La Caída de los Cuerpos {CALAVERA}

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"La chair des mortels est si faible que,
sur la terre, bon commencement
ne dure pas plus de temps
qu'il n'en faut à un chêne qui vient de naître
pour porter des glands."
[La Divine Comédie-Dante]

Voix étouffées.
Timbres qui dissonent.
L'univers diluée s'est suspendu, dans une farandole crispée, au ralenti. Le vertige est sans fin, non euclidien, dans un néant vorace de tords et de travers. Les corps se dégorgent de leurs substance et s'égrainent au gré de l'espace et du temps. Une seconde se déploie en siècles, les lieux ont valeur de millimètres, nous sommes tout et rien dans un grand fatras shroedingerien. Des chemins infinis, se dessinent en sinueuses verticalités électriques. La perspective de tous les emprunter me grise.

"Concentre-toi."
Font les murmures

J'obéis en pion consommé. Je tente, du moins, noyé sous la houles d'émotions et de rivages. Sous la ouate d'obscurité lumineuse, j'entends fredonner d'impétueuses tentations.

"Concentre-toi, Imbécile !"
S'agace mon guide.
"Rentre chez toi..."

Une notion bien vague. Je n'ai jamais eu de place attitrée, il a toujours fallu la disputer. Je n'ai nulle part où aller, somme toute. Malgré l'absence de pesanteur, je m'accroche néanmoins à l'idée de ces autres âmes que je tracte au bout de mon esprit.
Où est-ce donc chez moi ?
Là, où ils seront tous en sécurité.
Mon subconscient fait alors un choix.

***********

Je cligne des yeux, puis me les frotte. Le Mezcal offre à mon regard son cadre familier. Un attroupement s'est formé au centre de la salle principale du bar. Qu'est-ce qu'ils ont tous à s'agglutiner comme des mouches à merde ?

"Oh rien, tu convulses."
La Voix est toute proche, un brin railleuse.
Elle m'est familière.

La scène change brusquement d'angle : j'ai l'impression de flotter au plafond. En contrebas, j'observe ma carcasse sanglante :yeux révulsés et bave aux lèvres, je tressaute comme un pantin ridicule. Alejandro gît dans mes bras, secoué par mes soubresauts. Accroché ma veste, Aurelio hébété, tient la main à une Gabriela en état de profonde sidération.

De Puta Madre... C'est quoi ce bordel ?!

"J'aimerais autant que tu ne meurs pas.
J'aimais particulièrement ton véhicule."
L’essence d'Ekahau lévite à côté de "moi".

Un moi éthéré et parfaitement échappé de son corps.

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Micro.

Impossible de le trouver. Impossible de le brancher.
Partir.
Fuir.
L’instinct du danger, l’instinct de la panique.
Et le chaos qui s’engouffre ; pernicieux, sombre, puissant, à travers les pores de mes confrères et de mes consœurs, ils le respirent, ne font qu’un avec. La panique et la puisse dégorge de leurs auras qui s’assombrissent aussitôt. Alejandro se noit dans les ténèbres de la mort, de ses propres enfers si peu christiques alors que Gabriela et Tadeo luisent de mille feux orangeâtes et dorés. Tout semble s’écrouler et s’effilocher mais je comprends bien vite qu’il faut partir.

Fuir.

Et pas de manière conventionnelle. Mon vélo ne serait d’aucun intérêt ici. Alors que tout se désagrège, je saisis où il veut en venir, comme mu d’une capacité télépathique soudaine ; non, seulement mon pouvoir qui ne veut se taire. Les émotions confuses et bouillonnantes se déferlent dans ma psyché et je ne vois que des images floues, électriques et fumantes, me rappelant mes délires sous les pires psychotropes.

Mort.
Chaos.
Eau.

Et un éclair de lucidité dans cette tempête aux foudres noirs et au tonnerre effrayant. Une île au loin, loin de l’ouragan qui s’abat sur nous, un îlot de sûreté éphémère pour nous protéger du typhon, pour ne pas s’y noyer, s’y retrouver emporter. Le Mezcal. Je sens une main qui m’attrape, j’en attrape une autre. Les émotions sortent alors avec la même douleur qu’une nausée effective. Le chaos sort de mon corps, cette entité si antithétique à ma divinité dormante. Nous ne sommes plus à la mairie, pourtant mon âme convulse toujours autant d’ivresse empathique.

Gisants.

