Les pensées désordonnées, la glace encore au coeur, la détective traverse la nuit avec ses vêtements que l’eau vient à peine de libérer. Le choc encore présent, qui la rend si pressée. Elle est fatiguée, Jules. Elle a les valises sous les yeux, le voile bleu sous l’épiderme, la gamine ressemble à un cadavre qu’on vient de tirer de l’eau et peut-être aurait-il mieux valu qu’elle finisse dans un sarcophage de glace pour éviter d’affronter l’avenir qu’on lui offrait. Mais elle a pas le droit ; parce qu’elle a promis, parce que ça détruirait trop de gens, parce qu’elle ne se sent pas d’imposer le deuil à ceux qui vivaient déjà avec comme une vieille amie. Tout est calme dans l’allée à part elle, trop. Le calme, il lui explose le crâne, elle voit des yeux la poursuivre partout dans le noir sans relâche, les veines qui attendent le dégel, la température qui se réhabitue à celle du monde, Jules fouille ses poches pour y trouver les clés, elles claquent entre elles, tintent lorsqu’elles rencontrent le chemin des babioles suspendues à l’anneau qui reliait l’ensemble du trousseau. A quoi bon essayer de ne pas faire de bruit ; les ombres ne viennent pas répandre des rumeurs, surtout lorsque l’on porte le nom d’Adimari.

Il y a de la lumière à l’intérieur, l’insomnie pour seule compagne et les sons étouffés de la télé qui se mêlent au doux souffle du corgi allongé sur le tapis. A peine la détective a-t-elle mit un pied au sol que le bébé réagit, se redresse sur ses pattes et vient accueillir sa maitresse, excité, heureux, soulagé. Maman est rentrée, mais maman ne va pas bien, y’a des ses yeux comme lumière hypnotique, un besoin vital. Elle ne se perd pas en caresses, oublie de parler, dans le salon personne n’est présent alors que tout semble indiquer qu’il était habité. Jules est passé en pilote automatique, tous ses besoins sont passés au dessus de ses devoirs, ses jambes l’entraînent jusqu’à la chambre. Dans sa tête, il n’y a que les derniers événements, y’a tout qui s’enchaîne aussi sombre qu’une symphonie jouée à l’orgue. Mon passeport, où est mon passeport ? Elle a un regain d’énergie, un souffle de vie, l'envie d'être l’esclave d'autre chose que des aspirations du patriarche, un souffle de folie peut-être aussi, Jules a besoin d’être loin. Les yeux fouillent la pièce, le lit qu’ils partagent et qui garde pour lui toute les conversations nocturnes qui les maintiennent éveillés, les rires et les confessions, et ça lui brise le coeur à Jules, parce que tout ça va s’arrêter au moment où elle dira oui à celui qu’elle doit épouser. «  Ikaar , » qu’elle souffle comme une prière, alors qu’elle ne le distingue même pas, ses yeux cherchent comme un aveugle qui essaye de voir. «  Ikaar, viens, on part. Viens, on s’en va… » La voix qui tremble, l’hystérie au bord des lèvres, c'est le point de non retour, la réalisation brutale. On s’en va loin, là on ne peut pas les retrouver, où la couronne n’a pas de valeur et où les Esposito ne règnent pas en maître. «  On emmène Newt,  », le chiot aussi est avec elle, «  m'abandonne pas. » Il faut partir maintenant avant de voir s’envoler nos rêves ; avant qu’on ne la reprenne à jouer les équilibristes sur la banquise.

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR neon cathedral. & cliffs edge

Tranquilité.
Un bien étrange mot dans le quotidien toujours aussi dénué de sens d'un roi sans limites et d'un royaume bousculé par les flots. Pourtant, une fois la porte de l'appartement passé c'est comme si la couronne, et les responsabilités étaient posées elles aussi sur le comptoir près des clés, dans une tentative d'aller l'esprit chahuté et les déboirs. ici, c'était plus simple, plus silencieux aussi, malgré le chien, malgré la télé. Elle n'est pas là, et lui, n'était toujours pas revenu non plus. Après des années sans abrité d'autres vies ici que la sienne, il y avait de nouveau du mouvement, du soutiens, quand Jules était présente. C'est sur un coup de tête qu'il avait proposé l'étrange cohabitation, le partage d'un appartement déjà partagé avec le fantôme d'un frère disparu qu'il n'était toujorus pas prêt à laisser partir. Pourtant, sur l'instant, il s'était trouvé prêt à partager son espace, partager cette vie avec l'espir d'y mettre un peu plus de bruit, de chaos, de vie. Pour que les deux âmes au précipice de la mort ne tombent pas dans le vide, ou si ils le faisaient, au moins, ils ne seraient pas seuls.

