(aislinn) way too far from home - Ven 7 Sep - 20:03
WAY TOO FAR FROM HOME
aislinn & éamonn
Walk, never fall, but we still run. So pour up, pour up another one. I know, I know we on to somethin'. We got, we got a loaded gun, yeah. Go and shoot me the look in your eyes and you're here, I'm yours, you're mine. Find each other when we're losin' our minds then we take it all off. You're a runaway train, yeah and you got me so faded and I don't wanna chase it, no. You know I think you're awesome, right?
Silencieux, il n’y a que le frémissement du moteur comme bruit toléré. L’écharpe vigoureusement serrée autour de mon épaule et la maintient, arrange d’un côté, et détraque de l’autre. Main brisée par le talon de la Calavera à en présumer le halage de mes souvenirs, les ennemis ont laissé leur marque sur mon épiderme, jusque dans mes gènes. Affaibli, sous la garde du Royaume, je n’avais fait qu’espérer que la porte qui s’ouvre laisse voir la Belladone. Espoir devenu attente, muée et vouée à l’échec. Outrecuidant, j’avais osé attendre. Prétentieux, j’avais pris goût aux bonnes choses, aux épices et feu de Cuba. La leçon retenue, les lignes inscrites sur la tableau désormais visible à même le faciès et le crâne, je déglutis dans un spasme de douleur.
Mais ces douleurs n’étaient pas les pires. Non. Il y avait pire que le goût amer du sang, il y avait celui de l’abandon et du manque. Des appels auxquels je n’avais pas pu répondre, des messages que je n’avais pu que lire. Épié pour ma propre sécurité, cette mascarade de Royaume coûte son pesant d’or. Encore en colère, confondu dans la peine d’un coeur qui peine à cicatriser et les agrafes qui tirent, le teint est livide et les gestes lents. Je me souviens des gestes et des omissions à mesure que la voiture se dirige vers l’appartement officiel. Je me souviens de Mairead, d’Alan et de cet amour qu’ils ont le droit d’assumer. Je les envie un instant, puis je cesse pour adresser des pensées chaleureuses et sincères à leur égard. Ils méritent leur tour de bonheur après cette soirée d’horreur et de chaos. Je me racle la gorge, la migraine ne me quitte jamais réellement. Esclave des soins divins, les subterfuges humains ne sont plus d’aucun effet et si ce n’était pas pour elle, sans nulle doute que je ne serais plus que trépas. Le freinage est brusque, les dévoués s’animent tandis que je demeure de marbre, immobile et le visage inexpressif. Pas un trait de douleur, rien, pour ceux qui ne sauraient voir. J’entreprends d’ouvrir la porte, et aussitôt, on m’assiste et je déteste ce sentiment. « Sénéchal, on est arrivés. » J’arque un sourcil, geste rendu invisible par l’épaisse bande qui enserre ma tête. « Ned. » Je tapote son épaule, sans rien dire de plus et m’engouffre dans le bâtiment. Ils tentent de me suivre mais je dodeline de la tête. « Reste devant l’immeuble. » Le regard menaçant, je claque la porte du hall d’entrée derrière moi.
Une fois au dernier étage et dans l’appartement, je peine à fermer à clés la porte. Juron irlandais qui s’échappe et qui raisonne. La tête tourne, cogne, hurle. Machinalement, la main hideuse s’accroche au bandage, et c’est enfin seul que je me laisse aller à une douleur assumée. Sortie précoce, beaucoup trop précoce. Mais la famille n’attendait pas. En priorité absolue, il fallait reprendre le plus tôt possible et se préparer pour les jours à venir qui ne promettaient rien si ce n’est d’être à la hauteur de la nuit des horreurs. Le corps endolori, faible, je m’agenouille pour récupérer le manteau au sol et fouille frénétiquement dans la cuisine dans l’espoir de trouver quelque chose d’apaisant. Je me fais à l’idée qu’elle ne viendra pas, parce qu’elle ne pourra pas, même si je lui demande. Mais j’ai besoin d’elle. Alors je troque la dépendance, joue avec les addictions, interchange la nouvelle pour l’ancienne. Le verre tombe, se brise à mes pieds. Foutus tremblements, foutue soirée. J’arrache et crache le bouchon en liège de la bouteille et bois directement jusqu’à ce que la migraine cesse.
