My fingers claw your skin, try to tear my way in. You are the moon that breaks the night for which I have to howl
Et voilà que l'on s'excuse l'un et l'autre. La situation est vraiment bizarre, jusqu'à ce que le prêtre m'explique qu'il a lui aussi ses péchés vis à vis de moi. La surprise est si grande qu'après un instant de silence, je pique un fard. Mes yeux pleurent, et je ne sais pas si c'est la tristesse passée où le soulagement présent qui en est la cause.
Kyan m'envoie un sourire si tendre que je sent mon coeur fondre, et quand il me serre contre lui mon corps reprend enfin vie.
Ses doigts passent sur mes lèvres si intensément que ça eveillerait presque le désir enfouis depuis si longtemps. Le temps s'est arrêté à dix heures huit, ce matin, pour la première fois de ma vie. Tout est doux chez lui, son regard, ses doigts, ... Et bientôt ses lèvres prennent la place des doigts, comme des ailes d'un papillon en quête de sucre, puis le contact devient plus concret, et une chaleur inhabituelle descend de ce lien si charnel pour m'immerger dans une vapeur réconfortante d'amour et de désir.
Un murmure se fait entendre au milieu de notre étreinte, et je ris doucement sur ses lèvres avant de lui dire, la malice dans les yeux:
"Et toi, tu veux vraiment te lancer dans ce genre de relation avec moi? Après tout, mes dieux s'en moquent de ce que je fais!"
Je sens mes mains contre sa peau, nos lèvres qui se cherchent, je sens aussi ses mains sur mon visage, derrière ma nuque, dans mon dos. Mon corps est tellement parcouru de vibrations que j'ai presque peur de m'évanouir.
Preeti Sita a fait de moi un être de chair et de désir. Étonnamment, je pensais que si ça m'arrivait, je serais rongé de remords. Bien au contraire, j'ai l'impression d'être enfin à ma place dans mon corps.
"Je m'expliquais avec Dieu en temps voulu. "
Par contre, cette idée concrète de relation vient s'immiscer entre nous. J'ai des inquiétudes réelles à ce propos. Je baisse un instant le regard et me recule de quelques centimètres.
Preeti. Avant que je ne réponde à ta question, il y a deux choses que j'aimerais que tu saches. La première est que même si je n'ai pas de problème de moral, il n'en va pas de même avec ma communauté. J'aimerais que ça reste encore entre nous pour le moment..."
Était-ce réellement ça que la Déesse mérite ? Une relation cachée comme si elle était honteuse ? La seconde révélation était beaucoup plus sensible mais il est trop tard pour ne pas en parler...
"Bon, la seconde chose est plus personnelle... Je n'ai aucune expérience dans les relations amoureuses... je risque de faire pas mal de bêtises... comme celle que je viens de faire sur le canapé. Pour dire les choses simplement, il y a beaucoup de choses avec lesquels je ne serais pas à l'aise... si tu vois ce que je veux dire..."
Je lui demande d'avoir une patience d'ange avec moi. Si elle accepte, je sais que je ferais tout pour elle.
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Je pose mon visage dans son cou. Tout est rassurant, calme, serein. Le stress ne me fait pas de mal quand je suis avec cet homme. Les dieux m'envoient peut être un signe ?
"Je pense que les miens sont d'accord, je n'ai jamais été autant en harmonie dans mon corps et mon esprit. Le tien est si dur à contenter par rapport !"
Il se recule, et ses yeux sont baissés. Je lui met la main sur la joue, les yeux inquiets. Je m'apprête à lui demander le problème, lorsqu'il m'expose ses conditions.
La première me refroidi. Un secret?
"Je veux bien... Un moment. Cependant si cette situation n'a pas de fin ... ça ne fonctionnera pas, et je souffrirais. Alors... Juste un temps. Ça te va ?"
Première concession de ma part. Je ferais ce que je pourrais. En espérant ne pas souffrir. La seconde...
"Je n'ai jamais eu de relation amoureuse non plus. En soi, je ne connais rien à l'amour. Je sais vivre avec quelqu'un. On fera à notre rythme, je suis déjà heureuse si tu dis oui..."
J’acquiesce à sa première concession comme un enfant. Très franchement, si je pouvais être précis sur le temps que ça prendrait, je le dirai tout de suite. Il me faut le temps de faire mes preuves auprès de cette nouvelle communauté et demander une bénédiction à l'évêque. Une fois que ce sera fait, je serai libre d'aimer comme un homme.
"Je suis désolé de t'en demander autant... Je te promets que ce ne sera pas long. Le moins long possible."
Sans doute que j'aurais pu ajouter que cela ne concernait que mon propre cercle et qu'on pouvait vivre au grand jour devant n'importe qui, mais je sais d'instinct que ce n'est pas ce que souhaite Preeti. Je préfère me concentrer sur mes efforts pour raccourcir ce temps au minimum.
Pour la seconde révélation, Preeti me prend de court. Jamais eu de relation amoureuse ? En un sens, elle disait vrai, mais elle n'avait pas saisit le sens que je voulais donner à mon inquiétude. Avant de préciser, une idée très agréable me traverse l'esprit, serais-je après tout, son premier amour à elle aussi ?
"D'accord. Pour parler concrètement, je voulais dire que je n'ai jamais eu de relations charnelle avec qui que ce soit. Tu es la première personne de ma vie que j'ai embrassé et tu seras certainement la dernière. Je sais qu'il est important pour les gens aujourd'hui d'avoir des relations satisfaisantes.... sensuellement parlant. C'est quelque chose que je ne maîtrise pas du tout, je risque de faire des erreurs, de dire des choses qu'il ne faut pas... Il va falloir que tu me guide."
En disant ces mots, j'ai peur de ne plus paraître viril aux yeux de ma belle.
Ma belle ... Ma femme ... Ma Déesse ...
Je me penche à nouveau sur elle pour l'embrasser, cette fois, je sens une chaleur monter, une envie, une attirance puissante. Encore une fois, je serre Preeti contre moi, basculant sur elle dans son canapé. Je sens nos caresses devenir plus fougueuses. Mes bras se serrent autour de son corps en une étreinte forte comme si je n'avais peur qu'elle ne m'échappe à cet instant. Avec une telle passion, à nouveau un désir bien physique se met à monter. Cette fois, il est impossible qu'elle ne l'ai pas senti. Je me redresse légèrement, les yeux remplis d'embarras.
