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(méabh) graceless night.

 :: abandonnés
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(méabh) graceless night. - Sam 24 Mar - 15:32


GRACELESS NIGHT
méabh & ned
Are you lost enough? Have another drink, get lost in us. This is how we get notorious. 'Cause I don't know if they keep tellin' me where to go, I'll blow my brains out to the radio. All of the things we're taking 'cause we are young and we're ashamed, send us to perfect places. All of our heroes fading, now I can't stand to be alone. Let's go to perfect places.


Il y avait cette sensation étrange, inédite à chaque fois, et pourtant si familière. Mes doigts effleurent les boursoufflures encore brûlantes de mon ventre alors que je sens une adrénaline irrésistible. Les yeux bien trop vite injectés de sang, sourire carnassier tatoué sur mes lèvres, je sais déjà que je ne réponds plus de moi-même. Que je réponds à celle qui me conditionnera toujours, l’astre lunaire.

Ce n’était pas la pleine lune, et je n’étais pas un loup-garou. La lune était absente ce soir, mais les flots étaient bien trop hauts, et bien trop vifs. Perdu et obnubilé par les affaires, j’en avais oublié la notion du temps. Il était temps de cloisonner le moindre risque mais l’adrénaline, cette putain d’adrénaline était irrésistible. J’avais chaud et une soif insatiable, alors je prends la première chose que je trouve, une bouteille de nepta. Et tout le reste devient vite flou. J’avais l’impression de rentrer chez moi. Les néons pourtant agressent mes pupilles déjà dilatées. J’ignore qui je bouscule, mon cerveau s’éteint totalement. Je me sens fort, je me sens bien. J’ignore la douleur qui déchire mes entrailles et ce cœur bien trop lourd pour ressentir quoique ce soit d’autre que l’adrénaline et le danger des combats rudement menés. Pieds probablement nus, je marche sur des débris de verre, qui me chatouillent. Je ris à gorge déployée et tout tourne autour de moi, alors je me mets à tourner aussi. Je prends les drogues qu’on me propose, sans en percuter la substance. Je quitte les rues sombres pour retourner vers l’artère principale, l’allure débraillée et l’instant qui suit, je me retrouve dans un club où la musique assourdissante fait palpiter un peu plus la mécanique de mon cœur déjà rouillée. Mes mains touchent, effleurent les peaux moites car transpirantes, chaudes et échauffées. Leurs danses lascives me laissent de marbre. Et lorsque je me lasse, mon poing s’abat sur la table, manquant de la faire renverser. Et lorsque mon poing fait trembler la table, au rythme assourdissant de la musique, la bouteille vierge arrive. Vite épuisée, son corps gît sur le sol. J’essuie le liquide qui s’échappe de ma bouche d’un revers de main lorsque mes yeux se posent sur une couleur bien trop particulière pour être évitée. L’espace d’un instant, je retrouve la raison, pour mieux la perdre à nouveau.

Au bar, je vois une longue chevelure rousse. Ignorant ce qui relève de la réalité ou de mon imagination, je m’approche et respire bruyamment ses cheveux. Je comprends alors que ce n’était pas elle. Je penche la tête brusquement, la collant sans doute d’un peu trop près. « Méabh. T’as l’âge d’être ici toi ? » Les joues rouges d’alcool et du reste, je continue de la fixer, sans ciller. Je n’étais plus réellement moi. Je ne savais pas très bien qui j’étais. Mais j’en voulais plus. « Tu bois quoi ? » Agressif, ce n’était pas tellement une question. C’était plus une injonction, qui masquait une supplique. Pourtant, j’en profitais pour me redresser, bombant le torse un peu plus, la dépassant de quelques têtes. Parce que c’était elle l’enfant, et que j’avais toujours voulu être un minimum responsable. Mais quand le raisonnable se mue en folie, il ne reste plus grand-chose, ni volonté, ni envie, seulement des besoins inavoués et autres caprices insoupçonnés.
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(méabh) graceless night. - Sam 24 Mar - 19:16

les minettes qui se déhanchent comme des offrandes pour le dieu des néons, les yeux affamés des truands qui suivent chaque mouvement; et l'infernale qui se faufile entre les silhouettes dépareillées pour s'y fondre et et s'y mêler. leurs douleurs omises au profit du plaisir, c'est le silence statique, le calme plat pour la môme et sa faculté incontrôlée. le vrai secret du succès de ces clubs, c'est de persuader les gens qu'ici, la vie est tellement folle qu'on n'existe plus en tant qu'individu propre. et la masse n'a jamais mal. la foule ne souffre pas. elle danse. 

