Je me regarde dans le miroir, en sherwani blanc pour ma promise, nerveux comme à la veille d'un mariage. Dmitri m'a laissé seul dans la chambre, sans doute pour aller retrouver une certaine cousine. C'est à ce moment là qu'un démon apparaît.

- Tu le sais que tu pourrais aller la rejoindre ? -

- C'est interdit ... -

- Ouais, comme le mariage pour un Prêtre ! De qui tu te moques ? Vire moi ces vêtements voyants et prend une de mes chemises noires ! -

La porte est certainement surveillée mais la fenêtre donne sur le jardin avec seulement deux mètres de hauteur...

Ama vient de terminer le henné sur mes bras, et c'est moi qui suis exténuée: Les nouvelles de la ville entière m'ont été racontées, et je sais que je n'ai pas intérêt à bouger pendant la pose de la pâte colorante.

C'est un bruit dans la haie qui me fait tourner le regard. Je ne vois rien de prime abord, mais quand le bruit se réitère, je suis à peu près sûre de se qui se passe, et murmure, assez fort mais pas trop:

"Si j'étais toi je ne ferais pas ça: Ama est dans la chambre à côté!"


100 mots

J'étouffe un rire quand j'entends la voix de ma belle. Décidément, elle me connait trop bien...

Sans me montrer par crainte des représailles, je me met simplement à chanter.

"...
Don't tell me it's not worth tryin' for
You can't tell me it's not worth dyin' for
You know it's true
Everything I do
I do it for you
..."

Je réalise alors que c'est la première fois que je chante pour quelqu'un d'autre que moi ou Dieu. J’aperçois sa silhouette et fini par m'approcher.

"Tu ne peux pas bouger ?"



mots : 100

La voix s'élève du dessous de la fenêtre, et je reconnais la voix autant que la musique. Cela m'émeut un peu... et je finis par joindre ma voix à la sienne:

"Look into your heart
You will find
There's nothin' there to hide
Take me as I am
Take my life
I would give it all
I would sacrifice..."

Je ris à sa question, et reporte mon regard sur les lignes entremêlées s'étirant sur les avants bras.

"Si je bouge, le travail maternel va être gâché, je vais avoir un sermon dans les règles et il faudra attendre encore longtemps!"


100 mots

"Donc ... Tu ne peux vraiment pas te débattre ? C'est bien dommage, ça ..."

Sa fenêtre n'est pas haute et je remarque que je peux facilement y accéder en attrapant la rambarde. Étrangement, la manœuvre est plus facile que je le pensais. Les sorties nocturnes et les bagarres à répétition de Sheitan m'avaient un peu pourvu en masse musculaire. Je me colle juste derrière les rideaux de la fenêtre. De là, je ne vois que la silhouette délicate de Preeti, figée, les bras légèrement relevés.

"Et si j'entre, qu'est-ce qui va se passer ? Tu vas crier ?"

Qu'est ce que ça veux dire?!

"Kyan, arrête tes bêtises! Si on te vois ici, on va pas rigoler, moi la première! Le mariage, c'est demain, tu peux survivre d'ici là non?"

Même si j'ai une envie irrésistible de le voir et d'être près de lui... Les traditions sont importantes! et si Ama se rend compte de quoi que ce soit, elle est capable d'annuler le mariage, même un jour avant!

Mais malgré mes avertissement l'ombre masculine passe la rambarde et se cache derrière les rideaux... transparents.

"Chéri, je te vois à travers. Trouve une meilleure cachette!"

Bruit de porte.



100 mots

En un instant, je disparais du rebord de la fenêtre pour me cacher contre le mur. Je n'aurai qu'à attendre la fin de l'entrevue maternel pour retourner la voir, en espérant que ça ne soit pas trop long.