"Mon Dieu, je suis désolé à nouveau. Écoute, je vais prendre une douche glacée et je reviens. Ça t'évitera de sentir ... Enfin... Ça m'évitera de ... D'accord ?"
Si je suis tellement émotif au moindre contact, je ne donne pas cher pour ce qui va se passer plus tard, et en même temps, cela m'intrigue plus que je n'ose me l'avouer. Je pense que je vais devoir demander à Sheitan quelques conseils.
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Je réfléchis à la situation et après un instant de silence je pose les yeux sur mon élu :
"Et si..."
Non. L'idée était stupide. Les choses ne se passait pas comme ça dans ce monde.
"Alors... Je te fais confiance. J'attendrais !"
La question était donc sexuelle. Mon regard se fait tendre, et je glisse ma figure dans son cou, le parsèment de petits baisers comme autant de graines que l'on plante. Je remonte jusqu'à l'oreille, et glisse:
"Tu es parfait comme ça. Je t'apprendrais ce que tu voudras apprendre. Il n'y a pas de bonnes façons, juste communique avec moi et tout sera toujours pour le mieux, d'accord ? Je suis flattée d'être celle que tu aimes."
Doucement, Kyan m'embrasse et bientôt je me retrouve sous lui. Ce n'est plus mon visage qui chauffe, c'est ma peau, au bout des doigts, sur les lèvres, les paumettes, au creux des reins, dans mes cuisses... et je sens que la chaleur qui enflamme mon corps enflamme aussi celui de mon élu. Son regard rencontre le mien, et j'y lis de la gène. Cela me peine un peu qu'il le vive comme ça, mais je lui murmure :
"Fait comme chez toi... Mais n'ai pas peur de ce que tu pourrais éprouver envers moi, parce que j'éprouve la même chose vis à vis de toi...
Je lui fais quelques caresses, puis rajoute en riant:
Je reste un instant à regarder Preeti, toujours allongé sur elle dans le canapé. Elle ressent la même chose pour moi ? C'est étrange mais si je me met à sa place, le fait de sentir qu'elle éprouve de l'envie pour moi ne me gênerait pas. Au contraire, cela serait assez flatteur. Mais étant un homme et elle une femme, j'avais supposé que les choses étaient différentes.
"Ça ne te gêne pas quand je ... vraiment ? J'ai hâte de commencer mon apprentissage alors." j'ajoute d'une voix chaude et charmeuse.
Très franchement, je me demande toujours pourquoi moi. Pourquoi suis-je celui qui a la chance d'être choisi par Preeti ? Je lui ai promis que je passerai ma vie à essayer d'être digne d'elle, j'ai bien l'intention de tenir parole.
Toujours sous le charme de l'instant, je me décide alors à prolonger le moment. Je trouve à nouveau la bouche de ma Déesse avant d'aller goûter son cou. Je dégage un bras pour pouvoir lui caresser la joue et doucement glisser vers sa nuque et enfin son épaule. Je n'ose pas aller plus loin, je ne suis pas prêt. C'est au moment où je vais craquer que je me redresse tout à fait.
"J'accepte la proposition. Mais je t'aiderai à faire à manger dès que j'ai fini, d'accord ?"
Je fais alors mine de me relever pour retourner sur Preeti, ses épaules fermement tenues dans mes mains. Je lui souris.
"Alors on a un peu dépassé le stade de ne plus se dire ce qu'on a sur le cœur, tu crois pas. Tu avais commencé ta phrase par "Et si ..." tu veux bien la finir, s'il te plait ?"
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Je lance un petit rire et répond en collant mon nez contre le sien:
"Pourquoi ça devrait me gêné? J'ai des sentiments pour toi, et tu me montres physiquement que je te plaît, je trouve ça désirable...Et toi, de savoir ce que ça me fait, tu en penses quoi ?
Mon élu m'embrasse de nouveau, et je le lui rend. Quand sa bouche dévie, je retiens un gémissement. Depuis quand je n'avais pas désiré à ce point? Certainement depuis toujours.
Ses doigts de fée se pose sur ma paumette, et glisse jusqu'au menton. Le désir forme un nuage de coton dans mon esprit, tout devient opaque, sauf ses mouvements : ses doigts sur ma joue, la main opposée qui le soutient emmêlée dans mes cheveux, sa bouche contre ma jugulaire qui descend, qui descend...
Je vais craquer.
Il se redresse brusquement, et il me faut un moment avant de reprendre un esprit clair.
"Va mon trésor, je prépare juste les ingrédients et je t'apprend à faire un tandoori si tu veux!"
Mais, au lieu de se lever il me reprend les épaules et me sourit, et me demande mon "et si...", Alors que je pensais qu'il n'avait pas entendu.
"Et bien... En Inde les mariages sont faits très rapidement, on se voit peu de fois en tout... Je me disais que si on était marier, ça aiderait peut être "ta communauté" à accepter la situation... Mais tu dois me prendre pour une folle maintenant, parce qu'en Occident les mariages sont différents et que ça ne marche pas comme ça et que je vais trop vite...Enfin bref, une idée ridicule."
Je lui embrasse le nez, puis les lèvres, le cou, m'arrête à la bordure de la chemise...
Ce que ça me fait de savoir qu'une telle femme me désire ? Excellente question, probablement ...
"En fait, j'ai tout simplement du mal à y croire. Ça me plaît plus que je ne veux l'admettre, et en même temps, ça me fait vraiment peur."
Pendant un instant, je crains que mon interruption soudaine ne froisse ma Déesse, ne la frustre, ou n'importe quel sentiment négatif. Il faut que j'arrête de prêter mes propres pensées à Preeti, elle est libre contrairement à moi, mon premier effort envers elle va consister à lui faire confiance.
A ce moment là, alors qu'on ne se touche même pas, j'ai un frisson : "mon trésor". Elle m'a appelé "mon trésor". Je ne réalise décidément pas ce qui m'arrive. Une vie de couple passe aussi par ce genre de geste du quotidien auxquels je n'ai pas l'habitude. J'ai à nouveau peur de décevoir, de ne pas avoir ce genre de réflexe qui paraissent si naturel à Preeti, mais je me suis juré de lui faire confiance, de nous faire confiance.