leurs sourires solaires, foutus rictus au goût de propagande font oublier la nuit rageant derrière les portes. la guerre aussi, le mal, l'infecté et le putride. les drogues passent de main en main et personne ne refuse. cachet sous la langue. poudre dans le nez. c'est tellement simple d'oublier quand on danse, quand on fume, quand on boit, quand on se remplit de tellement de trucs et qu'on se colle à tellement de gens qu'on en fait plus la différence entre nous et le monde. on est tapisserie sur les murs dégueulasses d'un club malfamé. et on adore ça

méabh s'est faite très vite à la vie nocturne; y a trouvé une absolution inespérée. violence et plaisirs initerrompus sont les mots d'ordre de cette foule exaltée. personne ne joue les sauveurs sous les néons, si bien que les poings rageurs de la môme peuvent se laisser aller. ses lèvres sur celles d'inconnus, des mâchoires fracassées, des corps dénudés. elle est au coeur de la tempête et profite de la tuerie, sans que personne ne puisse la juger quand les premiers rayons du matin viennent la frôler. 

cela dit, il arrive qu'elle rencontre des visages connus, croisés aux combats ou à l'école, avec les parents ou au garage du frère. rarement, parce que les gens biens n'approchent pas la môme quand elle est comme ça, extatique et trop peu vêtue. dieu seul sait ce qu'elle serait capable de faire, ce qu'elle a déjà fait, avec l'anonymat des nuits sans étoiles. 

alors les gens n'approchent pas, sauf s'ils ont déjà le goût de la corruption derrière les dents. ainsi, suicidaire ou masochiste, elle ne saurait dire de quelle bouche son nom s'échappe, mais elle prend le temps de faire volte-face pour tomber nez à nez avec ned. lippes étirées, sourire carmin et mine angélique, elle ne peut pas s'empêcher d'être amusée: grand, protecteur, stupide ned qui ne devrait pas être là. mais comme une demoiselle mal-réglée, monsieur a ses moments. les meilleurs, si vous demandez à la rouquine, sont ceux où il oublie le bien et le beau auxquels il essaie désespérément de s'accrocher. ❛     j'sais pas, est-ce que toi ils t'ont confisqué la canne à l'entrée?     ❜ il a l'air d'avoir commencé à s'amuser depuis un moment, mais qu'importe: il n'est pas trop tard pour qu'elle le conduise jusqu'au bout de la nuit. main parfaitement manucurée se soulève pour lui montrer le verre qu'elle a déjà, rempli d'une boisson dorée. ❛     neptra.     ❜ et c'est tout ce qui sort de ses lèvres avant que ses yeux ne tracent l'apparence déplorable de ned. cheveux, tenue et... ❛     je rêve ou t'as oublié tes chaussures?     ❜
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(méabh) graceless night. - Dim 25 Mar - 14:08


GRACELESS NIGHT
méabh & ned
Are you lost enough? Have another drink, get lost in us. This is how we get notorious. 'Cause I don't know if they keep tellin' me where to go, I'll blow my brains out to the radio. All of the things we're taking 'cause we are young and we're ashamed, send us to perfect places. All of our heroes fading, now I can't stand to be alone. Let's go to perfect places.


Les substances accumulées, s’acculent jusqu’aux tréfonds de mes tripes, et elles me bousculent autant qu’elles m’enivrent, à moins que ce ne soit un savant mélange dont seules les mains expertes en connaissaient et en maîtrisaient la teneur. Pourtant, ce n’était pas suffisant. Je discernais encore moins le vrai du faux, et j’en avais d’en découdre. Je le devais, j’en avais besoin. Consumé des entrailles à l’épiderme, je cherche sans trouver.