Mais ce n’est pas suffisant. J’emmène la bouteille sur le canapé et recommence à boire d’une traite, dans un nouvel espoir indécent de faire taire ces agrafes qui tirent et cette chair qui se ressoude. Rien ne s’apaise, ni ne se calme. Je déglutis, mes muscles se relâchent. Quelques coups sont assénés à la porte, qui se voulaient discrets mais ils résonnent encore. « Retourne en bas. » Les afflictions deviennent colère et je me lève sans nulle doute bien trop brusquement et ouvre la porte. « Et va t’chercher à bouffer. » Je dépose lourdement un billet de cent dollars dans sa main et lui claque la porte au nez. Ivre, je chancelle jusqu’au salon et m'assois lourdement à nouveau sur le canapé. Il part et j’en profite pour envoyer un message à ma fiancée. Une fenêtre d’une heure pour tenter de recréer un semblant de nos vies. J’ose et tente malgré tout. Parce que la nouvelle addiction est plus saine que la dernière et que ce n’est pas d’alcool dont j’ai besoin pour taire ces blessures-là. Pourtant, je ne peux m’empêcher de ressentir de l’amertume. Elle n’est pas venue. Comment aurait-elle pu, après tout ? Au chevet d’un autre, c’était ce que l’on m’avait dit. Entre la géhenne et les affres de la jalousie, je recommence à boire, jusqu’à ce que la bouteille ne puisse plus étancher ma soif. Dans les effluves et le sentiment précaire de calme, j’en ignore la porte qui s’ouvre et les talons qui claquent sur le parquet. « J’t’ai dit de rester en bas, c’est compliqué putain ! » Je jette la bouteille vide en verre contre le mur et me lève d’un bond pour faire face à ce que je pensais être l’un des dévoués. Elle explose. A la chevelure de feu sous mes yeux je déglutis et baisse un instant les yeux.
BLAZE : honey.moon ou le chat CREDITS : all souls (ava) bandersnatch et jenesaispas (aes profil) FACE : jessica chastain DOLLARS : 2263 SACRIFICES : 4327 PORTRAIT : ANNEES : l'apparence figée dans ses quarante et une années (sept. 78) CŒUR : doucement réchauffé par le dieu forgeron qui en a relancé la mécanique RÉINCARNATION : airmed, déesse irlandaise des plantes médicinales ; guérisseuse, empoisonneuse, enchanteresse TALENT(S) : phytokinésie / contrôle des toxines--par le toucher / connexion végétale / superphysionomie / vérité oculaire FACTION : an riocht, de retour à la maison OCCUPATION : ma petite entreprise ne connaît pas la crise ; herboriste - fleuriste - fabricante de cosmétiques - produit des substances divines (propriétaire d'Emerald Garden & l’Élixir) ; supervise la production de nectar à la distillerie GENÈSE : (primus) stade 7 ; essence retrouvée dans cette vie pour protéger le ventre qui s'arrondit de jour en jour TALON(S) D'ACHILLE : la tarte au citron - ses enfants - les feux de forêt JUKEBOX : The Cinematic Orchestra - Arrival of The Birds & Transformation | John Tavener - Funeral Canticle RUNNING GUN BLUES :
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'Cause I wanna touch you baby, and I wanna feel you too. I wanna see the sunrise on your sins just me and you ; light it up, on the run, let's make love tonight. Make it up, fall in love, try.