"Merci mon amour. Je fais vite..."
Alors, elle répond à ma question. Elle me parle du mariage, un mariage indien pour être exact. Je reste sans voix et sans bouger devant elle. Dans ma tête, tout se met à aller vraiment très vite.
Si on se mariait légalement sous une obédience Indienne, il y aurait deux réactions majeures : ceux qui considèrent qu'un mariage est sacré, quel qu'il soit, et les autres qui ignorerait cette union purement et simplement. Dans les deux cas, cela fonctionnerait. Et cela règle le problème du fait que je n'ai pas le droit de me marier puisqu'il ne s'agit pas d'un mariage catholique ainsi que celui du fait d'avoir des rapports hors mariages.
Cela fait un moment que je n'ai pas eu de réaction et ma pauvre aimée doit commencer à se demander ce que je pense. Me proposer cela était vraiment très audacieux et ce n'est pas vraiment le moment de lui faire regretter sa téméraire proposition.
Non, il y a juste un problème, et majeur selon moi.
"Ce n'est pas une idée ridicule, loin de là. C'est même très courageux de ta part de me l'avoir donnée. Simplement ..."
Et voilà, je me met à rougir comme un môme...
"J'aurais tellement aimé te demander en mariage moi-même, te faire la surprise, tu vois ?"
Voilà que Preeti m'embrasse à nouveau à divers endroit qui prennent feu les uns après les autres. J'ai vraiment besoin de réfléchir à tout cela mais en même temps, je n'en ai aucune envie.
Quand elle vient dans mon cou, j'ai le réflexe de tourner ma tête vers elle et de plonger le nez dans ses cheveux. Immédiatement, presque animées d'une volonté propre, mes mains se posent sur sa nuque et je laisse l'une d'elle glisser dans son dos.
Debout, ici et maintenant, j'ai l'impression d'avoir un peu plus de contrôle sur moi-même. Je pose alors mes lèvres sur les siennes et, ayant repris une incroyable confiance en moi, j'entrouvre la bouche pour un baiser passionné. En attendant fébrilement sa réponse, je laisse ma main courir et continuer à caresser la peau de son dos, de plus en plus bas...
A bout de souffle, je murmure contre ses lèvres :
"Tu ne veux pas me laisser aller prendre ma douche, Déesse ? Tu veux vraiment continuer à jouer ?"
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Je me redresse un peu et colle mon front contre celui de Kyan, en le regardant droit dans les yeux.
"Tu n'arrives pas à y croire? "
Je prend sa main dans la mienne et la pose contre mon cœur qui a perdu le contrôle. Je vois dans ses yeux qu'il sent les palpitations cardiaques, avant de lui murmurer:
"Ça c'est pour mes sentiments, pour le désir, si tu veux le sentir comme moi je peux sentir le tien, tu n'as qu'à poser tes mains d'un côté ou de l'autre de ma poitrine. Si ça pointe c'est soit qu'il fait froid,ce qui n'est jamais le cas chez moi, soit que je suis vraiment à deux doigts de ton péché capital."
Je m'éloigne un peu et caline de mes petits doigts ses lèvres :
"Je te fais peur? Je vais trop vite?"
Un frisson le parcours, et un ange passe. J'en profite pour regarder ses traits de près : les yeux perçant perdus dans les miens, les petits cils recourbés gracieusement, l'ourlet de ses lèvres... Et il me dit "Mon amour".
Mon trésor était sorti naturellement, et lorsque Kyan me donne son surnom, mon sourire est immédiat et incontrôlé. Mon amour... C'est si beau... Les mots sucrés que les gens se disent quand ils tiennent l'un à l'autre, qui n'était jamais arrivé auparavant pour elle. J'avais été Preeti, ou Preet' à la limite. J'avais appelé mon mari par son prénom, toujours. Où par son nom, quand j' avais un reproche à lui faire. Mais ce mot... Mon amour...
Je le remerciais par des baisers en rafales, petits et légers, pétillants et chaleureux.
Je savais que c'était ridicule. C'était trop tôt, c'était trop formel... Et tout depuis ce matin était informel. Tout était presque irréel. Et son idée était en train de briser le charme. Et murmura:
"Ça m'a effleuré l'esprit, mais ne t'inquiètes pas, je sais que c'était stupide..."
Et là, mon élu me contredit, et se met à rougir. Oh, GaneshVishnouShivaDurgaKrishna et toute la clique. Le rougissement lui allait si bien...
À la fin de la phrase, j'ai l'air aussi rouge que lui. Il... Il voulait? La surprise ? J'etais tellement estomaquée que la seule chose qui sorti de ma bouche fût :
"Ah..."
Puis je me repris, de peur qu'il prenne mal ce peu de réaction:
" La meilleure façon de me faire la surprise, c'est de le dire à mes parents d'abord."
Et j'eclatais de rire à cette énonciation: l'idée était tellement bizarre et inattendue !
Levés mais toujours collés l'un contre l'autre, je sens les mains de mon homme découvrir mon dos, tandis que nos respirations se saccadent. Puis, les baisers devenant plus intenses, Kyan entrouvre les lèvres, répond à l'invitation avec de lui mordiller celle du bas d'un petit rire malicieux.
Et c'est après avoir intensifié encore et encore nos échanges qu'il me murmure :
"Tu ne veux pas que je prennent ma douche, Déesse ? Tu veux vraiment continuer à jouer?"
Mes mains se perdent dans ses cheveux, et, les yeux flambant de malices, je lui répond :
"Je crois que tu fais erreur, c'est toi qui as commencé à jouer...Mais qui s'approche du feu se brûle, va prendre ta douche avant que la déesse ne se ravise et vienne te chercher dans la salle de bain sans son sari qu'elle a failli perdre il y a trois ou quatre heures!"
Son cœur semble aussi incontrôlable que le mien. Je souris à ma belle, une déclaration d'amour suivie d'une preuve concrète, je n'en demandais pas tant. Malgré tout, je ne comprend toujours pas son engouement pour moi.