Négligeant et négligé, une main se glisse d’un peu trop près. Un craquement s’inscrit dans le capharnaüm, entre le fracas des verres, les talons qui s’écrasent, les corps qui s’entrechoquent et les langues qui se mêlent. Et lorsque mes yeux s’ouvrent, je suis encore assis, où aucune main ne me touche, où tout est encore à sa place. L’état était sévère mais il était vivifiant. Les hallucinations se précipitent et s’enchaînent. Captif dans leur tourbillon, je vais jusqu’à imaginer voir un visage du passé, où les seuls souvenirs demeuraient brûlants malgré la poussière et les affres de la vie. Méabh, peu vêtue et éclatante. Si cela avait été un autre soir, je lui aurais donné une veste, la rhabillant à coup de sermon bien pesé, d’après une échelle toute relative. Je lui aurais dit qu’elle n’avait rien à faire ici et ainsi. Qu’elle serait bien mieux sur les quais, parmi les siens et loin de ces néons épileptiques.

Mais ce soir n’était pas un autre soir. C’était un soir rare, bien que récurrent, où les néons me paraissaient d’une certaine douceur. Ma main attrape sa nuque fermement et je propulse son visage contre le mien, traits fermés. Le regard vide par moment, je finis par lui offrir un sourire mutin. « Tu veux aller vérifier par toi-même ? » Pour être sûr que les murmures arrivent à bon port, j’approche mes lèvres de son oreille. Et elle risquerait d’être déçue, il n’y aurait ni canne, ni effet personnel. Rien du tout. J’ignorais ma force, son absence ou son omniprésence. Je ris à gorge déployée avant de cesser tout brusquement pour fixer le barman d’un air mauvais. Mon emprise prend fin. « Neptra ce sera. » Il s’exécute alors que je dépose un billet vert sur son comptoir détrempé par l’alcool, les diluants et autres substances diverses. Je profite des quelques flots pour amener le billet à lui, jusqu’à ce que Méabh n’attrape mon attention. « Hein ? » Je baisse la tête, puis la relève. « T’es sûre que t’as pris que ça dans ton verre ? Je sors toujours couvert, de la tête aux pieds. » Et lorsque je baisse la tête à nouveau, je vois mes pieds nus, où le goudron avait fini par déteindre, se mêlant à une couleur écarlate. Je hausse les épaules. « Bon, j’ai rien dit. » Je replace ma chemise de façon plus présentable, ou tout au plus, moins débraillée. « Toi par contre.. » Mes yeux la parcourent, de haut en bas, longuement sans doute, sourire narquois accroché aux lèvres. « T’es sûre de rien avoir oublié ? » Je bois en deux temps le verre de neptra, tellement de piètre qualité que j’en avais mal à l’âme. Je fixe à nouveau le barman d’un œil belliqueux, mauvais. Il devrait avoir honte. Le plateau d’argent arrive, et tout le monde se sert. Poudreuse à leurs nez, j’observe Méabh, guettant si cette nuit allait être la mienne ou la nôtre.
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(méabh) graceless night. - Dim 25 Mar - 21:14

une main contre sa nuque, et l'homme qui la fait avancer: corps se pliant aux exigences du plus fort, silhouette qui s'avance d'elle-même avec un rictus planté au coin des lèvres. difficile de dire si elle plane trop pour s'intéresser ou si la situation est tellement délectable qu'elle veut bien accepter quelques gestes déplacés. en temps normal, il aurait sans doute le poignet déjà bloqué, les ongles de la môme planté si profondément dans la peau que les croissants qu'elle y laisserait ne pourraient éviter la permanence d'une cicatrice. ❛     est-ce que tu penses que j'en ai quelque chose à faire?     ❜ et si les paroles suintent d'une violence inégalable, la voix doucereuse rend le cocktail moins dangereux. lèvres qui forment les mots sur le ton du jeu, timbre chantonnant qui fait oublier le mordant que les termes camouflent. nul doute qu'elle dit la vérité, cela dit: méabh n'a par nature que peu d'intérêts pour le reste du monde, mais il est d'autant plus difficile pour elle de se reconnecter à son humanité quand tous les êtres autour d'elle laissent leur animalité prendre le dessus. ils sont tout autant monstres qu'elle, sous la lueur des néons. 

la prise inconfortable disparaît presque aussi vite qu'il a levé le bras. mais il n'y a aucun soupir de soulagement, aucune mine réjouie chez méabh: la môme n'a jamais vraiment l'air plus joyeuse que prise par la gorge, au bord du conflit, à l'orée du combat. elle a toujours le contact violent; baisers qui sont plus dents que lèvres, caresses qui se font griffures, accolades où les os se fracassent les uns contre les autres. et peut-être que c'est un autre problème, cette répugnance à la douceur, comme un acte incompréhensible qu'on rejette car sa simple initiative nous est étrangère. 

