Nous vivons dans un monde de fou. Littéralement. Je me pensais folle. Je pensais que le souci venez de moi. Je me trompais lourdement. Ce n’est pas la folie qui m’a gagné aux fils des années passées ici, dans cette nouvelle ville, la folie, elle a gagné toute une ville, comment cela est-ce possible ? Cette soirée… jamais je n’aurais cru que cela puisse être possible. Lorsque Clarence m’a avoué qu’il était un dieu, que pas mal de personne à la soirée étaient des dieux, j’ai cru mourir de rire. Le délire ou l’alcool ? Je me suis posée des questions. J’avais abusé du champagne et je me suis forcément demandée si quelqu’un n’avait pas mis quelque chose dans mon verre. Comment peut-on croire à un tel discours ? C’est totalement improbable. Je ne pouvais pas le croire, pas avant que Clarence ne fasse une petite démonstration de ces dons. Là j’ai réellement pensé que j’étais sous l’emprise d’une sacrée drogue ou alors ce n’était pas du champagne dans mon verre. Une illusion des plus parfaite, des plus impossible. Oh j’ai voulu partir, mais c’est là que les choses ont commencé à dégénérer. Les coups de feu, la panique... et le pire c’est que Clarence avait raison. J’ai vu des personnes utiliser des dons que je n’aurais jamais pu soupçonner un jour. Je n’en reviens toujours pas, Annalisa, la copine de Clarence elle a fait monter un monticule de terre ! Puis une autre femme a fait exploser des canalisations. Clairement ces dieux ont ruiné la baraque et je pense que l’organisateur de la fête peut dire adieu à sa caution. Puis Aedan a guéri une femme en train de se vider de son sang… et puis… enfin j’en passe. Je n’en reviens toujours pas. Cette soirée me fait l’effet d’un rêve. Vous savez, le genre de rêve trop réel que l’on fait ? Celui qui vous laisse perplexe au réveil. C’est exactement le goût de la soirée. Je suis perplexe, perdue. Et puis la nuit avec Aedan a été compliquée. J’aurais voulu oublier que ce ne soit qu’une illusion de Clarence ou je ne sais pas quoi. Parce qu’il a une chose qu’il faut que je comprenne, c’est que s’il y a bel et bien des réincarnations de dieux, alors moi, je suis bien ce que Clarence appelle une Banshee.
J’ai fait des recherches sur internet. Je n’ai pas de livres sur les créatures qui accompagnent les divinités. Une Banshee. C’est ce qu’il a dit, ce nom est resté gravé dans ma mémoire. Banshee. Je crois que je n’avais encore jamais entendu ce terme avant. Banshee. Je le répète dans ma tête. Banshee, cela semble étonnant familier mais si lointaine, si impossible. Sur internet on parle aussi de messagère des morts. Ce sont les termes de ma mère dans mon rêve. Il y a plusieurs interprétations mais les Banshee sentent la mort et quand celle-ci est là, elle hurle. Un cri strident et dangereux qu’elle ne peuvent pas toujours contrôler. Elles sont réputées pour parler aux morts, les voir, les entendre, communiquer, être un réceptacle pour les entités qui cherchent la communication. Elles sont clairement médiums. Cela colle parfaitement à ce que j’ai refusé de voir, de comprendre pendant plusieurs années. J’étais tellement sûre de devenir folle que je n’ai pas voulu chercher une autre explication. Une explication pratiquement magique. On sait que c’est impossible la magie, qu’elle n’existe que dans les films, les livres ou autre. On se trompe tous, nous commun des mortels. On se trompe, on ignore que des dieux se livrent une guerre sans merci et nous sommes au milieu, pauvres ignorants que nous sommes. Comment pouvons-nous nous sortir de cette Olympe bis ? D’un Enfer qui ne devrait pas être sur Terre ?
