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Back from the dead » ft. Swann

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Back from the dead » ft. Swann - Mar 10 Déc - 22:35

Nuit d’éclats.
Ici le soir tombe de plus en plus tôt, avalant en quelques dizaines de minutes les restes du jour. Seuls les lampadaires et les néons criards des carrousels et saltimbanques résistent à l’obscurité, étendant leurs lumières poudrées. À l’approche des fêtes, les forains se font de plus en plus nombreux à écumer les points stratégiques d’Arcadia. Sen soupçonne certains de s’être acoquiné avec les mafias pour gagner plus de terrain. Il paraît même que certains en seraient issus.

Elle étire son corps étroit et longiligne, faisant gémir le cuir de son pantalon. Souffle dans l’écharpe qui lui cache le nez, renfonce les mains dans les poches de son manteau usé en frissonnant. Impression d’avoir le séant vissé sur ce banc, jusqu’à n’en plus pouvoir bouger. Depuis combien de temps s’est-elle enfoncée dans le dossier en bois, cuisses écartées façon loubard ? Elle ne sait pas. Elle n’en a cure. Elle a vu défiler le soleil dans le ciel marmoréen, la tête en arrière sur l’écorce abîmée. Et puis elle s’est assoupie, quelques minutes peut-être. Le temps en liberté passe différemment. Parfois il lui semble plus long. D’autres fois, il semble fuir sans l’avoir attendue.

Les semelles compensées claquent contre le macadam, alors qu’elle se relève, se dépliant comme un phasme tiré de son sommeil. Sen lève les yeux. S’arrête sur les lueurs mordorées, au loin, derrière les bâtiments. Cligne des yeux. Il y a de la musique. Des tambours. La fête ! Elle sourit, et s’enfonce dans les rues étroites du quartier historique, louvoyant dans la foule, frôlant les doudounes et les imper’. Se confond en excuses hypocrites pour mieux se glisser devant. Elle s’assied en tailleur sur le pavé à côté des mômes, sous le regard circonspect des parents. Tant pis pour eux. Elle sent les regards curieux essayer de la disséquer. C’est qu’elle fait un peu artiste de cirque, elle aussi. En plus dépenaillée. Dans une autre vie, elle aurait peut-être été clown. Son regard se concentre sur la piste improvisée, éclairée par de petites lampes ; elle a à peine eu le temps d’apercevoir l’artiste tout en paillettes et en plumes s’évanouir derrière un rideau.

« C’est au tour du cracheur de feu !, s’égosille une petite voix.
— Coooool… », murmure la voix de Sen, à l’unisson avec des babillages mi-effrayés, mi-intrigués.

Son menton s’appuie sur ses mains jointes, sourire tout en dents cognant contre le labret. Ses prunelles s’accrochent aux mouvements du rideau, essayant de deviner la silhouette du crache-flammes derrière le tissu.

Il arrive ! Et soudain les badauds se taisent. Ses yeux s’agrandissent. Elle l’aurait pensé plus grand, plus costaud. Mais c’est une créature frêle, aux longues mains fines, au corps de brindille, qui porte la flamme. Intriguée, Sen sourit. Et attend, le regard vif, que le magicien s’embrase.
Nuit de feu.
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Back from the dead » ft. Swann - Lun 23 Déc - 22:37

Back from the dead


Novembre 2019

Le crépuscule tombe lentement sur Arcadia, tamisant l’intérieur de la roulotte de Swann qui, assit face à son miroir, se passe une main dans ses cheveux fraichement lavés. Geste stupide de sa part lorsque l’on sait qu'il pourra potentiellement transpiré comm un boeuf d’ici quelques minutes, mais c’est surtout l’odeur de l’essence et du bois brûlé qui lui restera dans sa crinière. Des odeurs familières et qui le ravit autant que celle de la barba papa pour un gosse.
Trois coups brefs à sa porte le tire de ses pensées et ce n’est que lorsqu’il lâche un « ouais » qu’une tête rousse passe dans l’entrebâillement.  