elle le voit poser son argent et s'autorise un rire, le son clair qui s'apparente au tintement innocent des cloches, pour finir noyé dans le verre qu'elle avale cul-sec sans sourciller. amertume dégueulasse qui nettoie la gorge comme de la javel, douleur délectable qu'elle savoure pendant un temps avant de regarder la tenue de l'adulte, son manque évident de chaussures et ses vêtements débraillés. ❛     pas de mélanges pour moi, grand-père. mais j'pense que toi, t'as pas trop fait gaffe à tes consommations.     ❜ qu'elle se contente de commenter, les doigts déjà refermés sur un nouveau verre. l'habituel ned exploserait de rage face au piètre tableau qu'il renvoie, si bien que la rouquine n'a aucun mal à l'imaginer s'agacer. il lui a fait cent fois la remarque, après tout. une veste jetée sur ses épaules dans un geste désinvolte, un détour par l'appartement de méabh pour qu'elle se change. 

ça amuse et ça agace, mais aujourd'hui, le contraste est tellement tranchant qu'elle ne peut pas s'empêcher d'ouvrir les bras pour présenter la tenue complète, avant de faire un petit tour sur elle-même avec un sourire enfantin. difficile de dire ce que la tenue ne dévoile pas, mais sa teinte sang n'est pas ce qu'on a fait de plus discret. ❛     t'aimes pas?     ❜ qu'elle demande, moue factice plantée sur les lippes alors que sa tête penche légèrement vers la droite pour appuyer la question. mais elle n'attend pas de réponse: la tête se tourne déjà vers les serveurs et leurs milles délices. le dernier proposait des boissons revigorantes brillants sous les néons mais méabh ne s'était pas laissée charmer. maintenant que ned est là pour lui tenir compagnie, cependant, elle est prête à faire un effort. 

son doigt s'agite pour amener le serveur à elle, sourire enjôleur en place pour maintenir le rôle, et le garçon s'exécute sans poser de question. plateau d'argent qu'on a distribué à tout va, et les doigts de la gamine qui déposent quelques billets sortis du décolleté pour payer son propre sachet. la bratva est peut-être pleine d'insectes, elle sait ce qui se fait de mieux chez les mortels: cachets blancs qui se fondent dans la masse et vous amènent au septième ciel. on n'a pas fait pire que ces médicaments qui une fois plantés dans la gorge vous font voir le monde autrement. il en faut peu pour que celui qu'elle a glissé sous la langue dès l'achat commence à faire effet. l'impact est immédiat: les membres se détendent, les hanches suivent la musique sans qu'aucune décision n'ait été prise. les yeux se ferment, les lippes s'étirent. 

ça dure un moment. ou deux. puis ses paupières se rouvrent et elle se rappelle que ned est là avec elle. alors la môme attrape un cachet, rond et innocent, avant de tendre les doigts vers la bouche de l'aîné. ❛     est-ce que t'as besoin que j'imite l'avion?     ❜ et un rire, peut-être un peu motivé par la drogue qui commence à empoisonner son système. c'est son frère qui avait l'habitude de jouer, la fourchette qui se faisait voiture puis camion puis avion quand il fallait nourrir les deux jumelles capricieuses. ça lui rappelle la famille déchirée, les mauvais moments passés.  sa propre voix lui fait oublier son rire, qui s'écrase au sol, et il ne reste qu'une mine assombrie par les souvenirs sur le visage de la môme alors qu'elle attend patiemment qu'il accepte ou non son présent.
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(méabh) graceless night. - Sam 31 Mar - 19:46


GRACELESS NIGHT
méabh & ned
Are you lost enough? Have another drink, get lost in us. This is how we get notorious. 'Cause I don't know if they keep tellin' me where to go, I'll blow my brains out to the radio. All of the things we're taking 'cause we are young and we're ashamed, send us to perfect places. All of our heroes fading, now I can't stand to be alone. Let's go to perfect places.