Toucher la poitrine pour savoir ça ? J'ai le droit de faire ça ? Sérieusement ? Je ne pense pas pouvoir être plus embarrassé que je le suis à présent. Embarrassé par la situation et par la fascination que cela me procure.
"Non, ne t'inquiètes pas, tu ne vas pas trop vite en sentiments. Mais sur le plan physique... Je pense que je serai forcément toujours un peu dépassé."
Je ne connais pas les règles tacites d'une relation amoureuse. Qu'avons-nous le droit de faire, jusqu'où aller ? Devons nous attendre ? Combien de temps ? Moi qui avait l'habitude d'étudier la théorie à fond, me voilà mis au bord du gouffre.
Cependant, je pense que je l'ai prise au dépourvu avec l'idée du mariage. Je sais que le défaut des hommes est plutôt d'avoir peur de l'engagement que de véritablement envisager une union formelle au ... au second rendez-vous ! Non, le mariage ne me fait absolument pas peur. Par contre, c'est notre première fois, notre première étreinte, qui m’effraie au point de me faire perdre mes moyens dès que mes pensées se posent sur l'idée.
Ayant retrouvé un peu de contrôle sur moi. J'arrive enfin à me calmer. Notre dernier baiser échangé me fait tourner littéralement la tête et je me demande si c'est bien normal.
Alors que j'allais prendre congé et me rafraîchir, Déesse me murmure quelque chose qui me laisse plus que songeur. Et si je lui avais effectivement déchiré son sari ce matin ? L'idée me fait rire d'embarras. On aurait VRAIMENT tout fait dans le désordre. Je manque de m'excuser à nouveau pour le dérangement du matin mais la fin de sa phrase m'arrête net dans mon élan.
"Tu me menace en me disant que tu vas me rejoindre sous la douche ? Quelle genre de punition est-ce là... Tu supporterai l'eau froide avec moi ?"
Là dessus et ne voulant pas pousser trop loin mon nouvel aplomb, je m’éclipse dans la salle de bain. Je me déshabille et saute dans la douche à laquelle je laisse l'eau froide. Il me faut plusieurs longues minutes pour retrouver une température corporelle normale.
Je jette un regard à la porte que je n'ai pas verrouillée. Était-elle sérieuse ou plaisantait-elle ? Mon cerveau en ébullition a du mal à se décider si je serai totalement effrayé par cette situation ou si j'en ai ardemment envie.
Toutes ces sensations, toutes ces émotions, les vibrations de mon corps au moindre contact... Penser que ce n'est que le début, qu'il y aura une suite ... Cela me terrorise et m'emplit de désir à la fois.
Je tourne la poignée d'eau pour la rendre un peu plus froide.
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"Dépassé ? Je te trouve entreprenant pour quelqu'un de dépassé !"
Ma menacé semble le laisse pensif, et je me demande où vont ses pensées que j'aimerais connaître. Et lorsqu'il se met à rire, je lui pose la question :
"Dis moi ce que tu penses, j'aimerais savoir "
D'après sa réponse, je comprend que ma menace l'intrigue plus qu'autre chose. Je répond avec un air de défi :
"Quand on se baigne dans le Gange en pleine mousson, on a pas peur de se mouiller trésor!"
Et voilà mon aimé s'envolant vers l'eau froide. J'en profite pour préparer les aliments qui feront notre midi, même si la tentation de mettre ma vengeance à exécution est tentante. Finalement je me pose derrière la porte et écoute l'eau tomber.
Tentera ? Tentera pas?
Finalement je toque doucement. Je ne sais pas si j'espère où redoute ce moment... S'il répond, je rentre, sinon je commencerai à cuisiner .
"Tu me trouve trop entreprenant ? Je... enfin ça m'a semblé presque naturel."
Là dessus, ma belle me demande ce à quoi je pense. Je lui souris tendrement.
"Je me disais que je suis définitivement et désespérément accroc à toi à présent... Et je pensais à tous les trucs incroyables que tu fais pour moi, j'espère vraiment être plus detendu pour la suite... Et j'imaginais ce qui se serait passé si j'avais déchiré ton sari ce matin. Aller, je fais vite. "
Je reste un peu sous l'eau froide. Cela me fait du bien et m'aide à me concentrer sur ce qui vient de se passer et que j'ai toujours du mal à digérer. Je suis désormais en couple avec tout ce que ça implique dont je ne connais même pas l'étendue. Ensuite, elle m'a demandé en mariage ! Bon, certes, pas conventionnellement, ça n'empêche qu'elle me l'a proposé, à moi ! Je secoue la tête, encore incrédule.
Preeti est-elle consciente de ce qu'un mariage avec moi implique ? Il n'y aura pas question de divorce. Je pense soudain que cela signifie aussi la fidélité de notre part à tous les deux, et réalise qu'une fois mariés, nous vivrons ensemble pour toujours même si nous retrouvons Nisha et que ma belle souhaite vivre en Inde. Nisha ... Je deviendrai père ! Je deviendrai PÈRE ! Pour de vrai, pas qu'un simple titre de la part de mon église ! Peut-être même que nous aurons des enfants à nous.
L'idée vient comme une flèche et je suis à deux doigts de devoir m'asseoir dans le bac de douche tellement tout cela me monte à la tête.
Preeti n'a certainement pas pensé à tout ça, je vais refuser et ...
Un regard dans l'un des carreau de la salle de bain me fusille. Mes propres yeux brillants et plein de colère. Ils semblent me dire "Kyan, tu te reprend immédiatement ! C'est Preeti qui t'a fait une déclaration d'amour, c'est Preeti qui t'a proposé le mariage. Tu n'as pas le quart de son courage et si la situation avait été inversée, jamais tu n'aurais osé ! Encore une fois, fais-lui confiance !" Évidemment qu'elle a pensé à tout cela ! Elle est infiniment plus en avance que moi sur le plan émotionnel.
Je me redresse et accepte cette petite mise au point de la part de moi-même. Tout cela me rend heureux, je ne dois pas gâcher ça à essayer de trouver des excuses ou des raisons pour que ça ne fonctionne pas. En fait, je vais faire tout mon possible pour essayer que ça marche, mon engagement commence maintenant. C'est vrai qu'à peine notre embryon de couple posé, j'ai imposé des conditions que la Déesse a accepté de suite.