- Pouvoir utile, n'est ce pas ? -

- Terriblement ! -

- Avoue au moins que c'est assez exaltant d'aller voir une femme en cachette... -

Je ris intérieurement, c'est vrai que le goût de l'interdit m'avait presque manqué. Mon cœur bat à tout rompre et je n'arrive pas à me départir de mon sourire.


mots : 100

En un battement de cil la silhouette humaine disparaît des rideaux et Ama rentre sans une présomption d'une présence étrangère. Je souffle intérieurement, tandis qu'elle me rappelle les indications d'usage du henné, que je n'ai jamais oublié mais qu'elle continue de m' indiquer comme une litanie...

Mes pensées se perdent vers la fenêtre.

" Preeti, जब मैं आपसे बात करता हूं, तो मैं चाहूंगा कि आप मेरी बात सुनें।"

Je reporte mon attention sur la finition de mes mains, avant qu'Ama ne reparte se laver les doigts. Je soupire:

"Enfin terminé! Elle va revenir encore tu sais... Et où est ton frère? "


100 mots

"... Et ça sèche en combien de temps ? Je suppose que tu ne vas pas passer la nuit à attendre debout."

Caché contre le mur, je souris à la faveur de la pénombre.

"Quoique debout, c'est sympa aussi ... Surtout si tu ne peux pas te défendre ..."

Mon Dieu, on dirait Sheitan ...

"Je ne sais pas où est Dmitri, probablement dans sa propre chambre, convaincu qu'il n'a pas à me surveiller..."

Alors que de nous deux, c'est moi le futur marié à ne surtout pas lâcher du regard. Preeti est maintenant devenue la sagesse incarnée dans notre couple.


Mots : 100

"Chéri, j'ai les bras recouverts, il faut que ça sèche le plus possible, je suis là pour encore au moins une heure et demie. Faut souffrir pour être belle!"

Pardon?!

"KYAN! Tu peux pas faire ça maintenant ! C'est absolument pas le moment! Et dire que ton frère était sensé rester avec toi, j'y crois pas! Et puis de toute façon je reste quasiment jamais seule..."

Le bonheur d'être chaperonnée finalement...Surtout par sa mère!

Malgré tout je rêve de le voir et de le prendre dans mes bras...Mais la colère maternelle me fais plus peur que d'attendre une journée!


100 mots

"Il faut souffrir pour être belle ... Tu ne peux pas me dire de plus fausses paroles ?"

A son exclamation, j'étouffe un rire.

"Hmm, j'aime beaucoup quand tu cries mon prénom."

Sa phrase donne à réfléchir. Mais tout en restant dans la pénombre, je murmure :

"Tu restes rarement seule... Même la nuit ?"

Sa silhouette que je devine à travers les tentures me donne très envie de la rejoindre.

"Tu m'as rendu complètement fou de toi, tu le sais, ça ? Je pense que t'es parfaitement consciente que je resterai ici tant que je ne t'aurai pas embrassé."



mots : 100

Je ris avant de signaler à mon énergumène:

"Ce n'est pas toi qui est tartiné de pâte et qui doit rester bras tendus pendant des heures! Pourtant tu devrais connaître mieux que moi le supplice de Jésus!"

Ah oui, tu veux jouer?

"Je le crierais autant de fois que possible...lorsque ma mère sera pas dans la pièce à coté! "

La nuit? Je reste un moment pensive et marchande:

"Cette nuit, de 23 heures à 2 heures. Je n'ai pas envie d'avoir le mauvais oeil!"

Le compliment est flatteur... extrêmement tentant... Mais il n'y a pas d'autres solutions que la nuit!


100 mots

"La crucifixion est un peu différente. Tu n'as pas les poignets attachés... Tant mieux pour toi d'ailleurs."

Quand elle me dit sa phrase, un frisson me dévore l'intérieur. Ce genre de chose à le don de me rendre fou, simplement mon nom sur ses lèvres.

"Est-ce bien ce que j'ai compris ? Un rendez-vous ?"