Les membres comme désarticulés, déconnectés de toute volonté morale, je me surprends à me perdre dans ses prunelles, aux pupilles bien trop dilatées déjà pour en distinguer la couleur. Sa langue claque, sa répartie acide et acerbe m’arrache un large sourire narquois alors que je me redresse, continuant un peu plus dans ce conditionnement à la Lune, qui était devenu un commandement à l’astre. « Ca t’intéresse assez pour que tu prennes la peine de le relever, gamine. » La rengaine insolente franchit mes lèvres, comme réponse à sa violence. Je répondais par l’huile, sur un feu déjà bien trop attisé pour être tenté de l’éteindre. Je découvre de nouvelles réalités, au sein d’une virtualité mesquine, animale. Je la fixe, suffisamment longuement pour sentir mon visage s’approcher pour mieux l’épier encore. Moue curieuse dépeinte sur le visage, probablement que la drogue me fait voir une autre rousse. Mais l’hybris ne voit pas le danger et l’annihile. Au point de rencontre de nos souffles, je finis par la relâcher, en la regardant toujours, affichant fièrement ce sourire arrogant. J’avais envie de plus, d’aller plus loin encore. Tels étaient les ordres lunaires. Je me sentais invincible, inatteignable et je tenais à le faire ressentir autant que j’avais besoin de le sentir. Les entrailles à peine recousues, je demandais à revoir des arcades ouvertes et les lèvres fendues.

Elle rit, et le son innocent me fait lever les yeux au plafond sombre. Il contraste avec les basses assourdissantes et les aigües un peu trop grésillâtes. Son accusation est à l’image de ma condamnation. Je n’avais pas fait attention, négligeant, j’avais bu et pris tout ce que j’avais pu trouver sur le chemin, au point de finir ici. Je m’étais un peu trop égaré sans nul doute mais je m’en délectais. Leur neptra de piètre qualité brûle ma trachée alors que je le sens désinfecter ce qui devait rester de gangrène. Sans l’hybris, je me dirais qu’il y a un marché potentiel à explorer. A défaut, je hausse les épaules. « Les russes sont vraiment à chier pour le neptra. En plus du reste. » Je roule à nouveau des yeux, et cela ne m’empêche pas pour autant de boire et de consommer allègrement. J’ignore complètement sa remarque un instant, avant de hausser un sourcil cette fois et de me pencher chez elle à nouveau en riant. « Petite nature. T’es vraiment un bébé. » Je la provoque, à mon tour, secouant la tête pour la condamner dans son comportement faussement raisonnable.

Ses bras ouverts, elle s’introduit à mon regard. Si son sourire est enfantin, sa tenue, et le corps qu’elle dévoile, dévoilent une peinture aux courbes qui n’ont plus rien de l’enfance. « Je retire ce que j’ai dit. T’es pas un bébé. » Je penche la tête, me délecte du spectacle longuement, ou du moins suffisamment pour que mes yeux se familiarisent avec le corps de Méabh sous un angle qui était jusque-là inédit. Encore plus ou moins subjugué, ou trop saoûl et que sais-je encore, pour réagir, je la regarde se tourner et appeler un serveur. Je me penche au moment où elle sort quelques billets de son décolleté. Surpris par son ingéniosité, je fais un signe de tête qui acquiesce. Quoi ? Je n’en savais trop rien, mais je réfléchissais à tout l’aspect pratique, en plus du reste, d’un décolleté. Le plateau d’argent sort et les cachets se réduisent. Elle se sert alors que je la regarde en enchainant les verres. Vacillant dans le meilleur des cas, je m’accoude lourdement sur le comptoir. Je ne l’avais jamais vue aussi détendue. L’instant est bref mais « T’en serais pas capable. » Lorsqu’elle tend ses doigts, je m’approche, bouche close fermement.

