Je sens sa vivacité m'envahir
"Vous aider ? Avec plaisir !"

Dans mon travail, c'est l'unique chose pour laquelle je vis
Aider les autres, voyager, découvrir... j'en suis épris
Et si je le fais sans prêtrise
Au moins aurais-je la foi

Sa réponse me laisse sur ma faim
Mais je l'accepte cependant en fin

"J'ai tout juste trente ans.
Et toi ?" Ce n'est qu'une enfant
Je m'en aperçois maintenant

Je pense à ma nouvelle question
"A quel point aimes-tu danser ?
Te voir m'a fait rêver."

Dehors, la pluie devient mousson

100 mots

"L'annuler ? Vous voulez vraiment que je reste ?"
Voilà bien une nouvelle étonnante
Formulée avec une volonté envoûtante
Je ne repartirai donc pas de suite vers l'ouest

"Sur scène, environs vingt ans
sur vos traits, seize"
Mais dans ses yeux adolescent
Il y a une détermination qui pèse

Je déplore qu'elle ne soit pas libre
Malgré sa passion qui vibre

"Je suis un prêtre catholique"
Je répond, attendant la critique
"C'est le seul moyen que j'ai trouvé
Pour venir en aide aux gens sans les tuer."

"Où vous vous voyez vous dans cinq ans ?"
Je demande innocemment

"Entre ne pas vouloir partir
et savoir que quelqu'un nous retient
Il y a une différence, c'est certain
Rester me fera d'autant plus plaisir !"

Devant son désarroi, je précise
"Oui, c'est un compliment
Vous respirez une jeunesse qui déguise
Un sacré tempérament
Que l'on ne trouve pas chez les enfants"

J'écoute la réponse, attentif
Encore et toujours la danse
Dite comme une évidence
Résultat d'un amour intensif

Un silence lourd et pensant nous entoure sans condition
Doucement, je la regarde attentivement
Et demande au bout d'un long moment
"Alors, Preeti, votre question ?"

Cela me ravi que ma présence lui plaise
Au moins, j'aurais un guide, une amie
Qui me fera visiter les coins de Varanasi
L'un avec l'autre, nous sommes enfin à l'aise

La question m'est retournée
Je répond avec difficulté

"Si je reste ici, mon avenir n'est plus certain
Quitter mon église, devenir humanitaire à temps plein ..."

Sa question suivante me raidit d'un coup

"Pas encore, je l'avoue
Et vous ?"

J’hésite à demander ce qui me brûle les lèvres
Mais ma raison demande une trêve

"Aimeriez-vous être libre de vos passions ?"

Sur le coup, je ne comprends pas
"Mais je ne renie pas mes vœux !
Je peux devenir un catholique même en ces lieux"
Seule mon église restera derrière moi

C'est vrai que les mariages arrangés sont courants
Sans doute même que Preeti à beaucoup de prétendants

La réponse donnée est certainement la pire :
Elle n'a même pas pris la peine d'y réfléchir

"Même s'il s'agit d'un pays fascinant
Pour des humanitaires, il est facilement effrayant
Les volontaires ne se trouvent pas facilement"
Une seule interrogation me vient, étrangement

"Avez-vous déjà un fiancé ?"

"A New-York, dans ma ville
Mais ici, je peux certainement en trouver"
Ma décision ne tient qu'à un fil
Et elle me donne les ciseaux pour le couper

"Pouvez-vous me parler de l'association ?"
Mince, je viens de gâcher une question
Alors que j'aurai pu moi-même trouver cette information

Elle m'apprend qu'elle s'y rend régulièrement
Cette idée suffit à me rassurer complètement

J'ai très envie de demander aussi :
"Comment cela se passe pour être votre futur mari ?"
Voilà, finalement, c'est dit
Et je n'en suis même pas contrit

L'association s'occupe d'enfant ?
Je ne peux réprimer un sourire de joie
Qu'importe l'église dans laquelle je vis ma foi
Tant que je peux m'occuper de petits, indubitablement

"Tu m'as convaincu, très chère. Félicitation
Je reste ! Je pourrai être professeur d'anglais
Ou bien assurer le transfert de dons"
En fait, cela m'assurait un avenir parfait

Une nouvelle question vient :
"Rien de particulier
Je veux juste aider
Et faire ce qui est bien."