Usant à nouveau du pouvoir, je saute à sa fenêtre, prend le visage de Preeti dans mes mains pour l'approcher de ma bouche et lui vole enfin ce baiser.

"Alors à tout à l'heure" Je murmure avant de disparaître.

"C'est d'autant plus dur de garder les bras droits...Mais je suis sûre que m'attacher ne serais pas pour te déplaire tous de suite..."

Pas pour moi non plus d'ailleurs...Son contact me manque cruellement.
Et tandis que je pense à cela, je sens ses lèvres se poser sur les miennes, pressées, avides...mais disparues aussi rapidement qu'elles étaient apparues, avec un petit "à tout à l'heure". Quelle frustration!

Du coup mes heures du jour ont été les plus longues de mon existence.
Ce n'est que bien après que j'entends un bruit par la fenêtre que j'ai espéré chaque minutes.


100 mots

"Certain ?"

"Positif, frangin. Les parents sont en bas. S'ils montent..."

"Je me débrouillerai. Merci !"

Arrivé en bas de la fenêtre de la chambre de Preeti, je saute sur le bord et marque un temps d'arrêt. La pièce est plongée dans le noir. Je me faufile jusqu'au lit et y aperçoit une silhouette endormie... ou qui fait semblant...

En m'approchant, je reconnais Preeti et hésite à la reveiller. Tendrement, je passe ma main dans ses cheveux. Je suis presque ému de me dire que je suis actuellement dans la chambre de jeune fille de Preeti, ma future femme.

Le lit s'enfonce et je sens le textile qui recouvre la peau se coller contre mon dos. Mon épiderme réagit et s' hérisse instantanément, et s'embrase en combustion spontanée lorsque les phalanges se déposent dans mes mèches.

Ce contact m'avais tant manqué...

Je me colle encore plus contre lui en déplaçant mon bassin, et chuchote avec le sourire dans la voix:

"Quand même, tu triches... Le mariage c'est demain!"

Je passe mon bras par dessus sa tête pour caresser ses cheveux aussi. Mes doigts assouvissent un besoin capital: ce geste si doux était devenu aussi viscéral que de respirer pour vivre.


100 mots

Encore une fois, ses mots viennent directement en contradiction avec ses gestes.

"Je ne triche pas. Tu m'as demandé quatre jours sans te voir, tu ne m'as pas vu et tu ne me vois pas d'avantage dans le noir."

J'ai de la mauvaise foi finalement ! Qui l'eut cru ?

"Sinon, je peux toujours te bander les yeux pour être sur. Et si ça peut te rassurer, je peux t'attacher les mains pour que tu puisse te dédouaner de toute notion de responsabilité."

J'arrête mes caresses immédiatement.

"Ou je peux retourner sagement dans ma chambre."



mots : 100

Ses propositions embrasent mes sens, et acquiescerais presque...

"Certes, pour l'instant je ne te vois pas. Mais un moment je me retournerais et te verrais. Certes, tu pourrais m'attacher... C'est quelque chose que tu sais faire en pratique ?"

Je souris: je vois très mal un prêtre s'adonner au bondage théorique dans sa chambre! Quoi que... avec ce qui l'habite dans son esprit, il est possible qu'il en sache plus que je ne le pense...

Mais sa dernière phrase m'estomaque: il partirai ? Ou...

"Sur ce coup là, je crois que tu bluffes trésor, tu es venu, ce n'est pas pour repartir...


100 mots

"Si tu me demandes de partir, je partirai."

Je passe ma main sur son visage et place un index sur sa bouche.

"Alors ne me demande rien."

Je glisse l'écharpe qu'elle m'avait offerte sur le marché de Noël sur les yeux avant de lui attacher à l'arrière de la tête.

"Voilà, à présent, tu peux te retourner."

Pour une raison que je ne préfère pas savoir, il s'avère effectivement que je saurai très bien joindre les mains de Preeti pour l'entraver. Je souris secrètement.

