"Non, ma Déesse, il va falloir qu'on se cache si on souhaite s'embrasser sur un sol sacré."
Pour une raison étrange, je trouve l'idée très excitante. Bien sur que cela devrait m'offusquer, d'ailleurs, je suis sur qu'au fond de moi, je le suis un peu, mais cela ajoute d'avantage à l'exaltation que je ressens à cette simple vision de nous deux à s'étreindre en secret.
Encore une fois, je suis abasourdi par l’aplomb de Preeti. Elle est d'accord pour attendre ? Peut-être que je ne serai jamais prêt ... Non, cela me semble aujourd'hui impossible. Mais moi ? Faire le premier pas ? Encore une fois, je ne sais pas comment je devrai m'y prendre. Elle m'assure pouvoir comprendre quand ce sera le moment. Je dois admettre que l'idée d'être en contrôle de cette partie là me donne beaucoup de soucis mais je préfère ça ainsi. Garder le contrôle, voilà une idée qui me reste chère malgré les évènements récents.
"Je te remercie. Tu penses que tu pourras tenir jusqu'au mariage ?"
Là dessus, je souris à pleine dents.
"Parce que moi, je suis certain que non."
Preeti m'embrasse. Comme à chaque fois, je ressens des frissons dans tout mon corps, non, je ne m'en lasserai pas. Je pose mes mains sur la taille de mon aimée et la fait glisser du canapé afin qu'elle soit contre moi, sur mes jambes. Dans notre échange, je ne peux pas m'empêcher d'échapper un rire quand je m’aperçois que les effets de la douche froide n'aura été que de courte durée.
Encore une fois, ivre de bonheur, j’entrouvre la bouche pour aller à la rencontre de sa langue. Une chose est à présent certaine, si Preeti était une tentation de Dieu et non une offrande, je suis désormais damné. Je suis d'accord pour l'enfer contre un peu de ce paradis sur terre.
My fingers claw your skin, try to tear my way in. You are the moon that breaks the night for which I have to howl
Je ris à cette idée :
" Trésor, tu ne sais pas déceler l'humour !"
Même si l'idée du secret était excitant, mais je gardait ça dans un coin de mon esprit. Les endroits de sa religion seraient préservés, non par par moi, mais par le respect que j'ai envers mon amour .
Attendre jusqu'au mariage ? Je m'apprêtais à dire que oui, j'attendrais (après tout, je l'avais déjà fait une fois, et j'en étais à deux ans de jachère sentimentale et affective alors...), Mais mon élu me prend de court et me sourit, me disant que lui ne pourrai pas. C'est le comble! Je lui fait une tête surprise et m'exclame:
" on est ensemble au deuxième rendez vous, à la vitesse où on avance le mariage n'est pas si loin! "
Mais j'en ris, et l'embrasse tendrement. Ses mains se déposent sur mes hanches, à peut près au même endroit que ce matin quand il m'est tombé dessus. Lentement, il me pose sur ses jambes, et je me sens comme une reine. De là, mon aimé avait l'air heureux, serein... Et si désirable !
Je me retiens de faire onduler mes hanches: le tenter serait si simple comme ça... Mais je lui ai donné les rennes, et je ne compte pas les reprendre: nous irons à son rythme, et je serais sage le temps qu'il faudra. Ça ne m'empêche pas de sentir les effets du désir, autant sur moi que sur lui, et nous nous mettons à rire de cela. Au moins, il n'est plus honteux !
Sa langue vient à la rencontre de la mienne, et je lui rend son baiser. Quelle journée... Incroyable. Je suis aux anges, et je crois que mon aimé aussi. Mes doigts dans ses cheveux,mon corps recourbé vers sa bouche, je pourrais croire avoir atteint le Nirvana.
Le reste de notre moment intime se passe comme dans un rêve. Voilà Preeti qui se lève pour aller rejoindre la cuisine. Avec moi à sa suite bien entendu. Je me glisse alors juste derrière elle et commence à respirer dans sa nuque. Un bras se glisse autour de sa taille et l'autre s'enroule autour de ses épaules, une main s'enfilant sous le tissu de son sari pour venir caresser doucement sa peau, une caresse légère comme une plume, pour le plaisir du frisson.
Mes lèvres se posent sur sa nuque et le baiser s'étend jusqu'à son cou que je goûte avec avidité. Après un moment à savourer ce plaisir, je m'abandonne à mordiller tout doucement le lobe d'oreille de mon amour. Je remarque en ouvrant les yeux sur le plan de travail que je suis supposé l'aider.
"Prêt pour ma première leçon, maîtresse ..."
---
Me voilà rentré juste après notre repas. J'ai à présent terriblement besoin d'une sieste ce qui m'a malheureusement forcé à prendre congé en début d'après-midi. Allongé sur le dos, à fixer le plafond, je remarque en souriant que je ne pourrais pas dormir de toutes façon. Une voix que je n'avais pas entendue depuis ce matin fait son entrée dans ma tête. Ni aimable, ni désagréable, presque neutre, elle sort du néant.
- Tu veux qu'on en parle ? -
- Tu veux parler de quoi ? -
- Ce qui s'est passé, aujourd'hui avec Preeti. Je suppose que tu as des choses à me dire... -
- Nous allons nous marier. -
- Wow ... Euh ... Félicitation ? -
C'est tellement étrange de pouvoir en parler à quelqu'un. Étrange et presque indispensable à présent que je viens de lâcher ces mots.
- D'ailleurs, il faut que je te parle de quelque chose. J'ai l'intention de lui rester fidèle... -
- J'vois pas en quoi ça m'regarde ... -
- Fidèle corps et âme. -
J'entends un rire, un rire amer. Qu'arrivait-il a Sheitan depuis ce matin ? Moi qui pensais qu'il allait s'offusquer, hurler dans ma tête, me tourmenter, le voilà qui lâche un simple rire de résignation.
- Peu m'importe. Ça change plus rien à présent. Depuis que nous avons rencontré Preeti, je veux dire, la première fois. Au début, j'me souvenais même plus de son nom et j'pensais simplement que j'avais pas rencontré la bonne personne pour passer la nuit avec, comme si ça m'intéressait plus... Et puis cette nuit qu'on a passé ensemble, j'ai compris... -
- Tu es resté fidèle à Preeti ? Tu es devenu abstinent ? Comment ça se fait ? -
Un nouveau rire amer suivit d'une réponse particulièrement acerbe se fait entendre dans mon esprit.
- Mon père, il faut croire que nous sommes bien moins différents que tu ne le croit. -
Je sens Sheitan qui a l'air presque désespéré de m'avouer cela. Il aime Preeti également. Je n'en reviens pas.
- D'ailleurs, après presque une semaine sans baiser, t'as pas ressenti que t'étais un poil plus "tendu" avec Preeti ? -
Je ferme les yeux, voilà d'où venait mon manque de contrôle, mon urgence, mon désir montant.
- Combien de temps il me reste avant que je ne perde totalement le contrôle ? -
- Un mois, une semaine ? J'sais pas du tout ! Et du coup, c'est plus mon problème ! -
L'idée me fait rire avant que je ne sombre dans un profond sommeil. Pendant mes songes, je rêve de deux hommes courant d'une maison en flamme et s'engouffrant dans une voiture.