« Spending time with you showed me what I've been missing in my life. I have to thank you for giving me the greatest gift ever. I'm scared but If someone asks me, i think i'll answer that the rest of my life looks like you. » ღ pinterest
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« I know it hurts, it’s hard to breathe sometimes. These nights are long, you’ve lost the will to fight ; your heart’s a bird without the wings to fly. But you are not alone, I’ve been here the whole time singing you a song. I will carry you » ღ pinterest
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⚘S.K.⚘ la cité des mâles veille sur le quartier des lunes ; elles veulent y faire leur place et doivent y bouffer du bitume ; de peines, de vaines, tenaces, elles brillent d'audace ; s'enflamment, un flegme, qui brûle ; si belles. bien plus qu'au soleil.
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uc
⚘ ANGER AND TEARS ⚘ Is that all that's left us after hating all these years? In a house full of anger and a heart full of tears
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« They say mother earth is breathing with each wave that finds the shore ; her soul rises in the evening for to open twilight's door ; her eyes are the stars in heaven watching o'er us all the while, and her heart it is in Ireland, deep within the Emerald Isle. »
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[size=8]Help me out here. All my words are falling short and there's so much I want to say. Please forgive me ღ kearney-killough
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⚘ POISON IVY They used to call me Poison, like I was Poison Ivy. 'Cause I was filled with poison, but blessed with beauty and rage
Tout est là, tout est prêt. Chaque fiole, chaque récipient marqué de nom et de date, accompagné d’instructions calligraphiées sur le carnet trônant au sommet du panier. Baumes, poudres et pilules, sérums, des remèdes inlassablement retravaillés, le jour, la nuit, à tout instant pour occuper un esprit terrifié, coupable, et difficilement consolable. Calmants à mi-chemin entre ses drogues divines et ses philtres thérapeutiques, analgésiques qu’elle espère efficaces, sans les effets néfastes du neptra, de l’ambroisie ou du nectar. Minutieusement empaqueté, l’ensemble est déposé sur le siège passager avant qu’elle ne s’installe, mains tremblantes autour du volant qu’elle saisit, traitresses aux émotions qui l’empoignent à l’idée de le revoir enfin.
Le message auquel elle n’a pas répondu, toujours sur le portable, et toujours dans le crâne à hanter ses pensées, s’inscrit comme objectif final. A ces neufs jours d’attente insoutenable, à ces nuits blanches teintées d’angoisse et de cauchemars, qu’elle ne voudrait jamais revivre. Des têtes-à-têtes insupportables avec son impuissance, à se voir incapable, maintenue à distance, soumise au bon vouloir de quelque figure dévouée pour obtenir des nouvelles, sans jamais réussir pour autant à s’apaiser ou à se rassurer. A craindre pour la vie d’un être auquel elle a promis la sienne, et à s’imaginer ne jamais le revoir, en somme.
Deux jours qu’elle le sait pourtant tiré d’affaire en dépit des blessures extrêmes, deux jours qu’elle se démène pour tenter de le voir et deux jours supplémentaires à se heurter aux barrières sempiternelles érigées entre eux. A l’interdit qui les sépare inéluctablement compte tenu de ses allégeances à lui, et de sa neutralité à elle, et depuis ce fameux soir du bal, au Royaume qui se dresse en rempart autour du fiancé, étroitement surveillé, comme peut l’être une personne d’importance capitale. Aux souvenirs qui lui reviennent de son propre géniteur, aussi bien entouré, aux dires de son Docteur et aux murmures dans les couloirs, elle soupçonne la montée en grade, ou des informations cruciales qu’il serait seul à détenir suite aux évènements du Manoir. Aucune explication valable aux yeux de la future épousée tenue trop loin de sa moitié complémentaire. Et pour l’An Riocht qui lui barre le passage, la haine côtoie dangereusement la peur au fond de ses entrailles. Parce qu’elle aurait dû être prioritaire à ces pantins qui lui ont volé sa place auprès de l’être cher, et qu’à compter de ces jours invivables, l’hybris ne pardonnera jamais vraiment aux irlandais de l’avoir mise à l’écart.