"Tu souhaites rester libre de tes mouvements, ma jolie Déesse ?"

"Je ne compte pas dire quoi que ce soit...Je ne veux pas que tu partes."

Il a emporté son écharpe...En Inde? Je souris de l'énormité de la chose, mais j'en suis enchantée: au moins, ça ne rompra pas notre séparation...En théorie. Je laisse donc le textile cacher mes yeux, le sourire aux lèvres, assise sur mes pieds, le dos contre mon homme qui me cache la vue.

Je me laisse diriger, amusée par le jeu qui se profile, excitée par les possibilités que cela nous donne.

"Attaches moi...si tu veux et peux!"

Je lui temps les poignets, le sourire taquin, le feu s'allumant dans les cuisses...


100 mots

"Alors je reste. Quitte à braver l'interdit, autant le faire à fond."

Elle me tend ses poignets et je reste un instant hésitant. Mes yeux se posent un instant sur les saris. Je cherche et trouve un peu de tissu qui ferait parfaitement l'affaire. Tranquillement, je viens me poster devant Preeti pour lui lier les poignets ensemble, sans violence.

La basculant sur le dos, je profite de ce qu'il reste d'attache pour la lier à l'un des montants du lit. Je m'arrête un instant pour la contempler, magnifique Déesse.

"Quatre jours, c'était trop."




mots : 100

J'attends un moment et écoute les bruits de recherche, puis un plissement de tissu. Mes poignets son entourés doucement puis mon corps basculé en arrière, mes bras ramenés vers le sommet de ma tête et mes mouvements ne sont plus libres.

Je replis mes genoux par réflexe, et écoute le silence, parsemés de nos respiration.

"Quatre jours, c'était trop."

La voix est soufflée, désireuse et désirable. Je souris et murmure:

"Je crois bien que oui. ça a été long sans toi."

Mes sens se réveillent et le moindre bruit, le moindre mouvement devient un signal qui fait vibrer mon épiderme...


100 mots

Je dois me concentrer pour ne pas perdre pied. Voir Preeti ainsi offerte comme jamais me prive de la totalité de ma sacro-sainte retenue des pensées sulfureuses.

L'une de mes main glisse sur le dessus de son pied et remonte doucement jusqu'au creux de son genou Lentement je me place entre les jambes de ma Déesse pour en lever une jusqu'à ma bouche.

C'est alors que je me fige, des pas se font entendre dans le couloir. Des pas qui ralentissent progressivement. Je murmure.

"Je t'en supplie, dis moi que ta chambre ferme à clé !"

Le son des pas qui arrive m'affole:

"Détache moi, et caches toi!"

Mes mains libres, Je fais voler ma couverture pour m'y engouffrer, avant que la porte ne s'ouvre. Je fais semblant d'ouvrir de nouveau les yeux, et Apa me dit doucement:

"सब कुछ ठीक है?"

Je me renfrogne. Tout ça pour ça? je ronchonne comme si on m'avait réveillée (ou coupé pendant un moment plaisant):

"मैं अब बच्चा नहीं हूँ! मैं अकेला सो सकता हूं...

Apa me fait un petit signe, j'y répond, et il disparaît. Ouf!

Après un moment de silence, je chuchote:

"Kyan? Tu t'es caché où?"


100 mots

Je remercie qui veut pour ce pouvoir de vitesse. Il ne m'aura jamais été aussi utile. Je saute sur Preeti pour la détacher rapidement, lui volant un baiser au passage avant de me glisser sous le lit. Le tout n'aura pas duré plus d'une seconde et peut facilement être confondu avec une petite brise.

Le père ouvre et ne se doute même pas une seule seconde de ma présence. Heureusement, il n'entre pas dans la chambre et s'en va presque tout de suite.

Quand je suis appelé à nouveau, je saute sur le lit.

"Ici."



mots : 100