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The Rose with a Broken Neck - Aedan

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The Rose with a Broken Neck - Aedan - Jeu 12 Déc - 18:32

Gyrophares.

Lumières rouges et bleues léchant la pierre, les murs et le macadam, ourlant la journée sombre, sans Soleil, de lueurs électriques et rythmées. Je me suis posé contre un mur, à côté du perron menant à l’entrée et je vois passer en un flux incessant les voitures crachant ces lumières véhémentes et froides, brûlant la rétine et perçant la sobriété du béton. Une cigarette à la main, j’inspire la fumée dans mes poumons, réchauffant mes bronches et apaisant la voix psalmodiant dans ma tête des nuées de questionnements, particulièrement quant à ma présence ici. Une cendre furète dans mon écharpe couverte d’arabesques ; d’un geste je la balaie, d’un revers elle disparaît à jamais.
Comme ma mère, finalement incinérée.

Mégot.

Il ne reste déjà plus qu’un fragment froid, une esquille de l’élément de départ. Je le jette dans le cendrier trônant devant la porte d’entrée ; à mon arrivée, la porte s’ouvre, voulant m’acclamer, m’accueillir et presque me remercier de ma venue ici. Une foule d’hommes et de femmes s’avance, va et vient sans remarquer ma présence, ni même la leur, sauf en quelques salutations froides et automatiques, parfaitement hypocrites. La compagnie des portes me semble dès lors préférable.

Parler.

Je me rends vers le pôle d’accueil où une dame, le nez fourré derrière l’écran de son ordinateur, ne semble daigner me regarder. Sur son chignon droit se dressent deux bois de renne, jurant avec la stricte austérité du lieu. Il n’arrive pourtant pas à esquisser un sourire de joie sur mon minois affable. Mes mots parviennent enfin à ses oreilles et, après avoir haussé un sourcil, elle retourne sur son écran et appelle sur son téléphone interne. J’attends une réponse, ou du moins un sourire ou un bonjour.

Attendre.

Mes doigts pianotent sur ma besace, pesant sur ma cuisse. J’en profite pour regarder autour de moi ; le commissariat est décoré pour Noël. C’est étrange que je le vois ainsi, ayant plutôt l’habitude, du moins quelques rares souvenirs, de passer par la porte de derrière, menotté et trop ivre pour inspecter les détails de cette architecture morne et glacée, sans âme. Des banderoles de guirlandes se cachent sous les comptoirs, des boules illuminent les portes de tâches colorées et un sapin, si débile, si menu, embaume de son odeur la petite salle d’attente. Il perd déjà ses aiguilles.

« Vous voulez un café pour patienter ? »
« Avec plaisir. »

Je m’assoie sur un banc où, devant moi, gisent quelques magasines datés du mois dernier, évoquant conseil beauté et recette de Noël. La préposée à l’accueil m’apporte ledit café et m’offre enfin son sourire, que je lui rends  avec plaisir. La buée couvre mes lunettes et le parfum de la boisson noire se mêle à celle du sapin, me rappelant les Réveillons passés des années plus tôt, quand je rentrais pour réviser au calme dans la demeure familiale ou, pas plus tard que l’an dernier, savourer un repas en famille. Durant ces vacances torturées par les fiches de cours et les planches anatomiques, le matriarcat s’amusait à cuisiner toute la journée, toute la semaine, des plats d’Amérique Centrale, de nos origines, de nos racines.

Coquito.

Tout les soirs, dans la tasse de mon café que je remplissais chaque heure depuis l’aube, ma grand-mère me versait cette boisson sans me prévenir, signant la fin de ma période de révision. Je n’en aurais pas cette année. Ni des biscuits à l’hibiscus allant avec, que l’on picorait ensemble, avec les voisins, parfois, venus chanter leur posadas et apportant un peu de ponche pour se réchauffer dans ce climat glacial. Ils sont désormais enfermés dans l’écrin de mes souvenirs, devenus madeleines proustiennes que plus jamais je ne pourrais goûter. Cette année, pour la première fois, Noël sera seul puisque de ma famille il ne me reste que ma abuelita grabataire et effrayée par le chaos grondant.