Je suis perdue. Paumée. Depuis que je comprends les choses, que je comprends que la vie a un nouveau sens, j’ai l’impression d’être larguée, je n’ose pas sortir mes dons semblent s’être renforcés, comme s’ils voulaient absolument se manifester, montrer qu’ils sont toujours là. J’entends trop de voix, j’ai du mal à faire abstraction, les morts veulent autant de réponses que les vivants. J’en ai mal à la tête, je suis recluse dans mon appartement, les stores sont baissés, je porte une chemise de nuit avec un gilet par-dessus, je ne veux pas sortir. Plusieurs jours sont passés, je n’ai pas pointé mon nez à la boutique d’Aislinn, elle est la première à m’avoir caché ce que j’étais, qui elle, elle était. Je me sens délaissée, seule. Toujours aussi perdue. Je tente de dormir, les nuits sont blanches et les journées semblent être sombres. Je ne suis pas au top de ma forme lorsqu’on vient frapper à ma porte. Je râle dans mon oreiller. Je me lève quand même, je ne sais pas pourquoi, j’aurais pu faire la morte. Je ne prends pas le temps de vérifier dans le judas, j’ouvre à la volée, pensant qu’il s’agit d’un voisin dans le besoin ou un truc comme ça. Et non. Je tombe nez à nez avec Clarence. Je le regarde de haut en bas. « - Oh un revenant » Je ne l’ai pas vu depuis l’attaque du manoir et je n’ai pas eu de nouvelles non plus. Je ne sais pas encore si je suis ravie ou pas de le voir, je ne sais pas si je lui en veux de m’avoir caché tant de choses et d’attendre une putain de soirée comme celle-ci pour tout me balancer. Je ne sais rien. Pourtant, je me décale pour le faire entrer, il semble avoir des choses à me dire.
You break me down, you build me up, believer | Clarence + Iris - Dim 23 Sep - 21:10
you break me dow, you build me up, believer
Clarence & Iris
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«Apologizing does not always mean you're wrong and the other person is right. It just means you value your relationship more than your ego.»
Attendre sur le pas de la porte que l’amie vienne ouvrir. Peut-être que l’œil-magique te trahira et qu’elle refusera de te répondre. Ce serait son droit le plus absolu, crois-tu. Autant veux-tu la voir, tu ne peux pas la forcer si elle te méprise. Et elle aura raison, penses-tu : c’est toi qui lui a proposé de venir à cette soirée débile en prétextant qu’elle s’y amuserait. C’était un gros mensonge. Inconscient, mais un mensonge tout de même. Une boule d’amertume s’impose dans ta gorge quand tu penses au fait qu’elle aurait pu y laisser sa peau, qu’un simple bal aurait mis un point à sa vie trop courte. Avoir deux morts sur la conscience, c’aurait été trop pour toi. L’angoisse au cœur, tes dents pincent ta lèvre inférieure, t’inspires pour ne pas avoir la voix qui coince au moment de parler.
L’air frais de l’automne qui approche caresse ta nuque. Les arbres n’ont pas encore perdu leurs couleurs, mais ça ne saurait tarder. C’est ta saison préférée. Celle où tout meurt pour renaître plus fort d’ici quelques mois.
De l’autre côté du mur, les pas s’approchent. C’est bon signe, tu veux croire. Tes yeux qui fixaient tes chaussures se relèvent vers l’entrée qui s’ouvre lentement. Un fin sourire, un peu forcé malgré tout, soulève tes pommettes. Derrière ton dos, tu caches un énorme bouquet de fleurs un peu maladroit. T’as été toi-même à la boutique d’Aislinn, demandant à ce qu’on te laisse le faire toi-même. Voilà quoi, t’as pas spécialement de talent dans ce genre de pratique, alors les couleurs sont légèrement dépareillées, le mélange des fleurs un peu particulier et leur langage pas du tout respecté. Ce qui t’importe, c’est que le bouquet soit authentique et qu’il ait une bonne odeur. Dans un sac pendu à ton poignet, des biscuits faits maisons. Tu lui as aussi pris une chandelle senteur citrouille. Peut-être que ça lui plaira. T’espères.
« Iris. » , commences-tu sans trop savoir quoi dire. Les ravages du temps se font sentir dans la manière dont elle te regarde : tu ne sais plus combien de jours sont passés avant que tu décides de venir voir la banshee. C’est la honte, que tu dis. Celle de lui avoir arrachée son innocence sans trop de soucier de son ressenti : avait-elle besoin que tu lui parles à la fois de sa nature et de celle d’Arcadia durant une soirée qui s’annonçait déjà étrange ? Malgré les grands airs d’homme intelligent que t’aimes te donner, t’es con. Oui, c’est ça. T’es con et c’est tout.