Pourtant la solitude était là, aujourd'hui. Pas de rires et pas de discussions idiotes entre eux, seulement l'émission en fond et sur le tapis, la petite patate appellée newt qui dormait après avoir tant marché, durant leur promenade plus tôt dans la soirée. Avec tendresse il l'observe, s'amusant à l'embêter avec son pieds de temps à autre sans que cela ne fasse bouger l'animal étalé profitant du chauffage au sol. Au sourire sur ses lèvres on pourrait presque y croire à cette sérénité au coeur d'Arcadia, son sang et sa violence. On pourrait presque croire que la vie pouvait y être douce, calme. Une simple attente avec que l'italienne ne revienne et apporte avec elle, finalement, le remède à l'ennuie. Pour le moment elle n'était toujours pas rentrée, et la soirée était déjà avancée, si bien qu'il peinait à voir dans l'appartement, couvert par les ombres. Ikaar fini par se lever, résigné à poursuivre sa soirée en attendant le retour de la novum. Ils commanderaient à manger, surement, et reprendrait leur série là où ils s'en était arrêtés. En attendant, s'occuper. En traversant l'appartement, en prenant garde de ne pas réveiller Newt il se dirige vers la salle de bains, douche brûlante réchauffant un peu cet hiver qui perdure malheureusement pour eux. En sortant, les cheveux rapidement séchés à la hâte et les vetements triés, balancés dans le dressing tandis qu'il en enfile d'autres. C'est là que les clés se font entendre; Du moins, il les aurait entendu si il n'était pas aussi loin de l'entrée. Non, c'est la voix de Jules qui le surprend quand il arrive dans la chambre, et le peu d'elle qu'il aperçoi dans l'obscurité, l'air de sortir d'un film d'horreur qu'ils regardent tard sur netflix. "Jules ?" Pas certain, une revenante peut-être, de quoi lui faire écarquiller les yeux et allumer la lumièère qui tamise un peu la pièce. Elle parle mais sans sens, peur, qu'il entend autant qu'il peut voir, quelque chose qui n'allait pas, pas du tout, alors qu'il s'approche, rassurante figure qui l'enveloppe de ses bras. il allait nul part. "Je suis là. Je t'abandonne pas Jules. " qu'il souffle a voix basse, enfonçant son visage au creu de son épaule. "Je bouge pas."

C'est tout ce qu'il dit, pour le moment. Promesse de ne pas l'ambandonner alors qu'il se demande pourquoi. Pourquoi cette peur, pourquoi cette panique. Pourquoi son corps est-il si froid, incroyablement plus froid que d'habituée. "Pourquoi t'es glacée comme ça ?" qu'il demande, s'inquiète un peu plus, la serrant un peu plus contre lui a défaut de pouvoir faire plus. Si, le lit. Il ne lui fait grand chose pour récupérer une des couvertures sur le lits qu'il enveloppe autour d'elle, cherchant d'abord à arranger les tremblements et seulement ensuite à poser les questions, à comprendre. D'abord qu'elle se sente mieux, d'abord aider. Il n'y a qu'ensuite que la curiosité réussie à le piquer. " Qu'est-ce qu'il t'es arrivée ?"