« C’est à toi dans cinq minutes.
- J’arrive. Il marque une pause, réajuste sa tignasse brune d’un geste de la main et rejoint la femme hors de sa roulette. Il y a du monde ce soir ?
- Comme d’habitude, oui. Il y a un paquet de gamins qui attendent. » Le jeune homme n’ajoute rien, Saoirse n’en ajoute pas plus. Ils ne sont pas de grands bavards tous les deux mais se comprennent suffisamment. Ca fait un paquet d’années qu’ils se connaissent maintenant, la jeune femme ayant accueillit la grande tige sans moral qu’était Swann à son arrivé. La musique éclate à l’extérieur, anime quelques rues occupées et clairement dominées par les forains qui aiment à parsemer une multitude de couleurs, d’animations, de ballons, de chansons, de tours de magies. Ce soir, le « cirque » ne se produit pas sous l'éternel chapiteau de tissu mais en pleine rue, à même les pavés, réduisant la proximité avec le public pour une approche plus direct encore. Eux, les reclus de la société, les bateleurs, ceux sur qui l’on crache le mépris des êtres qui pullulent les rues, qui envahissent le pays. Ceux-là même que l’on est pourtant bien content de trouver pour distraire les gamins surexcités, pour les occupés une poignée de minutes, pour animés leurs soirées de merdes qu’ils passent généralement devant la TV.

Armé de sa torche et de son eau de feu, Swann se place derrière les tissus placés en guise de rideau, recevant une légère caresse sur son épaule nue d cela part de Saoirse. Un encouragement silencieux pour le Dragon qui frétille d’avance de pouvoir exposer et rugir ses flammes face au public. Depuis que Zmeï et lui ne font qu’un, Swann apprécie plus qu’il ne le faisait de créer ses immenses flammes satisfaisantes, mettant sous silence ses pulsions de pyromanes. Au moins pour un temps.

« C’est au tour du cracheur de feu ! » Peter, comme chaque soir, s’écorche la voix pour les présentations, y mettant une prestance que personne ne pourra lui retirer à ainsi poser l’ambiance, y mettre du timbre obscure ou joviale selon les artistes à présenter. Pour Swann, il met la dose de mystère, presque de danger. Les applaudissements et les exclamations surgissent déjà alors que les tambours retentissent, les lumières s’éteignent, l’éclair en contre jour pour le laisser paraitre derrière les rideaux relevés. Swann n’est pas là pour les faire rêver, quoi que peut-être un peu. Mills veut surtout taire ses besoins immoraux, ceux de foutre le feu à cette ville entière, voir le Red Lantern s’embraser avec tous ses occupants sans exception.
Le public se tait, attend que le Dragon sorte de l’ombre et crache ses flammes impressionnantes. Sans un regard pour son public, la bouche déjà pleine de produit, Swann profère son incandescence. le feu surgit d’entre ses lèvres et l’ont pourrait presque entendre un grondement sourd rugit au coeur même de sa poitrine. Le jeune homme offre à son public éphémère ses plus belles flammes, ses plus beaux rugissements grogner entre deux gestes. Pas un moment il ne transpire, pas un moment il ne souffre de cette chaleur éprouvant. Au contraire, Zmeï pourrait presque ronronner de bonheur face à cette proximité.
Swann s’agite sous le rythme des racontars de Peter qui anime le feu cracher, jusqu’à ce qu’il croise un regard noir.

Il y a de ceux que l’on oublie pas, qui vous marque jusqu’à l’âme. Ca a été le cas de Freya, mais également de cette femme qui est assise au milieu des gamins. Montagne parmi les collines, présence étrange, presque indécente pour certains. Il n’a pas oublié le nom de ce visage étrange aux cheveux bruns, une présence rassurante, certainement celle la plus normal du bordel qui l’a vu grandir. Et sa surprise le perturberait presque, mais au lieu de ça, c’est juste au-dessus de Sen qu’il brandit sa dernière flamme. Immense, orangé, dangereuse mais parfaitement contrôlé. Une manière bien à lui de la saluer après tant d’années à s'être perdu de vue sans chercher à se revoir. Swann n’est même pas certain qu’elle l'est reconnu… jusqu’à cette étincelle aux fond de ses prunelles sombres. Celle-là même qui représentait pour lui tout une humanité alors qu'il n’était qu'un gamin crasseux.