Son rire se désinhibe, je reconnais le rythme de la drogue, parce que je suis au même diapason. Et du tout au tout, son visage se ferme aussitôt. Je décide alors d’accepter son offrande. J’attrape le cachet et l’avale en la regardant fixement, patientant pour ressentir les effets. Les paupières se font lourdes, ma respiration est plus profonde et posée. Je sens la main dans ma poche s’étendre pour la première fois depuis longtemps. La musique devient comme un oxygène inédit, dictant ma mouvance et mes gestes. Je souris béatement, et je continue, même lorsqu’une large main attrape mon épaule. « Tu disais quoi sur les russes toi ? Saleté d’irlandais. » Il attrape mon col alors que je lui éclate de rire à la figure. Son emprise, ferme, me fait me redresser malgré mes muscles détendus et tout le relâchement. Je continue de rire. Il perd patience, et au moment où il se prépare à frapper, je lui assène un violent coup de tête.
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(méabh) graceless night. - Dim 8 Avr - 21:58

❛     coupable.     ❜  articulation grossière du mot alors que la môme ne bouge pas, le corps planté sur ses fondations avec tout l'affront dont il est capable. le contenant de quelque chose de plus grand, de plus fort– divinité coincée entre les os et la chair qu'elle s'amuse à rejouer. la douleur grecque, l'ichor qui se fait poison, et la môme qui joue en sachant pertinemment que dès qu'elle a la main dans une partie, c'est que les dès sont pipés en sa faveur. mais qu'importe, puisqu'elle est la reine des combats inégaux, terrible imitation d'un tableau morbide d'autrefois. elle peut se permettre de tricher tant que la confusion suit chacun de ses pas. alors quand ned approche, la môme l'accueille d'un grand sourire, l'accueille comme le ferait une vieille amie; parce qu'il est monstre et dieu, il est cerbère aux portes de quelque chose de grandiose et elle ne cesse d'atteindre la fin de cette fable, s'impatiente du manque de conclusion, désire voir l'après lune, l'après marée, l'après déluge. si seulement elle pouvait ouvrir le portail et laisser entrer le massacre. mais ned garde tout autant qu'il toque, et les deux ne cessent de tourner en rond.

une fois par mois et un mois par fois, ils sont le va et vient incessant des vagues sur le sable blanc. l'océan déchaîné durant les tempêtes et le calme plat d'un lac au soleil. une eau pour laquelle elle n'a aucune affection mais par laquelle elle se laisse bercer. ned qui gronde et ned qui punit, les sourcils froncés dès qu'elle sort des lignes qu'il pense avoir tracées. moralisateur dans les plus beaux moments de l'existence– bras qui protègent tout autant qu'ils interdisent. et parfois ned violent, ned qui veut les coups, ned qui veut l'effroi dans les yeux du public. et c'est dans ce regard complètement fracassé qu'elle pourrait aller nager, entre les idées noires et la soif de chaos. elle pourrait même s'y noyer, pour le simple plaisir de s'étouffer sur ce que le monde fait de pire.

alors elle s'avance et elle recule, suit la danse au moindre pas. le rire et l'alcool, les commentaires dédaigneux qu'elle esquive avec malice. ❛     ils font dans le seconde-zone. tu t'attendais à quoi?     ❜ et ça hausse les épaules avec désintérêt, les doigts déjà perdus sur un autre verre. liqueur qui brûle et trace son passage tout le long de la trachée, qui ne se laisse pas oublier facilement. et la môme qui en redemande, parce que rien n'est jamais trop mauvais, trop violent, trop dégueulasse. le goût amer est familier, lui rappelle qu'elle peut être monstre, qu'elle l'est, qu'elle ne peut pas être autre chose. un rôle dont on l'incombe, qu'elle se donne, qu'elle incarne. ça tourne un peu en rond, maintenant, les idées qui s'échangent et s'oublient. ça se voit à la présentation qu'elle fait, la marchandise bien entourée de tissus rougeoyant, et l'accueil chaleureux des yeux inquisiteurs qui en font le détail. ❛     si tu veux vraiment pousser la comparaison, j'peux t'appeler daddy.     ❜ et ça sourit encore, toutes les dents sorties, alors qu'elle s'éloigne vers le serveur sans se soucier pour un sou des conséquences de ses actes.

elle s'amuse et s'exalte, ignore tous les feux rouges métaphoriques sur sa route et appuie allègrement sur l'accélérateur. elle est le vaniteux gamin dont parlent tous les films, les parents incompétents et la vision nihiliste. l'espoir saccagé trop tôt, la carapace en fer forgé, l'amour d'un rien mais l'envie de tout, et ses doigts qui touchent drogues à défaut de toucher les âmes. enfermée dans un monde où elle n'atteint rien, où rien ne l'atteint, où ses membres sont de verre et elle ne peut que se briser au contact. alors elle le fait. maintes fois. s'amuse du désastre, parce qu'à quoi bon?

