Je me met sur la couverture, à ses côtés. Encore une fois, nous sommes allongés l'un près de l'autre et cela me trouble.

"Disons que tu as déclenché ton lot de questions... Mais cela en valait la peine."

L'aquarium est sans doute magnifique mais les reflets de l'eau sur la peau dorée de ma chère et tendre ont tendance à l'être plus encore. Cependant, le lieu calme et apaisant m'aide quand je sens son corps contre le mien.

"J'ai adoré... Tu n'es pas fatiguée ? Tu veux que je te raccompagne ?"

Mon lot de questions?
Je m'inquiète soudain.

"Quel genre de questions? Je t'ai fais du tord?"

Mon Ange... Toujours aussi prévenant avec moi. Je lui souris, heureuse de la chance que j'ai de l'avoir et qu'il m'aime autant.

"Pas d'inquiétude mon amour, j'ai très bien dormi cette nuit, j'ai pu me reposer cet après midi... Mais si tu veux qu'on rentre maintenant, ce serait un plaisir que tu m'accompagnes!"

Je débarrasse donc le repas achevé, et après avoir tout replié, nous nous dirigeons vers le métro pour le retour.

Il ne s'agissait que de questions pertinentes qui me prouvent que je ne suis pas assez discret avec elle.

"C'est sans importance. Et non, tu ne m'as causé aucun tord."

Je prend alors mon amour par le bras et nous voilà tranquillement sur le chemin du retour. Il n'est effectivement pas tard mais cette sensation me rappelle une autre situation vécue il n'y a pas si longtemps. Nous arrivons devant l'hôtel et Preeti sort sa clé pour ouvrir.
Je pose ma main sur son poignet.

"Tu souhaites qu'on fasse le troisième rendez-vous maintenant ?"

La demande de Kyan me fait me retourner.

"Le troisième rendez vous, C'est à dire?"

Je lui prend la main, et chuchote doucement:

"C'est selon toi mon amour. Je ne veux pas te brusquer. Et je ne veux pas que tu te sente obligé de faire ce genre de rendez vous à chaque fois que l'on se voit!"

La porte ouverte, je l'invite à rentrer.

"Tu veux qu'on regarde un film, qu'on fasse un câlin dans le canapé? ... Chaste, évidemment!"

Je pose mes chaussures, mon manteau, et va chauffer l'eau dans la cuisine.

Sa phrase me fait l'effet d'une douche froide.

"Je suis désolé... J'espère que tu ne pense pas que je veuille qu'on se voit que pour... enfin.... tu vois ? Je t'assure que c'est vraiment pas le cas."

Devant l'invitation, je ne peux m'empêcher de sourire et d'entrer, plus détendu. Sa main, toujours sur la mienne, je repond à ma chère et tendre.

"D'accord pour les deux, mon amour. Quel film tu veux voir ?"

Et je suppose que qui vivra verra. Peut-être que les choses évolueront d'elles-mêmes, je ne suis sans doute pas assez spontané.

Je me rattrape rapidement:

"Non, non, ce n'est pas ce que je veux dire, je ne veux pas que tu le pense non plus, c'est tout! Je t'aime, je suis heureuse de voir que tu te détend avec moi, mais je ne veux simplement pas que tu te force!"

L'eau bout rapidement, et propose quelques films:

"On peu regarder ce que tu veux, tu as des idées? Sinon j'opterais pour un film comme L'Odyssée de pi, ou Benjamin Button. Je dois les voir, mais si tu n'aimes pas on peut voir autre chose!"

Sur les deux films proposés, je n'en avais vu aucun. Je sais juste que l'un d'entre eux est un film indien très porté sur la religion.

"L’Odyssée de Pi, ça me va tout à fait."

N'aimant toujours pas me faire servir, j'accompagne Preeti dans le salon et je l'aide à préparer le thé. Pendant un moment d’inattention, mes yeux se portent sur elle et je ne peux m'empêcher de me souvenir de cette fameuse matinée. C'est alors que mon amour se tourne vers moi, et, détournant les yeux, je me demande si elle a remarqué mon regard.

Je m’exécute et bientôt la voix de Pi sort du téléviseur tandis que nous faisons le thé. Pourtant, pendant que je me retourne pour mettre l'eau chaude sur les infusoires, je sens le regard de Kyan fixé sur autre chose que le début du film, et me retourne, taquine.