Le spectacle se termine, les enfants braillent les larmes ou les exclamations de stupeurs, de joies intenses, impressionnés par l’immensité du brasier craché par le Dragon d’Arcadia. Swann n’est pas de ceux qui cherche le contact avec son passé et malgré l’étrange émoi qui bouscule ses émotions anormales, le jeune homme reste planté devant ce fantôme du passé, une âme qu’il n’aurait jamais cru recroiser de nouveau.

"Tu pensais passer inaperçu au milieu des gamins ?"
(c) AMIANTE

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Back from the dead » ft. Swann - Sam 28 Déc - 15:55

HRP:

Il y a comme un silence qui plane sur la place. L’assemblée est un micro-système mutique au milieu d’Arcadia, celle qui jamais ne s’endort. Des dizaines de paires d’yeux rivées vers l’épicentre flamboyant. Lui. Son habileté la fascine. Il a cette facilité déconcertante à faire danser les flammes, à les épouser de sa silhouette malingre. Brasero humain. Le rêve même ne saurait inventer ce candélabre : il n’y a que la réalité, brûlante, dangereuse. Le jeune homme semble s’amuser à effrayer le quidam de ses chandelles. Sen elle-même se surprend à se balancer en arrière à chaque revers de flamme. Elles ne sont pas de celles qu’elle peut franchir dans les cauchemars d’incendies. Celles-là peuvent la conduire à l’étage des grands brûlés. Ça ne l’empêche pas de rire aux éclats. Et même la bestiole qui se terre dans ses entrailles s’amuse.

Vas-y, cracheur de feu. Crame cette ville jusqu’à la moelle, qu’on en finisse.

Elle resserre le lotus de ses jambes, et se fige soudain. La flamme passe tout près, si près, laissant une traînée grisâtre derrière elle. La cendre la prend à la gorge, roulant dans son larynx. La brûlure lui pique le nez. Son regard sombre se cogne à celui du saltimbanque. Le sien se trouble quelque peu, et sa mine ravie se revêt d’un voile de perplexité. Elle connaît ces yeux. Elle connaît ce regard. C’est ancien. C’est triste, aussi. La créature ne saurait dire pourquoi il lui inspire tant d’émotions contraires. L’émerveillement. La mélancolie. Ses yeux posent déjà tant de questions muettes à l’acrobate. Et lorsque le spectacle s’achève, ses lèvres percées se fendent d’un sourire étrange. Ses mains applaudissent aussi fort que les autres, voire plus. Sen se pare à nouveau de son masque bravache, glissant deux doigts aux coins de sa bouche pour siffler l’homme-incendie. Elle se redresse pour taper dans ses mains de plus belle. Et ralentit le rythme, au fur et à mesure qu’il s’approche.

« Tu pensais passer inaperçu au milieu des gamins ? »

Elle souffle du nez, les bras ballants. Rictus intrigué et amusé. Il n’est pas bien grand, assez mince. Une bouille d’ange. Plutôt propre sur lui, pour un artiste de rue.

« Non, mais je voulais trop voir ton spectacle, et y avait pas de meilleure place. C’était génial, t’es fort ! »

Curieuse manière d’aborder quelqu’un, tout de même. Mais des deux, elle est sans doute la plus étrange. Il est l’un des rares à l’interpeller par autre chose que « sale monstre » : pas de quoi se plaindre. Sen le détaille un peu mieux. Décortique ces traits qu’elle n’a jamais vu, et qui lui semblent pourtant si familiers. Et ces yeux… Elle se déplace un peu, pour mieux voir le faciès découpé dans les lueurs artificielles.

« Dis-moi… On se serait pas déjà vus ? Y a un truc chez toi qui me dit quelque chose, mais je saurais pas dire quoi. C’est… »

Sa main fait un vague mouvement circulaire près de son visage, à nouveau tordu par une moue circonspecte.

« Une intuition. »

Et elle a toujours écouté les siennes. Sen recule un peu, sourire bizarre aux lèvres, comme pour se moquer d’elle-même.