"L'amour n'entre donc pas en compte ?"
Seule une petite amitié
La chance, l'argent à ce qui se raconte

"Ce serait avec plaisir !"
Voir cette femme quotidiennement
Me remplirait d'enchantement
Une opportunité que je dois saisir

"Alors je vous souhaites de tout cœur
D'avoir un mariage d'amour
La vie, ça se savoure
Et je ne souhaite que votre bonheur.

L'argent et l'accord des familles viendront plus tard."

En prononçant ces mots, je me suis approché
Comme s'il s'agissait d'une confidence
Étrangement, j'éprouve de la confiance
Alors que je ne la connais que depuis deux journées

"Êtes-vous heureuse ?"
Est la seule question qui m'est venue
D'une manière totalement incongrue

Preeti a l'air joyeuse
Et cela est contagieux
Me voilà parfaitement heureux
De cette proposition audacieuse

La réponse me plaît
Même si elle me laisse songeur
De son bonheur
Serais-je un acteur ?
Qui sait ?

"Heureux de mes choix ?
Bien sur, ils m'ont menés jusqu'à toi"

Les voies de Dieu sont impénétrables
Surtout s'il s'associe avec ses semblables

"Pourquoi m'as-tu regardé
Juste avant de danser ?"
La question m'a totalement échappée
Mais de la réponse, je suis très intéressé

Son regard hypnotisant
Sur quelqu'un d'autre
Et il en aurait été autrement

"Je voulais parler de la première fois
Tu as eu une sorte de blocage
Comme si tu m'avais reconnu, moi"
Et un feu en moi se propage

Quand me viennent ses doutes
Je souris et insiste vivement
"Bien sur que si ! Tu as croisé ma route
Et j'ai un but dans la vie à présent."

Ses yeux rougissent
Est-elle triste ?

"Tu veux rester dormir ici ?
Je te préviens, je n'ai qu'un lit"

C'est étrange
Cela ne me dérange pas
Et alors que passe un ange
J'ai peur de l'avoir mis dans l'embarras

Je m'apprête à répondre quand je vois ses yeux se fermer
Décidément, la journée et mes questions ont du l'épuiser

C'est alors qu'elle se serre contre moi
Et m'emprisonne de ses bras
Ne sachant que faire, je reste là
Finalement, elle sombre, et moi, je fais quoi ?

De stupeur, je passe à l'attendrissement
Voyant son sommeil qui est devenu nécessaire
Et je m'allonge très lentement
Alors que ses bras se serrent

Nous restons donc tous les deux
Elle contre mon torse, apaisée
Et je prie très fort mon Dieu
Pour que rien ne vienne nous déranger.

Mon esprit n'arrive pas à se détacher
De cette matinée pleine de douceur
Où peut nous importait l'heure
Un sourire à poussé à peine éveillé

Bien entendu, je suis allée la voir
Me délecter de sa danse tous les soirs
Et apprendre assidûment l'hindi
Pour parler facilement avec Preeti

Mes affaires réglées
Ma chambre rangée
Voilà enfin ma compagne inespérée

J'ouvre la porte et dit
"Pourquoi ce doute soudainement ?
Jusqu'au bout du monde je te suis"
Je suis amoureux d'elle, c'est évident

J'ai décidé de faire ça dans les règles
Mais de ne plus perdre mon temps

Pour la première fois de ma vie
Je me laisse totalement guider
Dans la rue comme dans mes envies
Je sens ma main dans la sienne se serrer

Le repas se fait dans la bonne humeur
Aucune hésitation se lit sur son visage
Et avant que nous ne changions de paysage
Je nage déjà dans le bonheur

Voilà que le jeu reprend enfin
Sur une question attendue
Notre soirée, comment l'ais-je vécue ?
"Ne t'en fais pas. C'était très bien."

De ne pas se réveiller seul
Et de voir un sourire dès le premier coup d’œil"