If you think nobody cares if you’re alive, try missing a couple of payments. (Alban & Alice) - Dim 22 Mar - 0:36
If you think nobody cares if you’re alive,
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Alban & Alice
Le quartier historique. Urgh. Il détestait venir ici. Le quartier en lui-même était plutôt joli, bien que les baraques soient hors de prix, mais venir ici, c’était surtout le signe qu’il fallait payer sa dette au Royaume. Cette foutue dette qui courait depuis une bonne année et qu’il n’arriverait jamais à rembourser. Mais bon, ça lui avait permis d’avoir la garde de Silas avant que leur vieux ne se retourne contre lui pour enlèvement d’enfant. Sauf que maintenant, il se retrouvait avec une jolie somme à rembourser, et il n’était pas de ceux qui se défilent devant une dette - surtout parce qu’il avait la trouille que le Royaume se rembourse avec son sang. Etrangement, mourir ne lui faisait pas peur, mais l’idée de laisser Silas tout seul était terrifiante. Il n’était pas passé par tout ça pour se laisser bêtement tuer, juste pour un petit peu d’argent.
Alors c’est en soupirant qu’il pousse la porte de l’imposante demeure des Montgomery. Si sa dette est auprès du Royaume, c’est à la trésorière qu’il doit rendre des comptes. Et elle a beau être une vieille femme, ses dents sont longues comme celles d’un prédateur, et comme il se trouve qu’en plus, elle est la patronne de la banque de la ville, il s’avère impossible de la berner - non pas qu’il en ait eu l’idée. C’est un peu le genre de mauvaise herbe qui les enterrera tous. Mais quelque part, il l’aimait bien. Déjà parce qu’elle ne lançait pas incessamment ses chiens à ses trousses comme s’il était un mauvais payeur. Alban payait. Toujours. Rubis sur l’ongle, sans le moindre retard. Il n’avait jamais demandé le moindre délai, et se présentait toujours, parfaitement à l’heure, pour éponger partiellement sa dette, parfois avec plus de sous que d’ordinaire, mais jamais avec moins. Inutile, alors, de lui rappeler les conséquences d’un non-paiement. Il avait fait tout ça pour son petit frère ; il savait très bien ce qu’il risquait.
« J’ai rendez-vous avec madame Montgomery. » « Laquelle ? » « Celle qui m’arrachera la tête avec les dents si j’arrive en retard. »
Les deux hommes échangèrent un sourire amusé - depuis le temps qu’il venait ici, Alban avait appris à sympathiser un minimum avec le personnel, et avec l’éternelle même personne qui le guidait jusqu’à la dangereuse matriarche de la famille. Guidé dans les couloirs, Alban jeta un bref coup d’œil aux tableaux de maître, appréciateur. Joli. Et très cher. Tiens, celui-là était faux. Il ne pouvait pas expliquer comment il le savait, mais il le savait. Il faudrait qu’il lui dise, que son tableau de maître était un faux. A moins qu’elle ne le sache déjà ? Erf, ça pourrait lui attirer des ennuis. Bah, il verrait bien comment la situation se présente.
« Bonne chance Alban ~ » « Si j’en sors vivant, rappelle-moi de nommer Mia tutrice légale de Silas avant le mois prochain, ok ? »
L’autre eut un léger rire, avant d’ouvrir la porte, retrouvant son sérieux. Quelques mots à la matriarche, et ce fut à son tour d’entrer dans l’antre du lion - ou plutôt de la lionne, en l’occurrence. Ils n’avaient même pas vérifié s’il était armé. Mais pourquoi le serait-il ? Il n’était pas assez fou pour venir armé chez un ponte du Royaume, sauf si on considérait son petit pouvoir comme une arme. Mais comme il ne serait jamais assez fou pour l’utiliser sur sa créancière… Problème réglé.
« Bonjour madame. Léger sourire de politesse. Je vous épargne les flagorneries, allons droit au but… »
Sa pain plonge dans le sac accroché autour de son épaule pour en sortir une enveloppe marron. Devant un autre, il l’aurait juste jetée sur le bureau. Mais pour éviter de se la mettre à dos, il prit la peine de la déposer poliment devant elle. Il savait très bien qui elle était. A l’époque où elle était encore en vie, où elle passait parfois chez eux - moments merveilleux où son père disparaissait étrangement parce qu’elle le terrifiait - Anora l’enjoignait à bien se tenir, et surtout, surtout, méfie-toi d’elle. Anora n’était plus là, mais Alice l’était. Et le conseil perdurait. Méfie-toi d’elle.