Malgré les difficultés et que tout semble nous séparer, je n'ai absolument plus le droit de douter.
Étrangement, je me sens plus fort et plus sur. On aurait presque dit que le courage de Preeti avait fini par déteindre sur moi. Je prend une serviette pour me sécher et sors de la douche enfin. Je regarde mes habits qui m'attendent, je n'aime pas remettre des habits sales après avoir pris une bonne douche mais je pense que je serai toujours plus à l'aise que si j'emprunte un sari, ou que je retourne dans la cuisine vêtu que d'une serviette.
Avant d'avoir pu faire un pas vers mes vêtements, j'entends Preeti qui frappe doucement à la porte. Je me fige avant d'opter pour la serviette autour de la taille.
"Oui ?" Je demande d'une voix la plus assurée possible.
Je manque d'avoir une crise cardiaque quand je me demande si la Déesse sera nue.
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Je me tiens devant cette porte close et mon esprit reprend conscience. Quelle journée... Mais qu'est ce qui m'a pris!
Certes, Sheitan m'avait conseillé de dire la vérité... Mais de la à lui proposer un mariage...
Je ne me reconnaissais pas. Est ce que devant l'amour partagé mon courage s'était révélé plein d'audace? Plus que ma conscience pouvait en emmagasiner à cette seconde. Plus que jamais. Qu'était-il en train de penser ? Changeait-il d'avis derrière cette porte close, ou au contraire était-il aux anges du chemin si vite parcouru? Et le futur?
Je restais songeuse de mon désir, si plein de passion, et maintenant mon calme, cendres cachant simplement les braises ardentes qui s'étaient emflammés plus tôt.
Était-il possible qu'il soit réellement amoureux de moi? Où est ce que mes sentiments l'avait attiré, le temps d'un instant ?
Je sens le stress qui monte, et le besoin de me rassurer devient nécessaire.
Toc. Toc. Mes doigts cognent contre le bois poli. Mon stress cogne dans ma poitrine.
Mon regard passe de la porte à mes vêtements. En un instant, je prend conscience qu'elle ne souhaite pas jouer avec moi, elle m'a demandé poliment si elle pouvait entrer. Sa voix semble intimer un besoin vif, de parler ? De quelque chose dans la salle de bain ? Cela a l'air urgent.
Je saute dans mon pantalon et enfile ma chemise. Sans prendre la peine de la reboutonner, je répond le plus vite que je peux pour ne pas faire attendre plus que nécessaire. Mes cheveux sont encore mouillés mais peu m'importe, je suis plus inquiet pour ma Déesse.
"Bien sur mon amour, c'est chez toi ici."
Juste après, je prend une voix amusée pour lui ajouter :
"Je pensais d'ailleurs que tu te serais passé de mon accord."
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La porte s'entrouvre sur mon chéri tout mouillé, et à moitié habillé. Je suis soulagée, et glisse mon nez dans son cou en collant mon corps contre le sien.
Il est glacé et mouillé, mais ce contact me rassure : je n'ai pas halluciné.
L'élu fait une blague et je ris, les lèvres sur sa jugulaire.
"Je suis une déesse, pas une bourrine! "
Puis, dans un murmure:
"J'avais seulement peur d'avoir rêvée cette matinée. J'avais seulement peur d'être seule ici en ouvrant la porte d'une salle de bain vide."
Pendant un moment, j'ai ressenti de la peur en voyant ma déesse devant la porte, quand nos regards se sont croisés, je lis dans ses yeux un soulagement réel. Immédiatement elle se faufile dans mes bras ce qui me fait remettre mon boutonnage de chemise à plus tard.
Alors qu'elle me raconte sa panique, je lâche un petit rire de soulagement.
"Oui, j'ai eu peur de ça aussi. Ce matin même... Oh, Déesse, qu'est-ce qui nous arrive ?"
Un soupir m'échappe alors, un soupir de pur bonheur de l'avoir dans mes bras, tout contre moi. Ce que j'aime l'avoir dans mes bras, elle a l'air si petite et si fragile alors qu'elle est infiniment plus forte que moi.
Parce que oui, elle a eu une crainte, et encore une fois, elle est venue m'en parler directement au lieu d'aller fuir dans la douche ou la cuisine. Encore une fois, elle a eu le courage que je n'ai pas. Je ne compte plus être lâche à présent.
"Je pense que tu te poses tout un tas de questions, toi aussi ? Je vais juste finir de me sécher et je te rejoins dans la cuisine, d'accord ?"
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Quand il me dit que mes peurs étaient les siennes, je lui souffle:
" Je ne l'ai pas vu... Quand est ce que tu as eu ces peurs? Et pourquoi?"
Ce qui nous arrive? Je n'en sais rien. Je ne me comprend plus, dédoublée entre la Preeti d'hier et celle d'aujourd'hui, la pragmatique et la rêveuse, la danseuse et l'amoureuse. Deux Preeti, qui se contemple l'une l'autre comme un bébé devant son premier miroir.
Kyan me rend mon étreinte et je l'entend soupirer d'aise. Il a l'air heureux, et je souris en collant mon nez contre sa peau.
Lorsqu'il me dit qu'il doit se secher, je lève les yeux et soupire:
"Encore cinq minutes trésor, juste cinq minutes..."
L'odeur de sa peau me laisse rêveuse. Peu à peu, elle se réchauffe, et je lui murmure:
Cinq minutes ? Cinq minutes de quoi ? Preeti ne desserre pas son étreinte. Je souris et en profite pour enfouir mon nez dans ses cheveux. "Accroc" est un terme qui me paraît bien faible à présent. Dans peu de temps, si on reste ainsi, ma douche glacée n'aura servie à rien, déjà, je sens à nouveau l'envie de l'embrasser remonter.
"Les désirs de ma Déesse sont des ordres..."
Je tend alors la serviette à Preeti et penche ma tête en avant pour qu'elle soit à sa hauteur. Pour gagner du temps, je décide de reboutonner ma chemise en même temps avant de me raviser.
"Tu veux aussi m'aider à me rhabiller ? Juste histoire de vraiment tout faire dans le désordre depuis ce matin ?"
