Mignon rétamé aux suées de la chiade érotique des corps. Narcose balourde de la carcasse savatée aux véhémences. Le canevas pique encore tandis que la charpie suintante se fait la nique hors du pageot ronflant, tout arpion au-devant. Les frusques rhabillent sa chair, bidoche tatouée de floraisons et bine percée qui lardent le reste de fiole candeur étiolée. Son nonchaloir fait grincer la nuit, inquiète les ombres encerclant l’homme encore enfant. Bovin, l’œil sonde et l’artère enfle sur la colonne de l’enragé draconien au mutuel crépuscule. De l’ensuqué cerbère il n’en garde que les bouffissures de sa chair, ses palabres rosses et son maelstrom fébrile. Débris libidinaux d’un objet de souillure octroyé contre quelques billets et que l’on s’accorde à couronner de ses grognes et frustrations. Fidèle au manque de modération dont peuvent faire preuve les hommes, lui, babiole de leurs jouissances mutiques de derrière leurs lippes scellées, centaines de faciès burinés succédés à l’abri d’un marbre crasse.
Du miel de leur nuit la flamme est ressortie vacillante, interrogeant les tissus rompus sous lesquels elle gîte, tantôt investigatrice ou terrifiée par l’inexplicable. Son esprit vif, son charme baigné de sa gaieté exubérante comme insouciante s’étaient figés d’un calme insolite face à sa figure brune et mâle. Diablerie cabalistique qu’une parfaite régularité des traits communique à de jeunes visages, timbrée d’échos doux et mourants au creux de son labre dopant. Ou alors était-ce le brouillard écarlate voilant l’abbatiale avilie de sa cabèche par ses sucs psychotropes faisant de lui un pantin désarticulé soumis à la volonté de ses pognes et la pesanteur de son poitrail de gaillard râblé. Car au matin les allusions de la veille ne semblent qu’être traces d’une odyssée bonnarde, bien que démunie de ses propres déterminations.
Et si les remugles sont encore embués de grosses ses chatoyants yeux clairs le rappel de la veille ne lui paraît guère insupportable, paré d’une dualité rognée au rang des ivresses charnelles d’un maître impérieux et éphémère, d’un lascar aux liqueurs anatomiques d’un brin divin. De celles qui paument âme et carcasse à l’éclipse de la pleine conscience. Et c’est dans la pensée que le trottoir se regagne au nœud des éclats de voix, approchant une maisonnée surannée, ripant sa carne à travers l’entrée graisseuse. Les pièces se succèdent jusqu’aux tréfonds de la demeure, grimpant à l’échelle d’acier qui s’appuie de son dernier échelon au parquet d’une vaste salle circulaire sans communication vers l’extérieur.
« Lakshan. »
La petite bête pérégrine, fend la place à pas quiets, jusqu’à l’occupant, annonçant le clairon de sa venue de son labre squetté.
« Je crois que j’ai trouvé quelqu’un pour t’aider. »
L'hybris poussé à son paroxysme et après trois jours entiers dans le coma, Lakshan a finit par se réveiller. Il avait porté sa carcasse alourdie, faible, affamé, et avait passé de bonnes heures à taire ces migraines. La souffrance qu'il endure, cet hybris, il y avait de quoi devenir fou. C'est plongé dans un état dépressif que Lakshan redevenait quelque chose qui lui ressemblait, le visage livide reprenait des couleurs à coups de vitamines, les muscles s'étaient vivifiés par un bain. Et il retrouvait le monde, il reprenait contact avec lui comme s'il avait dormi des siècles durant. Quel jour sommes nous ? Quelle heure est il ? Le courrier s'était amassé, le journal lui avait permis de connaître les nouvelles du monde, et la tempête qui avait sévi pendant qu'il avait hiberné. Résultat de ces nuits de recherche à agrandir ses connaissances, la méditation lui avait permis d'accéder à d'autres stades de connaissance, il les avait assimilées comme l'on gave une oie. Le prix à payer pour la connaissance n'avait jamais été aussi difficile. Lakshan se réveillait dans la crainte qu'un jour les limites dépassées le plongent dans un coma si important qu'il finisse par en mourir dans son sommeil. La fatigue cernait son visage, il avait dormi deux jours, il avait encore sommeil, enfermé dans un cercle vicieux. Sa table de chevet présentait tout un tas de cadavres médicamenteux, rien ne fonctionnait, plus rien. Attablé avec son riz pour se remplir le ventre, Lakshan se tenait la tête et aurait voulu se frapper pour résister encore à l'envie de dormir. Il se frotta les yeux, poussé à bout une fois encore.