"Tu veux du sucre dans ton thé?"

Il sait que j'ai compris ce qu'il regardais, mais je n'ai pas envie de la mettre mal à l'aise, et dès que le thé est prêt, je les mets sur la table avant de me blottir contre lui.

Furtivement, je me dis qu'il n'y aura sans doute pas besoin de troisième rendez-vous. Quand elle se rend compte de mon regard, mon amour a la délicatesse de ne pas m'en parler.

"Non merci. Jamais de sucre."

Une fois installés devant le film, son corps vient se lover contre moi. Cela me donne un peu chaud mais me fait largement sourire. Je passe ma main dans son dos et je laisse mes doigts caresser la peau si douce de son cou.

Je me sens à nouveau bien, comme à nos débuts quand il n'y avait pas de pressions.

Mon épiderme au creux de la nuque se hérisse, et je me retourne un peu pour l'embrasser doucement, puis plus intensément, une main posée délicatement contre sa joue.

"Tu te sens bien?"

Je commence à avoir chaud et le film passe au second plan dans mes pensées. Je prend une gorgée de thé pour rassembler mes idées, et reviens à Kyan, le détaillant doucement.

"J'ai de la chance de t'avoir, tu le sais..."

Je pose mes doigts sur sa hanche, les yeux dans ses yeux pour décerner une hésitation, un sursaut ou un refus de sa part.

"Parfaitement bien."

Quand ses lèvres viennent chercher les miennes, elle trouve un improbable feu que je ne me connaît pas.

Ses yeux me sondent à la recherche d'une réponse dont la question est posée par sa main. Pour le moment, je ne laisse pas mes craintes refluer.

"Tu sais que je vais t'épouser, toi ? Avec mon cœur, mon âme... et mon corps."

Un jour, je ne pourrai plus résister à l'impatience qui me consume.

Comme en réponse, je caresse sa main  en contact et remonte son bras du bout de mes doigts.

Se marier?

Je le regarde, complètement sous le choc. Nous sommes amoureux, sans aucun doute, mais le mariage n'avais jamais été mis sur la table avant aujourd'hui.

Je suis sans voix, mais me resserre contre mon amour en un câlin plus soutenu.

"Et j'adorerais ça, mon Ange."

Ses gestes si doux acceptent le mien, et je me risque à passer mes doigts dans sa chemise pour rencontrer sa peau. La chaleur qu'il dégage me met du baume au cœur, je me sens comblée.

"Je t'aime même avec tes craintes."

Je n'en reviens pas que j'ai dit ça à voix haute. Son manque de réaction arrête mon cœur de battre. Finalement, elle accepte doucement et je reprend vie.
Ce contact de sa main sur ma peau est électrisant, tant agréable qu'effrayant.

"Attends ... "

Après un instant de lutte, j'arrive à retrouver un peu de détente et la laisse continuer son exploration. Mes doigts, arrivés sur son épaule, recommencent à caresser sa nuque.

Un dialogue silencieux et gestuel s'ouvre alors entre nous. Je suis en confiance à présent.

Et ... elle a accepté l'avenir avec moi !

Je reste patiente lorsqu'il m'arrête, faisant des petits mouvements circulaires contre sa peau avant qu'il me redonne son accord. Je met doucement ses lèvres sur les miennes, prenant doucement sa peau avec la pulpe des mes phalanges, enivrée de cette confiance qu'il me donne, sans toutefois oser avancer le pas.

Ses doigts font de même sur moi, et ce câlin tactile nous rapproche peu à peu plus qu'on ne pouvait l'espérer au départ, grignotant ses peurs au profit de notre couple.

"Je suis heureuse que tu sois arrivé si loin avec moi mon amour."

Je reste stupéfait par son calme et sa maîtrise d'elle-même. Aucun signe de panique ne se lit dans ses traits, pas même de l'impatience, juste ses yeux doux qui scrutent les miens.

"Moi aussi. Je ne pensais pas ça possible." j'avoue sur le ton de la confidence.

Je me laisse consumer par mes pulsions presque sans honte.

Une main sur son épaule, je laisse l'autre, comme en miroir, sur sa hanche. N'osant pas aller plus loin, je murmure :

"Tu es en train de me faire prendre goût à ta peau." il s'agit d'un véritable aveu de dépendance.