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Je ferme les yeux pour profiter pleinement du moment. Mes mains glisse sur son ventre et mes coudes se calent contre ses hanches, mes doigts glissant dans son dos lisse et frais. Je relève la tête et il en profite pour me passer la serviette, pencher sa tête vers moi, et me demander si je veux mettre ses boutons. Ça me fait sourire, et je l'embrasse avant de prendre sa main pour l'emmener au salon. Je le pose sur le pouf dos au canapé, installe sa tête entre mes jambes et commencé à frictionner ses cheveux si doux, en murmurant une chanson indienne de mon enfance:
"लकड़ी की काठी काठी पे घोड़ा घोडे की दुम पे जो मारा हथौड़ा दौड़ा दौड़ा दौड़ा घोड़ा दुम उठा के दौड़ा…"
Je me laisse guider vers le salon où je me fais presque asseoir de force. Voilà ma déesse qui s’assoit derrière moi, j'ai à présent la tête bien calée entre ses jambes. La situation me fait évidement rougir mais elle ne me voit pas alors on va dire que ça ne compte pas.
Sans que je m'y attende, la Déesse se met à chanter, une musique qui m'est totalement étrangère mais que j'apprécie immédiatement. Voilà un nouveau talent que je ne connais pas et que je découvre avec beaucoup de plaisir. Alors elle me sèche les cheveux. C'est un geste anodin, sans grande conséquence sur notre relation et pourtant ...
Et pourtant je suis ravi une fois de plus de tourner le dos à ma Déesse, qu'elle ne voit pas mes yeux s'humidifier. Pourquoi cette réaction ? Pourquoi maintenant ? Est-ce simplement un geste qui me rappelle une situation que je partageais avec ma mère autrefois ? Est-ce simplement le trop plein d'émotion qui refais surface ? Est-ce sa chanson ?
Sans y penser, je passe mon bras autour du mollet de ma belle et pose ma tête sur son genou. Ce que j'aimerai que ce moment ne se termine jamais. Je ferme les yeux un instant, laissant s'échapper une petite larme qui vient se fondre dans les goûtes d'eau de mes cheveux. Je soupire à nouveau mais celui-ci est plus profond, plus saccadé que l'autre. La chanson terminée, je dis à ma douce, presque à regret :
"Mon amour, tu voulais qu'on parle, n'est-ce pas ?"
Sans ouvrir les yeux, je dépose un baiser sur son genou sur lequel j'avais la tête posée. A présent, il est humide de mes cheveux.
"J'aimerai que tu me dises très honnêtement si tu as des craintes ou des doutes... pour nous. Si tu veux, je ferai de même. J'ai vraiment envie que ça marche et ce genre de choses, je ne peux pas le deviner, tu comprends ?"
My fingers claw your skin, try to tear my way in. You are the moon that breaks the night for which I have to howl
Je regarde ses cheveux noirs posés contre mes cuisses. Lisses, brillants... Je passe ma main dedans, par tendresse: ils sont si beaux.
Puis je remets la serviette et forme des cercles en frictionnant. Ce geste que j'ai fait pour Nisha, et que faisait ma mère à mon père autant qu'à moi. Une preuve d'amour, en quelque sorte.
Et je chante les mêmes mots pour remercier Krishna, qu'elle adorait particulièrement: Krishna, le dieu parmi les hommes, celui pour qui elle chantait en préparant les signes de la journée, où lorsqu'elle allait s'occuper du repas. Cette chanson qui sent les épices, les jours de travaux à la maison, l'eau du Gange.
Je sens que Kyan entouré ma jambe, et sa tête se pose bientôt contre mon genou. J'aime ce moment, où Arcadia n'existe plus, le temps non plus...
Puis les cheveux sont secs, et mes mains s'arrêtent doucement. La chanson est terminée, et le temps se remet à tourner.
C'est mon trésor qui rompt le silence.
"Mon amour, tu voulais qu'on parle, n'est ce pas?"
Je sens un baiser la où sa tête était posée auparavant. Je le lui rend dans ses cheveux, juste au dessus du front.
"Moi je n'ai pas de doute. Je sais ce que je ressent, et je sais que c'est précieux. C'est la première fois que ça m'arrive, je ne veux pas que ça s'arrête. J'ai juste peur... Que tu ne sois pas prêts à vivre ça... Avec moi ou en général. J'ai peur de trop en faire et de te faire fuir. J'ai peur de ce que tu pourrais avoir peur . J'ai peur que ça aille trop vite. J'ai peur de perdre le contrôle, d'être instinctive, parce que je ne sais pas comment je serais, ni si ça te plairait. Je veux que ça marche... Je meure d'envie que ça fonctionne.... Et toi? "
Preeti n'aurait pas pu donner une meilleure réponse. Elle a peur pour moi, pas de doute sur ses sentiments, juste peur pour moi. Elle conclue par ce même espoir que nous partageons tous les deux. Étant donné les circonstances, je pense que je lui dois quelques explications sur mes agissements.
Je prend une inspiration, mes peurs vont être bien plus longues à exposer que les siennes. J'hésite, et finalement me retourne pour faire face à ma Déesse. Je prend ses mains dans les miennes et regarde ses paumes un instant, ses mains si délicates dans les miennes.
"Tu es si courageuse ..."
Alors, je prend courage et regarde ma Déesse dans les yeux. J'ai besoin de tout partager avec elle.
"Il y a deux choses qui me terrorisent dans notre relation. La première ... Est que cela ne me fait rien. Je veux dire par là que je ne ressens pas la crainte de Dieu en ce moment, ni jamais pendant les quelques jours où je te connais, ni pendant qu'on s'embrassait, ni pendant nos conversations les plus osées. En fait, c'est même le contraire, pour un prêtre, je t'assure que c'est effrayant."
Je prend un instant avant de continuer. Mon ton devient presque amer.
"Pour un prêtre, oui... Parlons-en ! Avant l'accident, mon principal péché était l’orgueil. Je pensais que j'étais le seul à savoir comment honorer Dieu, comment vivre dans la foi et la chasteté. Des prêtres qui ont péchés avec des femmes ou des hommes autour de moi, j'en ai vu plein, et je les ai tous condamné d'office. Puis, il y a eu l'accident..."
Alors, je me radoucis. Je me sens redevenir serein à nouveau. Mes yeux se raccrochent à ceux de ma Déesse.