Au sol, je perçois Tadeo, livide, convulsant. A ses côtés, Alejandro demeure identique, allongé sur le sol, comme assommé, comateux. Les deux aux yeux clos, le second serein, le premier au visage distordu et à la bave coulant le long de ses lippes. Et je perçois son dialogue intérieur résonnant en moi. Je lève les yeux vers ce que je ressens comme étant l’endroit d’où il nous regarde. C’est là que je comprends. Gabriela, Alejandro et Tadeo ne sont plus, à la place trônent leurs dieux qui ont pris place.

« Chalchiuhtlicue, aide moi à maintenir Ekahau, ordonné-je, il ne faut pas qu’il s’étouffe. Le corps de Tadeo ne résiste pas à sa présence. »

Il faut que le dieu parte, maintenant, afin que la crise de convulsion puisse se terminer normalement. Il pourra revenir après, autant qu’il le souhaite, mais actuellement, l’usage de son pouvoir a fragilisé, voir détruit, l’humanité restante du serganto. Alors que je maintiens du mieux possible le corps agité de soubresauts, je regarde autour de moi en quête d’une solution à ce problème.

Clemens.

Mes yeux se posent sur lui, il apparaît comme une vision divine, un ange tombé du ciel.

« Clemens, aboyé-je presque, vient ici tout de suite. »

Si le corps ne supporte ne divin, il faut le faire partir, et quoi de mieux que du sang de thaumaturge pour gommer les déités des corps humains.

« Trouve quelque chose pour transfuser ton sang, vite. »

Je ne sais pas si ça va marcher, mais c’est la seule solution qui s’offre à moi dans le tourbillon de mes pensées confuses. Aussi, je dois maintenir ma respiration empathique effective afin de continuer à entendre le dialogue intérieur de Tadeo/Ekahau, comme un ultime électrocardiogramme, qu’importe si cela m’épuise, et tant pis si le Mezcal devient un brouillard d’émotions et de souvenirs partagés.

**Clemens Jones**

La caída de los cuerpos

calavera

Le Mezcal.
Parce qu’Aura n’était pas là ce soir, tout comme la moitié de la Calavera c’était le meilleur endroit où poser ses fesses, commander la boisson éponyme au bar et s’asseoir au comptoir à discuter avec un des employés, de la pluie et du beau temps puis des affaires en cours, des autres. Ratrapper un peu les nouvelles de la semaine qui lui avaient échapper et peut-être savoir où tout le monde est, putain. Toujours aux bottes d’Alejandro, le commandante avait mit les voiles du club et pas moyen de le joindre non plus. Ca servait à quoi de lui dire de passer dans la semaine si y’avait personne au final.

Mais, au final, il suffisait de demander.
Barouffe incroyable, stupeur générale, quand le thaumaturge se retourne, quatre personnes sont au milieu de bar, apparus là, tous affalés et l’autre pas forcément très bien. Parmis eux, Alejandro. Dans quelle merde ils se sont foutus putain. Le soldado se lève, fend le petit attroupement en râlant de dégager aux curieux rassemblés. Et observe un instant, le bordel, les noms échangés qui n’ont rien à voir avec d’habitude. Il parle de leurs dieux, comme s’ils étaient eux. Son attention se porte sur Gaby, qui a franchement l’air d’avoir vu un fantôme malgré l’interpellation d’Aurelio, qui gérait le sargento en convulsion. Par qui commencer c’est bien là le soucis. Son rôle c’était de protéger Alejandro avant tout. Ensuite, y’avait les autres. Mais de Gabriela qui n’avait pas l’air bien du tout à la crise de Tadeo, au final, il ne savait plus trop de qui des trois il fallait s’occuper en premier. Le débat se clôt quand Aurelio l’appelle pour venir l’aider. Enfin, l’appelle. C’était vite dit. Même si il se déplace, Clemens râle, soulignant les faits à Aurelio dès qu’il s’asseoit. « Doucement, t’es pas commandante. » qu’il lance en appuyant sur Tadeo pour le maintenir un peu. « Y’a rien pour transfuser ici et même si y’avait, ça va pas suffir pour aider. » Le sang de thaumaturge avait un effet lent, minime, comme un poison que l’on injecte ou que l’on consomme sur des dizaines et des dizaines d’années avant qu’il est un effet véritablement puissant. Avec la chaîne réalisée avec sa déesse, peut-être qu’il était un peu plus puissant qu’avant, mais rien n’arrivant à calmer une crise.. Encore moins si c’est un dieu qui la cause. « On peut toujours essayer ça, même si je préfère mes méthodes. » Tout en parlant il sort de sa poche un couteau et entaille son bras, avant d’attraper la mâchoire de Tadeo et le force à ingérer son sang, pas de quoi se vider non plus, mais assez pour voir si cela faisait quelque chose même si il en doute. Il préfère se déplacer un peu et poser ses mains sur ses tempes. Agir directement à la source du problème plutôt qu’essayer des solutions qu’il ne maitrisait pas autant. Peu importe si le dieu, ou il ne sait trop quoi, foutait la merde. Au final c’est le corps qu’il aide à tenir, le corps qu’il maîtrise.. pas les débats à l’intérieur de sa tête. Il savait au moins gérer ça, ses mains plutôt que ses globules rouges coulant lentement le long de son bras entaillé. « Il s’est passé quoi ? » qu’il demande aux concernés, même si les yeux se tournent vers Gabriela, visiblement plus marquée.