« Le compte est bon, comme d’habitude. Enfin, pas vraiment, nuança-t-il, il y a plus que d’habitude en fait. »
Entre l’argent parié - et gagné - sur Cian, et son pactole empoché après avoir bossé comme guérisseur provisoire pour le Royaume, sans compter l’argent des dessins vendus sur Internet et à Fedora… Normalement, niveau paiement, il était tranquille pour un bon moment, et ça prouvait, si besoin en était encore, qu’il était loin de vouloir entuber le Royaume, contrairement à d’autres pauvres âmes endettées comme lui.
If you think nobody cares if you’re alive, try missing a couple of payments. (Alban & Alice) - Mar 31 Mar - 9:32
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Alban & Alice
Ce qui ne devait sans doute être qu’un compliment sonne comme une subtile menace voilée - non, très clairement, il ne voulait pas savoir ce qui arrivait à ceux qui faisaient perdre son temps à la matriarche Montgomery. Pourtant, il n’y met pas vraiment les formes. Il se contente d’être poli, mais ça semble faire son petit effet positif sur sa créancière qui repousse ses piles de documents pour regarder ce qu’il pose sur la table, sans toutefois y toucher. Même s’il sait qu’il n’a rien fait de mal, ça l’inquiète quand même un peu. Mais il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Il payait juste, et à l’heure. Il ne risquait rien, en théorie. Mais Alice restait de la mafia, et même si le Royaume était sensé être la moins agressive de toutes, même s’il connaissait un bon nombre de gens là-dedans, un peu de prudence ne le tuerait pas - bien au contraire.
Et elle parle d’argent maintenant, de cet argent dont il aurait bien besoin mais qu’il vient de poser sur la table pour rembourser sa dette colossale. Et dire qu’au début, il ne comprenait rien à toutes ces histoires de mensualités. Il avait fait un master d’art, lui, pas un master en commerce. Une petite recherche, et quelques discussions avec des gens plus compétents que lui dans le domaine, lui avaient suffi pour acquérir les bases et comprendre où se situaient ses intérêts. Au moins, la matriarche n’essayait pas de le plumer, ce qui était un avantage non négligeable, et très intelligent. Endetté mais bon payeur, il n’y avait aucune raison de le menacer ou de le pousser à aller voir ailleurs. Sinon, sa prochaine dette - car il ne se faisait aucune illusion, il y en aurait d’autres - il irait la contracter ailleurs puisque le Royaume aurait tenté de le rouler. Il y avait donc tout intérêt de le garder.
« J’en ai parfaitement conscience, madame. »
Ainsi rassurée, elle prend enfin l’argent, et une fois ses lunettes posées sur le nez, commence à le compter soigneusement tandis qu’il attend patiemment qu’elle reprenne la parole. Parler maintenant ne ferait que la déconcentrer, non ? Il n’avait aucun intérêt à la déconcentrer - ou pire, à ce qu’elle pense qu’il essayait consciemment de la déconcentrer. Non, il allait juste se taire et attendre qu’elle reprenne la parole, ce qui arriva plus tôt que prévu vu qu’elle lui demandait maintenant si ce genre d’extras se reproduirait. Fallait-il le prendre en compte sur la totalité ou sur la mensualité suivante ? Quelques mois plus tôt, il aurait sans doute répondu la mensualité suivante, pensant que cela la ferait baisser. Grave erreur. Ça faisait juste monter les suivantes.
« Plutôt sur la totalité, si possible. Les bons mois ne se reproduisent pas toujours, malheureusement. »
Et les bons paris non plus. Il avait eu le nez creux, en pariant cent dollars sur Cian, cent dollars largement rentabilisés puisque le chevalier avait gagné son combat. Entre ça et ses dessins qui, finalement, se vendaient plutôt bien, il avait plusieurs sources d’argent. Un autre aurait monté les mensualités, sans doute, mais vivre de son art n’était pas chose aisée, et même si son patron payait bien, même si le Royaume l’appelait pour qu’il soigne pendant leurs combats illégaux, il préférait garder le surplus pour les cas d’urgence. Qu’il pose autant de sous sur la table était exceptionnel, mais il avait tout de même préféré le faire pour essayer de diminuer un minimum sa dette.