"Cet accident qui aurait du me coûter la vie. Quand j'ai été percuté par cette voiture, j'ai été déclaré cliniquement mort pendant huit minutes, Preeti, huit minutes ! Certains ont déclarés que c'était une erreur de la personne qui m'a trouvée, d'autres ont crié au miracle. Alors, je me suis réveillé à l'hôpital ... seul. A partir de ce moment, j'ai su que je n'étais plus tout à fait le même, je n'étais plus en paix avec moi-même, j'étais comme rongé de l'intérieur par un démon. Je ne sais pas si tu as déjà ressenti ça, mais c'est comme si on t'ouvrait les yeux sur ta propre vie et que tu te demande à quoi tout cela sert. Je voulais que tout redevienne comme avant, au temps de l’insouciance, au temps où je savais être en paix avec moi-même. J'ai ... J'ai même tenté de me suicider..."
A ce moment, je sais que je suis allé trop loin dans ma révélation. Il me faut un moment, mes yeux se baissent de honte sur mes mains. Je cherche la suite de mon histoire. Alors, je retourne me réfugier dans les yeux de Preeti.
"Et à ce moment là, tu es arrivé. Toi, Preeti, la femme la plus belle et la plus grâcieuse que je connaisse. Mais un prêtre ne tombe pas amoureux d'un physique. Alors, tu m'as prouvé à quelle point tu étais courageuse, et tu m'as dit que tu avais été frappée par la foudre le même soir de mon propre accident ! Nous avons même certainement été transportés dans le même hôpital, et ce, après avoir passé plusieurs années à New-York ensemble sans même se croiser. Alors, nous avons emménagés à Arcadia à la même période... Pour une raison que j'ignore, Dieu t'a mise sur ma route au moment où j'en avais besoin."
Je souris à ma Déesse avant de reprendre mon souffle.
"Alors, nous nous sommes touchés, dans ce salon de thé, tu te souviens ? Enfin, pour être exact, je t'ai attrapé la main. Ma paix intérieure n'avait jamais été aussi forte qu'à notre contact. C'était comme si je trouvais ce que j'avais toujours cherché. Ensuite, tu as fais fondre mon cœur en m'avouant tes sentiments. Des sentiments que je partageais évidement mais que j'aurais cru à sens unique."
Ma main se détache des sienne pour venir caresser la joue de mon amour.
"Et aujourd'hui, là tout de suite, j'en ai assez de vouloir me repentir de l'amour que je ressens pour toi. Je ne ressens ni honte, ni problème de moralité. Je me rend compte que ce soir là, j'aurais du mourir pour toi. Je le ferai à nouveau pour passer une seule seconde à tes côtés."
Mon autre main vient rejoindre l'autre joue. Je souris tendrement.
"Alors pour répondre à une de tes questions : Non, me marier avec toi ne me fais absolument pas peur. Tu es mon âme-sœur, un cadeau que Dieu me fait. Par contre ..."
Et là, je suis obligé de détourner le regard. Pourquoi est-ce si dur ? D’habitude, je suis habitué aux confessions, mais il est vrai que j'écoute plus que je ne parle.
"La seconde chose qui me terrifie est notre première fois ensemble. Cela me terrifie parce que j'aurai passé un point de non-retour, j'aurai fais le péché que j'ai si longtemps condamné auprès des autres. Mais cela me terrifie aussi et surtout parce ça m'obsède depuis ... Depuis que je t'ai embrassé pour la première fois ..."
Alors, je me penche sur Preeti et colle mes lèvres aux siennes. Après quelques secondes, je sens à nouveau cette flamme qui m'attise et entrouvre la bouche afin que ma langue aille à la rencontre de la sienne. Un frisson me parcourt à nouveau le corps. Je sens ma respiration qui commence à devenir plus rapide. J’interromps un instant cet échange pour conclure :
"Et tu me fais vraiment de l'effet, dès que tu me parle, dès que je vois tes gestes, dès que tu me touches, et quand tu m'embrasse, je dois dire que je suis particulièrement curieux... Et tu t'en doutes, cela m'effraie d'autant plus."
Je m'approche pour reprendre le baiser quand, juste au moment où j'allais toucher ses lèvres, je demande :
My fingers claw your skin, try to tear my way in. You are the moon that breaks the night for which I have to howl
Les yeux aimants quelques secondes avant devinrent sérieux, et je sentis que ça me faisait peur. Mon aimé inspire, silencieux, et finalement plante ses pupilles dans les miennes. Il prend mes mains, et j'ai envie de le câliner encore, mais je sens que ce n'est pas le moment. Un moment solennel.
J'écoute son ressenti avec attention, silencieuse, mais à l'écoute, reliée toujours à lui par les mains. Ses mains, si grandes par rapport aux miennes qu'il les engloutis presque en entier dans ses paumes. Ce contact qui a tout déclenché.
Son ressenti passé sur les gens de sa communauté ayant péchés me laissa pensive un moment. Cependant, c'était le passé, et maintenant qu'il n'était plus de l'autre côté du mur les séparant, il pouvait les comprendre, et se repentir.
Cependant, sa confession sur sa façon d'avoir traité son mal-être me surpris tellement que j'en étais bouche bée. Comment étais ce possible de vouloir attenter à sa vie...J'étais peinée, et mon envie de le prendre dans mes bras grandit. Kyan ne me regardait plus et scrutait nos mains, quand j'emmena la sienne pour l'embrasser.
J'étais toujours là, et j'étais surtout toujours là pour lui. Ses yeux se posèrent de nouveaux sur les miens.
Et là, les compliments fusent, et mes paumettes se hâlent. Et sa vision des faits, le chemin tracé en commun... Je rigole doucement. Nous nous serions croisés, il ne m'aurait sûrement pas remarqué. Mais l'idée me plaisait, et je me mit à rêver qu'il ait pu me croiser à New-York, se retournant, le coeur battant plus vite...
Mon trèsor sourit, et je lui rend son sourire. Et lorsqu'il me demande de me souvenir de notre rencontre, je ris intérieurement: Mon charmant trésor, je te rappelle que notre rencontre se passait la dernière fois qu'on s'est vu, il y a moins d'une semaine! Du coup, le souvenir est encore frais dans mon esprit!