La précipitation lui fait oublier tout le reste. Les employés à saluer à son départ. Les consignes habituellement laissées pour les jours à venir. Sur la route, la signalisation à respecter et les limitations de vitesse. Mais quand elle se gare sur le parking de l’immeuble voisin, voiture et conductrice miraculeusement indemnes, elle a gagné un temps précieux sur le trajet de l’Émeraude jusqu’au quartier industriel. Orbes céruléennes fixant de nouveau le portable, elle retrace les messages demeurés sans réponse, ressasse les milliers d’appels perdus dans l’ignorance la plus totale, et se rappelle de la tonalité interrompue. Le myocarde martèle sa poitrine sous l’impatience et l’anxiété qui la gouvernent, et l’allure se presse jusqu’au sommet des escaliers. Le souffle court, les bras chargés, elle balaie d’un regard suspicieux les alentours du palier, presque étonnée de s’y retrouver seule. Et l’avant-bras s’écrase sur la poignée qui s’incline, l’appartement se dévoile à mesure qu’elle immisce un genou entre la porte et l’encadrure. Claquement de fermeture aussitôt derrière elle, les affaires sont laissées sur le sol et la silhouette féminine s’avance jusqu’à passer l’entrée. La démarche hésitante, la respiration suspendue, les larmes menacent de quitter leur carcan de paupières à l’instant où la carcasse étendue apparaît dans son champ de vision. Les talons cessent leur vacarme quand le colosse se redresse brusquement, laisse éclater son ire en milliers de débris sur le mur le plus proche. Pas un murmure, pas un sursaut de sa part, rien qu’un corps campé à quelques mètres, prisonnier de la scène et des émois qui l’assaillent. Quand l’océan des yeux coupables se glisse dans ses prunelles, elle comprend que ni les mots déchaînés ni le geste ne lui étaient destinés, et que le temps leur est compté. Quelques secondes immobile, la divine se détourne avec nonchalance pour verrouiller la porte à double tour. Quelques pas la rapprochent à nouveau du fiancé qu’elle effleure avec délicatesse, stoppée à sa hauteur, savourant sa chaleur dont on l’a trop longtemps privée.
Les mains remontent sur son torse débraillé, et les doigts s'agrippent à sa gorge, caressent le visage encore tuméfié avec douceur et retenue, par crainte de l’en blesser davantage. Les yeux plissés détaillent chaque trait comme si c’était le premier jour, ou comme s’il s’était écoulé des années depuis leur dernière entrevue. La compassion, la culpabilité, le manque, tout se lit dans le miroir de l’âme qui déborde d’amour alors que l’esprit revit le drame et l’abandon des derniers jours.
(aislinn) way too far from home - Dim 9 Sep - 17:55
WAY TOO FAR FROM HOME
aislinn & éamonn
Walk, never fall, but we still run. So pour up, pour up another one. I know, I know we on to somethin'. We got, we got a loaded gun, yeah. Go and shoot me the look in your eyes and you're here, I'm yours, you're mine. Find each other when we're losin' our minds then we take it all off. You're a runaway train, yeah and you got me so faded and I don't wanna chase it, no. You know I think you're awesome, right?
L’œillade se baisse une fois que le fracas se tait et que seul le tintillement du verre au sol s’élève dans l’appartement. La Belladone, jamais n’avait eu à connaître de mon agressivité ou de mes mots impétueux. Boutades et autres joutes taquines, sous des traits mutins, elle y était habituée. Ce n’était pas pour elle. Lorsque mes iris avaient rencontré les siens, je sentis tout le poids du monde s’envoler. Au bout de l’effort, au bout de la torpeur et de ces nuits de terreurs à ne jamais la voir passer la porte, finalement, Siobhàn était là. Son teint était pale, ses traits tirés. Je me précipite vers la fiancée, lorsque celle-ci se détourne et ferme à double tour. Les rouages du myocarde se font plus fluides, assouplis par la certitude de la voir rester et qu’aucune pierre du royaume ne viendrait s’ériger entre nous, pas ce soir en tout cas.
