Ce matin, j'ouvre les yeux sur un jour naissant.
Curieusement, je ne me sens pas comme d'habitude, bien, plus léger.
Je me sens aussi libéré de la faim lubrique qui me tenaille depuis quelques années et avec laquelle je m'étais habitué à vivre.

Les cheveux de ma douce me tombent sur le visage et cela me fait sourire.
Je me retourne et m’aperçois que quelque chose ne va pas : un homme allongé dors dans le lit, à ma place habituelle. Effrayé, j'appelle :

"Preeti ? Où es-tu ?"

L'homme se retourne, des yeux verts me regardent.

Les cris effrayés me réveille en sursaut, Et tombe sur une aberration: Mon corps est devant moi, les yeux écarquillés, soudain muet, et je prend un temps pour me regarder avant de dire, pragmatique.

"Mon heure est venue? Merde. Je pensais que j'aurais tellement plus de temps..."

Mais ma voix inhabituelle me pousse à baisser mes yeux: le blanc de ma peau me fige, et je vois mon corps d'un oeil nouveau, avant de dire, fébrile:

"Oh mes dieux, Kyan... Je me suis réincarnée en toi!"

Si on est mort ensemble... J'ai dû abuser de muscade.

"Désolée..."

Après avoir douloureusement avalé ma salive et m'être écouté avec un curieux accent indien, je me rend à l'évidence.

"Preeti, c'est bien toi ?"

Je me regarde et commence un peu à paniquer avant d'avoir une furieuse envie de ... tout ranger, tout remettre à sa place, mon corps se met à fourmiller étrangement. Je regrette mes précédentes obsessions.

"Pourquoi t'excuses-tu ? Il faut qu'on règle le problème. Je dois ..."

Mon Dieu, je dois aller travailler aujourd'hui ... Mais cela me fait moins peur que le fait qu'elle-même ait une représentation de danse le soir même.

Oh non.
Ohhhh. non.

"Kyan. On est mort. Personne nous attend pour travailler."

Et si on était pas mort? La bosse dans le caleçon qui me semble si peu habituel sur moi me fait douter.

"Kyan. Dis moi comment tu te débarrasses de ça, avant qu'on voit pour ton boulot. Par pitié."

Je croise mon regard dans le miroir et reste en arrêt. Si voir mon mari était une habitude, le fait que mes gestes soient synchronisées avec son corps... C'est si peu naturel.

Je prend le temps d'essayer des mimiques, puis souris à ma...mon chéri.

Preeti est d'un calme olympien quand elle me dit sa conclusion. Morts ? Mais... non ! Surtout pas !

Quand son attention se porte sur sa... enfin ma... je ne peux m'empêcher d'avoir un rire presque hystérique.

"Avant, je serrai le poing. Mais maintenant, ça ne suffit plus. Il faut te... te maîtriser. Et dans le pire des cas... enfin tu sais."

Je me lève et remarque mon corps nu avant de bloquer sur les saris. Autant je sais parfaitement les enlever, mais pour les mettre...

Voyant le sourire de Preeti dans mon visage, cela me calme un peu.

Ma "femme" se fout ouvertement de ma gueule devant mon souci physique.
Je suis désemparée, et même si j'avais un peu "pratiqué" les gestes, le faire sur soi... C'était différent!

"Et... Tu ne veux pas m'aider par hasard?"

J'avoue que la pulsion qui me prend m'est totalement étrangère, mais tant pis: les mots sont là, et même si je connais mon corps... Mais à quoi je pense??

Je me lève d'un coup et pars vers la salle de bain.

"Je... Je suis confuse, désolée!"

Oh, Douche froide, sauveuse de la raison, guéris moi vite!

Je remarque avec panique que l'homme a un regard presque affolé. Mince voilà qu'il m'en veut à présent, pire, il fuit vers la salle de bain !

Le rejoignant sous l'eau, je remarque qu'elle est froide. Cela ne va pas être facile à dire et j'ai un élan de tendresse qui me fait me serrer contre mon amour.

"La douche froide ne va pas t'aider. Attends..."

En fermant les yeux, je m'exécute et refuse de voir ça autrement que comme une aide.

Non, le vrai problème est que ça peut calmer comme empirer.

Je me colle à l'eau gelée en espérant que ça passe, le changement de corps comme les réaction dudit corps.
Mais lorsque Kyan-Preeti me rejoint, mes efforts sont réduits à néant: J'ai de nouveau envie malgré la froideur, et je fini par mettre de l'eau normale pour ne pas glacer mon amour.

"Chéri... Qu'est ce qu'on va faire?"

Autant maintenant qu'ielle est collé à moi que dans le futur. Je ne me voit pas faire semblant d'être catholique à VIE, ni donner des conseils à sa paroisse... Ma vie me manque déjà...

"Tu te sens comment ?"

Ces derniers temps, mon pouvoir a tendance à partir au quart de tour. Pour ne pas rendre les choses plus compliquées, je la préviens :

"Si as une sensation de brûlure dans les doigts, ne touche personne surtout.