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Back from the dead » ft. Swann - Dim 12 Jan - 17:46

Back from the dead


Novembre 2019

Il ne pensait jamais revoir son visage, ne jamais recroisé ce regard. Il l’aurait pensé au cœur même du bordel, soumise à la loi de cet enflure d’Asbjörn de soumettre les enfants des prostituées aux mêmes job, sans autre choix que d’accepter à moins de vouloir crever de faim dans les rues d’Arcadia. Swann se revoit dans les yeux sombres de cette femme qui représente une bonne partie de son enfance presque insouciante. Il les revoit jouer ensemble, discuter, toujours le plus discrètement possible afin d’éviter les remontrances du grand patron et des autres occupants du bordel. Deux gamins lâchés, adultes avant l’heure, devant composer avec leur vie merdique et le cadre aussi bancal que la Tour de Pise.
Le goût de l’essence ampli encore sa bouche, il le goute du bout de la langue contre son palais, lèvres légère gercées, s’imprégnant de l’odeur de feu, de bois brûlé. Il en inspire la trace, se sent parfaitement dans son élément, en terrain connu. La chaleur de son précédent show lui colle encore à la peau et au visage, comme si Swann s’était approché de trop près d’une fournaise.

« Non, mais je voulais trop voir ton spectacle, et y avait pas de meilleure place. C’était génial, t’es fort !
- Merci. Il répond sobrement mais ne manque pas de ressentir cette petite étincelle de flatterie et de fierté. Ça, il le sait qu’il est fort dans ce domaine. Le feu est le terrain qu’il maitrise et affectionne le plus entre tous. Un ami, un compagnon fascinant qui ne s’apprivoise pas, ravageur et meurtrier pour peu que l’on sache comme lui laisser toute sa liberté destructrice. Swann se sent observé sous toutes les coutures, étrangement elle ne semble pas le reconnaitre.
- Dis-moi… On se serait pas déjà vus ? Y a un truc chez toi qui me dit quelque chose, mais je saurais pas dire quoi. C’est… Une intuition. Sa main bouge près de son visage sans que Swann ne bouge, ses yeux clairs toujours braqués sur cette étrange personne. Il s’imagine que pour les autres, ceux qui les observe à la dérobé, elle doit paraitre bien étrange à bouger de cette façon, l’observant presque comme une curiosité. Cependant, elle amuse presque Swann.
- Tes intuitions sont visiblement bonnes. » Il esquisse un sourire presque mystérieux, grande tige qu’il est a scruté avec autant de curiosité ce souvenir d’enfant devenue femme à présent. Il scrute ses piercings, ses cheveux noirs comme la nuit, ce regard tout aussi sombre dans lequel nous pourrions nous perdre. Mais Swann reste bien les pieds sur terre à se dire que s’il avait dû imaginer Sen plus âgée à l’époque, il ne l’aurait absolument pas imaginé de cette façon. Mais il s’en fout du physique, sans fout de savoir si sa couleur de prédilections est le noir ou le rose flashy. Tout ce qui l’intéresse est de savoir ce qu’elle a parcourue depuis la dernière fois qu’ils se sont vus.

« Red Lantern, il y a plus de quinze ans. On faisait partie des rares gamins sur terre à avoir les baises du premier étage comme berceuse. Swann ne mâche pas ses mots, bien loin du langage du petit comptable aimable du bordel dans lequel il bosse. Ce soir, pas de masque – ou presque -, le saltimbanque qu’il est, est cash. Véritable. Swann. Tu m’remets ? »

HRP:
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Back from the dead » ft. Swann - Dim 26 Jan - 16:30

Tout en lui sent la cendre.
Les braises dans ses yeux, le suif dans ses cheveux, la brûlure de son haleine. Il est comme habité par sa vocation. Sen adore les gens passionnés. Elle-même cherche encore à raviver en elle une telle étincelle. Elle enfonce ses mains dans ses poches, décortiquant le visage de l’inconnu. Presque inconnu. Elle connaît ces yeux que le baku ne reconnaît pas. Et ses sourcils charbonneux se haussent de surprise quand il confirme ses impressions.

« Ah… ? »

Ses lèvres peintes d’un noir bleuté restent entrouvertes sur l’onomatopée. Ah, vraiment ? La créature a beau chercher, pourtant, plonger dans sa mémoire, il y a quelque chose qui le concerne, oui, mais quoi… Et l’autre qui la nargue avec son petit sourire. Elle fait la moue. Crache le morceau, enfin ! Elle en trépignerait d’impatience. Elle en attendrait qu’il s’endorme pour parasiter sa tête et découvrir son identité. Mais elle se force encore un peu.