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR neon cathedral. & cliffs edge

Les mots s’échappent, désorganisés, le cœur dans un étau. Agir de cette manière c’est stupide, irréfléchi, exactement comme ce qui l’avait poussée à marcher sur de la glace fine, ça ne lui ressemble pas, à la gamine. Pour quelqu’un dont les moindres recoins de l’esprit humain n’est plus un secret, le sien n’a plus aucun sens, aucune forme de compréhension. Dans le noir, elle cherche sans savoir ce qu’elle cherche réellement, peut être ne cherchait-elle pas Ikaar mais plutôt sa présence, son odeur, sa chaleur, ses bras autour d’elle. M’abandonne pas, reste avec moi. Parmi tous les visages qui lui étaient passés devant les yeux lorsque la faucheuse avait voulu l’entraîner dans les eaux glacées, elle était presque sûre de l’avoir vu lui. Ses yeux plissés, les cils qui tombent sur ses joues constellées de tâches de rousseur. Le visage qu’elle avait tant observé alors qu’il était endormi près d’elle, le visage qu’elle pouvait reconnaître simplement en passant les doigts dessus. Il répond à son appel au secours, encore. La légèreté habituelle qui régnait d’ordinaire sur les lieux s’était évaporée au moment où elle avait franchi la porte : Newt est près d’eux, il couine, ne comprend pas pourquoi les regards sont si graves, pourquoi Maman est si froide et Papa si inquiet. Il approche enfin après avoir allumé la lumière et finalement, il la prend dans ses bras, cale son visage dans son épaule. Je bouge pas. Elle regarde le plafond comme pour y chercher une réponse. Seigneur, aide moi. Ses bras viennent entourer le Roi, serrer entre ses doigts le tissu à peine mouillé à cause de la douche qu’il venait de prendre et de ses cheveux roux encore humides. Elle, elle sent la mort, et lui il sent le désespoir.

Pourquoi, comment ? Comment en si peu de temps tout avait failli basculer, l’appartement se serait retrouvé vide, elle ne serait jamais rentrée. Pourtant, ils s’étaient promis de ne pas se laisser emporter, finalement ce n’était pas elle qui avait été un danger, pas volontairement. Comment expliquer le besoin urgent d’aller près de la rivière, de fouler du pied la limite entre le songe et la réalité. «  Je suis tombée... dans le lac... » Dans le lac, en plein hiver. Sans Roméo, Jules y serait passée, elle le sait, elle se serait laissée emporter par le courant aurait attendu que ses poumons se remplisse d’eau, ce que Luke avait toujours voulu pour elle.

L’étreinte s’arrête et Jules en réclame déjà encore, un geignement à peine distinct. Elle a besoin de contact physique, de chaleur humaine pour s’assurer qu’elle n’est pas en train de partir, un soudain désir ardent de vivre.  Ikaar l’emmitoufle dans la couverture, elle se protège dedans. Expliquer, pour qu’il comprenne ce besoin irrépressible de partir vers d’autres horizons. Loin. «  La glace... Elle a cédé... Je pouvais plus respirer... » La sensation de l’eau glacée remplissant ses poumons, ses pensées qui s’embrouillaient, son poids qui l’entraînait doucement vers le fond du lac, elle en avait encore mal.

Jules essaye de capter son regard, de se rassurer dans les prunelles émeraudes de son colocataire. Elle doit ressembler à un cadavre, elle le sait ; mais elle est fébrile, déterminée. «  Viens, on part Ikaar. Pourquoi on reste ici, pourquoi on est là ? » Personne n’aime vraiment Arcadia, personne ne veut vraiment habiter ici à part les requins. Elle est presque suppliante quand finalement, elle demande : «  Ils ont pas besoin de nous. On leur dit rien, on fait nos valises, on ira trouver un grand jardin pour y emmener Newt. Còmhla. » Ensemble. Loin de tout ça. Parce qu’il doit savoir au même titre que Roméo. «  ...Avant qu’ils ne m’éloignent de toi. » Parce que c’est ce qui va arriver. La prochaine étape, c’est de leur retirer cette quiétude, au nom d’une union mafieuse dont personne ne veut, si ce n’est les anciens qui n’avaient déjà plus leur vie à vivre.