Il avait besoin d'une solution, il avait d'abord besoin de se réveiller pour de bon.
Que faisait il de mieux, Lakshan ? Travailler, se concentrer lui permettait d'oublier tout besoin humain qu'il s'agisse de la soif, la faim ou le sommeil. Il s'était alors enfermé là après avoir été prier Shiva, il avait sorti les derniers enregistrements de son ordinateur relié ) son télescope pour étudier les cartes et les changements du ciel. Sourcils froncés, chakras reboostés, Lakshan ne vivait plus que pour cela, le travail, la connaissance du monde, de son essence. Ce revenait et il échappait à deux jours de plus de sommeil. L'hybris s'était endormi mais il reviendrait à coups de matraque dans la figure. Et alors l'arrivée de khan avait changé ses occupations, pour son plus grand plaisir car il n'y avait pas moment plus agréable qu'en la compagnie d'une personne que l'on apprécie. L'identité divine lui avait été dévoilée, l'amitié unissant les cœurs, Ganesh avait trouvé un allié de confiance en lui et n'avait pas hésité à se présenter officiellement. Bien plus au delà de son apparence désabusée parfois, Khan était un dieu à n'en pas douter. Kama, il avait le regard et l'allure extravertie de Kama. Et quand le réveil secouerait son esprit, Ganesh serait à ses côtés pour le guider. Voilà comment il le percevait.
« Namaste mon ami. » Un sourire, mains jointes, il était toujours le bienvenu entre ses murs, n'y avait il déjà pas trouvé refuge à plusieurs reprises ? Lakshan a toujours été un homme généreux, mais d'autant plus lorsqu'il s'agit de personnes liées à son panthéon. Lakshan se leva, laissant de côté ses plans de voûte céleste de pirate du ciel à la recherche d'un trésor pour l'accueillir. Les visites à l'improviste n'étaient jamais ce qui dérangeait l'indien, Khan était ici chez lui qu'il s'agisse d'un toit ou dormir, d'un coin paisible ou prier. Mais les mots crevant de nouveau le silence vinrent à interpeller le scientifique. Par l'aider, Lakshan savait bien évidemment de quoi il parlait ; cela avait été au centre de nombreuses conversations ; l'hybris prend en otage tous les dieux, et parfois ils sont plus handicapants. Le regard plongé dans celui de son ami, une main bienveillant se pose sur cette épaule. Tout un tas de questions défilèrent dans l'encéphale éreinté, l'endroit n'est pas bon pour cette discussion, il doit avoir trop de choses à lui dire. Lakshan l'invita donc à le suivre jusqu'au salon où derrière le comptoir de la cuisine il lui prépare un thé aux effluves épicées et familières.
« Est ce que l'état physique dans lequel je te retrouve y est lié Khan ? » La voix grave recouvre la vaste pièce à vivre. Si cette solution l'intéresse, l'état de son ami le soucie davantage. Il ne faisait pas d'hypothèses, mais Khan donnait l'impression d'avoir vécu une soirée mouvementé et quelque peu violente à en juger les quelques marques imprimées sur son visage. Il ne s'agit visiblement pas de coups, motivés par la haine ou de porter atteinte à lui même, c'était tout à fait étrange. « Si tu te mets en danger c'est non. »