Et elle a eu raison.
Red Lantern, il y a plus de quinze ans. Dans ses poches, ses poings se serrent. Un pli se creuse sur son front d’albâtre, et s’approfondit plus encore, accompagnant les mots de celui qu’elle connaît. Et le prénom résonne à ses oreilles comme un écho, un boomerang revenu de loin pour se planter dans sa face. Swann.

« Oh putain, Swann… »

Sa lèvre inférieure se met à trembler, alors qu’un sanglot lui remonte la gorge pour se nicher au coin de ses yeux. Oh putain, Swann. Sen a l’impression de revoir un fantôme. Pourtant, il est bien là. Son petit frère, avec quinze ans de plus. Ses mains ornées de bagues viennent enserrer les bras fins de Swann. Oui, il est là, tangible, vivant. Elle secoue la tête, larmes roulant sur les joues et le menton, avant de se jeter à son cou. Sa voix se brise.

« J’suis désolée ! J’ai cru que… »

Elle l’a cru mort, oui. Son petit corps de dix ans dans un fossé, la gueule ouverte, aux côtés de celui de sa mère moribonde. Elle se souvient de leurs gamineries, pendant que leurs mères travaillaient. De leur innocence, tranchant avec les lieux qui les ont vus naître. De leur crainte commune du grand patron. Elle se souvient l’avoir porté à bout de bras, au tout début de leur enfance, parce qu’il savait à peine marcher. Elle se souvient de son départ, quand Carmen est tombée malade. Elle se souvient avoir gratté à la fenêtre du Red Lantern, le visage couvert de larmes, la morve au nez, beuglant le prénom de Swann sans qu’il ne l’entende. Et voilà qu’il la retrouve dans le même état.

« J’suis contente de te revoir en vie, Swann. Tu m’as manqué. », souffle-t-elle d’une voix éraillée.

Sen défait son étreinte, et s’essuie le visage d’un revers de manche. Elle renifle. Inspire. Expire.

« Il s’est passé tellement de trucs au Red Lantern, t’imagines même pas… Mais j’y suis plus. J’me suis barrée. »

La vagabonde déglutit. Croise les bras sur sa poitrine. Regarde le cracheur de feu avec appréhension. Il a l’air d’aller bien. Et pourtant, il y a cette question qui lui vient.

« Comment t’as fait pour en arriver là ? »

Comment un petit garçon de dix ans peut-il survivre dans la rue ? Qu’a-t-il fait ? Que lui a-t-on fait ? Et, surtout, pourquoi est-il revenu ?

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Back from the dead » ft. Swann - Mer 1 Avr - 16:33

Back from the dead
La réaction ne se fait pas attendre et la surprise se calque sur son visage, sincère et réelle. Tout cela après l’avoir un peu plus détaillé, cherchant sur ses traits d’adultes ceux de l’enfant qu’elle a connu il y a quinze ans.
Quinze ans. Ca remonte, ça fait loin, beaucoup de pans de vie se sont dressés depuis, des souvenirs nouveaux, des rencontres qui ont effacées les précédentes. Torse nu, il est encore entouré de cette volute de chaleur réconfortante et qui ne le quitte pour ainsi dire jamais, ses yeux toujours posés sur Sen qui réagit, s’exclame.
Oui, c’est lui. Swann. Le mioche qui a occupé avec toi toutes ces journées pour tuer le temps pendant que l’on assassinait un peu plus les prostituées qu’étaient nos mères. Il voit au fond de ces prunelles quelque chose à ce qui se rapproche de la tristesse. Ca n’est pas surprenant, lui-même déteste cette enfance au goût de foutre, de sueur, de pauvreté et de mort. Les larmes sortent mais chez lui, rien ne s’évacue malgré cette douce allégresse de revoir ce visage connu, le seul soutient qu’il a eu quand il n’était qu’un gamin avant qu’il ne se perde dans les rues suite à la mort de sa mère.