La divine effleure, redécouvre ce corps qui lui appartient et je lutte pour ne pas m’effondrer à ses pieds. Le ventre trahit mes respirations abruptes, retenues mais mal-maitrisées. A ma hauteur, à mon tour, je m’approche et hume son odeur, les paupières closes. La douleur semble s’apaiser un instant. Dérivatif efficace à la géhenne, la Belladone est mon remède. Curatif secret mais aimé, je retiens ces quelques larmes qui menacent de perler sur mes joues. Elle est vivante, et je sais que nous avons survécu. Je n’en suis certain qu’à cet instant et bien vite, les tourments sont pardonnés. Les moments sont trop rares pour être animés par la rancœur et la rancune des plaies passées qu’elle a su panser, alors qu’elle en avait causé pour la plupart. Je déglutis et l’hideuse caresse ses cheveux cuivrés, délicatement. La brisée, envieuse, tente d’attraper sa taille pour sentir aussi sa chaleur.
Emprisonnée à l’écharpe et par l’incapacité de l’épaule à se mouvoir d’avantage, elle se ravise et le poing se clot. Je me perds entre passé et présent, les flashes s’accumulent. Elle et sa robe blanche sur la jetée de Cienfuedos, son sourire, ses rires et ses larmes lorsque la bague encercle son doigt. Des images tournées en boucle, sans doute rêvées par moment, sans doute déformées par un imaginaire paliant une réalité affamée. Dépendant, la respiration se saccade un peu plus lorsque la Belladone entreprend un état des lieux. Contusions et écorchures dissimulées sous un t-shirt ample, j’échappe un grognement à ses dextres qui accrochent mon cou sans pour autant reculer face à ses gestes prévenants. J’ouvre les yeux, l’observe à nouveau sans ciller. Elle désapprouve toute cette mascarade. Et je me demandais bien ce que toute cette histoire pouvait servir, et aux desseins auxquels j’obéissais ou même contribuais désormais. La bande qui encercle ma tête m’empêche d’une vision parfaite de la Belladone et sans réfléchir plus, je l’arrache pour la voir pleine et entière, sans plus aucun obstacle, même minime entre nous.
La vision éclairée, je lis dans ses ondines des choses qu’elle n’a pas à ressentir. Une culpabilité croissante qui finit de faire céder rotules et toute force. Sous son regard, je ploie et tombe à ses genoux. La tête sur son ventre, l’hideuse maintient son corps frêle prisonnier de sa poigne. Je me savais responsable de son mal-être. Foutue soirée qui nous aura tant volé. Je me sens craquer, pour la première fois, depuis toujours. Parce que je sais que j’ai failli la perdre, que j’ai failli rejoindre un autre monde où j’aurais du l’attendre. Je réprime les sanglots, embruns que même l’Océan ne sait retenir. A ses genoux, la Belladone pouvait disposer de l’instant comme elle l’entendait. Et pourtant, je savais que ces jugements n’étaient bavards qu’en présence de l’alcool ingéré. « J’ai cru t’avoir perdue. » Aux espoirs incongrus de la voir pousser la porte, je ne dis rien.
L’éclopée enfonce les dextres dans sa chair, violacent l’épiderme recouvert, se crispent un peu plus. Renouant avec la force, je me relève lentement, péniblement, luttant contre les vertiges et la désagréable sensation d’être sans cesse sur un fil dans un équilibre précaire. Un instant, je ferme les yeux, lutte à nouveau et l’observe à nouveau. Le sentiment d’abandon refait surface et les rumeurs confiées, ou plutôt arrachées, aux dévoués du Royaume. « T’étais où, Siobhàn ? » Et même si je connaissais le véritable coupable qui m’avait ravi à ses soins et à son amour, je préférais en blâmer un autre, plus facile. « T’as fini avec Torben ? J’ai droit aux restes de tes flacons ? » Je fixe son panier, les traits déformés par la torture des douleurs endurées. La tête vrille, je recule, chancelle, tangue. « Je.. » Je m’avance, prêt à présenter de dignes excuses, et m’appuie sur le canapé pour finalement ne pas réussir à me maintenir debout et tomber dessus.