Mais je ne dis rien, j'écoute, je ressent, parce que le moment est trop beau et trop solennel pour être rompu.
Il me caresse la joue, et j'enfonce mon visage dans sa paume, chaude et rassurante. Je ferme les yeux un instant, profitant de cet instant avant de reprendre notre contact oculaire, exprimant mon écoute par le regard.
Son ressenti m'empoigne le coeur de joie, et je lui souris, les larmes aux yeux. Il a des sentiments pour moi, de grands sentiments, ceux qui font pleurer les yeux, ceux qui prennent le ventre, le font tourbillonner... Une larme se dépose contre son pouce, incontrôlable, mais je n'arrive pas à m'en préoccuper. Seuls ses paroles compte.
Ses mains se rejoignent sur moi, et je rayonne: je ne me suis jamais sentie aussi bien que maintenant, les yeux dans les yeux avec lui, ses mains sur moi, les miennes qui en profite pour le prendre à la taille... Et le moment est coupé par un "par contre".
Mon regard redevient sérieux, tandis que le sien se décroche. La première fois. Si précieuse à son coeur.
Je m'apprête à renchérir, jusqu'à ce qu'il m'embrasse à me couper le souffle. Un baisé brûlant, ardent. Passionné. Le désir remonte, et lorsque sa langue viens à la rencontre de la mienne, c'est mon corps qui devient une fusion. En un baiser, me voilà demenu une flamme rougeoyante de désir.
Le créateur de flamme s'interrompt, et me laisse pantelante, créant le désir autant avec ses mots qu'avec ses actes. Et lorsqu'il et à deux doigts de reprendre et que je ne perde le contrôle, il s'arrête, et ses mots me ramène à la réalité : pourquoi lui.
Je le regarde, chamboulée.
"Pourquoi toi? Et bien parce que tu es le seul dont le contact m'ait rassuré depuis des années. Parce que je me sens plus chez moi quand tu es là que quand tu n'y es pas. Parce que j'adore ton attention, ton écoute, ton contact, tes yeux, qu'ils soient rieurs ou sérieux, tes lèvres qui contrôle des parties de mon corps et de mon coeur qu'elles n'ont pourtant jamais touché, tes doigts dont le contact me rassure autant qu'il m'anime... Je suis plus moi quand je suis avec toi. Et je ne sais pas ce que je vais devenir quand tu partiras rejoindre ta communauté. C'est toi, c'est inné. Les dieux, le tien ou les miens, ont fait cela ainsi. Tu es mon Homme..."
Et je ne peux m'empêcher de me recoller à son torse, humant son odeur, cachant les doigts dans ses cheveux, les yeux fermés, concentrée à fusionner avec cet être qui avait tout changé de moi. J'aimerais rester tel qu'elle moi et lui, mais je murmure:
"Je te remercie de m'avoir écouté. C'était pas facile à dire."
Alors, Preeti me fait une nouvelle déclaration d'amour. Ces simples mots font battre mon cœur comme si elle me touchait. A cet instant, je sais que notre relation est de l'ordre de l'exception. A la fin de la touchante déclaration, je ne peux m'empêcher de dire :
"Tu mets des mots sur ce que je ressens également. Je ferai absolument tout pour toi, et si cela te pèse à ce point, alors je vais faire en sorte que nous n'ayons pas à nous cacher. Bon, il faudra sans doute juste éviter de s'embrasser dans les endroits sacrés... Mais cette règle est valable pour tout le monde. Tu es ma femme."
Et voilà ma Déesse qui revient dans mes bras. Je pense qu'elle a autant besoin de ce contact que moi et je commence à vraiment ressentir une paix intérieure. Une paix unique que même avant mon accident, je n'avais pu atteindre.
Alors, elle me pose une question très pertinente. Comment vaincre ces peurs ? Je prend un moment pour réfléchir.
"Contre la première, j'essaye de le résoudre en ce moment même. Je pense réussir, de seconde en seconde, grâce à toi. Il n'y a aucune solution à part la conviction que je fais ce qui est bon."
Là, il faut que je fasse un effort. Je suis encore sous le coup de ma confession.
"Pour le second problème, malheureusement, je crains qu'il ne soit réglé qu'après notre première fois... Je suis désolé, ma chérie, je sais qu'il ne faudrait pas que ça pose un tel problème mais je suis vraiment partagé entre mon sentiment de ne pas être du tout prêt pour ça et ..."
Comment dire ça ? L'urgence de la situation ? La sensation que je vais être victime de combustion spontanée si je vois encore un sari rouge ? Ma fusion improbable avec un démon accroc au sexe ?
"... L'ardent désir qui se réveille de secondes en secondes quand je suis près de toi et qui ne s'essouffle pas quand tu t'éloignes de moi. En fait, j'ai un peu peur de perdre le contrôle."
My fingers claw your skin, try to tear my way in. You are the moon that breaks the night for which I have to howl
Je sourit à mon amoureux :
"Je te remercie pour ta confiance. Tu as eu du courage pour me dire ces mots... Et j'ai aimé les entendre."
Je suis surprise : Kyan renoncerait à sa première condition ? Je lui embrasse le bout des doigts et lui murmure :
"tu es sûr ? Je te l'ai dit, je saurais être patiente s'il le faut... Mais ça me touche beaucoup, merci trésor"
Puis je fait une fausse voix indignée : "Quoi, je ne pourrai pas t'embrasser au nez et à la barbe de tes collègues devant la croix? C'est terrible ! "
Puis vient le temps de trouver des solutions : je souris à sa première réponse, tant qu'il est convaincu nous avancerons, peut être doucement parfois mais nous irons de l'avant !
Pour la question charnelle, je lui caresse doucement la joue et propose :
" Si tu n'es pas prêt, alors nous attendrons. Et lorsque tu le voudras assez pour que ma balance penche, alors tu feras le pas. Je comprendrais, si le message est évident. Ne te mets pas la pression, ce n'est pas le plus important. Le plus important, c'est toi: ça que tu ressens, et tes sentiments. Et pour ça je suis déjà comblée de bonheur."
Mes lèvres se pose alors sur les siennes, avec une tendresse et une douceur que le contact me fait fondre le coeur.