(c) DΛNDELION

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La caída de los cuerpos

Calavera

Une journée de plus sans occupation. Alors Molly se ballade, se familiarise avec le quartier. Il ne lui a pas fallut longtemps pour complètement se retrouver dans les rues. Elle a toujours eu l'habitude de devoir s'adapter vite pour mieux survivre. Et puis il faut dire que ma Dame a toujours eut une bonne mémoire. Ses yeux cherchent deux silhouettes familières par dessus son épaule mais rien. Aujourd'hui ses amis ne sont pas là. Un soupir vient s'échapper de ses lèvres. Elle se sent de plus en plus seule. Pas de nouvelle de Jan depuis leur dernière rencontre.. Ses yeux bruns se posent sur ses mains. Le sang est parti depuis bien longtemps mais les souvenirs la hante toujours. Ces gens qu'elle a soigné ce jour là, à la demande du commandante. Son baptême du feu qui a marqué son entrée dans la mafia.. Il lui a fallu plusieurs jours pour s'en remettre. Elle avait atteint un état de fatigue anormal et avait dormi pendant plusieurs heures, deux jours même et s'était réveillée tous habillée, crottée n'ayant pas eut la foi de quoi que ce soit.

Son attention se porte sur un bar se trouvant pas bien loin. Molly regarde autour d'elle, hésitante. Mais tous semble calme et puis elle commence à sentir quelques muscles tirés. A l'intérieur des tables sont dispersées, quelques personnes sont présentes parfois accoudées au bar. La jeune femme ne peut s'empêcher de chercher une potentielle menace. Mais tous semble tranquille. Alors elle va commander un verre, attend celui-ci quand soudainement de l'animation arrive. C'est brutale, il y a un bruit de choc au sol. La belle se retourne brutalement. Quatre personnes se trouvent subitement dans la salle, la plupart au sol. Quelques silhouettes familières, l'une pas du tous. Que c'est-il passé ? Quelques pas en avant, mais elle ne dépasse pas encore le cercle qui s'est formé autour des nouveaux arrivants. Ils ont l'air en mauvais état.. On s'active des ordres sont donnés..

Tu devrais te bouger gamine. Le corps sursaute à l'entente de la voix familière. L'Autre et.. Il a raison. Jan à l'air bien mal au point et le beau gosse de l'autre jour.. Tadeo aussi. Molly veut se porter en avant mais hésite encore un peu plus. Que peut-elle bien faire ? Elle.. Tu as un don. Tu le sais. Et tu fais maintenant parti de cette mafia alors.. Molly ne cherche pas à comprendre ce soudain changement d'attitude de l'Autre. Lui qui détestait les autres, qui n'appréciait pas Jan pour l'aide qu'il dispensait à la brune.
Habilement elle se fraye un chemin hors de la petite foule qui s'est crée. Ses tripes se serrent en voyant Jan immobile, Tadeo convulsant au sol. Un jeune homme, blond, applique ses doigts sur ses tempes. Serait-il lui aussi ? Aurelio semble le seul conscient, prenant les choses en main. Je.. Je peux faire quelque chose ?
Encore quelques pas en avant. Aurelio est au courant pour son don, il saura quoi lui faire faire si ils ont besoin de mains supplémentaires.