La voix se met à vibrer, les cordes vocales se serrent. Je n’ai plus réellement conscience du courroux auquel je m’expose, ni de la douleur que je peux lui causer, aveuglé égoïstement par la mienne. Parce que je me rendais compte, qu’il n’y avait qu’elle et qu’après ce chaos, il n’y avait qu’elle, encore mais pas forcément toujours. Je repense à ses ballets incessants, et sais qu’elle a songé à partir, l’intuition crie. Je sais que ma famille, c’est elle. La Belladone est mon tout, l’ange et le juge, le bourreau et la divine salvatrice. Ingrat, je l’accuse des mots, des ragots et rumeurs. Les tremblements ressurgissent alors que j’attrape une bouteille de neptra sous la table basse et bois à même le goulot un tiers d’une traite. Il fallait faire taire ces chairs qui tiraient, brûlaient, meurtries alors que de tout le corps, c’était le myocarde qui saignait le plus.
BLAZE : honey.moon ou le chat CREDITS : all souls (ava) bandersnatch et jenesaispas (aes profil) FACE : jessica chastain DOLLARS : 2263 SACRIFICES : 4327 PORTRAIT : ANNEES : l'apparence figée dans ses quarante et une années (sept. 78) CŒUR : doucement réchauffé par le dieu forgeron qui en a relancé la mécanique RÉINCARNATION : airmed, déesse irlandaise des plantes médicinales ; guérisseuse, empoisonneuse, enchanteresse TALENT(S) : phytokinésie / contrôle des toxines--par le toucher / connexion végétale / superphysionomie / vérité oculaire FACTION : an riocht, de retour à la maison OCCUPATION : ma petite entreprise ne connaît pas la crise ; herboriste - fleuriste - fabricante de cosmétiques - produit des substances divines (propriétaire d'Emerald Garden & l’Élixir) ; supervise la production de nectar à la distillerie GENÈSE : (primus) stade 7 ; essence retrouvée dans cette vie pour protéger le ventre qui s'arrondit de jour en jour TALON(S) D'ACHILLE : la tarte au citron - ses enfants - les feux de forêt JUKEBOX : The Cinematic Orchestra - Arrival of The Birds & Transformation | John Tavener - Funeral Canticle RUNNING GUN BLUES :
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'Cause I wanna touch you baby, and I wanna feel you too. I wanna see the sunrise on your sins just me and you ; light it up, on the run, let's make love tonight. Make it up, fall in love, try.
« Spending time with you showed me what I've been missing in my life. I have to thank you for giving me the greatest gift ever. I'm scared but If someone asks me, i think i'll answer that the rest of my life looks like you. » ღ pinterest
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« I know it hurts, it’s hard to breathe sometimes. These nights are long, you’ve lost the will to fight ; your heart’s a bird without the wings to fly. But you are not alone, I’ve been here the whole time singing you a song. I will carry you » ღ pinterest
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⚘S.K.⚘ la cité des mâles veille sur le quartier des lunes ; elles veulent y faire leur place et doivent y bouffer du bitume ; de peines, de vaines, tenaces, elles brillent d'audace ; s'enflamment, un flegme, qui brûle ; si belles. bien plus qu'au soleil.