Téléphone.

Profitant de ce répit, je regarde les différentes modalités pour un voyage sans retour pour le Mexique, avec chaise roulante et quelques valises. Est-ce que je l’accompagne pour quelques jours ? Il faut que je me décide rapidement.

« Il vous attend dans son bureau. »

La voix me fait sursauter, mélange de tension et d’inattention. Son visage se confond en excuses et, plus je la fréquente, plus je découvre son humanité derrière ce masque dépourvu d’émotion. Je lui fais comprendre que ce n’est pas grave et, après m’avoir indiqué le chemin, je me dirige vers l’ascenseur.

Décoration.

Un méandre de corridors et de bureaux ouverts où débordent des policiers en uniforme. J’en reconnais deux ou trois, qui m’ont interpellé ou que j’ai attrapé une nuit d’ivresse. Ce dernier semble fuir mon regard, se détournant de moi, honteux de sa sexualité dans un bâtiment où la virilité semble imposée et exacerbée ; je le repousse tel deux aimants dansant dans une polarité interdite mais forcée. Je remarque que le plafond est couvert de houx et de Père Noël traînés par des rennes. C’est moche, mais au moins il y a l’effort de la couleur, exactement comme à l’hôpital, avec sans doute plus de temps pour faire la décoration. Je ne sais pas pour cette année, je ne peux plus mettre les pieds à mon ancien travail.

Destination.

Je remarque enfin la porte de l’inspecteur ; aussitôt, du bout de mes phalanges, je tape à sa porte afin d’annoncer ma présence. Quelques secondes passent et je vois que le houx est parfois remplacé par du gui, comme ici, au dessus du chambranle de sa porte ; une blague de ses collègues sans doute car l’inspecteur, au physique particulièrement attrayant, doit demeurer dans les pensées de nombreuses personnes présentes à cet étage.

Verrou.

Il tourne. Trop lentement pour moi, dans cet océan vindicatif de miliciens. J’ai envie d’une nouvelle cigarette. Ou de partir. La porte s’ouvre. Sous l’embrasure apparaît son immense stature ; nos mains viennent à se serrer alors que la tradition voudrait que l’on s’embrasse.

Regret.

Nos doigts se séparent rapidement mais mes yeux ne peuvent s’empêcher de le quitter, de le dévorer. Mon estomac brûlant de café se noue à l’instar de ma gorge embrasée par le rhume qui ne me quitte plus. Il m’invite à entrer. Je passe à ses côtés, le frôlant presque, ressentant toute la chaleur dégagée par son corps. Un sursaut de mes sombres pensées m’ordonnant de vivre le moment présent comme s’il s’agissait du dernier me pousse à vouloir me jeter sur lui, le plaquer contre le mur et lui violer ses lèvres ; il n’en demeure qu’un tressaillement de mon auriculaire à peine visible sous mes gants en laine et un déglutissement sous mon écharpe empestant le tabac froid.

Pochette.

Je la sors de mon sac. Rouge, comme le sang. Et la dépose sur le bureau. Quelques heures plus tôt, avant de partir, avant de fuir mon appartement où je me retrouve esseulé, je dessinais une main sur une feuille vierge, au crayon qui finit brisé sous la pression de mes doigts crispés. Elle prenait toute la place, grande et fière, et offrait à qui la regardait son plus majestueux majeur en symbole de refus. Je n’ai plus que ça, désormais, dessiner des heures durant dans mon salon, des fleurs la plupart du temps, et, avant de rejoindre le commissariat, j’ai hésité entre mon crayonné et les dossiers rédigés pour l’inspecteur Fitz. Désormais, ils gisent sur son bureau, m’imposant un non-retour dans mes choix.

« Je peux partir, c’est bon ? »
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