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La caída de los cuerpos

calavera

Une Gabi qui n’avait pas vu la soirée tourner ainsi. Ça devait juste être une soirée de plus au bras de Jan. Rien de plus que le protéger, assurer ses arrières ou assurer tout court. Elle ne s’était pas imaginée devoir gérer tout ça. Ni sa divinité, ni l’état de Jan. Chalchiuhtlicue a pris le dessus, pourtant, la môme est toujours là, quelque part, comme en veille ou en second plan. Comme si elle regardait toute la scène, la ressentait mais ne pouvait agir. La déesse était en contrôle. Etonnement, elle en sentait aussi la puissance, les pouvoirs. Elle sentait son sang bouillir et les possibilités se multiplier.
Pourtant c’était le chaos le plus total. Certains n’avaient plus leurs têtes, et leur divinités semblaient complètement virer de bord. Tadeo –ou son dieu- les emmène elle ne sait où. Il lui faut quelques instants pour reconnaitre le Mezcal… qui fait pourtant partie des premiers lieux qu’elle a connu à Arcadia.
Elle est secouée… Gaby qui tente de reprendre le contrôle face à une déesse plus puissante, qui est sur le cul de voir Ah Puch, c dieu qu’elle a toujours connu, vrillé complètement. Elle en avait eu de l’influence sur lui, elle avait parfois réussi à le contenir, mais aujourd’hui c’était tout autre.
Et lorsqu’elle reprend contact avec la réalité elle voit Ekhau convulser ou plutôt son corps humain, elle serre la machoire, se crispe aux ordres qu’elle reçoit. La déesse ne les a jamais apprécié, sans doute moins encore que la jeune mexicaine. Elle le maintient alors que Clemens s’avance, ame à la main pour lui faire boire son sang. La môme à l’intérieur ne s’y habituera jamais, à ce spectacle. La déesse ? Elle s’en fout, elle a vu pire.
Les yeux sombres se relèvent, se posent sur Clemens qui se questionnent naturellement sur le bordel dans lequel ils ont atterrit. On revient pas d’une soirée dans cet état là sans bonne raison. Ou peut-être que si, avec la Calavera. « Khaos. Il était là. » elle a encore la machoire crispée, la tension dans les veines, la colère sous la peau. Le robinet qui pète et la môme prend une inspiration pour calmer la déesse qui répond avec sa voix, avec un détachement quasi naturel qui semble lui revenir. « Le maire est mort et … cet enfoiré a… j’en sais rien. Il nous a fait ressortir » nous les divinités en chacun d’eux. Elles ont été réveillé, ramené à la surface sans la moindre permission. « Certains ont juste pété les plombs. Comme s’ils lui prêtaient allégeance… » Ah Puch y compris, et c’est ça qui lui file des envies de meurtre. Qui sait, peut-être que si elle avait tout laché, tout inondé, Khaos aussi aurait crevé.

(c) DΛNDELION

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Sous mes pieds flottant, les êtres s'attroupent, grouillent et s'affolent tels des poules à qui ont aurait tranché la tête. Avec un haussement de sourcil à la fois curieux et détaché, j'observe les tentatives désespérées pour tenter de me stabiliser. Aucun de ceux qui jonchent le sol ne m'apprécient. Je ne pourrais même pas dire que j'y compte un ami. Je vais crever bêtement parce que j'ai voulu leur sauver le cul.

" C'est ballot..."
" A qui le dis-tu!"

Ekahau se montre pourtant serein, comme si tout était déjà joué et qu'il n'y avait rien de plus à tenter.

" Chuis pas un foutu vampire ! Soignez mes blessures bandes d'abrutis!"
" N'en veux pas au serpent à plumes, ça a toujours été un poète et un idéaliste..."
" Un sacré trou-du-cul oui !"
" Tu ne leur facilites pas la tâche, en même temps...?"

Je jette une oeillade venimeuse à mon cancer divin qui ricane doucement de ma déconvenue. J'ai une épiphanie soudaine quand à mon gout pour ne jamais aller droit au but et adorer les tractations compliquées.