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⚘ ANGER AND TEARS ⚘ Is that all that's left us after hating all these years? In a house full of anger and a heart full of tears
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« They say mother earth is breathing with each wave that finds the shore ; her soul rises in the evening for to open twilight's door ; her eyes are the stars in heaven watching o'er us all the while, and her heart it is in Ireland, deep within the Emerald Isle. »
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⚘ POISON IVY They used to call me Poison, like I was Poison Ivy. 'Cause I was filled with poison, but blessed with beauty and rage
Et l’ire divine implose à l’intérieur d’un corps qui ne peut que frôler. Alors qu’elle redécouvre, explore pour s’assurer qu’il est bien là, ravagé mais entier, vivant, chaque geste est retenu par crainte de le blesser. Le manque et le besoin impossibles à combler, alors que seules l’obsèdent la chaleur de l’étreinte et la fureur des baisers qu’elle voudrait lui donner. Et à cet instant où les barrières sont tombées mais où le contact reste difficile, elle réalise toute l’importance d’une relation physique. Après ces neuf jours écoulés à se perdre dans les élucubrations d’un esprit traumatisé, après la promesse d’une union fondée sur des espoirs de se trouver toujours, la carcasse impossible à tenir la renvoie instantanément à ses douleurs et ses accès de rage. Parce que le voir enfin, ce n’est pas suffisant. Parce qu’elle veut le toucher, et le serrer contre elle jusqu’à oublier qu’on l’a privée de lui durant les jours où elle aurait dû être seule à ses côtés. Parce que son incapacité, et ces blessures qui la freinent, la renvoient sans mesure à l’évidence qu’elle ne saura plus jamais souffrir ces distances imposées.
Et les doigts fins se crispent dans le vide alors que son coeur lourd rêve de crier sans filtre et à son tour, la colère, l’amertume, l’amour fou qu’il éprouve. De lui dire qu’elle refuse de vivre ça encore, de se voir séparée de lui par des forces étrangères et des facteurs externes qui s’octroient des droits illégitimes sur leur relation durement bâtie. Qu’ils soient du Royaume ou d’ailleurs, et qu’elle est enfin prête à réfléchir aux solutions qui leur permettraient d’être ensemble. Qu’importe le prix, les obstacles à traverser encore, ou les choses à sacrifier du moment que ce n’est pas lui. Et que le serment prononcé sur le calme des eaux, emprisonné dans les mémoires et sur les éclats de l’anneau, peut se voir honoré. Bien plus vite qu’ils ne s’y attendaient peut-être, parce que ses motivations à elle ont définitivement changé. Qu’il n’y a plus à attendre de voir ce que la vie veut bien leur donner, mais qu’elle est déterminée à se battre pour prendre ce qu’elle estime lui appartenir, et dont elle a le plus envie.
Elle veut lui dire, oui, le mélange de fureur et d’aveux, mais ses lèvres restent closes. Et la tempête inextricable est contenue comme les mouvements, trop difficile à exposer, trop difficile à démêler, hâtive, qu’elle juge préférable de garder pour elle jusqu’à savoir la maîtriser. En attendant, la frustration qui vient de s’opérer a déclenché la plus belle des promesses ; silencieuse qu’elle rabâche à son esprit pour l’apaiser, la lutte qu’elle s’apprête à mener pour que plus jamais il ne lui soit arraché.
A la silhouette qui s’approche un peu plus près, aux parfums qui se mêlent comme si eux-mêmes s’étaient manqués, la respiration de l’herboriste s’assagit et tâche de retrouver un rythme régulier. Les paupières s’abaissent à la douceur de l’éclopée qui vient flatter sa chevelure, à l’épiderme qui s’enflamme bien qu’à peine effleuré, et le soulagement irradie son être seulement maintenant que la lumière s’est frayé un passage à travers les ténèbres. Debout, malgré le bras en écharpe, malgré le crâne mutilé qu’il libère pour la voir et tous les sévices qui la font grimacer, les écorchures et la douleur qu’il a dû supporter, il n’a jamais cessé de lui appartenir. Debout, ici et maintenant, après toutes les tortures endurées pour s’accrocher au fil de l’existence, et pour la retrouver. Alors les orbes glacées s’emplissent à nouveau du chagrin et de la culpabilité, de l’enfer traversé à n’avoir jamais pu tenir sa main pour l’encourager à lutter, et simplement l’aider à remonter.
