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Vies minuscules | Lise&Chase

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Vies minuscules | Lise&Chase - Lun 14 Mai - 20:25


 


Tant d'heures de détresse assidue valaient d'être vécues pour cet instant là.


Il prend de l’élan, saute, tire sur ses bras, se hisse comme il peut. Il pousse encore un grand coup, puis se laisse tomber de l’autre côté du mur en brique qui salira son tee-shirt blanc.
Et il repose le pied de l’autre côté, haletant et visiblement inquiet qu’on l’ait vu faire, parce qu’il faisait encore plein jour et qu’il ne s’habituerai jamais à faire ce qu’il était en train de faire. Le mur. L’école buissonnière. Le petit toutou de Dante. Ça dépendait de comment on voyait les choses. C’est vrai que c’était son idée, mais Chase n’était pas le seul à se retrouver embrigadé dans toutes ces histoires, il y avait Lise. Elle jouait toujours un rôle prédominant dans la déculpabilisation des bêtises que pouvait faire Chase, parce que si elle acceptait de participer c’est que ce n’était pas si terrible.

Alors Chase frottait son tee-shirt pour en élever la poussière et la crasse arrachée au mur qu’il venait d’escalader, encore un peu trop inquiet pour profiter de la dose d’adrénaline qui parcourait ses veines. Il lui en fallait peu pour se sentir rebelle, lui qui était tellement sage. Mais aujourd’hui il faisait tellement beau. En plein mois d’avril, le Soleil était venu leur réchauffer les cœurs, les corps et les esprits, les démotiver à l’idée rester à l’école. Et Dante, avec ses idées parfois farfelues, souvent pas trop mauvaises, fut l’étincelle qui fit déborder le vase et qui les motiva à aller tous les trois à la plage, profiter de cet après-midi qui leur permettait de déroger à la règle du « en Avril, ne te découvre pas d’un fil ».

L’adolescent avait accepté, uniquement parce que cet après-midi-là il n’avait que cours d’espagnol. Il parlait déjà espagnol, parce que ses parents, sa mère notamment, ne parlaient presque qu’espagnol. Alors forcément, ça aide. C’était à se demander comment elle avait fait pour se débrouiller si longtemps à Arcadia, seule et étrangère, avant de rencontrer son père.
Pour répondre à cette question, il n’y avait bien que l’oncle de Chase, Joaquin, mais celui-ci entretenait une relation compliquée avec les Ulibarri. Soi-disant il traînait dans des affaires louches, les gangs latinos et tout ce qui allait avec. Ça le rendait bien triste, Chase, parce que c’était de lui qu’il était le plus proche, et ses parents voyaient alors d’un mauvais œil que le jeune homme passe du temps avec son oncle. Et pourtant, il était la seule personne de sa famille à qui il pouvait tout dire, avec qui il pouvait parler de tout sans exception.

Ces seuls autres confidents, c’étaient Dante et Lise. Amis d’enfance à qui Chase confierait sa vie sans se poser de question. Et perdu dans ses pensées au point de ne pas voir les minutes passer, il les attendait. Se dire qu’ils arriveraient bientôt et que Chase ne serait pas le seul à se faire attraper, ça le rassurait un peu.
Et tandis qu’il commençait à faire les cent pas, une tache de rousseur apparu dans son champ de vision. C’était Lise, un peu en retard mais quand même là.
« Ah bah enfin ! Je commençais à me dire que tu t’étais faite attraper ! » fit-il à la jeune fille, pas trop fort non plus parce qu’il ne voulait pas se faire entendre par les mauvaises personnes (c’est-à-dire les professeurs et autres surveillants). Sur son visage, un large sourire satisfait à l’idée de l’après-midi qu’ils allaient passer tous les trois au bord de la mer.