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR neon cathedral. & cliffs edge

Dans quoi était-elle tombée, littéralement cette fois ? Et puis, elle finit par répondre à sa question, avouant la source de cet état panique/ De ses cheveux encore détrempés et de ses tremblements agités. « Qu’est-ce qu’il s’est passé, comment t’as fait ça » En plein hiver en plus, alors que la neige tombe et que l’air vous coupe la respiration dès que le confort de la maison est quitté. Dans la voix, toujours de l’inquiétude. Enveloppée dans la couverture, elle serait mieux, au chaud alors que ses mains passent le long de ses bras couvert pour essayer de la réchauffer un peu plus vite. La glace qui cède, la chute Elle avait encore de la chance d'être en vie, encore de la chance d'être arrivée jusqu’ici sans mourir d’une hypothermie. Il faudrait plus qu’une couverture. Il faudrait un bon bain, et de la soupe. Un thé, quelque chose pour remettre un peu de chaleur là où la glace avait tout gelé. La mine inquiète de change pas et Ikaar, réfléchit à ce qui serait mieux de faire. Il se retrouve démuni, souvent, là où la pensée de sa soeur l’effleure, capable de solutionner d’un claquement de doigts la situation alors qu’il se retrouvait toujours aussi incapable d’aider. Avec des pouvoirs d’une inutilité démesurée pour aider autrui.

Si il se perd dans ses pensées elle réussi à attirer son attention, les prunelles s’observant de nouveau et que les propos ne reprennent, toujours sans sens, toujours diablement impossible> Pourquoi partir, quel était l’urgence et surtout, pourquoi faire ça. Pourquoi demander l’impossible, la place de roi comme un boulet le retenant ici quoi qu’il advienne et la menace foudroyante de sa famille planant sur eux si jamais il prenait la poudre d'escampette. Pour fuir quoi, pour fuir qui. Ici ils avaient tout, non ? Un appartement plus que spacieux et leurs vies entière, les leurs, et au milieu de tout ça ce havre de paix qu’il ne s’imaginait pas quitter un jour. Pas quand il est ancré là. que son ombre hante les murs encore, comme si il n’était jamais parti. Et il voulait protester, voulait dire que c'était impossible, maintenant, même lorsqu’elle avance le projet> Un jardin et un départ dans l’ombre, la perspective d’un peu de tranquillité qui réchauffait le myocarde et ce mot, qui fini par serrer sa gorge, gaélique appris ici entre ses murs comme il avait appris son italien. Ensemble.Insieme. Une perspective qui lui plaisait et pourtant, c'était tellement compliqué. Tellement plus qu’il ne m’aimerait. Le soupire qui s’échappe de ses lèvres et solenels, triste. Refuser n’a jamais été dans ses habitudes et il aimerait lui dire oui, pourtant, fataliste, il ne pouvait se laisser avoir par ses fantaisies au combien même il aimerait que cela devienne réalité. « On ne peut pas Jules. » qu’il souffle, la main quittant son bras pour se poser sur sa joue, caressant la peau frigorifiée. «J’aimerais beaucoup mais on nous laisserait jamais tranquille, peu importe où l’on va. » Ils seraient faciles à retrouver dans leur monde où rien ne reste secret très longtemps, où les dieux sont capables de prouesses et ou se croire plus intelligent que l’adversaire était dangereux. Ce ils dont elle parle et qui pourrait désigner n’importe qui, n’importe quoi. De Quoi a-t-elle si peur, de quoi est-ce qu’elle veut les éloigner. Encore et toujours des questions sur les lèvres, curieux Ikaar, qui ne se retient pas de demander. « Qui veut nous éloigner ? Ta famille ? » Son frère qui ne le porte pas dans son coeur peut-être, cette famille capable de tout. Comme la sienne. Le visage s’approche un peu plus du sien et un baiser est placé sur son front avec douceur, avant que les yeux ne se retrouvent. « Il est hors de question. » qu’il assure, trouvant le courage de peindre un léger sourire sur ses lèvres pour la rassurer même si l’inquiétude plane toujours. Les soucis n’était pas loin, c’est comme si il pouvait le sentir. Comme si lui aussi, était inquiet.