Ma pauvre chérie, coincée dans mon corps, cela doit être vraiment terrible.

"Ça va aller... ne t'inquiètes pas."

Mon propre corps ne me posera sans doute pas autant de problèmes. Enfin, si le problème est résolu avant ce soir.

Et si j'en profite pour...? Non, je n'ai plus ce genre d'obsession.

Comment je me sens?

Tendue. Bizarre. Surtout tendue...

Et cette indication sur le pouvoir...

"Et...Et Sheitan, il est avec toi?"

S'il est avec moi, je suis foutue. Mais il n'est surement pas là... En tout, cas, à part la trique je ne sent pas grand chose.

"Et mes TOCS? ça ne t'obsède pas trop?"

En réalité, je sais que s'il n'a pas l'habitude, ça risque de le démanger longtemps... Il faut qu'on parle.

"Sortons, nous devons nous concerter pour savoir les habitudes personnelles de chacun dans le détail précis. Au cas où..."

"Où qu'il soit, je vais le laisser tranquille pour le moment."

Dieu sait ce qu'il pourrait faire avec un corps de femme.

"Si, c'est assez envahissants... En fait, heureusement que tu es là."

Son idée est parfaite.

Nous retrouvons la chambre, je me retourne vers Preeti-moi pour lui demander avec une gêne à peine dissimulée mêlée d'amusement :

"Tu peux m'aider à enfiler un sari et a me coiffer, s'il te plaît ?"

Je pense que de rester nue ne va certainement pas le calmer, et moi, les cheveux en bataille ainsi ne va surement pas m'aider à m'apaiser.

Installée sur le lit, je réfléchis un moment, puis énumère:

"Le matin, Je nettoie la maison. Les TOCS vont se projetter une tâche, tu n'as qu'à te laisser guider. Quand ça ne fourmillera plus, tu seras sortie d'affaire. Et pour le sari... Watch and learn!"

Je prend le drapé en enveloppe méthodiquement Kyan-moi avec, expliquant chaque étape avant de terminer.

Puis je sors de la pièce et reviens, une brosse et un chouchou à la main.
Je fait mes gestes mais sur autrui, et forme une natte.

"Ainsi, ils ne te dérangeront pas dans la journée..."

Je fronce les sourcils. Suis-je obligé de nettoyer ? Ne pouvons nous pas simplement rester ensemble ?

Quand je me laisse envelopper dans le tissu, cela me fait rire. Un rire qui ressemble plus à un rire d'enfant que le charmant rire habituel de ma femme. Puis, la voilà qui s'affaire avec mes-ses cheveux. D'une main experte, elle en tire une natte parfaitement régulière.

"Je te remercie. Pour ma part, il n'y a rien de spécial à part mon obsession vitale pour les rapports charnels. Désolé, j'ai l'impression de te souiller avec mes pensées."

Bon. S'il n'y a que des pensées lubrique en guise de soucis... Je m'y ferais. Peut être.

"Des pensées tournées vers tous, où seulement vers moi?"

Pas questions que je pense à faire l'amour à quelqu'un d'autre: c'est peut être son obsession, mais je refuse de sortir si je prend le risque de ce genre de pensées.

"D'ailleurs, il vaut mieux prévenir la paroisse que tu es malade... Je ne vais pas jouer au prêtre et toi à la danseuse, si?"

Quel drame pour nos carrières respectives si c'était le cas!

"Toutes mes pensées sont tournées vers toi. Après, pour toi, je ne sais pas comment ça va se manifester."

Ne pas aller travailler ? Je ne sais pas si je peux me le permettre mais je ne pense pas avoir spécialement le choix. C'est sans doute plus sage, en effet, me voilà libéré de l'angoisse de devoir danser aussi bien qu'elle avec tous ces yeux qui me regardent.

"Tu as sans doute raison..."

Je me lève, résiste à l'envie d'enlever une feuille arrivée par la fenêtre, n'y résiste plus, me penche pour la ramasser ...

Bon. Au moins, ce n'était que porté sur mon corps. Etrange, dans cette situation, mais supportable.

Je exécute en prenant le numéro dans le téléphone de Kyan, puis, formulant de ma plus belle voix Kyanesque ma requête, son collègue accepte de lui laisser sa journée.

Ce n'est qu'en me retournant et constatant les gestes fébriles de Kyan-moi que j'explose de rire: la situation était grotesque, et étant débarrassée de mes obsessions, l'image de moi-même pouvait vraiment être drôle.

"Désolée mon chéri, je ne me rend compte que maintenant du ridicule de ma situation."

C'est à son tour d'être moqueuse.
Mon regard se pose un peu plus loin où un livre a besoin d'être remis à sa place et où une tâche invisible m'obsède.
Je souris intérieurement. Si on reste à la maison et que ma femme ne veut pas m'aider, autant jouer...
Je m'approche de moi-Preeti innocemment et caresse son bras. Si elle est aussi sensible que moi...