à quoi bon?
et c'est encore la question que la conscience pose quand la drogue commence son oeuvre. le corps qui se détend comme un pantin dont on relâcherait les fils un à un. la poupée qui se fait fille le temps d'une soirée; gestes désinhibés, charmants, le charme romantique du 'elle' des livres à l'eau de rose, la magnifique qu'on se garde de nommer. le mystère aussi, tant qu'elle garde les paupières closes. puis les pupilles dilatées amènent avec eux péchés et désillusions. mais rien n'arrête le rire clair ou le sourire quand il dénie sa folie. cela prend un temps, bien sûr, de remettre dans l'ordre ses idées, avant que la môme ne joue l'adulte. le bruit du moteur de l'avion, d'abord, puis les gestes, cachet qui tourbillonne dans les airs. et ça n'amuse qu'à moitié mais elle s'exécute jusqu'à ce qu'il le prenne et qu'il l'avale.

alors la gamine n'est plus qu'un sourire satisfait. ça n'arrive que rarement, le plaisir de faire les choses– ça se confond avec le vide constant d'un manque terrible d'opinion et de morale. il n'y a pas de bien ou de mal à satisfaire, pas de vrai ou faux à chercher ou bannir. il n'y a qu'elle, dont les choix sont infâmes et terribles mais qu'elle répète et répète et répète jusqu'à ce qu'ils aient tout le même goût sanglant sous la langue. alors quand quelqu'un vient briser cette petite bulle de plaisir qu'elle venait de construire, ça agace la môme profondément. saleté d'irlandais. et elle se dit, tout aussi clairement que si elle avait été sobre, il ne sait pas à quel point il a raison.

elle peut voir les têtes qui se détournent des jolies silhouettes pour tomber sur eux. elle leur sert un grand sourire et lève son verre pour les spectateurs, ce qui ne manque pas d'en agacer plus d'un. elle peut les voir hésiter, parce qu'il ne faudrait pas que l'autre idiot d'irlandais se fasse un client sans que personne ne bouge. alors le plus courageux, sans armure mais certainement bien imbibé, quitte la foule pour rejoindre le spectacle. et méabh, bien contente de trouver un jouer, ne lui laisse pas le temps de finir sa course pour jeter son poing. il s'arrête net et chancèle, coup classique quand les bagues qui entourent les phalanges font bien leur boulot. la môme s'en détourne presque immédiatement, pas beaucoup plus intéressée par les représailles qu'elle ne l'était pas le conflit: méabh sobre aurait peut-être fait attention, mais méabh sur un nuage se fout profondément du monde extérieur. un peu pompette et elle se poserait au centre de la piste de danse pour regarder le spectacle au lieu d'y participer. ❛     ah, ned.     ❜ et elle soupire, longuement, presque fière de le voir enfin prendre les choses en main. ❛     j'te préfère quand t'es comme ça.     ❜ et elle attend, maintenant, de voir ce qu'il va faire; ils sont entourés de russes, la sécurité ne va pas tarder à les assaillir et le pauvre gars à la tête sanglante va bien finir par se décider à prendre sa revanche, s'il peut encore marcher malgré le nez cassé. et si méabh en sortira saine et sauve– on ne touche pas les demoiselles si elles n'ont pas été les premières coupables, parce qu'on est une belle bande de gentlemen. mais lui? nul doute que s'il ne commence pas à se frayer un chemin vers la sortie, il n'est pas sûr d'en sortir tout court.
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(méabh) graceless night. - Mar 24 Avr - 17:00


GRACELESS NIGHT
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Are you lost enough? Have another drink, get lost in us. This is how we get notorious. 'Cause I don't know if they keep tellin' me where to go, I'll blow my brains out to the radio. All of the things we're taking 'cause we are young and we're ashamed, send us to perfect places. All of our heroes fading, now I can't stand to be alone. Let's go to perfect places.