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR neon cathedral. & cliffs edge

L’inquiétude lui coupe le souffle aussi brutalement que l’eau qui avait prit possession de ses poumons un peu plus tôt. Comment l’admettre, comment mettre des mots dessus ? Elle n’avait pas le droit de lui dire ses intentions au moment où elle avait foulé la glace du pied, elle ne pouvait pas lui dire qu’elle avait songé, ne serait-ce qu’une seconde, que ça pourrait être la solution à ses problèmes, comme si s’ôter la vie pourrait non seulement la soustraire à sa tristesse mais aussi à ses obligations. De toute façon, Ikaar et elle avaient fait une promesse : ils ne pouvaient pas mourir, ils ne pouvaient pas se le permettre. Alors avouer qu’ellr avait failli rompre le pacte... Et puis maintenant que Jules était face à lui, elle réalise l’impulsivité, l’inconscience de son geste et tout ce qu’elle aurait laissé si Roméo n’était pas arrivé à temps pour la sauver. La couverture la réchauffe et ses membres cessent petit à petit de trembler, un peu comme si la glace s’était infiltré jusque dans ses os et commençait à fondre petite à petit.

Son esprit vagabonde à d’autres préoccupations, à d’autres rêveries, une envie de s’enfuir et de tout laisser derrière, sans que cela n’implique de s’étouffer avec l’eau glacée du lac. Mais cette utopie, cet espoir qui a à peine caressé un coin de son esprit est évidemment abattu en plein vol, Jules redescend sur Terre et retrouve brutalement leur réalité : ils ne peuvent pas. Ils ne pourront jamais. «   ... Tu as raison. » Même la main du rouquin sur sa joue ne saurait apaiser la tornade dans sa poitrine qui lui intime l’ordre de boucler leurs valises : «   Tu ne veux pas ou tu ne peux pas ? » Elle sait déjà la réponse mais au fond, elle a besoin qu’il le lui dise mot pour mot pour faire une croix sur cette idée stupide et irrationnelle. Même le baiser déposé sur son front, même toute la tendresse qu’ils se prouvent n’arrive pas à cacher sa déception, peut être une pointe de détresse dans les yeux de l’italienne : «   Tu ne pourras rien faire. » Et c’est étonnant de dire ça à un homme qui d’ordinaire pouvait avoir ce qu’il voulait d’un claquement de doigts mais il était la preuve vivante que l’argent et le pouvoir n’apportait pas le bonheur ni ce qui était réellement important. De toute façon, il fallait lui dire la vérité parce qu’il finirait par le savoir, parce qu’elle ne pourrait pas le cacher éternellement et surtout parce qu’il ne la laisserait pas partir sans explications. Autant crever l’abcès avant qu’il ne reçoive l’invitation, non ?

Ils sont face à face, dans ce cocon d’intimité qui leur était propre, que nombreux ne comprenaient pas, mais si Jules devait définir le concept de "maison", c’était la seule chose qu’elle pourrait décrire, l’intimité de leur maison, dans le confort de la chambre qu’ils partageaient quand bien même ils en avaient une chacun, le brouhaha presque inaudible de la télé en fond et des boites de livraison qui s’empilaient dans l’entrée. Leur vie, leur cocon, le royaume sur lequel ils régnaient ensemble et où leurs sujets n’étaient pas plus imposants que les plantes que Jules ramenait régulièrement. Et qui finirait bientôt.

«   Ils m’ont trouvé un mari. » Elle avait connu ce garçon lorsqu’ils étaient enfants, si elle avait su alors qu’elle finirait par l’épouser, elle aurait essayé d’être encore plus insupportable avec lui et qu’il refuse spontanément des années plus tard mais ce n’était pas le cas et elle n’avait plus le choix. «   J’ai pas le choix, Ikaar. Ils me laisseront jamais le choix. » Et comme si l’arracher à sa vie n’était pas suffisante, elle savait parfaitement que l’objectif de cette union, la finalité première, était d’avoir un héritier qui poursuive des ambitions qui n’étaient plus celles de la nouvelle génération. «   La glace... Je me suis dis que ça serait une solution. J’ai regretté à peine dans l’eau, crois moi. » Ses mots impliquent qu’elle accepte que l’idée était stupide et mal calculée, qu’il avait le droit d’être en colère après elle pour y avoir pensé. «   Tu as le droit de me féliciter, il paraît que ça se fait quand on vient de se fiancer. » Le ton est sarcastique, déchiré.

Ça fait mal de dire tout ça, c’est comme si elle tirait elle-même le trait sur leur vie bancale et sur les graines des sentiments qu’elle nourrissait pour son colocataire même si elle était dans le déni de ce qui avait déjà timidement éclôt dans sa poitrine, on les tue dans l’œuf, on remet de la terre par dessus pour oublier et ça n’a jamais existé.