« Tu sais où es Dante ? Imagine si lui s’est f-…
-Hé ! Qu’est-ce que vous faites ?! cria une voix derrière eux, sortant de leur lycée et se dirigeant vers eux. Un professeur, qui avait dû voir Lise s’échapper.
-Merde ! Qu’est-ce qu’on fait ? On cours ? demanda Chase à Lise. A tous les coups, l’adulte n’aurait pas envie de se fatiguer à les suivre, sauf si c’était un professeur de sport, là ils seraient peut-être dans la merde. Lise ?! »

© Frimelda, sur une proposition de © Blork
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Vies minuscules | Lise&Chase - Mer 16 Mai - 20:02

amongst the living ✻ Lise était moins excitée à l'idée de passer son après-midi au bord de l'océan que de passer l'après-midi simplement avec ses deux meilleurs amis. De ces idées loufoques de Dante de faire l'école buissonnière. Encore. Et encore Lise et Chase acceptent. Les inséparables. Lise l'intrépide n'a pas réfléchit à deux fois. Quand on lui propose de faire autre chose que de mourir en cours, bien sûr qu'elle signe. Et Dante a surement profité de cette faiblesse un peu trop souvent. Il faut dire que Lise a toujours négligé l'école. Pas parce qu'elle n'aime pas ce qu'elle y apprend, mais parce qu'elle apprend mieux seule. L'éternelle autodidacte qui préfère de loin s'orienter au jour le jour vers ce qui l’intéresse à l'instant t. Et autant dire que le cours de maths l’intéressait moyennement aujourd'hui. L'indécis Chase quant à lui tentait de la convaincre qu'il était mieux de suivre les cours même si elle n'aimait pas ça, mais la rousse avait eu le dernier mot. No lo necessitas, ya lo sabes. qu'elle lui avait glissé furtivement avec un coup de coude pour le convaincre de sécher son cours d'espagnol. Même elle avait retenu de quoi dire quelques trucs alors clairement il pouvait bien s'octroyer un moment tous les trois.

Lise longeait le mur avec toute la discrétion qu'elle était capable de rassembler, autant dire pas énormément. Et déjà le point de rendez vous se profile sous ses yeux tandis qu'elle semblait être sortie de tout radar. Elle prend un peu d'élan pour grimper avec la grâce qu'elle n'a pas, le pied loupe l'appui et elle se rattrape de justesse, s'écorchant la main et soufflant de toute sa mauvaise foi. L'on pouvait presque croire qu'il s'agissait là de la première fois qu'elle escaladait le mur, alors que pas du tout. Lise n'a pas l'agilité innée et la synchronisation n'est pas non plus toujours au top et elle pourrait tomber des manières les plus idiotes possibles. Lorsque ses pieds s'écrasent enfin de l'autre côté du mur Lise est rassurée de voir que Chase est déjà là. Qu'il a préféré la sortie à l'appel de sa langue maternelle et ça lui fait plaisir, bien plus qu'il ne peut l'imaginer. Il la réprimande un peu, elle le tape sur l'épaule. "Je fais ce que je peux hein." Il valait mieux pour tout le monde qu'elle mette un peu plus de temps à organiser son évasion qu'à la bâcler et risquer d'être prise la main dans le sac non? Le principal était qu'elle est bel est bien là. Contrairement à un certain planificateur. Tandis que Lise trépignait d'avance d'impatience et se mettait à s'agiter, une voix s’élevait dans leur dos. Elle se cachait instinctivement derrière le mur en ouvrant grand la bouche. Est-ce qu'elle avait été vue sortir finalement? "Il m'a dit de partir devant, qu'il devait voir un truc avant. Mais je pensais qu'il serait quand même arrivé avec moi". Ce qui n'était pas le cas. Dans l'absolu, Lise avait plutôt envie de prendre ses jambes à son cou et quand Chase insistait un peu plus elle n'y réfléchit pas à deux fois. "On cours" qu'elle lui lâche avant de se mette elle même à courir. Elle traînait un peu derrière Chase pendant plusieurs mètres jusqu'à ce qu'ils ralentissent le pas, visiblement assez loin du lycée pour se détendre un peu. Elle en profite pour sortir son portable, se remettant tout doucement de cette séance de sport improvisée. "Il s'est fait gauler un peu avant qu'on viennent nous gueuler dessus."

Il n'en était pas pour autant questions qu'ils rentrent tous les deux chez eux à rien faire. Une fois arrivés au bord de l'eau, Lise sort une couverture son sac et l'étale sur le sable avant de s'y laisser tomber. "On va profiter quand même" qu'elle murmure en soupirant. "Autant doublement savourer puisqu'on est pris de toute façon". A eux la colle de deux heures le lendemain. Et parce que Lise s'était déjà fait un peu trop de films sur cette sortie à trois elle sortait un tupperware avec des parts de gâteaux et une bouteille de soft qu'elle tendait à Chase. "Aller à nous, au moins on aura plus de gâteau"
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