" Viens en au fait espèce de pète-couilles!"
" Pourquoi refuses-tu de revenir dans ton corps ?"
" Je... Quoi ?!"
" Oh... Tu manques peut-être de motivations, après tout ta détestation d'autrui n'est que l'expression de ta propre haine de toi même. Ne t'ai-je pas choisi pour ton cynisme et ta méfiance, pauvre petit garçon brisé... Peut-être aurais-je du choisir un véhicule plus courageux?"
" Mais va te faire foutre ! Fais pas genre que tu te fous de me voir crever et que tu t'en trouveras un autre pour t'incarner. Le temps c’est de l'argent et c'est bien toi qui a balancé que tu me resservais de grands projets... Si tu veux qu'ils se concrétisent, trouve-moi une solution fissa."
" Tu monnayes donc, même avec moi ?" Il éclate d'un rire tonitruant qui me vrille la tronche. "Tu es parfait, tu vas beaucoup l'amuser. Elle a toujours eu le gout des fortes têtes"
"Qui ça ?"

Je suis enseveli d'énigmes pour chaque question que je pose. Ça m'emmerde.

" Oh et puis va chier. Je m'en care l'oignon. Comment je fais pour revenir dans mon enveloppe charnelle ?"
" Il te faut une ancre, ce peut-êtr...."

Sa présence se détricote soudainement, déformant sa bouche sur ses explications. Le son de sa voix se fait lointaine, presque inaudible. Au sol, ma carcasse a cesser de convulser. Yeux grand ouverts, bave au lèvres, mon cœur est à l'arrêt.

Une ancre.
Il me faut une ancre....
Une personne peut-être ?
La seule personne avec qui j'ai pu échanger plus personnellement que les autres est Molly. Et c'est beaucoup dire. Je file vers elle, tentant désespérément d'attraper ses poignets, ses mains, de la faire approcher.

- Je.. Je peux faire quelque chose ?

Ramène-moi dans mon corps!
Ramène-moi !
Ramène-moi !
MOLLY !

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Erreur.

Ma magie commence à m’enivrer, à emplir mes narines des émotions d’un chacun tout en vidant mes poumons d'air sain. Clemens, Gaby, Tadeo. Je ne voulais garder que le lien avec ce dernier, pour savoir, pour sentir sa vie, son état malgré sa dissociation. Je le retiens, comme un fil d’un cerf-volant dans une tempête car le thaumaturge m'inonde de colère, de rage mais d'obéissance aveugle, presque de dépit et de désinvolture. Peu après, ce sont les flots de Gabriela qui affluent dans mon esprit, me percutant de ses idées, de sa colère ; elle aurait pu tuer Khaos, nous soulageant alors d'un poids certains.

Clarté.

Malgré tout, malgré cette effervescence d’éléments, mon esprit de démêle et, grâce à la déesse de l’onde, je comprends mieux les tenants et aboutissants des événements. Le chaos. Si le serpent s’était lui aussi éveillé, peut-être aurait-il pu endiguer le chaos, lui incarne l’ordre, lui qui l’impose. Peut-être est-ce pour cela que j’ai été épargné par sa maudite magie, pour garder l’emplumé enfermé ? Je soupire. C’est à moi de prendre les rennes, à défaut du dieu dormant au fond de mon âme.

Main.

Je la lève doucement, pour imposer le silence, pour me concentrer quelques secondes. Le tumulte continue, je ressens Tadeo qui semble se noyer, comme un corps avalé par un océan troublé dont une seule main sort, appelant à l’aide, une main si particulière, telle la pièce d’un puzzle, qu’une seule autre peut l’attraper. Et je l’entends qui crie son nom.

Molly.

Mais Clemens continue d’irradier de colère et Ekkau se plaint du sang dans sa bouche. Et Alejandro, ils pensent à lui, Gabriela et les thaumaturge, d’une amitié qui me frappe avec la vigueur d’un jeu d’acide alors que je perçois l’isolement du dieu marchand que j’accueille en écho, que je comprends bien trop parfaitement, trop chaleureusement.

« Sortez. Sortez tous. »

Je m’adresse aux quelques clients paniqués et au barman déboussolé, trempé de l’eau sortant du robinet brisé par la turpitude de la déesse. S’ils demeurent, ils risquent leurs vies, nous le risquons tous à cause ou grâce à notre commandante.

« Clemens, tu as raison, avoué-je à bout de souffle. Occupe-toi d’Alejandro, à ta manière. Tu es le mieux placé pour cela. Mais, dis-je avec insistance, mais ne le réveille surtout pas. Maintiens-le en vie, soigne-le, mais ne l’éveille pas.  »

Mon regard se plante dans ses iris azurs, si rares ici, et prie intérieurement qu’il comprenne la gravité de la situation. J’espère que les mots de Gabriela l’ont persuadé du danger et qu’il s’exécutera. Après tout, il ne fait que son boulot, maintenir le commandante en vie.

