire tordu sur les lèvres lorsqu’il se détache, reste proche, les carcasses abîmées qui se pressent l’une contre l’autre. Pour endiguer le vertige, le froid, tous ces maux qui les bouffent mais qu’ils ne peuvent pas éviter.

« - Ca valait le coup au moins ? Les cadavres que t’as planté dans la baraque ? T’as gagné quelque chose en te vengeant comme ça ? » Souffle contre la tignasse sombre, le menton presque posé sur le haut du crâne, visage lâché pour laisser ses bras enlacer la gamine. Sa vengeance à lui ne lui a rien apporté. A peine une frénésie d’une seconde, et puis le néant. Trou béant dans le cœur, place vide qu’il ne remplira jamais, les tombes de ces êtres qu’il a perdu mais qu’il ne parvient pas à oublier. La femme détentrice de son humanité, et la fillette qu’il ne verra jamais. Paupières qui se ferment, à se laisser bercer du calme factice revenu se glisser dans la boite de conserve. Un temps mort avant que ça reparte de plus belle. « - Termine ton œuvre Selda, qu’on se tire de là. » Murmure fébrile, pas un ordre. A peine une supplique. Qu’ils en finissent et retournent à leurs vies. A se faire la gueule le temps que ça se calme, comme à chaque fois. Mécanique tellement bien rôdée que ça en devient ridicule à pleurer.


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just as long as you stand by me (mac) - Jeu 31 Jan - 19:35

stand by me


When the night has come, and the land is dark, and the moon is the only light we'll see. no, i won't be afraid, just as long as you stand, stand by me.

Ennemie de toute patience, celle qu'elle malmène de sa mesquine insolence, elle n'a de cesse, Selda, n'en aura sûrement jamais. Proie favorite, addiction cultivée à ces nerfs qu'elle taquine, elle s'emmerderait sûrement, sans l'vieux dans sa vie. Seule idée qui accentue le tournis qui se colle à son crâne, échine raidie sous la large paume du sicario. Celle qui la retient, l'empêche sûrement de vaciller, brouille pourtant ses idées. Fou comme un seul contact peut tout chambouler. Comme une simple initiative peut faire dévier toute une trajectoire. Comme c'jour là, quand à trop se jauger, à trop se provoquer, gamine commençant à se défendre au lieu de se laisser dominer, ça a déraillé. Elle s'rappelle plus depuis le temps, prétendrait sûrement que c'est lui qui s'est abaissé vers elle pour rompre la distance. Avec un peu moins de mauvaise foi, elle se souviendrait sûrement que c'est pourtant elle, qui s'est d'abord hissée sur la pointe des pieds en venant chercher ses lèvres. Tout ça, c'est d'sa faute. Tous ces instants à se perdre, à s'écorcher de plus belle à cause de la tension n'ayant de cesse de déglinguer les carcasses depuis la première fois. Pas de regret, la Miralles, jamais, pas foutue de se remettre en question pour de vrai. Faire mine d'hocher la tête d'un air contrit, elle sait faire, parfois, faux repenti comme elle a pu l'montrer devant le commandante en juillet. Pas le genre à s'demander ce qu'elle ferait, si elle avait le choix de tout recommencer. Pourtant, la réponse est inscrite dans les muscles qui hésitent, se tendent davantage sous les doigts de Maciej avant de finir par se relâcher. Elle le referait. Parce qu'elle l'a pas choisie, l'impulsion qui l'a poussée à s'emmêler dans ses filets. Ceux qui s'font suffoquant, quand elle s'y débat, quand elle aimerait s'en foutre, de ce qu'il fait ou ne fait pas. De ce qu'il est, ou n'est pas, assume, ou n'assume pas. Prison qui cisaille davantage quand elle tâche de s'en défaire. Sûrement qu'il ne la mesure qu'à moitié, cette emprise qu'il a toujours eu sur ses colères et ses émotions contraires à son égard. Que c'est pour le mieux, pour la fierté qui se dissèque sous ces mots qu'il choisit trop bien pour l'attaquer.

Paupière qui se soulève une seconde à ses mots, quand il balance qu'elle a la trouille, qu'ça lui plaît pas, pas du tout. Grognement pour toute réponse, le kit qu'il lui ôte des mains, les doigts qui finissent par s'accrocher au torse comme ultime point d'ancrage. « J'viendrai même pas t'voir, t'es trop rouillé, maintenant. » Qu'elle marmonne, douleur poignardant les tempes et vision qui se trouble. Prunelles qui ne distinguent plus que les siennes, à lui lâcher le menton pour simplement s'accrocher à son épaule. Et elle se laisse faire, sans protester. Trop crevée, la tête trop abîmée aussi, pour trouver la force d'échapper au contact. Et c'est étrange. Ses lèvres sur son front, ses bras autour d'elle, elle sait pas comment réagir, pas habituée à ça. Presque instinctivement que ses bras viennent se recroqueviller sur sa poitrine, contre son torse, à ne pas savoir où se foutre. Question épineuse et tempe qui vient finalement s'appuyer contre son torse, vaincue. « Y'avait pas ceux que j'voulais. » Elle sait pas pourquoi elle s'livre, lâche quelques mots qui veulent dire beaucoup, toujours trop pudique sur les ressentis. P'tetre parce que ça n'a rien de normal non plus, d'être dans les bras de Maciej sans que ce soit pour le frapper où le laisser ruiner son être de mille façons. « C'est toujours ça d'gagné, j'imagine. » Le ton est bas, les yeux fermés. Odeur qui s'incruste dans ses narines, au-delà du sang qui les macule, de la sueur des efforts. Serevo qui l'enveloppe et envahit l'esprit meurtri. Ce qui marque et fait mal, le temps que le palpitant pulse encore de manière désordonnée, à oublier ce qui s'est passé, pour quelques secondes encore. Elle le sait, derrière ses pensées anesthésiées, qu'au premier pas en dehors de la caravane, ça le heurtera de plein fouet. Elle l'entend déjà, le silence assourdissant qui régnera dans l'habitacle, sur le chemin du retour. Après quelques jours, sûrement, de semi-coma sur la banquette dégommée, à s'bouffer la place de leurs jambes fatiguées. Le temps que l'hématome régresse dans les méninges, qu'elle parvienne à rouler. Le temps qu'il reprenne des forces, lui aussi, pour pas revenir en pièces à Delray. Et la portière qui claque, lui qui disparaît, elle visualise aussi très bien, sous ses paupières closes. Le grand vide quand elle finira par retourner dans son appartement, après quelques heures à tourner. Tout ça, c'est comme une histoire déjà écrite, fatalité menaçante dès qu'ils s'éloigneront. Elle ne le présage qu'à moitié, c'qui se passera quand elle aura l'esprit suffisamment clair pour y repenser. Et c'est p'tetre mieux, que sur l'instant, elle s'en détache. Ce qui lui permet d'acquiescer, à sa requête, de stabiliser sa vision le temps de relever les yeux vers lui, se défaire de ses bras. « Ok, mais chiale pas. T'étais sacrément douillet tout à l'heure. » Mots qui se lâchent comme des banalités, en venant récupérer le kit de suture, tapoter la table l'air de dire, allez, viens là mon p'tit. Tranquillité factice, instants hors du temps sur lesquels l'orage finira bien par revenir gronder.

TERMINADO
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