"Il n'y a pas de mal, mon amour. Et toi, tu tiens le coup? Tu n'es pas trop... tendu ?"

Ma main vient monter sur son bras et effleurer son épaule.

Mon rire reste bloqué dans ma gorge. La levée du matin si bien retombée revient au grand galop, et je panique: je vais quand même pas...?

Mes yeux paniqués cherchent alors un moyen d’arrêter ce qui est en train de se passer, et finissent par tomber sur...

Je fais tomber doucement le livre qu'elle a regardé si longtemps, puis m'enfuis en poussant un rire bien plus sonore que celui dont j'ai l'habitude, en tripotant les vitres sur mon chemin. Je gagne du temps, mais maintenant il me faut me débarrasser de... mon gonflement du pubis.

"Nooooon..." je dis d'une voix plaintive alors que les pages choient sur le sol. Je le ramasse précipitamment et essaye de retirer les traces des vitres avant de me rendre compte que j'empire plus que je ne nettoie.

Elle veut jouer ? Soit.

Je détache un pan de mon sari pour finir de nettoyer ma bêtise, ce qui me donne une idée...

Allègrement, j'exhibe un sein et me place devant mon moi-Kyan en me caressant négligemment.

"Tu veux faire la guerre ?"

Là-dessus, je passe la pointe de ma langue entre mes lèvres, provoquante.

Sa lamentation me fait glousser et je me retrouve dans le salon, regardant successivement chaque objet susceptible de la rendre maniaque.

Mais il faut croire que ma technique n'est pas assez offensive, parce que non seulement elle descend, mais en plus elle joue de ses charmes.
Mes pensées ne peuvent pas s'empêcher de retourner vers la peau nue, la provocation si séduisante...

Je ferme les paupières douloureusement, avant de prendre mon chéri dans mes bras, soufflant à son oreille:

"Ce n'est pas très sympa de faire ça à son mari... Je devrais te rouler dans la farine..."

Dans ses bras, je parviens à me détendre un peu avant qu'une obsession ne refasse surface.

"Pardon, j'arrête. Tu... tu as déplacé des choses ?"

Je regarde partout mais je ne parviens pas à savoir si tout est à sa place.

"Sérieusement, comment tu fais pour penser à autre chose ? Ça va passer si on sort ?"

Se changer les idées, juste un peu...

Je remarque que moi-Kyan a l'air de supporter plutôt bien sa nouvelle condition. Preeti est-elle soumise si souvent à ma tentation pour être tranquille dans sa vie privée avec moi ?

Je ris mentalement à son air inquiet, puis passe mes doigts dans ses cheveux.

Putain.

L'effet que ça me fait quand je glisse ma main dedans...Je dis pour penser à autre chose:

"Je n'ai rien déplacé, chéri. Et je pense à autre chose... Quand le ménage est terminé. Mais j'ai le bénéfice d'avoir vécu avoir pendant deux ans. à force d'habitude..."

Sortir?

Je regarde en biais ma bosse revenue, et souris:

"La sortie, on verra ça plus tard!"

Je glisse mes mains derrière son dos et ses cuisses, puis la soulève: Direction le lit!

Je vois mes yeux de ma chère et tendre s'embuer un instant avant d'être soulevé du sol et rapporté dans la chambre.

Suis-je vraiment prêt pour ça ? Je sais que je l'ai cherché mais ... Je vais me dire que c'est une occasion assez unique pour savoir comment m'améliorer par la suite. Contre ma jambe, je peux sentir à quel point j'ai dérapé.

Me faire prendre par un homme ... Et pas n'importe lequel ...

Je met mon cerveau en pause. Il n'est plus temps de réfléchir.

"Voyons ce que tu vas me faire alors."

Je la dépose lentement, puis me retrouve les bras ballants: j'ai envie de "lui", mais... Comment s'y prendre??

Je le regarde et fait une moue désolée:

"Je suis vierge, et ne sais pas par où commencer. Et puis... Il faut que tu le veuille aussi!"

Après tout, ce n'était pas acquis que Kyan veule se faire prendre, même doté d'un lutin...

Je me met près de lui, et caresse doucement sa peau avant de l'embrasser. être de l'autre côté du miroir est si étrange...

Et nous ne savons pas comment en sortir d'ailleurs...

Pendant un moment, j'ai craint qu'avec notre jeu et son obsession, Preeti ne s'y prenne avec un peu trop de passion. Mais au dernier moment, elle s'arrête et hésite.

A son explication, j'ai un rire incrédule. Elle ? Vierge ?
Cependant, j'apprécie beaucoup sa considération et cela me met en confiance. Son baiser fini de me convaincre, de doutes façons, je ne pourrai pas penser à autre chose à cet instant.

Pour elle, ce doit même être pire.

"Je ne peux sincèrement pas te donner de conseils, à part de me faire ce que tu aimes que je te fasse."