Il est 19h, la sortie du bureau est imminente pour les fourmis d’Arcadia qui s‘enferment dans leur tour de verre en attendant le tintement de l’horloge pour les libérer !  Toi, Lulu, t’es indépendante, tes horaires, tu les décides, pas besoin de deux petites aiguilles pour te dire ce que tu fais. Y’a que ta tête, ton coeur et ton énergie, pour te guider vers ce dont tu as envie !  Alors ce soir là, t’es déjà dehors, la veste en jean rembourrée avec de la vieille moumoute chopée à 2$ dans un drugstore, ton jean et ton collant dessous, histoire de ne pas perdre tes gambettes à force de vagabonder dans la rue. Tu aimes bien, être à la sortie des bureaux, comme les parents a celles des écoles. Tu attends sagement de voir ton futur petit protégé faire un pas vers la liberté.  On parle bien de bijou là, pas d’enfants !
Les yeux glissent, les mains sont expertes, attendent, calculent si cette personne est... Ah non, trop grande. Et elle peut-être que… Non, la montre ne brille pas assez, c’est du plastoc. La moue d’enfant sur le visage, tu restes concentrée, tu te fiches bien de la valeur, tant que ça brille, tu pourrais choper un chouchou pleines de paillettes, ça te conviendrait parfaitement. Rien ne te va plus que…  « Sapristi… » T’as appris ça a ton dernier cours de français, apparement ça veut dire merde mais dans un langage plus soutenu. Tu l’utilises à tout va, avec l’accent à coupé au couteau avec, bien entendu. Devant toi, une jeune femme, l’air ailleurs, le cou nu, sans écharpe, avec une merveille autour qui brille comme le diamant de Rose Bukater (mais surement pas le même prix.) Et pour lui éviter d’être jeté dans l’océan comme le feux-diamant de la jeune naufragée du Titanic, tu te proposes gentiment de l’aider. Sans lui demander, cela va de soit.

Glissant comme une limace sur un trottoir, délicate petite leprechaun que personne ne voit quand elle se veut discrète, tu fais bouger tes doigts comme une marionnettiste, enclenchant ton don aisément. La foule te cache, à part tes bouclettes rebelles, personne ne peut te voir. Sauf si bien entendu, quelqu’un reconnait l’utilisation de la ferrokinésie qui fait trembler les deux bouches d’égout à tes côtés. Tu te concentres sur le bijou, la femme s’arrêtant pour faire tu-ne-sais-quoi. Elle est jolie que tu penses. Elle le sera encore plus sans ce bijou autour du cou qui se décroche lentement et glisse de sa peau sans qu’elle ne s’en rende compte. Il glisse, glisse et hop sur le sol, à ses pieds. Plus qu’à le ramasser quand elle décidera de reprendre son chemin. En attendant, Lulu, tu attends, espérant avoir été assez discrète malgré ton sourire lumineux digne d’un réverbère allumé.