« Gabriela.  »

Je me tourne vers ma consœur.

« Chalchiuhtlicue, repris-je autant en sachant que la déesse prend actuellement le dessus sur l’humaine, autant en ayant du mal à parler tant l’air commençant à me manquer. Si Ah Puch ouvre les yeux, il n’y a que toi qui peut nous protéger. Es-tu prête à faire le nécessaire ?  »

Enfin, mon regard se pose sur la seconde thaumaturge, la néophyte, la dernière arrivée, dont j’entends le nom en écho dans les émotions délétères du sergento.

« Molly, d’une certaine manière Tadeo t’appelle. Essaie de le ressentir avec chacun de tes sens, lui intimé-je essoufflé, et soigne-le. Ne réfléchie pas, utilise tes émotions et ton instinct. Cherche-le.  »

Il est trop compliqué de lui expliquer que ma magie imprègne désormais les lieux, qu’à chaque expiration les individus présents soufflent leurs empruntes empathiques et qu’à chaque inspiration chacun s’en imprègne, sans comprendre, sans saisir, pour au final ne faire qu’un marasme d’émotions, une utopique unité humaine. Si elle ne se dépêche pas de la sauver cependant, si elle n’arrive à saisir les émotions de Tadeo, je risque simplement de m’asphyxier. Littéralement.

Spoiler:

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La caída de los cuerpos

Calavera

Elle est paralysée la belle. Totalement dépassée. Aurelio semble réfléchir, ressentir des choses. La brune l'a rencontré qu'une fois mais il semble si différent à l'instant. Le médecin semble prendre les choses en mains. Il donne des indications précises. Le blond semble prendre en main les soins de Jan. Pourquoi ? Pourquoi ne pas le réveiller ? Et cette femme que Molly n'avait jamais vu encore semble étrange. Qu'est-ce le nom qu'utilise Aurelio ? Un nom aux consonances chaudes, si étrangères à ses oreilles. Tous semblent irradier de quelque chose, une chose innommable. Une chose qu'ils semblent connaître, maîtriser pour certains..
La bouclée ne prête pas réellement attention à ce qu'ils disent, perdue, les mots semblent glisser sur son corps tendu comme un arc. Ses yeux fichés sur le corps secoué de Tadeo. Et soudain il se fige. Arrêt du corps trop brute. Morbide. La respiration de la brune se stoppe. Mais dans le brouahah elle n'entend rien, et même si le bar se vide elle est trop loin pour entendre quoi que ce soit.

Les mots d'Aurelio sont pour elle un électrochoc. Le corps bondit presque en avant. La gamine se laisse tomber sur ses genoux, les mains courent sur la peau, se stoppe sur celle fine du cou. Le cœur, le cœur.. Il n'est plus.. Il... Murmure. Les dents attaquent les lèvres. Les mains tremblent. Le souffle devient un filet. Calme toi. Respire gamine. On ne peut rien faire nous. Toi seule peu l'aider La frimousse se lève, cherche ceux qui ne l'ont jamais quitté. Rien. Ils sont loin. Trop loin presque au porte du bar. Les yeux se repose sur ce visage trop lisse. Non elle le connait depuis pas assez longtemps cet homme avec trop de rage au cœur mais c'est hors nature ce calme. Mortelle. Goulée d'air que Molly avale avidement. Les mains se déplacent, attrapent ceux de l'homme. Les doigts s’emmêlent gauchement. Méli-mélo posé sur le torse. Calme. Il faut qu'elle se calme. Maintenant. Nouveau souffle. Plus posé. Les paupières qui se ferment, corps qui se recroqueville sur le corps immobile.

Coeur qui bat. Solitaire. Rythme qui ralentit. Souvenirs qui surgissent dans sa mémoire. Gamine qui s'attachent trop vite. Pas envie de le voir disparaître lui aussi. Trop de perte la gamine. Chaleur qui envahit ses doigts. Son corps. Chaleur pour ce corps trop froid.
Tadeo
Appel désespéré. Cri silencieux. Peur de la solitude. A quoi sert un pouvoir qui soigne seulement les blessures physiques ? Presque inutiles. Les blessures du corps guérissent la plus part du temps. L'âme.. Il a forcément besoin d'un coup de pouce.. La prise se renforcent pour s'ancrer un peu plus dans sa tâche. Non, Molly ne le laissera pas s'enfoncer plus que ça.

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