Des perles translucides cessent leur course dans les boucles absentes, quand les jambes du colosse se dérobent et qu’il tombe à ses pieds. « J’ai cru t’avoir perdue », il s’épanche le premier, resserre le myocarde qui menace de se fendre, et les mains jusqu’alors désoeuvrées capturent l’arrière du crâne encore fragile. D’une douceur infinie, elle presse le visage enfoui contre son ventre qui s’anime, conscient de la fréquence de ses inspirations. Ainsi, il lui semble le bercer longtemps, mais l’instant se brise quand enfin l’irlandais se relève lourdement. A ses hanches agrippées, elle vacille avec lui, cramponne ses poignets dans l’espoir un peu fou de pouvoir sinon le rattraper, au moins le soutenir. Et les prunelles se croisent aux paupières qui s’entrouvrent, comme il la dévisage. Comme elle sent les mâchoires se crisper, les souvenirs remonter, tout comme les siens quelques instant auparavant, et l’orage capturer le regard qui la toise. Elle devine le reproche avant même qu’il n’arrive, les schémas se répètent aux effluves qu’il dégage ; « T’as fini avec Torben ? J’ai droit aux restes de tes flacons ? »
La drogue qui le révèle, sous l’humeur la plus noire, les mots qui s’envolent sans enrobage, sans apparat, sans crier gare. Traîtres aux sentiments mauvais, jalousie, colère, abandon, ceux qui creusent un trou béant dans la poitrine et qu’on craint de ne plus pouvoir combler. Chagrin vomi, accusation, la mécanique d’un être qu’elle connaît par coeur. Qui la blesse comme toujours mais qu’elle refuse de mettre en évidence, qu’importe l’impuissance et la peine qu’il fait rejaillir en elle. A elle d’être forte un peu plus, et d’ignorer ses plaies rouvertes, celles de l’âme et du palpitant qui s’étreint si fort qu’elle a la sensation de se noyer dans les méandres de l’accablement. A elle de braver sa souffrance pour étouffer la sienne ; le meilleur et le pire, teneur de la promesse qu’elle veut lui dire en s’arrimant à ses prunelles.
Et les doigts se resserrent autour de la bouteille qu’ils récupèrent paisiblement. Dressée face au corps avachi, elle dépose le flacon qui l’encombre sur la surface derrière elle, avant de revenir entière à lui. Délicatesse extrême, ses mains emprisonnent le visage grimaçant, forcent les orbes à se croiser ; « Ils ne m’ont pas laissée entrer. Jamais ». Dieu sait pourtant qu’elle a essayé. A réclamer des nouvelles chaque jour, matin et soir, durant la nuit, à tout instant de la journée. A errer dans les couloirs, ou à forcer la porte, s’endormir sur les bancs en tentant de défier la surveillance. A s’exposer aux yeux du Royaume entier.
Les siens s’abaissent, le chef lentement secoué, et les larmes roulent sur les joues diaphanes. « J’étais là ». A chaque seconde. Sinon par la présence, toujours par la pensée. « Et Torben... », l’âme qu’il remet en cause, qu’il accuse d’avoir accaparé sa dulcinée, et pour laquelle elle a tant de remords et de culpabilité ; « Il s’est sacrifié pour me sauver la vie ». Comme toi. Et c’était la moindre des choses que de rester à le veiller. Elle avouerait sans peine qu’elle est tant demeurée à ses côtés parce que des murs infranchissables l’empêchaient de tenir le chevet de son unique, et de son tout.
Un revers de la main balaie les sanglots affichés, le corps penché se redresse pour s’éloigner de nouveau. Quelques pas plus tard, les bras chargés d’une boîte remplie de pilules et d’un verre d’eau, elle s’accroupit encore. Incite le fiancé à la prise de deux gélules, susurrant des pardons, et ses espoirs d’avoir réussi à mettre au point le médicament. Sous les rayons de la lune qui caressent les silhouettes à travers la fenêtre, le temps se fige alors qu’elle retient la difforme entre ses doigts tremblants. « Jamais je ne t’aurais laissé. Je t’aime ». Aveu qu’elle libère seulement après la terreur de l’avoir perdu pour de bon.