« J’suis désolée ! J’ai cru que…
- Moi aussi. Ouais, il la pensait morte également et vu leur passif, ça n’aurait pas été surprenant. Elle pleure un peu plus et c’est un tas de souvenir qui lui remontent dans le creux de la gorge, lui tapissant ce goût amer au palais. Leur jeu, leur solidarité, ses larmes lui rappellent aussi ces moments où elle pleurait et qu’il venait essuyer de ses mains crasseuses ces perles transparentes au goût salé. Ils se réconfortaient, se soutenaient et s’ils ne sont pas mort dès le début, c’est grâce à eux et à eux seuls. Ils étaient presque des frères et sœurs, à ce stade.
- J’suis contente de te revoir en vie, Swann. Tu m’as manqué. Il s’est passé tellement de trucs au Red Lantern, t’imagines même pas… Mais j’y suis plus. J’me suis barrée. Il ne connait pas la Sen d’aujourd’hui mais il est quand même heureux d’apprendre qu’elle a fuit les murs de cet endroit de merde. De toute façon, si ça n’avait pas été le cas, il l’aurait vu bien avant aujourd’hui. Comment t’as fait pour en arriver là ? » Il soupire conscient de toutes les années qu’ils ont à rattraper maintenant. Mais avant d’engager la conversation, de remuer toute la merde dont ils ont été tous les deux couverts, il prend entre ses grandes mains squelettiques et chaudes le visage de Sen, essuyant les dernières larmes de son pouce.

« Toi aussi tu m’as manqué. J’suis content de te voir entière. Il est sincère. Il n’est pas qu’une grande tige sans émotion, sans sentiment. Pas pour des personnes comme Sen même si Swann s’approche dangereusement du sociopathe. Viens, on va parler de tout ça ailleurs, j’ai une petite roulotte là-bas pour me changer. C’est pas spacieux mais y a de quoi boire un p’tit truc. » Il la guide, l’accompagne. Elle le connait, il lui fera aucun mal même si, en quinze ans, Swann a terriblement changé. Il n’a plus rien de ce petit garçon adorable, pas après tout ce qu’on a pu lui cracher à la gueule. Encore moins depuis que Zmeï occupe ses côtes et son âme. Il traverse l’arrière des rideaux de fortune, à côté des rues où ils se donnent en spectacle et vient déverrouiller d’un coup de clé la petite roulette qui ne paie pas de mine mais où il aime bien s’y retrouver, seul. C’est un peu comme un deuxième chez lui. A l’intérieur il fait chaud, peut-être trop mais pour lui, c’est une température idéale et qui lui convient. L’odeur d’encens de bois fumé flotte, donnant à l’ambiance de l’intérieur un aspect presque soporifique et calme. Un siège, une toute petite table, un mini frigo et tout son matos. Il y a même quelques photos d’accrochées mais rien de sa vie intime. Des instants volés à des inconnus, à leur insu.

« Tu veux boire un soda ? Il ouvre le mini-frigo, se sort une canette et offre à Sen ce qu’elle désire avant de se tourner vers elle, l’invitant à s’asseoir dans le petit fauteuil pendant que lui, se contente du sol, juste en face d’elle. J’pensais pas qu’on se reverrai mais j’suis content que ça soit le cas. Il esquisse un sourire, lève sa canette vers elle comme pour trinquer avant de prendre une gorgée pétillante et fraîche. J’ai pas l’histoire la plus passionnante mais au moins, j’suis toujours là. Il écarte les mains, comme pour accentuer l’évidence ou le miracle. J’ai erré à droite à gauche, dans des familles d’accueils qui ont fini par en avoir marre de ma gueule du coup c’est la maison d’correction qui a pris la relève. Et là, c’était pas la même ambiance. Fallait bien mater la p’tite merde que j’étais. Il dit ça avec amertume et une pointe de rancune sans pour autant s’épancher. En même temps, il en a créé des emmerdes, entre les vols, les bastons et tout ce que les autres ne savent pas. Sa part bien plus sombre et violente. J’ai rencontré la troupe il y a quelques années, y a que là que j’me sens bien et où personne me fais chier. Pas de jugement, on s’fout de savoir d’où tu viens, on veut juste que tu saches impressionner le petit public. Et toi, comment tu t’en es sorti ? T’es parti quand de c’trou de merde ? »
(c) AMIANTE


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