La jeune femme se pousse pour te laisser entrer, mais t’hésites. Tu lui tends les fleurs et le sac contenant les cookies ainsi que la chandelle avant de te risquer « J’aurais dû t’appeler plus tôt. Je sais pas ce qui m’a pris… J’avais peur que tu ne veuilles plus me parler, peut-être. T’aurais eu le droit et j’aurais compris, mais tu vois, c’est que je suis un peu sensible. », termines-tu en osant un rire léger. Finalement, t’entres. T’es jamais venu ici, avant. Alors, tu fais ce que tu fais toujours : partir un peu au fond de ta tête pour observer les environs, pour te demander si les lieux s’accordent bien avec la personne qui les habite. Une petite habitude de cinéaste obsessif.
« Dis-moi. Tout va bien ? », demande-tu sans te soucier de savoir si t’as le droit ou non de poser ce genre de question. Peu importe l’insouciance dont t’as voulu faire preuve en voyant sa réaction explosive quand tu lui as révélé sa nature, Iris est une amie précieuse à laquelle tu tiens beaucoup. Comme une perle qu’il faut protéger à tout prix.
Clarence. Il est là quand j’ouvre la porte. Je ne sais pas si je dois être ravie ou pas, contente ou non. Il est l’investigateur de tout ce changement. Cette soirée. Cette annonce. Je l’entends encore m’annoncer ce que j’ai appris, je le revois user de ses pouvoirs magiques. Je ne sais pas s’il y a un froid entre nous. C’est peut-être tendu, notamment de mon côté. Il a les mains chargées, alors c’est pour quoi ? Il veut se racheter ? Je le détaille, je finis par m’écarter pour le faire entrer, quoi d’autres ? Je ne vais pas le laisser sur le pas de la porte ? Pas comme ça. Il tend les fleurs avant, je les récupère. Instinctivement je les approche de mon visage pour en savourer les odeurs. Délicieuses, j’ai appris à aimer les subtilités et les notes de fraîcheurs de toutes les fleurs. En bossant pour une fleuriste, c’était obligé. Je lui fais un léger sourire, l’écoutant trouver des excuses à son absence. Il ignore que tout a été très complexe pour moi après cette annonce, il ignore ce qui s’est passé avec Aedan, il ignore tant de chose en si peu de temps. Je ne montre rien, pourtant dans ses paroles il m’attendrit déjà. Est-ce que je lui en veux, oui quand même mais je crois que je ne vais pas être capable de lui faire la tête très longtemps. Je suppose qu’il faut du temps pour cicatriser de toutes les blessures.
Je referme la porte derrière lui. En attendant qu’il découvre un peu les lieux, je regarde tout ce qu’il m’a apporté. Il n’a pas lésiné sur les cadeaux. J’approche la bougie de mon nez, elle aussi pur la sentir, la note douce et sucrée est reconnaissable, citrouille, l’un de mes parfums préférés. Je le suis dans sa découverte de mon loft, il n’était jamais venu ici. Ce n’est pas parfaitement rangé, disons que je n’attendais personne aujourd’hui. Peut-être Aedan, pour le moment il n’est pas là, c’est juste Clarence alors cela ne me dérange pas. « - merci pour les présents » Je marque une petite pause. « - Les fleurs auraient suffit à te faire pardonner je suppose » Il veut savoir comment je vais. Je détourne le regard, pense à l’acte honteux que j’ai voulu commettre. Mes yeux s’embuent de larmes que je tente de retenir. Je suis à fleur de peau, encore totalement perdue. Une larme chute sans que je puisse la retenir. Je ne sais rien cacher à Clarence pourtant, il n’a pas vu toute l’ampleur des dégâts à l’intérieur de moi. Je déglutis, je pose les fleurs, les gâteaux et la bougie sur le l’illo de la cuisine, un peu en vrac pour sécher mes larmes. Une part de moi rêve de se blottir dans les bras de Clarence. Je me suis trompée sur ce que j’ai pu ressentir pour Clarence, il tient à moi comme un frère, un père et c’est cette chaleur là que je recherche, celle que je n’ai jamais connu avant. Je le sais maintenant parce qu’Aedan a réveillé des choses totalement différentes, tellement plus profondes. J’ai envie d’oublier deux minutes que je lui en veux, juste deux, après on parlera, on s’expliquera. Je fonds dans ses bras comme une petite fille pleine de chagrin. J’enfouis mon visage humide de larmes dans son cou. « - Je suis perdue… totalement paumée... » Parce que je suis un monstre, une créature, il l’a dit, encore et encore ce mot résonne dans ma tête Banshee Voilà ce que je suis. « - Comment je suis censée vivre en étant un monstre ? Comment je peux faire semblant de ne rien savoir ? » Les mots se précipitent, les questions se forment… Peut-être que lui a les réponses…