« Et plutôt ponctuel, aussi. Je ne dirais pas non au fait que ça se reproduise, cela étant. »
Il esquisse un léger sourire amusé - c’est vrai qu’autant d’argent tous les mois, il ne dirait pas non, même si la plupart des billets verts que sa créancière tenaient en main étaient sales. Mais le Royaume s’en foutait bien, eux avaient les moyens de le laver et de le faire ressortir aussi propre qu’au premier jour, qu’il provienne de recel ou d’un cambriolage. Mais ça se reproduirait peut-être, finalement. Il avait quand même de la chance qu’il ne doive rien sortir pour les frais médicaux - comme quoi, pour aussi épuisant que puisse être son pouvoir, ça les empêchait, Silas et lui, de tomber malade, ce qui était quand même assez bénéfique.
If you think nobody cares if you’re alive, try missing a couple of payments. (Alban & Alice) - Ven 24 Avr - 16:15
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Alban & Alice
Tout cet argent qui part, ça lui tord un peu les tripes. Peut-être que s’il rejoignait le Royaume, il n’aurait plus à payer - mais il serait alors coincé dans une toute nouvelle spirale infernale, sans doute. Eponger sa dette et partir semblait être bien plus raisonnable que de se jeter dans la machine, même si, malheureusement, il avait déjà un doigt dans l’engrenage, le jeune irlandais. Il servait de thaumaturge ponctuel pendant les combats après tout. Ce n’était sans doute plus qu’une question de temps avant qu’il ne rejoigne la famille, le Royaume n’était pas dupe, et lui non plus, malgré tous les efforts qu’il faisait pour se tenir au plus loin d’eux.
Il ne dit rien, pendant qu’elle parle en comptant les billets. Il n’y a rien à dire, de toute façon. Le compte est juste, elle s’en aperçoit seule quand les billets se froissent sous ses doigts. Le jeune irlandais estime qu’il a passé l’âge d’esquiver ses responsabilités, et cet argent emprunté se doit d’être rendu pour ne pas qu’il y ait des retombées sur ses proches, c’est-à-dire son petit frère. Ils ne feraient aucun mal à Mia et Cian, qui faisaient partie de leur Famille après tout, et Anatoli était trop secondaire pour les intéresser. Et le fait d’être le neveu de Cian ne lui apporterait aucun avantage - de toute manière, les deux ne l’avaient appris que très récemment et n’avaient mis personne au courant, encore, et lui-même préférait garder ça pour lui, pour que ça ne puisse pas être utilisé comme un levier afin qu’il rejoigne les rangs.
Alice reprend la parole, lui demandant si cela sera amené à se reproduire. Très franchement, il n’a aucune envie de répondre à cette question, de peur qu’on lui demande - ou plutôt qu’on lui exige - de payer plus sur les mois suivants puisqu’il gagne plus d’argent que prévu. Qu’elle veuille ne rassurer n’a cependant aucun effet - les riches veulent toujours plus d’argent, c’est bien connu. Alors il se contente de hausser légèrement les épaules, comme si ça n’avait aucune importance, alors que l’importance était pourtant bien réelle. Il avait besoin de fric pour élever convenablement son petit frère, quoi.
« Je dirais que oui, dit-il quand même sans marquer d’hésitation. Je travaille assez souvent comme soigneur pendant les combats du Royaume, et la paie est correcte. Et en plus, il pouvait boire à l’œil. J’ai aussi d’autres rentrées d’argent, un peu plus aléatoires mais fréquentes quand même. »
Les joies d’être un artiste. D’essayer de vivre de sa passion. D’échouer, aussi, vu qu’il tombait en boucle sur des abrutis persuadés que seule la passion l’animait, et que le fait qu’ils parlent de lui autour d’eux suffirait à payer ses factures et sa dette. Rester calme était difficile avec ce genre de crétins, et il ne savait par quel miracle il y arrivait. Mais comme il tenait à garder sa clientèle, il serrait les dents et répondait poliment que ça n’allait pas être possible. En parlant de clientèle… Oh, il pouvait toujours tenter, elle verrait peut-être d’un bon œil sa tentative légère.
« Je suis artiste, je vend mes dessins, tenta-t-il à tout hasard avec un léger sourire. Ça ne vaut pas les tableaux de maître que j’ai pu voir chez vous, mais si ça vous intéresse, je peux venir avec mes carnets, la prochaine fois. »