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR neon cathedral. & cliffs edge

Ne pas vouloir ou ne pas pouvoir.
C’était la question à laquelle il ne voulait pas répondre, pas même une question qu’il se posait lui-même tant c’était difficile de se prononcer. Tant il était incertain de ce qu’il voulait et pouvait faire, terrifié à l’idée de faire du mal et prêt à mentir s'il le fallait.. Mais était-ce la solution ? N’était-ce pas encore pire que d’admettre la vérité que de continuer à baigner dans le mensonge, lui qui pouvait sentir les prémices de quelque chose papillonnait dans son estomac. Est-ce qu'il était prêt à mentir pour protéger ça, quitte à faire beaucoup plus de dégât plus tard ? Un nouveau soupire quitte ses lèvres et la douleur ressentie ne disparaît toujours pas.

Le mal au ventre, les doigts toujours posés sur sa joues il ne sait pas comment commencer,s'élançant sans filet dans le vide en espérant toujours pouvoir voler. « Je ne... peux pas, Jules. J’aimerais pouvoir. » difficile de formuler ça bien, incapable il semblerait de trouver les bons mots quand il s’agissait de lui, quand c’est sa vie privée qui était en ligne de jeux et pas celle des autres. Quand on lui demandait de parler de ce qu’il pouvait ressentir, un sujet toujours tabou lui qui avait décidé de ne plus rien laisser passer, ou presque et dont les pouvoirs.. Ces foutus pouvoirs, n’arrêtait pas de mettre à l’épreuve. « Je… » encore une fois il trébuche sur ses mots, refusant d’être vulnérable encore, refusant cette terrible vérité qu’il rumine depuis un moment, lui aussi. « Je t’aime. J’espère que.. que tu sais ça mais je suis. Je peux pas, je ne sais même pas si j’ai un jour su, ou si je n’ai jamais été qu’un crétin aveugle ou si je. » Il avait parlé à toute vitesse comme ça lui arrive souvent une fois que l’abcès était percé, incapable de s’arrêter jusqu’à de nouveau trébucher. « Tu ne serais pas heureuse. » qu’il conclus, faute de mieux. Ca il en était certain, partir avec lui ne pouvait pas la rendre heureuse aussi bonne l’idée puisse raisonner dans sa tête. Il n’était simplement doué pour ça, simplement capable de vivre quelque chose avec quelqu’un. Pas maintenant, peu importe le déchirement que cela produit dans sa propre poitrine de l’admettre ou de la décevoir. Brisé, c’est ce qu’il est depuis longtemps.

Il pouvait au moins la garder près de lui, comme ils l’étaient là sans rien de plus que leur présence, sans d’autres choses. Convaincu que c’était possible il a envie de protester quand elle dit le contraire, pourtant, elle avait raison Jules. Ce n’était pas possible, parce qu’on lui a trouvé un mari. L'estomac se serre automatiquement, comme frappé. D’abord par la nouvelle, puis part l’aveux désespéré qu’elle fait. Que la glace était une solution choisie, avouant le geste fou qu’elle avait commis, si bien que la remarque quand à son mariage et les félicitations requises passent complètement outres. « Tu l’as voulu ?» qu’il demande, même si il avait la réponse à la question, il ne comprenait simplement pas pourquoi. « On s’est promis de rester en vie tous les deux. C’est pour ça que l’on reste ensemble, non ? Pour survivre ? » C’était la promesse de deux désespérés pour continuer à vivre, faire un pacte leur empêchant de prendre leur propre vie. Pourtant elle avait essayé, et si je sors n’avait pas été là, il aurait pu la perdre définitivement aujourd’hui. Une idée qui suffit à agiter les nerfs, du dieu qui ne comprend pas, n’arrive pas à procéder tout ça d’un coup, toutes ces choses qui font que le paisible monde dans lequel ils vivaient allait prendre fin, bientôt. « Ils t’ont dit quand ?» qu’il demande simplement, ne cherchant même pas à savoir qui était l’élu en question, qui ils avaient décidé de choisir. Peu importe ça, c’était dérisoire.

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR neon cathedral. & cliffs edge