Cette maladie lunaire, je la pensais encore comme quelque chose qui pouvait être dompté. Je prenais confiance, ignorant les avertissements et les signes. Je ne m’enfermais plus, je profitais, devant saoul, et sous l’emprise de cachets magiques. Je vivais une vie qui n’était pas la mienne mais que je parvenais à apprécier lorsque les flots étaient vifs, lorsque les eaux étaient hautes. Tantôt dépressif, tantôt à la confiance exacerbée, j’étais toujours dans l’excès. L’enfant devenait celle qui m’ouvrait ses bras, alors que sous la lumière de l’astre solaire, je lui ouvrais les miens pour mieux la contenir et l’empêcher de commettre des irréparables. Sa chevelure de feu m’intriguait, me fascinait autant qu’elle inspirait des souvenirs amplis de nostalgie. Siobhàn. Mais bien vite, ce sont les traits de Méabh qui apparaissent à nouveau et qui se fondent. Je m’égare, et je bois encore, persuadé que ce poison sera mon remède.

Sa désinvolture m’amuse là où d’habitude, elle me laisse de marbre ou m’arracher quelques grognements. « Pas grand-chose. On devrait racheter cet endroit et leur montrer comment faire les choses bien. » Elle hausse les épaules, je la pousse alors que les verres s’enchaînent. L’articulation des mots change, elle se fait plus lente, imprécise. Les excès s’accumulent et je m’en délecte. Je regarde l’enfant terrible, je la fixe, sans doute un peu trop et mon regard qui s’égard. L’enfant terrible m’apparait comme une femme aux courbes nouvelles. Méabh a éclos, elle a mué et c’était sous l’éclat lunaire que je m’en apercevais. « Heureusement pour toi que j’suis pas ton daddy. » Elle se tourne et va vers le serveur alors que je penche la tête, les iris attirés par sa robe courte et au tissu léger. La drogue circule, et je la suis parce que tous mes instincts se taisent, les muscles se relâchent, et les effets lunaires sont biaisés par la drogue qui m’apaise. Mais la chute était à redouter, et particulièrement sa violence. Plus instable, plus imprévisible, j’enchaine les mélanges, encore. Je ris, à gorge déployée, je souris et profite comme il ne me semble pas avoir pu profiter un jour. Ou avoir su profiter. J’oscille, et vacille, je tangue entre l’excès d’alcool et la drogue, riant face à la violence et à la menace. J’étais intouchable, invincible et je comptais bien le prouver ce soir. Le coup de tête part, son sang recouvre son visage, gicle sur le mien et coule sur mes lippes. Je continue à rire.

Les têtes se tournent, alors que je frappe mes mains sur mon torse, les invitant dans la bulle magique qu’ils venaient tous de briser. Imbibé au point de désinfecter mes propres coupures, je les provoque encore. Mais c’est Méabh qui réagit et, surpris, je l’applaudis. Fasciné par le spectacle que la môme m’offre, je me prends un coup de poing dans la mâchoire. Le goût métallique se mêle au neptra, à la drogue et au reste. Plus rien n’a un goût distinct. Je crache et menace de me jeter sur lui. Il se sauve alors que j’accompagne ses pas d’un majeur brandi dans sa direction. J’entends Méabh qui soupire mon prénom et je me tourne en la surplombant. « T’as encore rien vu. Joli coup, j’suis fier de toi. » Je ne sors pas, je vois les gorilles s’ériger en muraille, alors je les invite, les provoque. Le premier coup est esquivé, le second aussi. Fier de ne pas avoir trop perdu, je continue de provoquer ma chance et attrape les cheveux d’un russe pour plaquer sa tête contre le bar à plusieurs reprises. Le poing américain percute mon arcade, l’ouvrant dans une facilité déconcertante alors que mon égide épidermique peine à se manifester.

Ce n’est que lorsque la sécurité menace de s’approcher que je porte Méabh sur mon épaule, l’embarquant comme une vulgaire prise de guerre. Je fonce vers la sortie de secours avant de la relâcher de me mettre à rire. Je me tourne vers la jeune rousse en arborant un fier sourire ensanglanté. « Bon, j’espère que t’avais pas de carte de fidélité du club, j’sais pas si tu pourras y remettre les pieds. » Je feins l’excuse et croise les bras devant elle, crachant mon sang à ses pieds à nouveau. Je sors ma flasque et bois à nouveau, un neptra de meilleure qualité cette fois. Je finis par lui tendre, guettant la porte, en attendant une seule et même chose : qu’elle s’ouvre. Qu’elle s’ouvre et que le sang russe recouvre les pavés d’Arcadia.
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(méabh) graceless night. -

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